6 octobre 2024
Le 7 octobre 2023, la résistance palestinienne menée par le Hamas attaque des bases militaires israéliennes et fait des prisonniers en échange de prisonniers politiques palestiniens. Cette attaque a permis de remettre la cause palestinienne à l’ordre du jour mondial, de paralyser les négociations visant à normaliser les relations entre les régimes arabes et l’État d’Israël, et de mettre en crise le gouvernement Netanyahou et l’État d’Israël.
Auteur : Soraya Misleh et Fábio Bosco
Le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahou rejette toute forme d’enquête sur le 7 octobre, qu’elle soit menée par l’ONU, des ONG spécialisées ou le Parlement israélien lui-même. Il veut éviter que des mensonges tels que l’assassinat de bébés ou le viol de femmes ne soient révélés, sans parler du nombre élevé d’Israéliens tués par l’armée israélienne elle-même pour éviter les prises d’otages(1).
Le lendemain, les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en série : bombardements aveugles de la population civile, destruction de maisons, d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures de santé, blocage de l’aide humanitaire en nourriture et en médicaments, emprisonnement de civils sans inculpation formelle et tortures. Ces crimes ont été et continuent d’être commis contre la population palestinienne de Gaza (42 000 morts, 10 000 disparus, 100 000 blessés) et de Cisjordanie (700 morts, 10 000 emprisonnés), et les crimes ont commencé contre la population libanaise il y a quinze jours, où l’on dénombre déjà plus de 2 000 morts.
Les dirigeants israéliens ne cachent pas leur volonté d’expulser la population palestinienne en rendant Gaza inhabitable, afin de s’approprier leurs terres. En Cisjordanie, 9 000 nouveaux logements pour les colons sionistes ont été autorisés sur des terres palestiniennes et plus de 2 400 hectares ont été annexés par l’État d’Israël.
Cette combinaison de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, avec l’intention d’expulser ou d’éliminer un groupe ethnique, est appelée GENOCIDE selon les Conventions de Genève.
La complicité des maîtres du monde.
Les pays impérialistes sont divisés en deux blocs. Les États-Unis et les pays impérialistes européens parlent de cessez-le-feu, mais ils continuent à donner des armes à l’État d’Israël pour poursuivre le génocide. La Chine et la Russie parlent également de cessez-le-feu, mais s’opposent à tout soutien militaire à la résistance palestinienne. Les pressions exercées par la Chine pour mettre fin aux actions militaires des Houthis yéménites en mer Rouge, qui paralysent la navigation commerciale dans cette mer, en sont un exemple. Un autre exemple est la pression exercée par Moscou sur l’Iran pour qu’il ne prenne pas de mesures de rétorsion à l’encontre d’Israël.
Les régimes arabes critiquent le génocide mais respectent les accords avec l’État d’Israël, y compris dans le domaine de la défense. L’Autorité palestinienne critique également le génocide mais maintient des accords de coopération en matière de sécurité avec Israël.
Le régime iranien, qui dirige ce que l’on appelle « l’axe de la résistance », a déclaré par la voix de l’ayatollah Khamenei qu’il n’attaquerait pas Israël pour défendre les Palestiniens, mais qu’il n’attaquerait Israël que si l’Iran était attaqué.
Pour aggraver la situation, le régime iranien a récemment annoncé qu’il souhaitait reprendre les négociations sur le programme nucléaire iranien afin de suspendre les lourdes sanctions impérialistes, ce qui constitue un geste de normalisation avec l’impérialisme au milieu du génocide en cours en Palestine et au Liban.
Cependant, sous la pression de répondre aux lâches attaques sionistes contre le Hezbollah, le régime iranien a lancé environ 200 missiles balistiques contre des bases aériennes et un bâtiment du Mossad à Tel-Aviv, dont la plupart ont été abattus avant d’atteindre leur cible.
Cette réaction iranienne a surpris l’État sioniste et a montré le potentiel d’une action conjointe entre la résistance palestinienne et l’« axe de la résistance », qui aurait pu paralyser le génocide dès le début.
Israël : enclave militaire
Depuis le 7 octobre, l’État d’Israël perd la bataille stratégique des cœurs et des esprits dans le monde. Cela augmente qualitativement le coût politique de son soutien par les pays impérialistes, dans un contexte international d’intensification des conflits inter-impérialistes.
En même temps, le génocide a aggravé qualitativement la crise économique qui se prolonge depuis le début de l’année 2023, lors du conflit entre les secteurs libéraux et la réforme du système judiciaire. L’incertitude sur la fin de la guerre pousse les entreprises, petites et grandes, du secteur des nouvelles technologies vers les États-Unis et l’Europe. La main-d’œuvre, à tous les niveaux, est en pénurie, en raison de la conscription militaire, des pertes militaires, de l’exode à l’étranger et de l’interdiction faite à 180 000 travailleurs palestiniens de franchir les points de contrôle pour travailler dans le secteur de la construction, qui est paralysé. Tout cela laisse présager une longue période de stagnation, pire que celle qui a suivi la guerre d’octobre 1973.
En outre, la question de la conscription militaire de la population Haredim est un autre élément de crise et d’instabilité.
Netanyahou et l’État d’Israël ont connu une relative reprise grâce à l’extension du génocide au territoire libanais, initialement réussie mais qui pourrait se transformer, comme lors des précédentes offensives de 1982 et 2006, en nouveaux échecs.
En tout état de cause, cette première année de génocide a renforcé et exposé les caractéristiques d’une enclave militaire impérialiste, au détriment de l’apparence d’un État libéral et démocratique tel qu’Israël se présente au monde.
La dépendance militaire, économique et politique d’Israël vis-à-vis des pays impérialistes, la crise économique et la fuite des capitaux, le renforcement politique des « colons » représentés par les extrémistes Ben Gvir et Smotrich au détriment de l’extrême droite libérale, l’augmentation des dépenses militaires et la militarisation de la société sont autant d’éléments qui annoncent la fin des illusions sur la fausse « démocratie » israélienne.
Généraliser la résistance pour mettre fin au génocide
Cette première année de génocide a démontré l’incapacité des puissances impérialistes et des institutions de l’ordre mondial à garantir un cessez-le-feu, l’afflux illimité d’aide humanitaire et d’autres mesures élémentaires de survie pour les Palestiniens, une situation qui s’étend maintenant au Liban.
Il a été démontré que c’est la résistance palestinienne, armée et non armée, soutenue par la solidarité internationale, qui peut paralyser le génocide et ouvrir la voie à la libération de la Palestine.
D’un point de vue militaire, le défi dans les pays impérialistes occidentaux est d’élargir l’implication de la classe ouvrière afin de paralyser l’envoi d’armes et de fonds à l’État sioniste (2).
La Chine et la Russie doivent être chargées de fournir tout l’armement nécessaire à toutes les forces désireuses de lutter contre le génocide pratiqué par l’État d’Israël au Moyen-Orient. La même exigence doit être étendue aux pays de la Ligue arabe et de l’« Axe de la résistance ».
Dans les autres pays, la bataille se poursuit pour étendre les mobilisations afin de forcer les gouvernements nationaux à rompre les relations économiques, militaires, diplomatiques, académiques et culturelles avec l’État d’Israël.
En Palestine, le défi consiste à développer l’auto-organisation et l’autodéfense des Palestiniens et à forcer l’Autorité palestinienne à rompre les accords de coopération en matière de sécurité avec l’ennemi sioniste et à remettre les armes de la police palestinienne afin que la jeunesse puisse organiser l’autodéfense dans les villes, les villages et les camps de réfugiés.
La Palestine libre, du fleuve à la mer
L’ONU et la quasi-totalité des gouvernements du monde défendent la soi-disant solution à deux États qui, en plus d’être injuste, est un écran de fumée destiné à affaiblir la résistance palestinienne en la poussant dans l’impasse des négociations de paix.
L’État d’Israël a déjà déclaré et réaffirmé qu’il était opposé à la création d’un État palestinien, même s’il s’agit d’un mini-État sur seulement 22 % du territoire palestinien.
Malheureusement, la majorité des forces de gauche favorisent cette illusion de deux Etats ou une variante de celle-ci (3).
La LIT-QI réaffirme la nécessité de mettre fin à l’Etat d’Israël comme seul moyen de garantir la justice et la paix au Proche-Orient. Elle défend donc une Palestine laïque, démocratique et non raciste, du fleuve à la mer.
L’alliance entre la classe ouvrière palestinienne et la classe ouvrière des pays arabes constitue la force motrice pour balayer les régimes arabes collaborationnistes, expulser les forces impérialistes et libérer la Palestine et l’ensemble du monde arabe vers une Fédération socialiste des pays arabes.
Traduction portugais/français : Silas Teixeira
NOTES :
(1)
Un an après le 7 octobre, une action historique de la Résistance palestinienne
(2)
What’s next for the Palestine solidarity movement on college campuses?
(3)