2 octobre 2024
Un an s’est écoulé depuis l’action militaire héroïque de la Résistance palestinienne. Le 7 octobre est destiné à rester dans les livres d’histoire.
Auteur : Francesco Ricci
La véritable signification du 7 octobre
Aux premières heures du 7 octobre, un front militaire composé de toutes les organisations impliquées dans la Résistance a mené une attaque sans précédent, dirigée par environ 1 200 combattants du Hamas, du FPLP, du FPLP-CG, du FDLP, du JIP et d’autres groupes plus petits (une douzaine au total).
Derrière eux, des centaines de Gazaouis ont franchi la barrière ultra-technologique (qui a coûté 1,11 milliard de dollars) qui entoure Gaza et ses habitants, les séparant de leur terre occupée en 1948 (et qui s’appelle aujourd’hui « Israël »).
Ils ont envahi Israël par voie terrestre avec des mitrailleuses et quelques missiles antichars, ou par voie aérienne avec des parapentes motorisés, frappant les colonies ennemies avec des roquettes et désactivant les équipements sophistiqués de la cage dans laquelle ils sont enfermés depuis des décennies avec des drones.
L’objectif était d’attaquer plusieurs avant-postes militaires, dont la base militaire d’Urim, qui abrite la tristement célèbre unité 8200, le corps « d’élite » des services de renseignement israéliens et l’un des centres d’interception d’espions les plus puissants au monde.
Grâce au succès de l’action, qui a plongé l’ennemi dans un chaos total, il a été possible de prendre des otages et de tenter de les échanger contre les milliers de prisonniers politiques palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes.
On parle beaucoup de la centaine d’otages israéliens survivants (dont la plupart ont été tués directement par les attaques aveugles de leur propre armée) : mais les quelque 10 000 otages palestiniens, classés par les sionistes dans la catégorie des « combattants illégaux », sont à peine mentionnés. Ce sont aussi 200 enfants et des centaines d’adolescents arrêtés dans la rue pour le délit d’être « en âge de combattre » et enfermés dans des conditions inhumaines, y compris dans des cages à ciel ouvert comme des animaux (et les Palestiniens sont définis comme des « animaux humains » par les ministres israéliens). Dans ces prisons, des femmes et des hommes subissent toutes sortes de tortures et de violences sexuelles (1).
En réalité, le coup porté à Israël le 7 octobre, même du point de vue de l’image, avec les officiers sionistes sortis des casernes en sous-vêtements, est énorme. C’est la démonstration que l’ennemi, bien que disposant d’une des armées les mieux armées, n’est pas invincible.
Et quelles que soient les mesures répressives mises en œuvre par les gouvernements impérialistes (en Italie, y compris l’interdiction de manifester le 5 octobre), malgré les avalanches de propagande mensongère déversées par les médias bourgeois, les masses arabes et, plus généralement, les masses opprimées du monde ont vu dans le 7 octobre un acte de guerre légitime contre un oppresseur implacable. Rien ne pourra effacer ce sentiment de l’esprit de millions de personnes.
Génocide et colère des « démocrates »
Tels sont les événements réels du 7 octobre, également relatés par quelques universitaires non rémunérés. (2)
Le reste fait partie de la propagande israélienne, diffusée dans la presse bourgeoise du monde entier, qui invente des enfants et des femmes violés par les Palestiniens.
Un an plus tard, de nombreux « démocrates » se contentent tout au plus de critiquer Netanyahou pour les « excès » de sa réponse : un terme par lequel ils font pudiquement allusion au génocide en cours et aux 40.000 Palestiniens tués par les sionistes. Un chiffre officiel qu’il faut multiplier (selon le The Lancet journal gaza) par quatre au moins, puisqu’il faut encore retirer les corps des hôpitaux, des écoles et des quartiers dévastés par les bombes israéliennes. A cela s’ajoutent les milliers de blessés et de mutilés (100 000 de plus) et le million et demi de déplacés, contraints de quitter leurs maisons et devenir bombardés eux aussi dans des camps de réfugiés.
Il y a aussi ceux qui, face à tout cela, discutent de l’utilisation du terme « génocide », en se référant au soi-disant « droit international » (qui n’est rien d’autre que le droit sanctionné par l’impérialisme), ou ceux qui appellent à des « commissions d’enquête » pour déterminer… les faits du 7 octobre, c’est-à-dire pour enquêter sur les raisons pour lesquelles, après des décennies de camps de concentration, de bombardements, de rationnement de l’eau, de la nourriture et de l’électricité, les habitants de Gaza ont osé, le 7 octobre, sortir de leur cage et attaquer leurs bourreaux.
Beaucoup de belles âmes (dont certaines qui, pour une raison qui nous échappe, se disent « révolutionnaires ») ne dorment pas la nuit en pensant aux « civils » israéliens tombés le 7 octobre. Ces mêmes « civils » qui, à tour de rôle, quittent les maisons qu’ils ont volées aux Palestiniens pour porter leur uniforme lorsqu’ils sont rappelés au service militaire. Ou encore ceux qui, habillés en civil, comme les colons, mais armés jusqu’aux dents, tuent chaque jour des enfants palestiniens dans les rues de Cisjordanie, s’approprient de nouvelles terres, détruisent des maisons et des champs à coups de bulldozers.
Ces dernières semaines, l’entité sioniste a lancé une « vaste opération militaire » en Cisjordanie, imposant un couvre-feu et détruisant des quartiers entiers à Jénine, Tulkarem et Naplouse, tandis que des tireurs d’élite s’entraînent à tirer sur des enfants. Entre janvier et septembre 2023, soit avant le 7 octobre, 200 Palestiniens ont déjà été tués dans les « territoires occupés ».
Et ces jours-ci, à l’heure où nous écrivons, on compte déjà des milliers de morts au Liban, sous les tonnes de bombes larguées par Netanyahou sur des quartiers habités. Il y a déjà un million de Libanais contraints de fuir leur maison pour échapper à la violence sans limite de l’État colonial, raciste et génocidaire d’Israël.
Mais face à tout cela, il y a aussi ceux qui ont le courage de dire que si les Palestiniens n’avaient pas attaqué le 7 octobre… suggérant implicitement que, pour éviter les représailles, les victimes devraient souffrir sans réagir ; et si elles réagissent… c’est qu’elles l’ont bien cherché.
D’autres louent la lutte palestinienne, mais la jugent déplorable lorsqu’elle utilise des roquettes et des mitrailleuses : la résistance qu’aiment certains pacifistes (qui célèbrent aussi chaque année notre 25 avril, qui n’a pas été gagné avec des fleurs) est celle qui défie les chars à mains nues ou, tout au plus, utilise des lance-pierres.
La barbarie de « l’État le plus démocratique du Moyen-Orient »
Il est important de dénoncer ce que fait aujourd’hui (et depuis des décennies) le soi-disant « État le plus démocratique du Moyen-Orient », avant-poste militaire de l’impérialisme, basé sur le vol des terres palestiniennes qui a commencé en 1947 (avec le sceau de l’ONU) et n’a jamais cessé. Un État théocratique et fondamentaliste, fondé sur des lois raciales, qui opprime les Palestiniens vivant à l’intérieur de ses frontières officielles et ceux relégués dans les soi-disant « territoires occupés » (en réalité, tout Israël, et pas seulement Gaza et la Cisjordanie, est construit sur des territoires occupés).
Il est important de rappeler que, depuis sa création, Israël, l’îlot supposé de « civilisation » dans la « barbarie », a armé et soutenu la plupart des régimes anti-populaires les plus féroces de ces soixante-dix dernières années. Il a formé la police secrète iranienne (Savak) à l’époque du Shah ; il a armé la dictature de Suharto en Indonésie (trois millions de communistes et d’opposants assassinés) ; il a fourni des armes pour les massacres d’un million de Tutsis au Rwanda ; il a formé les forces répressives de la dictature de Duvalier en Haïti et de Somoza au Nicaragua. Les systèmes de répression, d’espionnage et d’infiltration utilisés par cette « démocratie » (théocratique) sont une école pour les polices du monde entier. Ses services secrets enseignent les techniques les plus raffinées de torture des prisonniers aux différentes polices. Elle produit des drones tueurs, des logiciels de contrôle des téléphones portables (le fameux Pegasus), des systèmes de reconnaissance faciale et, d’une manière générale, exporte de la technologie pour réprimer les luttes dans le monde entier.
Il convient également de rappeler que tout cela est testé dans ce que l’on a appelé le « laboratoire palestinien », où les Palestiniens servent de cobayes (3).
Mais les Palestiniens n’arrêtent pas de se battre
Il est important d’aller au delà de cette liste des horreurs commis tous les jours par des sionistes depuis des décennies. Remarquable le courage des Palestiniens, qui n’a pas faibli après une année d’occupation, qui ne se rendent pas et luttent toujours.
C’est un élément que les réformistes, ceux que croient (ou finissent par croire) une possible réconciliation pacifique entre les colons et les colonisés et entre les oppresseurs et les opprimés, tendent à les éliminer. Les théories de l’impuissance et de l’abandon de la lutte, ceux qui disent qu’Israël est l’une des armés les plus équipées et performantes du monde, « impossible d’être vaincu », etc. Comme si la défaite des États Unis au Vietnam n’avait rien enseigné. Comme si la lutte Argelinne n’avait pas eu lieu contre l’impérialisme français ou si la défaite militaire imposé par le Hezbollah en 2006 au Liban contre cette même armée d’Israël. Comme si toutes les révolutions victorieuses n’avaient pas du affronter des fortes armées.
Pourtant, pendant une année, l’extrapotente armé d’Israël, financé par l’impérialisme, n’a pas réussi à surpasser la résistance à Gaza, elle à rencontré de grandes difficultés en Cisjordanie et fait face à une résistance massive au Liban, en décidant d’attaquer sur le terrain.
Selon certaines estimations, l’armée israélienne compte plus de 3 000 mortes depuis le début de l’offensive à Gaza, du jamais vu dans les conflits antérieurs.
La vérité, difficile à comprendre pour les réformistes et les théoriciens de la conciliation de classe, c’est à dire, de la subordination aux intérêts du capitalisme, pourtant même l’armée la mieux équipés au monde ne peuvent rien quand les masses populaires participent au combat.
Pour vaincre, il est nécessaire d’avoir un parti international
Mais, une chose c’est résister – et les Palestiniens le font depuis des dizaines d’années – et l’autre chose c’est de vaincre. Pour vaincre en Palestine, il est nécessaire une lutte internationale.
Des décennies de stalinisme, de « voies nationales » pour le socialisme, de compromis avec l’ennemie de classe, ont obscurci le sens du internationalisme qui a inauguré le mouvement ouvrier il y a deux siècles. Il ne s’agit pas seulement de la solidarité avec une cause juste, mais de comprendre comment malgré le fait d’en avoir différents fronts, l’ennemie que le prolétariat mondial combat est seulement un.
C’est pourquoi nous disons que la lutte Palestine est littéralement « notre lutte ». Qui ne s’agît pas des autres, de la même façon que la lutte contre l’impérialisme dans les pays occidentaux ne concerne pas seulement à nous. La lutte doit devenir commune car l’ennemie est le même : o système capitaliste qu’explora e opprime.
C’est pourquoi nous disons, en premier lieu, qui est essentiel que les avant-gardes de la lutte dans chaque pays s’unissent autour d’un programme révolutionnaire, que franchit les frontières nationales, dans une organisation internationale avec des sections propres à chaque pays. Ça à été et continue de l’être l’unique sens du mot d’ordre de Marx à la fin du Manifeste Communiste : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Un cri de guerre que nous devons faire résonner
une fois encore dans les rues du monde, s’adressant à toute la Palestine, comme Karim Farsakh l’a écrit dans la préface du livre récemment publié de Schoenman, c’est une lutte « qui aujourd’hui résume et symbolise la lutte de tous les exploités et opprimés de tout le monde ». (4)
(30 septembre 2024)
(1) Voire Bem-vindo ao Inferno. Le compte-rendu de B’Tselem, Centre d’information sur les droits humains dans territoires occupés, également repris sur Internet en italien.
Ici, c’est l’original en anglais :
www.btselem.org/sites/default/files/publications/202408_welcome_to_hell_eng.pdf
(2) Parmi les livres les plus récents, notamment de Enzo Traverso, Gaza face à l’histoire, Laterza, 2024. Au delà des certaines contradictions, dérivés de la perspective de l’auteur (l’État binational), nous valorisons la reconstruction du démenti de la propagande impérialiste sur le 7 octobre et rétablie le cadre historique de plusieurs décennies d’occupation sioniste. Venu d’un historien consacré, l’un de rares intellectuels qui se démarquent de la chorale de la propagande officielle, le livre a subi des attaques, mais l’surtout les tentatives de le faire tomber dans l’oubli. L’autre bonne reconstruction du 7 octobre, basée sur des centaines de sources, pourrait être trouvée dans le livre de Roberto Iannuzzi, le 7 octobre entre la vérité et la propagande, éditeur Fazi, 2024.
(3) Voire Antony Loewenstein, Laboratório Palestina, éditeur Fazi, 2024. Cet ouvrage, publié récemment, reconstitue en détail les décennies d’expérimentation en matière d’armes et de logiciels de répression sur les Palestiniens, qu’Israël a exportés dans le monde. Le livre contient également un document sur la collaboration fournit par les services secrets israéliens (Mossad, Shin Beth, etc.) qui apprennent les techniques d’infiltration, de répression et de torture des appareils répressifs autant que pour les dictatures militaires autant qu’aux diverses « démocraties » capitalistes.
(4) Référence à l’ouvrage séminal et récemment publié (septembre 2024) de Ralph Schoenman, A História Oculta do Sionismo, traduit par la première fois en Italie, quo-publié par l’Association Riazanov et par le Mouvement des étudiants palestiniens en Italie et avec la préfáce de Karim Farsakh, activiste du Mouvement des Étudiants Palestiniens en Italie.
Traduction portugais/français : Silas Teixeira