sam Mai 18, 2024
samedi, mai 18, 2024

A propos des attaques du Hamas contre des civils israéliens

Dans cette guerre, « nous sommes dans un camp ».

La situation actuelle à la frontière entre la bande de Gaza et Israël a suscité de multiples prises de position dans le monde. Il n’est pas surprenant que les gouvernements des pays impérialistes et nombre de leurs laquais nationaux soutiennent Israël « contre le terrorisme du Hamas ». Ce qui est très inquiétant; c’est que certains secteurs qui se disent « de gauche » et soutiennent la cause palestinienne aient décidé de mettre un signe « égal » entre les deux parties du conflit. Une position qui, en plus d’être erronée, favorise clairement l’occupant israélien.

Par: Alejandro Iturbe, Ligue Internationale des travailleurs-QI, le 13 octobre 2023

C’est le cas de Guillerme Boulos, député et figure publique majeure du PSOL brésilien. Dans une récente interview, il a déclaré que « sa défense des droits du peuple palestinien est publique« . Cependant, « maintenant, je condamne sans détour les attaques violentes contre les civils, comme celles qui ont tué, ces dernières heures, 250 Israéliens et 232 Palestiniens. J’exprime ma sympathie aux victimes et à leurs familles« .[i]

La première erreur conceptuelle de Boulos est d' »oublier » l’origine de ce conflit et, sur cette base, de mettre un signe égal entre le peuple palestinien et la population israélienne. En 1948, Israël a été fondé sur la base de l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leur terre et du vol de la majeure partie du territoire historique de la Palestine par le sionisme, avec des méthodes extrêmement violentes. Avec le soutien de l’impérialisme états-unien, de l’ONU et de la bureaucratie stalinienne, une population juive transplantée (une population d' »occupants ») s’y est installée, qui profite de cette situation et qui, par conséquent, la défend et la soutient massivement. Depuis 1948, Israël accroît sa domination et son appropriation des territoires palestiniens également occupés par des immigrés juifs.[ii]

Il y a bien sûr quelques exceptions à ce soutien solide et massif de la population israélienne à cette situation. C’est le cas du professeur et historien Ilán Pappé, auteur de nombreux ouvrages contre cette situation, qui a ainsi été licencié de son poste à l’université de Haïfa et contraint de s’exiler en Grande-Bretagne. Mais il s’agit de cas individuels : la majorité de la population juive d’Israël soutient et défend la « guerre contre les Palestiniens » et ses actions, ainsi que le gouvernement de Benjamin Netanyahu qui la mène actuellement. C’est la conséquence politique de sa nature de « population occupante et usurpatrice », consciente que ses privilèges en découlent.

Récemment, avant les derniers évènements, des secteurs de la population juive israélienne se sont mobilisés contre le gouvernement Netanyahou, critiquant sa politique à l’égard des Palestiniens. Pour diverses raisons, ces secteurs souhaitent une politique « de paix et de négociation ».[iii] Mais ces « aspirations » sont basées sur la situation territoriale actuelle, c’est-à-dire sur le maintien du vol et de l’usurpation qui ont conduit à la création de l’État d’Israël et qui se sont multipliés depuis 1948.

Le peuple palestinien, quant à lui, a été violemment expulsé de sa terre, et une grande partie d’entre eux ont été contraints à l’exil. Les Palestiniens restés sur le territoire historique ont été divisés en trois secteurs. Environ 1,5 million d’entre eux vivent dans l’actuel Israël en tant que « citoyens de seconde catégorie ». Plus de trois millions vivent en Cisjordanie, sous l’occupation et le contrôle de l’armée israélienne (avec le soutien collaborationniste de l’Autorité Nationale Palestinienne) et sous les attaques permanentes des colons juifs d’origine russe, qui les ont expulsés de leurs quartiers à Jérusalem et leur enlèvent de plus en plus de terres agricoles. Plus de deux millions de personnes vivent dans la bande étroite de Gaza surpeuplée, et pratiquement emprisonnées dans des conditions rendues de plus en plus difficiles par les attaques israéliennes constantes qui détruisent les hôpitaux et les services publics. Ce n’est pas par hasard que ce territoire a été décrit comme « le plus grand camp de concentration du monde ».[iv]

« Nous sommes dans un camp »

Contrairement à « l’oubli » de Boulos, face à un conflit qui s’exprime militairement, il faut se poser une question très simple : qui est l’oppresseur/agresseur et qui est l’opprimé/attaqué ? Il faut tourner complètement le dos à la réalité pour ne pas voir que, dans ce conflit, l’oppresseur/agresseur est l’État d’Israël et la population juive qui profite de cette situation, et que l’opprimé/agressé est le peuple palestinien qui souffre de cette réalité depuis des décennies.

D’après la réponse à cette question, les socialistes « sont d’un côté » dans cette lutte : celui du peuple palestinien contre Israël et sa population occupante. Ou, pour le dire avec les mots de Lénine : « nous avons une patrie » ; dans ce qu’il appelait les « guerres justes » des opprimés contre les oppresseurs.[v]

Lénine était pleinement conscient que « toute guerre entraîne inévitablement des horreurs, de la férocité, des calamités et des souffrances« . Dans ce cadre, il considérait qu’il y avait des guerres qui avaient « une nature légitime, progressiste et juste de ‘défense de la patrie’ ou de ‘guerre défensive’ « . Pour lui, cette nature « juste » est « indépendante de qui a attaqué le premier« .

Ce qui était central, c’était la définition des côtés en conflit. A partir de là, « nous, socialistes, nous avons une patrie » : celle « des opprimés et des dépréciés dans leurs droits » contre « les oppresseurs, les esclavagistes et les spoliateurs« . Ce n’est qu’à partir de cette définition de base que nous pouvons envisager d’autres questions telles que la nature de la direction de la « guerre juste » et ses actions au cours de celle-ci.

Bien qu’il prétende « défendre la cause palestinienne« , Boulos a choisi dans cette lutte de « ne pas avoir de patrie » : l’oppresseur et l’opprimé sont égaux, et les actions de chaque camp dans la guerre doivent être évaluées avec le même paramètre. En réalité, Boulos suit comme son ombre la position du gouvernement bourgeois Lula-Alckmin au Brésil, qu’il soutient inconditionnellement.[vi]

Une lutte inégale

En « oubliant » ce qui est à la base du conflit entre Israël et les Palestiniens, Boulos omet une autre question fondamentale : la nature totalement inégale des forces en présence. Israël dispose d’une des armées les plus puissantes au monde, avec les armes et les technologies les plus modernes, ainsi que du soutien inconditionnel de l’impérialisme états-unien (au service duquel il agit) et de la complicité de nombreux autres gouvernements dans le monde (comme le gouvernement brésilien). Les Palestiniens se battent avec courage et héroïsme et résistent de toutes les manières possibles : parfois seulement avec des pierres contre des chars (comme dans les Intifadas), parfois avec des attaques faites avec des matériaux artisanaux.

C’est pourquoi Boulos ne fait référence qu’aux derniers événements et ne dit pas un mot sur le fait qu’en réponse aux récentes attaques menées par le Hamas, en plus des bombardements, le gouvernement israélien met en place un « siège total » de la bande de Gaza pour laisser sa population « sans eau, sans électricité et sans nourriture« .[vii] C’est la même tactique que celle utilisée par les nazis contre le soulèvement de la population juive encerclée dans le Ghetto de Varsovie en 1943, avant d’y pénétrer et de le raser.

Le gouvernement israélien prépare quelque chose de similaire : il a déjà appelé 300.000 réservistes (en plus des 173 mil soldats en service actif), en guise de préliminaire à une opération militaire de grande envergure visant à envahir la bande de Gaza, à massacrer sa population et à prendre le contrôle militaire total de ce territoire.[viii] Avec l’arrogance de l’oppresseur qui se sent fort, Netanyahou a déclaré : « Nous sommes en guerre et nous allons gagner. Notre ennemi paiera un prix sans précédent.« 

Même avant ces récents événements, l’inégalité dans cette lutte s’exprimait dans le nombre de victimes de chaque côté. En 2021, un rapport du site internet statista (The Human Cost of the Israeli-Palestinian conflict »), basé sur des données de l’ONU, fait état du nombre de morts et de blessés de chaque côté. La conclusion est qu’il y a eu 5 590 morts palestiniens et 251 morts israéliens.[ix]

Un argument réitéré

Boulos « condamne les attaques violentes contre les civils [israéliens] » menées par le Hamas. Il fait appel à un argument qui a toujours été utilisé par l’impérialisme et les oppresseurs (qui mènent de telles attaques en permanence et dans une bien plus large mesure contre les peuples opprimés) lorsqu’une force de résistance est contrainte de mener de telles actions. Prenons l’exemple de la guerre d’indépendance algérienne.

L’Algérie est un pays arabe situé en Afrique du Nord. Elle a été colonisée par les Français au 19e siècle. À partir du 20e siècle, des milliers de colons français se sont installés en Algérie pour exploiter les plantations des plaines côtières et vivre dans les meilleurs quartiers des villes algériennes, profitant de la confiscation des terres et des biens algériens par le gouvernement français. Ces colons européens, appelés « pieds-noirs« , restent citoyens français, un droit refusé aux Algériens, qui vivent de plus en plus mal. Les pieds-noirs connaissent parfaitement le fondement de leurs privilèges et défendent bec et ongles la situation coloniale. Cette situation est très similaire à celle de la Palestine occupée.

En 1954 sont créés le FLN (Front de libération nationale) et son aile militaire, l’ELN (Armée de libération nationale) et ils lancent la lutte pour l’indépendance. La France réagit en envoyant 500.000 soldats, équipés d’aviation et de parachutistes. Avec l’aide de bandes armées de pieds-noirs, ils bombardent les villages algériens, puis s’installent pour arrêter, torturer ou tuer leurs habitants.

Les rebelles ont tenté de compenser cette inégalité par un moral d’acier, des actions de guérilla et des attaques surprises. Entre 1957 et 1958, le FLN et l’ELN ont lancé la « bataille d’Alger », une offensive d’attaques et d’attentats à la bombe contre des cibles militaires et civiles françaises (notamment des cafés, des magasins et des écoles), dans le but d’affaiblir le moral des colons et de prendre le contrôle de certaines zones de la capitale du pays.

Face à ces attentats, l’impérialisme français a lancé une campagne internationale (reprise par les grands médias) accusant le FLN-ELN de « terrorisme cruel ». C’est le même argument que celui utilisé aujourd’hui par les criminels sionistes, l’impérialisme et ses agents. La réponse d’Ahmed Ben Bella (principal dirigeant du FLN) à ces accusations a été la suivante : il a déclaré que si on lui donnait le même nombre d’avions et d’armes que les forces françaises, son organisation s’engagerait à ne plus commettre d’attentats contre des civils.

Pour notre part, nous défendons un concept avancé en 1985 par le fondateur de la LIT-QI, Nahuel Moreno, lorsqu’il analysait le « terrorisme » palestinien (c’est-à-dire les actions contre la population civile israélienne) : « L’essentiel pour nous est que ce terrorisme est le produit du désespoir de jeunes Palestiniens vivant dans des conditions similaires à celles des camps de concentration nazis.« [x]

Quelques considérations finales

Nous avons abordé le débat sur les actions du Hamas à partir de la caractérisation fondamentale du soi-disant conflit israélo-palestinien et de sa racine (la création d’Israël en 1948). Depuis sa fondation (1982), la LIT-QI a toujours eu une position très claire dans cette lutte : le soutien à la lutte du peuple palestinien contre Israël. C’était la continuation des élaborations du courant moreniste (et de la majorité du trotskisme de l’époque) depuis la création même de l’Etat d’Israël et des guerres qui ont suivi dans les pays arabes.[xi]

Ce soutien a pris la forme du mot d’ordre « Pour une Palestine, laïque et non raciste« , qui était au cœur du programme fondateur de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) en 1964, et que l’OLP a commencé à abandonner pour l' »enterrer » définitivement avec les accords d’Oslo en 1993.[xii] Cet objectif est dans les « cœurs et les esprits » du peuple palestinien, désormais sous la forme de « Pour une Palestine libre du fleuve [Jourdain] à la mer [Méditerranée] ». C’est le mot d’ordre pour lequel le peuple palestinien se bat. Mais, en plus, cela le met en confrontation avec les dirigeants traîtres de l’OLP, et avec les peuples des pays arabes et les gouvernements et régimes de ces pays qui l’ont également abandonné et ont signé la « paix » avec Israël, en le reconnaissant comme un « État légitime ».[xiii]

Nous pensons que cet objectif ne peut être atteint que par la défaite et la destruction de l’État d’Israël, dont la création est à l’origine du conflit israélo-palestinien depuis des décennies. Sur la base de cette compréhension, nous avons fortement débattu avec de nombreux secteurs de la gauche qui proposent la solution dite des « deux États » (un juif et un palestinien) coexistant l’un à côté de l’autre. Cette proposition est, en réalité, une adaptation des critères utilisés par l’ONU et l’impérialisme pour créer Israël en 1948.[xiv]

En même temps, avec une analyse marxiste des processus politiques et sociaux, nous affirmons qu’il n’y a aucune possibilité de transformer Israël et sa population juive d’occupants et d’usurpateurs en « quelque chose d’autre » par une voie « pacifique » et « en convaincant ». La raison en est profonde : les oppresseurs et les usurpateurs ne renonceront jamais « gentiment » à leurs privilèges. Ils ne le feront qu’après une lutte acharnée, menée par les exploités et les opprimés pour les vaincre. Ceux qui, à gauche, proposent cette « voie pacifique » ne font que répéter le « pacifisme bourgeois » que Lénine a vivement critiqué.

C’est pourquoi nous défendons ce point de vue de Lénine selon lequel (citant le vieux général allemand Carl von Clausewitz) « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Le développement de toute lutte des opprimés contre les oppresseurs conduit presque inévitablement à une guerre contre ces derniers. Et toute guerre, même « juste », implique l’utilisation de méthodes cruelles. D’autant plus si elles sont menées dans une grande inégalité de forces. C’est pourquoi nous ne « condamnons » pas les actions du Hamas. Nous les considérons comme des actions tout à fait valables d’une guerre de résistance et de libération nationale, qui frappent l’ennemi et contribuent à le démoraliser, sur le chemin de sa défaite.

Il n’entre pas dans le cadre de cet article de caractériser le Hamas et les différences que la LIT-QI a avec cette organisation. L’essentiel est que, alors que notre proposition est une « Palestine, laïque, démocratique et non raciste », le Hamas propose l’objectif d’un État palestinien islamique, similaire à celui qui existe dans l’Iran des ayatollahs. Nous avons développé ce débat à plusieurs reprises.

Cependant, ce qui est important pour notre position aujourd’hui, c’est que sa proposition de programme implique également la destruction de l’État d’Israël. En même temps, au-delà de quelques tentatives d’être « reconnue » afin d’entamer des négociations « à deux États », le Hamas poursuit sa lutte contre Israël. D’autre part, son gouvernement dans la bande de Gaza maintient également ce territoire (bien qu’avec un critère de « dictature islamique ») comme le seul territoire palestinien non contrôlé par Israël, contrairement à la Cisjordanie, qui est déjà une possession coloniale de facto avec la collaboration de l’ANP.

C’est pourquoi Israël veut soumettre et raser Gaza par des bombardements et des blocus. Et il a même la collaboration de gouvernements arabes en cela, comme celui de l’Égypte.[xv] Son attaque contre le Hamas fait partie de cet objectif. En 2007, ce site a publié un article analysant que : « Le Hamas est persécuté par l’impérialisme, au service de l’État d’Israël et de sa politique génocidaire, non pas parce qu’il est « terroriste », comme ils disent, ni parce qu’il s’agit d’une direction religieuse fondamentaliste. Le problème réside dans le fait qu’il maintient dans son programme l’appel à la destruction d’Israël et la dénonciation des accords d’Oslo. »[xvi]

Une analyse qui est toujours d’actualité. C’est pourquoi ceux qui se disent de gauche et critiquent les actions du Hamas dans sa lutte contre Israël ne font que favoriser l’État sioniste et l’impérialisme qui le soutient.

Les tâches immédiates des socialistes sont très claires : soutien inconditionnel au peuple palestinien et à sa lutte contre Israël et défense de la bande de Gaza contre l’attaque génocidaire qu’Israël prépare. Tout ce qui va à l’encontre de ces tâches fait le jeu de l’ennemi.


[i]       <https://www.metropoles.com/sao-paulo/boulos-nao-condena-hamas-e-ex-secretario-deixa-sua-pre-campanha>

[ii]      <Voir d’autres articles sur le thème, sur le site de la LIT-QI <https://litci.org/fr/>
[et de la LCT <http://lct-cwb.be/>- NdT]

[iii]     <https://litci.org/es/74690-2/>

[iv]     <https://www.eldesconcierto.cl/cartas/2018/04/06/el-estado-de-israel-tiene-en-la-franja-de-gaza-el-campo-de-concentracion-mas-grande-del-mundo.html>

[v]      V. I. Lenin, Le socialisme et la guerre (1915)

[vi]     Lula demande une intervention internationale dans le conflit israélo-palestinien <https://www.prensa-latina.cu/2023/10/11/lula-pide-intervencion-internacional-en-conflicto-palestino-israeli>

[vii]    Israël annonce un siège total <https://revistaforum.com.br/global/2023/10/9/israel-anuncia-cerco-total-sem-agua-eletricidade-ou-comida-para-gaza-145499.html>

[viii]   <https://g1.globo.com/mundo/noticia/2023/10/09/israel-mobiliza-numero-recorde-de-reservistas-e-envia-mensagem-para-moradores-de-gaza.ghtml>

[ix]     <https://litci.org/es/sobre-los-atentados-de-hamas-contra-civiles-israelies/#_ftn9>

[x]      N. Moreno, Conversations (1986) <http://lct-cwb.be/images/pdfs/Moreno/1986_conversations.pdf>

[xi]     Voir une polémique concernant le Moyen Orient.<https://www.marxists.org/espanol/moreno/pi1105.htm> (1982)

[xii]    Oslo, la paix des cimetières <https://litci.org/es/oslo-la-paz-de-los-cementerios-para-la-continua-nakba/>

[xiii]   La « Question Palestine » : point central de la révolution arabe
<https://litci.org/es/la-cuestion-palestina-punto-central-de-la-revolucion-arabe/>

[xiv]   Palestine: A propos de la fausse solution des deux États
<https://litci.org/es/palestina-sobre-la-falsa-solucion-de-los-dos-estados/>

[xv]    L’Égypte met en œuvre une négociation pour que le Hamas recule.
<https://litci.org/es/egipto-articula-una-negociacion-para-que-hamas-retroceda/>

[xvi]   Publication du journal Al Baian socialista <https://litci.org/es/salio-el-periodico-al-baian-socialista/<

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