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La Russie sous Poutine

La restauration du capitalisme en URSS dans les années 1980, menée à bien par le Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), a conduit, comme Trotsky l’avait prédit dès les années 1930, à une chute du niveau de vie de la population équivalente à celle d’une guerre.

Par: Diego Russo, le 27 février 2022

La chute de la production industrielle a été plus spectaculaire que celle subie pendant la Seconde Guerre mondiale. De deuxième puissance économique mondiale, de premier pays à envoyer un être humain dans l’espace, elle est devenue un simple exportateur de produits primaires comme le gaz, le pétrole et les minéraux. L’éducation et la santé publiques, autrefois source de fierté nationale, ont été supprimées. Les enseignants, les médecins et les infirmières ont commencé à vivre dans la misère, collectant de petits pots-de-vin afin de survivre. Les acquis sociaux de la révolution ont été éliminés un par un. Contrairement à ce que disaient les défenseurs du capitalisme, à savoir que la restauration capitaliste apporterait richesse et prospérité, la prédiction de Trotsky selon laquelle la restauration capitaliste n’apporterait que la régression a été une fois de plus confirmée.

La restauration du capitalisme dans l’ex-URSS n’est pas le résultat de l’occupation du pays par des puissances impérialistes. La restauration du capitalisme a été mise en œuvre par la main du PCUS, avec Gorbatchev à sa tête, et accompagnée de discours « socialistes et léninistes » pour confondre l’opinion publique. C’est le stalinisme, et aucun autre, qui a restauré le capitalisme. Mais il n’a pas fallu longtemps pour que les masses réagissent contre ce nouveau crime de la bureaucratie stalinienne. La restauration capitaliste a commencé en 1986, et déjà en 1988 une vague de luttes explose dans diverses régions de l’ex-URSS, qui atteint son apogée en 1989, unifiant les revendications des nationalités opprimées avec les revendications économiques de la classe ouvrière, avec la classe ouvrière en première ligne. Cet immense soulèvement populaire renverse d’abord le monopole du pouvoir du PCUS (art. 6 de la Constitution soviétique), puis renverse ce parti, responsable de la restauration capitaliste. Ce processus conduit à l’indépendance d’une série de nations, comme l’Ukraine, le Belarus, la Moldavie, les États baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie), les pays du Caucase du Sud (Azerbaïdjan, Arménie et Géorgie), les pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan). Un processus qui se déroule conjointement avec les soulèvements qui ont renversé les dictatures staliniennes dans toute l’Europe de l’Est (Pologne, Roumanie, Hongrie, Bulgarie, ex-Tchécoslovaquie, ex-Allemagne de l’Est, ex-Yougoslavie, Albanie), dans un véritable effet domino. Une révolution continentale en fait, comparable seulement par son ampleur et ses résultats à la vague de soulèvements qui a balayé le nazisme de l’Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Une révolution qui a été assez forte pour faire tomber une douzaine de dictatures d’un coup, mais qui n’a pas arrêté le processus de restauration capitaliste. Ce qui ne peut être surprenant, puisque la restauration a été effectuée par le parti communiste lui-même, et que toute opposition de gauche à la dictature stalinienne a été durement réprimée pendant plus d’un demi-siècle. Il n’y avait tout simplement pas d’organisation politique en URSS et en Europe de l’Est ayant une influence sur les masses et opposée à la restauration et aux privatisations.

Après le renversement du régime du PCUS, Boris Eltsine, promu par Gorbatchev et également ancien dirigeant du parti communiste, prend le pouvoir en Russie, la plus grande des républiques de l’ex-URSS. Le gouvernement Eltsine a été confronté au désastre économique résultant de la restauration capitaliste. Un alcoolique, qui représentait les intérêts de la nouvelle bourgeoisie commerciale et bancaire issue du pillage des années précédentes, entouré de conseillers liés aux impérialismes américain et européen, et qui a cédé le pays à un prix d’ami.

Au cours de ces années, l’énorme vague de résistance populaire qui a débuté en 1988 a permis de vaincre la tentative de coup d’État militaire visant à rétablir la dictature en 1991, et s’est poursuivie dans un processus de luttes, de grèves et de barrages routiers jusqu’à la fin des années 1990, paralysant le gouvernement Eltsine. Ces luttes mènent à la soi-disante « guerre du rail » en 1998, où les mineurs de tout le pays, avec un large soutien de la population, bloquent toutes les voies ferrées, exigeant le paiement d’arriérés de salaire. La lutte s’est étendue à tout le pays, mettant à l’ordre du jour la mise à l’écart d’Eltsine et la démission de l’ensemble du gouvernement. C’est plus de 10 ans, de 1988 à 1999, de luttes héroïques et ininterrompues des travailleurs russes, avec la classe ouvrière en première ligne, empêchant toute stabilisation d’une quelconque alternative capitaliste.

En bref, la bureaucratie stalinienne, qui avait physiquement détruit le bolchevisme dans les années 30, n’ayant pas été renversée par les masses à temps, a restauré le capitalisme dans les années 80, devenant la nouvelle bourgeoisie du pays. Et puis les masses descendent dans la rue pour lutter contre les conséquences sociales de la restauration, en renversant la dictature stalinienne-bourgeoise, et en empêchant, par la force de leur révolte, la stabilisation d’un nouveau pouvoir bourgeois. L’histoire jusqu’à présent a confirmé les prédictions de Trotsky.

Mais ce n’est que la moitié de l’histoire. Il y a encore une deuxième moitié que, en tant que marxistes, nous sommes obligés d’expliquer. Au tournant du millénaire, Poutine arrive au pouvoir, nommé par Eltsine. Et ces vingt et quelques années avec Poutine à la tête de la Russie ont été différentes des années Eltsine.

Poutine a stabilisé le pays sur le plan politique, interrompu le processus d’autodétermination des peuples habitant le territoire de l’ex-URSS, centralisé la bourgeoisie russe, réaffirmé l’influence russe sur la plupart des pays et des peuples ayant fait partie de l’URSS et s’est imposé comme un acteur important de la géopolitique mondiale. Il démantèle le mouvement de grève et les syndicats et arrête la vague de grèves dans le pays. On constate une amélioration relative du niveau de vie d’une partie de la population russe (jusqu’en 2014), notamment des améliorations des services publics, au moins dans les grandes villes. Au plus fort de cette période, la classe moyenne russe pouvait voyager à l’étranger en vacances, acheter des voitures de marques étrangères au lieu des vieilles Ladas, et se sentir comme de « vrais Européens ».

Poutine stabilise le pays sur le plan politique après les crises des années 1990.

Selon la propagande idéologique du régime russe, « la Russie, autrefois à genoux, se relève ». Pendant deux décennies, Poutine a bénéficié d’un soutien populaire assez élevé. Il est intervenu activement en Syrie, en Libye, en Ukraine, au Venezuela, dans le Caucase, au Belarus, en Asie centrale, etc. Il a annexé la Crimée à la Russie et maintient des poches pro-russes à l’intérieur des frontières de plusieurs autres pays. C’est l’idole de la soi-disant « nouvelle droite européenne » et, en même temps, d’une partie de la gauche latino-américaine, notamment celle d’origine stalinienne.

C’est ce processus que nous allons tenter d’expliquer dans cet article. Comment ce revirement de la situation politique s’est-il produit lors de la transition entre le gouvernement Eltsine et celui de Poutine ? Comment une situation révolutionnaire s’est-elle transformée en une situation réactionnaire ? D’où vient la prétendue « force » de Poutine ? Quel est le caractère de son gouvernement et de son régime, et quelles sont les perspectives pour le pays et les régions voisines ?

Lire | De la république soviétique à la contre-révolution stalinienne

Pétrole, gaz et immigration de masse

 En général, les analystes occidentaux évoquent une raison essentielle pour expliquer le succès de Poutine : les prix élevés du gaz et du pétrole au cours des deux dernières décennies. En effet, la Russie se classe au deuxième rang mondial pour la production et l’exportation de ces combustibles fossiles. Et les prix sont restés constamment élevés jusqu’au début de la crise mondiale, et même après une forte chute, sont restés élevés dans la dernière période. Cela permet de générer des excédents de trésorerie élevés pour les coffres russes. Cela permet à son tour d’atténuer certains effets de la restauration, comme le maintien d’une série de services publics qui ont été détruits dans d’autres pays où le capitalisme a été restauré, ou un plan plus lent de privatisations. Les revenus pétroliers élevés accumulés par l’État permettent de réduire les impôts et de maintenir les services publics à des niveaux acceptables, ce qui a des effets sur le niveau de vie de la population. Il n’est pas nécessaire de recourir à la santé et à l’éducation privées, bien qu’il faille souvent payer de petits pots-de-vin pour obtenir des services. Les tarifs publics, tels que ceux de l’eau, du gaz, du chauffage et de l’électricité, ont considérablement augmenté, mais restent à des niveaux faibles par rapport à d’autres pays. L’essence est également moins chère, même si elle a augmenté.

La Russie est un important fournisseur de gaz pour l’Europe

Ajoutez au boom pétrolier la croissance économique mondiale, avec l’attraction des investissements étrangers, qui a permis une croissance relative de l’économie russe, en utilisant largement la main-d’œuvre immigrée bon marché des anciennes républiques soviétiques, notamment d’Asie centrale et du Caucase. Au cours de cette période, la Russie est devenue le troisième pays d’accueil des immigrants dans le monde, derrière les États-Unis et l’Allemagne. Les Tadjiks, les Kirghizes et les Ouzbeks, ainsi que les Ukrainiens, les Biélorusses et les peuples du Caucase, sont devenus une partie importante et très exploitée de la classe ouvrière en Russie. Le déclin économique de leur pays a contraint ces travailleurs à émigrer en Russie afin de soutenir leurs familles. Le taux de change élevé du rouble jusqu’en 2014, dû au boom pétrolier, a permis à ces immigrants, même avec de faibles salaires, d’envoyer une partie de leur salaire à leur famille dans leur pays d’origine. Les envois de fonds des immigrés ont souvent constitué la principale source de fonds dans certains de ces pays. À titre de comparaison, les salaires dans les usines et les chantiers de construction en Russie sont aujourd’hui inférieurs aux salaires pour des postes équivalents en Chine.

Mais ces éléments économiques sont insuffisants pour expliquer l’ensemble du problème. Ce n’est pas le pétrole ou la main-d’œuvre immigrée qui explique les bas salaires, l’atomisation de la société, l’absence d’organisations de la classe ouvrière, le chauvinisme russe, les idéologies réactionnaires, etc. Après tout, tous les pays qui exportent du pétrole et du gaz, ou qui accueillent des immigrants en masse, ne bénéficient pas de la stabilité dont jouit le régime russe. Pour comprendre la question, il est nécessaire d’ajouter aux facteurs économiques des facteurs POLITIQUES.

La guerre de Tchétchénie

 Un événement a marqué la transition entre le gouvernement Eltsine et le gouvernement Poutine : la deuxième guerre de Tchétchénie (1999). Pendant et après la dissolution de l’URSS, des mouvements nationaux réprimés par des décennies de stalinisme ont fait surface dans diverses régions de Russie. Le « point chaud » dans ce sens était le Caucase du Nord, qui englobe un certain nombre de peuples et de régions historiquement opprimés, comme l’Ingouchie, le Daghestan, la Kabardino-Balkarie et la Tchétchénie, entre autres. La Fédération de Russie compte environ 160 nationalités différentes, opprimées par la nationalité russe, largement majoritaire. La Russie sous Eltsine avait été vaincue lors de la première guerre de Tchétchénie (1994), qui vivait alors comme une région indépendante de facto. Et le Daghestan suit la même voie, ce qui entraînerait la perte de toute la région du Caucase russe, qui pourrait à son tour servir de déclencheur à d’autres mouvements indépendantistes.

Guerre de Tchétchénie

C’est à ce moment que Eltsine nomme Poutine (ancien agent du KGB et directeur de son successeur, le FSB) comme Premier ministre et successeur. Poutine est nommé en août 1999 et dès septembre, il coordonne les opérations contre le mouvement national au Daghestan et déclenche la deuxième guerre de Tchétchénie. La guerre est brutale, la capitale Grosniy est détruite par l’artillerie russe, le mouvement national est massacré et une partie de la bourgeoisie tchétchène, menée par le clan Kadyrov, signe un accord avec Poutine, pour occuper le pouvoir, subordonné à Moscou, en construisant un régime ultra-réactionnaire et répressif. Les attaques terroristes sur le territoire russe préparent l’opinion publique à soutenir massivement les actions militaires de Poutine dans le Caucase. Il existe des indices sérieux selon lesquels ces attaques ont été fabriquées par le gouvernement russe lui-même (le FSB). Ils remplissent le rôle que les attentats du 11 septembre rempliront pour Bush un peu plus tard, lui donnant l’occasion de gagner l’opinion publique, de restreindre les libertés démocratiques, de centraliser l’État et de se lancer dans l’agression militaire contre d’autres peuples.

De cette manière, Poutine et le régime du FSB gagnent en force politique, vainquent les mouvements indépendantistes et syndicaux, construisent l’idéologie selon laquelle le pays serait à nouveau « relevé de ses genoux », et d’une « reconstruction de l’Empire russe ». Poutine se sert de cette force politique pour discipliner et centraliser la bourgeoisie russe autour de lui, en éliminant les mécontents, en vidant l’espace politique des opposants et construit un régime fortement bonapartiste, où toutes les autres institutions sont subordonnées à Poutine et au puissant FSB. Un régime dont la tâche principale est d’empêcher l’autodétermination des peuples sous le contrôle de Moscou et de préserver le statut de semi-colonie privilégiée de la Russie, qui conserve une influence (et des gains) dans les pays de l’ex-URSS ou proches de celle-ci. Par conséquent, le régime dirigé par Poutine est un régime structurellement réactionnaire sur le plan interne et directement contre-révolutionnaire par rapport aux processus d’indépendance nationale dans sa zone d’influence.

Le Front populaire avec le Parti communiste en 1999  prépare à la défaite

 Comment Poutine a-t-il réussi à accomplir cette transition, d’une énorme vague de mécontentement et de luttes populaires à la victoire dans la deuxième guerre de Tchétchénie et à la construction de son régime bonapartiste ? Comment a-t-il réussi là où Bush, avec des ressources bien plus importantes, n’a pas pu le faire ? Comment, dans le cadre d’une situation révolutionnaire, avec une grande montée des travailleurs et des peuples opprimés, le sinistre FSB devient-il l’institution clé du régime pour la première fois depuis la mort de Staline ? La clé pour comprendre tout cela est le gouvernement du Front populaire Primakov-Maslyukov, un front entre le FSB et le Parti communiste de la Fédération de Russie (PCFR), qui intervient pour sauver la peau d’Eltsine et ouvrir la voie à Poutine.

Dans l’énorme vague de luttes contre Eltsine, le parti communiste était apparu comme une opposition au gouvernement. Primakov, ancien membre du Conseil présidentiel de Gorbatchev, ancien chef du KGB/FSB, ancien membre du PCUS, et alors sans parti, est choisi par Eltsine, sous la pression du Parlement, comme Premier ministre. Il dirige le nouveau gouvernement, soutenu par le PCFR (et pratiquement tous les partis, puisqu’il s’agit d’un gouvernement d’unité nationale), avec Maslyukov, du PCFR, comme vice-premier ministre et également responsable de l’économie. De cette façon, le FSB est revenu au centre du pouvoir aux mains du PCFR, pour ne plus jamais le quitter jusqu’à aujourd’hui. Le gouvernement Primakov-Maslyukov était alors perçu par les masses comme un espoir, comme un gouvernement qui arrêterait les privatisations, rétablirait les services publics, répondrait aux demandes des grévistes, etc.

Mais c’était tout le contraire. Dès son arrivée au pouvoir, Primakov a déclaré qu’il ne préparait aucune « revanche rouge » et qu’il n’interromprait pas le cours des réformes pro-capitalistes. Au contraire, profitant de sa popularité, il a évité la chute d’Eltsine, démobilisé les processus de luttes existants, négocié un nouvel accord de soumission au FMI, effectué une maxi-dévaluation du rouble, approuvé une série de réformes très dures que Eltsine n’a pas eu la force d’appliquer, comme la réforme fiscale. La démobilisation et la déception vis-à-vis du nouveau gouvernement jouent un rôle clairement démoralisant. Après 10 ans de luttes ininterrompues, de renversement de la dictature stalinienne, d’empêchement de la tentative de coup d’Etat de 1991, d’approche du renversement du gouvernement Eltsine, les travailleurs de Russie et les peuples opprimés se sont retrouvés sans alternative, fatigués et désabusés. Désillusionné par la démocratie bourgeoise, par le capitalisme, par le stalinisme (identifié au socialisme). C’est dans ce marécage de lassitude et de désillusion générale à l’égard de tout et de tous, que naissent des idéologies ultra-réactionnaires et chauvines de reconstruction de l’Empire russe.

C’est cette démoralisation qui permet ensuite de démanteler tous les processus de luttes et de grèves, de préparer la succession de Eltsine et la provocation qui prépare l’opinion publique à la nouvelle guerre contre la Tchétchénie. Après avoir rempli son rôle néfaste (ce gouvernement n’a duré que 8 mois), Eltsine a démis le gouvernement Primakov-Maslioukov, et en quelques mois, il a démissionné et remis le pouvoir à Poutine, avec tout le terrain déjà préparé pour son offensive contre-révolutionnaire. Primakov était toujours populaire, et était le favori pour les élections présidentielles de 2000. Mais deux mois avant les élections, il a retiré sa candidature, laissant place à la victoire électorale de Poutine, qui a ainsi consolidé son pouvoir. En récompense, Primakov est devenu le conseiller de Poutine, remplissant une série de fonctions dans son gouvernement jusqu’à sa mort. Et le PCFR, pour ses services, est incorporé dans le nouveau régime, devenant le principal parti de la soi-disant « opposition pro-Poutine ».

Sans une meilleure compréhension de cette trahison du stalinisme, qui a ouvert la porte à Poutine, on ne peut comprendre la réalité russe d’aujourd’hui.

Lire | Que sont les partis communistes aujourd’hui ?

Un tournant dans la situation politique

 La victoire de Poutine inverse la corrélation des forces qui s’est ouverte avec la révolution de 1989-1991 qui avait renversé la dictature stalinienne dans le pays, fermant une étape révolutionnaire de 10 ans et ouvrant à partir de là une étape réactionnaire en Russie, et directement contre-révolutionnaire dans le Caucase du Nord, qui se poursuit à ce jour. La nouvelle bourgeoisie russe d’Eltsine connaît une grave contradiction, car elle a pour tâche de mener à bien la restauration du capitalisme dans un pays où les luttes ouvrières et populaires sont en plein essor. Une classe ouvrière qui venait de remporter la victoire en ayant vaincu la dictature stalinienne responsable de la restauration du capitalisme, et gagné une série de libertés démocratiques. Des syndicats indépendants s’organisent, il y a une effervescence politique, de nouvelles formations politiques apparaissent. L’immense confusion idéologique des masses (associant le socialisme au stalinisme et la démocratie au capitalisme) s’est accompagnée d’un puissant processus d’auto-organisation pour la défense de leurs revendications et de puissantes grèves ouvrières. Un plan sérieux de restructuration capitaliste n’était pas possible dans un pays convulsé. Personne n’investirait dans un pays dans de telles conditions. C’est pour cette raison que la Chine, où le soulèvement contre le stalinisme avait été écrasé par la dictature du Parti communiste chinois, est devenue la destination prioritaire des investissements capitalistes, même s’ils étaient dirigés par le PC chinois. La bourgeoisie russe avait besoin de « stabilité » en premier lieu, afin de pouvoir ensuite reconstruire l’ordre bourgeois. Il lui fallait étouffer les mouvements nationaux et le soulèvement des travailleurs dans le pays. Elle avait besoin de son propre massacre de la Place de la Paix Céleste. Poutine y parvient avec la deuxième guerre de Tchétchénie.

Vladimir Poutine a été nommé Premier ministre en août 1999 ; le 31 décembre 1999, il a succédé à Boris Eltsine à la tête du pays.

Poutine s’est largement appuyé sur le chauvinisme notoire de la Russie pour consolider la population russe autour de lui, endiguer les mouvements d’indépendance dans le pays, affirmer le contrôle de Moscou sur l’ensemble du territoire, et même sur les anciennes républiques soviétiques. Il a ensuite construit un nouveau régime, différent de celui d’Eltsine. Un régime fortement bonapartiste, fondé sur l’oppression nationale et l’exploitation des peuples et des nations non russes et, en même temps, sur l’exploitation du peuple russe lui-même, enivré de chauvinisme. C’est un régime ultra-réactionnaire, dont l’institution centrale est le FSB/KGB, et qui intervient dans les pays voisins, réprimant tout mouvement populaire, s’affirmant comme un bastion régional de la contre-révolution. Ce rôle contre-révolutionnaire s’est manifesté dans les révolutions ukrainienne, égyptienne, syrienne, bélarussienne et kazakhe, etc. Elle s’exprime également dans le soutien aux régimes directement contre-révolutionnaires dans le Caucase et en Asie centrale. Et même dans des régions éloignées, comme Cuba, le Mali, le Venezuela ou le Nicaragua, Poutine se montre toujours prêt à soutenir n’importe quelle dictature.

En même temps, d’un point de vue économique, c’est un régime qui convient parfaitement au caractère semi-colonial de l’État russe, dépendant des capitaux et des technologies étrangères, qui souffre de la primarisation de son économie, qui se désindustrialise et se privatise. Un pays qui devient de plus en plus un fournisseur de pétrole, de gaz et de minéraux pour les grandes puissances industrielles, profondément endetté et dépendant, technologiquement arriéré, rongé par la corruption d’une bourgeoisie et d’une bureaucratie d’État totalement dépendantes, intermédiaires du pillage impérialiste de la Russie et des pays voisins.

Lire | Le stalinisme et le trotskisme face aux processus d’Europe de l’Est

« L’opposition » à Poutine

 L’absence d’alternatives se poursuit à ce jour et constitue un élément important de la stabilité du gouvernement Poutine. Après le parti de Poutine, Russie Unie, la deuxième force politique reste le PCFR. Elle fait du populisme contre certaines réformes (sans jamais vraiment se mobiliser, se limitant à de petites manifestations pour se faire valoir et en tirer profit électoralement), mais pour l’essentiel, elle défend la politique de Poutine, notamment sur le plan international. Le Parti communiste russe a soutenu l’annexion de la Crimée, se montrant plus réaliste que le roi, « exigeant » que Poutine reconnaisse les régions sous occupation de Donetsk et de Lougansk comme des États autonomes, défendant la répression de la révolution au Belarus et au Kazakhstan, etc.  Se positionne  contre les manifestations démocratiques en Russie, comme les manifestations contre l’arrestation du leader de l’opposition libérale Navalniy l’année dernière. Dans l’esprit des gens, s’il faut choisir entre Poutine et une copie rouge délavée de lui, mieux vaut s’en tenir à l’original. Il s’agit d’un parti lié au FSB, à la hiérarchie de l’Église orthodoxe et au FFAA. Profondément chauvin et xénophobe. Il s’oppose à certaines mesures isolées de la politique de Poutine, mais pas au gouvernement dans son ensemble, et encore moins au régime. Il est sarcastiquement traitée par la population comme la « pro opposition ».

D’autre part, il existe une partie de l’opposition libérale (pas toute) qui agit parfois en dehors du régime. Il représente la partie de la bourgeoisie qui est privée du partage des bienfaits du pouvoir. Elle a en Navalniy sa principale figure aujourd’hui. Elle est très isolée et a été vaincue dans les luttes de l’année dernière pour la libération de Navalniy, qui est toujours en prison. Sa politique consiste à chercher des espaces au sein du régime, et en ce sens, elle a subi des défaites continuelles, puisque le régime ne lui laisse aucune échappatoire. Il a un programme démocratique et anti-corruption, mais ne va pas au-delà. Il prône la privatisation et l’ouverture de l’économie du pays aux capitaux étrangers. Mais comme Poutine lui-même met en œuvre ce programme dans une large mesure, ces libéraux n’ont pratiquement aucun plan économique et il leur est difficile de se différencier de Poutine à cet égard. Ils ont de l’empathie pour le sentiment démocratique d’une partie de la population, avec plus de poids chez les jeunes et les classes moyennes des grandes villes, notamment de Moscou. Mais ils canalisent ce sentiment au profit du régime, en appelant à participer aux élections contrôlées par Poutine, et à voter pour tout parti d’opposition, en particulier le parti communiste. Ils transforment ainsi un vote qui serait anti-Poutine en un vote pour le régime, dont le parti communiste fait partie, refusant même de défendre Navalniy de la prison.

D’autre part, ces libéraux soutiennent ou ne disent rien de la politique étrangère chauvine du régime. Navalniy affirme clairement qu’il ne rendra pas la Crimée à l’Ukraine. Il est silencieux sur la guerre en Syrie, critiquant tout au plus son coût économique. Les libéraux sont considérés comme des défenseurs de l’ère Eltsine, d’une « démocratie » qui n’a rempli le ventre de personne. Et en tant qu’agents des États-Unis et de l’UE. En ce sens, leur soutien électoral est très faible, étant plus considérable à Moscou, mais même là, il s’agit d’une minorité. Ils n’ont aucun degré d’organisation parmi la classe ouvrière. Mais ils ont dirigé les manifestations contre le gouvernement qui ont eu lieu ces dernières années. Et les travailleurs, au minimum, connaissent Navalniy et écoutent ce qu’il a à dire.

De sorte que le PCFR est le défenseur du régime dictatorial stalinien qui a rétabli le capitalisme dans l’ex-URSS, ainsi que, de fait, il soutient Poutine en bloc. Alors que les libéraux défendent la période Eltsine. Avec une telle opposition, Poutine peut facilement s’appuyer sur le sens commun selon lequel « mauvais avec Poutine, pire sans lui ».

Et après tout, la Russie est-elle en train de « se remettre sur pied » avec Poutine ? Qu’est-ce que la Russie aujourd’hui ?

 Malgré la grande campagne médiatique, relayée par des secteurs de la gauche, visant à montrer Poutine comme un nationaliste, anti-impérialiste, qui tient tête au gouvernement américain et défend et développe son pays, la réalité est tout autre.

La Russie, malgré sa politique agressive à l’égard des processus de lutte dans les pays voisins, n’est pas un nouveau pays impérialiste, ni en passe de le devenir. Il n’a rien non plus de « soviétique » ou de « socialiste ». Avec Poutine, la colonisation du pays s’est approfondie. La Russie est aujourd’hui plus dépendante des exportations de produits primaires, comme le gaz et le pétrole, et des capitaux et technologies étrangers qu’il y a 20 ans. Au cours de cette période, des privatisations ont eu lieu, des industries ont été fermées, des capitaux étrangers sont entrés massivement dans l’économie locale, l’économie s’est primarisée, les investissements dans la science, la technologie et l’éducation ont brutalement chuté. Et le pays et ses entreprises se sont endettés auprès du système bancaire international à un degré sans précédent. Les grandes entreprises russes comme Gazprom, Rosneft, Sberbank, etc., ont toutes des dettes envers des créanciers internationaux équivalentes à la valeur de leurs actifs. En pratique, les créanciers occidentaux sont les véritables propriétaires de ces entreprises. Les multinationales sont toutes présentes en Russie, occupant les espaces du marché intérieur qui étaient auparavant occupés par des entreprises nationales.

L’industrie manufacturière perd du poids dans le pays, et les seuls secteurs qui se développent sont ceux qui sont contrôlées par des multinationales étrangères. Le secteur aérospatial, qui faisait autrefois la fierté de la nation, a pris du retard dans la compétition internationale en raison du manque d’investissements et du retard technologique, qui empêchent tout véritable renouveau. Ils vivent de leur gloire passée et de leurs investissements. La seule exception à cette décadence générale de l’industrie est ce qu’on appelle le complexe militaro-industriel, car il s’agit d’un secteur stratégique pour le régime, avec d’importants investissements de l’État. Dans ce sens purement économique, le gouvernement Poutine, malgré les différences au sens politique, est une continuation pathétique du gouvernement Eltsine. Non seulement la Russie reste un pays semi-colonial dépendant, mais sa dépendance s’accentue, année après année.

La crise économique mondiale a durement touché la Russie, avec la réduction des investissements et, surtout, la chute des prix du pétrole. Le budget du pays est devenu déficitaire, la capacité d’investissement a été réduite, ce qui a contraint le gouvernement à procéder à une réforme très impopulaire des retraites et à des coupes brutales dans les services sociaux, ce qui a accru le mécontentement social et annonce de nouvelles difficultés inédites pour Poutine.

Malgré la reprise des prix du pétrole, ceux-ci n’ont pas retrouvé les niveaux de la décennie précédente. La crise économique mondiale ne se dirige pas vers une solution à court ou moyen terme et les investissements étrangers se sont effondrés. Les acquis qui ont survécu s’estompent, les services se détériorent, les tarifs augmentent et la nouvelle génération ne bénéficie plus des appartements d’État, tandis que les prix des biens privés sont inabordables pour la majorité de la population.

Il existe un mécontentement au sein de la Russie, et parmi les Russes eux-mêmes, à l’égard de la situation économique, ainsi que des revendications démocratiques et nationales réprimées. L’idéologie chauvine russe continue de jouer son rôle en empêchant que ce mécontentement soit dirigé contre Poutine et son régime, mais les contradictions s’accumulent.

Les révolutions ukrainienne et syrienne menacent le régime

La révolution ukrainienne, qui renverse dans la rue le candidat dictateur Yanukovich, ouvre une crise profonde dans le gouvernement Poutine. C’est sa première et plus grande défaite politique. Rappelons que la révolution ukrainienne a renversé le gouvernement Yanoukovitch même après un accord entre toutes les forces politiques d’Ukraine, le gouvernement américain et Poutine, visant à maintenir Yanoukovitch au pouvoir pendant 8 mois et à organiser ensuite de nouvelles élections. La révolution ne renverse pas seulement le gouvernement mais détruit la police politique détestée, la Berkuta, dont les membres sont traqués de maison en maison. La révolution a menacé l’ensemble du régime basé sur le FSB, a alimenté d’autres processus d’indépendance nationale, mettant en échec toute la légende de la « reconstruction de l’Empire russe ». C’est le premier et grand acte d’un processus révolutionnaire supranational, dirigé, même si ce n’est pas tout à fait consciemment, contre le régime de Poutine. Poutine a compris le risque et a été contraint de riposter durement, en annexant la Crimée, en fomentant la guerre dans l’est de l’Ukraine et en ouvrant une série de contradictions dont il ne voulait pas, avec les impérialismes américain et européen.

Révolution ukrainienne de 2014

De même, la révolution syrienne a menacé d’étendre le printemps arabe au Caucase musulman. D’où la violence de la réaction de Poutine, qui détruit la Syrie par ses bombardements, sauvant la dictature d’Assad, au prix de centaines de milliers de morts.

C’est la même raison qui pousse Poutine à soutenir directement les dictatures du Belarus et du Kazakhstan contre les soulèvements dans ces pays. Les mouvements nationaux dans les pays voisins et en Russie se sont renforcés, dans une vague qui a balayé l’Ukraine, le Belarus, le Kirghizstan et maintenant le Kazakhstan. De même, l’instabilité s’accroît dans le Caucase, comme dans la récente guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les frictions entre la Tchétchénie et l’Ingouchie ou les escarmouches en Asie centrale à la frontière entre le Kirghizstan et le Tadjikistan.

Une défaite de Poutine au Kazakhstan, au Belarus, en Ukraine ou dans le Caucase pourrait devenir le catalyseur d’un mécontentement populaire refoulé, démasquant l’idéologie d’un nouvel empire russe et mettant fin au règne de Poutine et du FSB.

Un régime en désaccord avec la corrélation internationale des forces

D’un point de vue géopolitique, l’espace de Poutine consiste à tirer parti des écarts entre les impérialismes. Poutine manœuvre les contradictions entre les impérialismes américain et européen pour négocier des positions qui lui sont plus avantageuses. C’est de là que naissent les légendes d’un Poutine anti-impérialiste, nationaliste et patriote qui « tient tête aux États-Unis ». L’apogée de cette politique a eu lieu pendant l’administration Bush et sa « guerre contre le terrorisme », où Poutine a joué sur les contradictions de Bush avec la France et l’Allemagne, pour gagner des positions, devenant, en fait, un complice de la guerre américaine en Afghanistan, offrant des postes de ravitaillement sur le territoire russe, des bases pour l’OTAN, ainsi que des équipements militaires et du personnel technique. Avec Obama, qui tentait de rétablir les liens avec l’Europe, Poutine a eu plus de difficultés, et a finalement soutenu Trump aux élections, dans l’espoir de relancer la « guerre contre le terrorisme », une tentative qui a échoué. Aujourd’hui, il continue à jouer avec ces contradictions, comme dans le cas du gazoduc Nord Stream 2, où il existe des intérêts contradictoires entre les États-Unis et l’Allemagne, ou, ce qui est sa nouvelle carte, dans les contradictions entre les États-Unis et la Chine.

D’autre part, la Russie occupe un rôle politique sur la scène mondiale disproportionné par rapport à son importance économique réelle, grâce à deux éléments hérités de l’ex-URSS : un arsenal nucléaire et des FFAA comparables à ceux des États-Unis, et une influence dans toute la région de l’ex-URSS. Ces deux éléments constituent un atout aux mains de la bourgeoisie russe, et en même temps, un point de tension permanent avec l’impérialisme mondial, et surtout avec son bras armé, l’OTAN.

Ce qui en théorie serait un gouvernement fort apporte également un élément d’instabilité au sein de l’ordre impérialiste mondial. Depuis les défaites américaines de Bush dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan, les États-Unis, et avec eux les puissances impérialistes dans leur ensemble, incapables politiquement de se lancer dans de nouvelles aventures militaires, ont opté pour d’autres tactiques. Au lieu d’essayer de vaincre les processus de lutte ou d’indépendance nationale par la main de fer, la guerre ou les bombardements, elle a préféré, en raison de sa faiblesse, détourner ces processus au sein des régimes démocratiques, par le biais d’élections, afin de les stériliser. C’est ce que nous appelons la « réaction démocratique », qui consiste à stabiliser, par le biais des élections, des situations politiques convulsées. Lorsque le printemps arabe a eu lieu, les impérialismes américain et européen, incapables de soutenir ouvertement leurs dictateurs amis, ont préféré détourner les soulèvements par des processus électoraux, pour tenter de re-stabiliser ces pays et maintenir leur influence et leurs bonnes affaires.

Cette « flexibilité tactique » de l’impérialisme ne convient pas à Poutine. Poutine est un gouvernement issu de l’écrasement par la force des mouvements nationaux dans le Caucase. Il n’y a pas de tactique « démocratique » possible lorsqu’il s’agit de l’indépendance des régions sous influence russe. Lorsque la révolution ukrainienne a lieu, entraînant de nouvelles élections dans le pays après la chute du gouvernement Yanoukovitch, le résultat est inacceptable pour Poutine car il pourrait conduire à l’extension du processus au Belarus et à la Russie elle-même, menaçant ainsi son gouvernement. Il en va de même pour la révolution syrienne, dont une victoire pourrait relancer les processus d’indépendance dans les régions musulmanes de la Fédération de Russie, notamment dans le Caucase. Ainsi, tandis que les États-Unis jouaient leur carte « démocratique », il ne restait à Poutine que la force brute. Ce qui ouvre une série de différences et de contradictions entre les États-Unis, l’UE et Poutine dans chacune de ces régions, les plaçant souvent dans des camps opposés, défendant des gouvernements et des régimes qui se font face militairement. En ce sens, Poutine, qui a besoin de toujours plus d’investissements extérieurs en Russie, devient l’otage de son propre régime, incapable de la moindre flexibilité tactique. Il est otage de son image de « poing ferme ».

La bourgeoisie russe souhaite une intégration toujours plus grande avec le capital international, mais la situation géopolitique place Poutine, dans de nombreux cas, dans des positions de confrontation avec les gouvernements occidentaux.

Ces contradictions ont débouché sur l’annexion de la Crimée en 2014, la fomentation de la guerre dans l’est de l’Ukraine et le soutien militaire de Poutine à la dictature d’Assad en Syrie, ce qui a entraîné des sanctions américaines et européennes contre la Russie. Ces sanctions sont un élément supplémentaire aggravant la situation économique de la Russie, car elles frappent en particulier le secteur pétrolier, qui réclame de nouveaux investissements étrangers.

Poutine a besoin de plus en plus d’investissements américains et européens et, en même temps, il se trouve obligé, par la dynamique même des processus, d’entrer dans des conflits répétés avec eux. C’est un nœud qu’il ne peut pas défaire aujourd’hui, et qui tend à s’aggraver en cas de nouveaux processus révolutionnaires dans son voisinage. Ce n’est pas improbable, puisque rien que l’année dernière, nous avons assisté à la révolution au Belarus, à la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, au soulèvement kirghize, à l’insurrection kazakhe et maintenant à la tension à la frontière avec l’Ukraine.

Poutine, avec sa politique contre-révolutionnaire, a en fait lié les révolutions dans l’ancien espace soviétique comme une grande révolution multinationale contre son régime. Tout comme en 1989-1991, il semble que la défaite de ce bastion de la contre-révolution nécessitera des efforts concentrés des travailleurs et des peuples de toutes ces régions contre leur bourreau commun.

 

Traduction : Silas Teixeira

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