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vendredi, avril 26, 2024

Pourquoi nous appelons à voter pour Arlette Laguiller ?

Declaration du GSI


La lutte des classes s’aiguise et encadre les élections


 


Aiguisement de la lutte des classes et approfondissement de la crise institutionnelle : ces tendances, déjà présentes lors de la précédente élection présidentielle de 2002, n’ont fait que se renforcer au cours de ces cinq dernières années. Aussi, les tentatives de la quasi totalité des forces politiques de ce pays pour éviter l’affrontement et enfermer le « débat » dans le cadre des élections, ont-elles complètement échoué.


La réélection de Chirac, suite à la sinistre mascarade du « vote Chirac pour faire barrage à Le Pen » ; l’installation d’une « majorité » parlementaire RPR-UDF, en 2002 ; l’arrivée de la « gauche » à la tête de la plupart des assemblées départementales et régionales lors des régionales et cantonales de 2004 : tous, élus par défaut ! Toutes ces élections furent encadrées par les mobilisations, des manifestations declasse dont le sommet – provisoire – fut la grève de 2003 contre la « loi Fillon » de remise en cause des retraites.


Tout au long de cette période, l’abstention consciente s’est-elle maintenue à un très haut niveau, la lutte des classes s’aiguisant au grand dam d’un PS arc-bouté sur son objectif : tenir jusqu’en 2007 ! Cependant, le « non » massif à la constitution européenne est venu rappeler aux partisans du traité de Maastricht – et de son renforcement, que la classe ouvrière était toujours là… et bien là ! Une défaite réelle pour tous les partis institutionnels.


Après, la situation ne fera « qu’empirer ». Automne 2005 : explosion de la jeunesse des banlieues, exposée à toutes les vexations, écrasée par le chômage et la précarité ; printemps 2006 : déferlement de l’ensemble de la jeunesse. Ainsi donc, le recul du gouvernement sur le CPE a été une victoire de l’ensemble de la classe. Ce n’est que grâce aux manoeuvres des appareils syndicaux et des dirigeants du PS et du PCF, que le gouvernement a pu maintenir le CNE et rester en place mais, depuis, la mobilisation ne s’est jamais démentie et les grèves n’ont jamais cessé, jusqu’à aujourd’hui : enseignement, Alcatel, Airbus, PSA d’Aulnay-Sous-Bois (dans le 93), etc., etc… même les employés de la branche française de la multinationale Clear Channel, chargée de l’affichage officiel pour tous les candidats de cette élection, sont en grève !


 


La crise institutionnelle s’aggrave


 


La victoire du « non » au référendum sur la constitution européenne, et la mise en échec du CPE par la mobilisation des masses ont encore aggravé la situation du gouvernement Chirac : désormais, la crise politique touche les sommets de l’Etat et débouche sur une crise institutionnelle ; l’ensemble des représentations politiques en est touché. Le sauvetage de la Vème République avec la mise en place du quinquennat, et la volonté d’imposer un bipartisme institutionnel qu’UMP et PS appellent de leurs voeux, n’auront été que vaines tentatives.


Que le MEDEF et les bureaucraties syndicales (notamment celle de la CGT) soient montés en première ligne dans la dernière période montre, à la fois, l’importance de la crise politique/institutionnelle, et la volonté conjointe – patronat et bureaucrates – d’avancer dans la voie d’une intégration des syndicats à l’Etat.


 


Sous la pression des institutions européennes,


l’indépendance de la classe ouvrière est menacée


 


Les partis de la bourgeoisie et leurs candidats ont toujours affirmé vouloir en finir avec les acquis ouvriers et même avec toute organisation indépendante de la classe ouvrière (Sarkozy, Bayrou, Le Pen ou De Villiers) ; c’est dans leur nature. Mais le PS et le PCF, eux, qui se prétendent des représentants de la classe ouvrière. ! Aujourd’hui, défenseurs de l’Europe de Maastricht et ralliés à « l’économie de marché », ils


sont tous deux engagés dans une politique d’accompagnement de la destruction des acquis et conquêtes ouvriers.


De même, les dirigeants des principales organisations syndicales, qui sont pour l’essentiel des militants du PS et le PCF, tendent-ils à s’impliquer encore davantage avec le MEDEF et les gouvernements successifs dans une remise en cause de l’ensemble des droits et garanties des travailleurs, Code du travail et conventions collectives en tête. Le lieu où cette destruction s’organise : le Conseil économique et social.


L’intégration syndicale est en effet un axe de l’Union Européenne auquel adhèrent activement PS et PCF. Et la Confédération européenne des syndicats participe à la rédaction des directives en liaison avec la Commission de Bruxelles. Et la Confédération syndicale internationale, fondée fin 2006, travaille dans le même sens avecl’ONU et l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique). Désormais, la totalité des directions syndicales de ce pays est-elle intégrée à ce schéma.


 


Lever une alternative ouvrière révolutionnaire anticapitaliste


 


La défense des intérêts de la classe ouvrière exige avec urgence : l’arrêt des délocalisations et des privatisations ; l’arrêt de la destruction des services publics, dont les piliers essentiels, enseignement et santé, sont menacés conjointement à l’énergie, aux transports et aux moyens de communication ; l’interdiction des licenciements ; l’augmentation des salaires à un niveau permettant de vivre décemment ; que tous les travailleurs disposent d’un emploi et d’un logement dignes ; enfin, la préservation entière du Code du travail et des Conventions collectives. Ceci dit, peut-on réellement prétendre imposer une telle politique en laissant les capitalistes aux commandes de l’économie, avec tout loisirs de reprendre d’une main le double de ce qu’ils auraient eu à lâcher de l’autre ?


Aujourd’hui, pour répondre à la volonté de la classe ouvrière de défendre son indépendance et ses intérêts, il ne suffit point d’être « antilibéral», mais il faut une véritable perspective ouvrière, en rupture avec le capitalisme, pour un gouvernement des travailleurs : un gouvernement pour et par les travailleurs. Pour nous, cette alternative est le socialisme : expropriation des capitalistes, instauration de la propriété collective des moyens


de production et d’échange, à l’échelle du monde. Le socialisme, seule option possible face à la barbarie !


Cette élection, comme toutes les élections, devrait servir de tribune pour construire une telle perspective, pour proposer un cadre organisationnel dans ce but, pour le parti ouvrier révolutionnaire. Or, trois formations se réclamant, plus ou moins formellement, du trotskisme, présentent ou soutiennent des candidats : LCR, LO et PT.


Le PT : à partir des conséquences des traités et directives européens sur les travailleurs, il propose une rupture d’avec l’Union Européenne qui aboutit à une politique de défense de « la nation », c’est-à-dire, en définitive, du capitalisme « national », en France comme en Europe, avec des mots d’ordre tels que « la république une et indivisible » pour la France, et « l’union libre et fraternelle des peuples libres d’Europe». La rupture d’avec le capitalisme ? La construction du socialisme ? Pour les jours de fête ! Le PT ne présente pas de candidat direct, mais soutien la candidature de G. Schivardi qui se définit comme un « socialiste républicain », candidat de maires.


Présentée par les médias comme une organisation trotskyste, la LCR, pour sa part, ne se revendique jamais publiquement comme telle : en effet, partisane de la « démocratie jusqu’au bout », elle a renoncé à la dictature du prolétariat et au centralisme démocratique. Aussi, la LCR axe toutes ses campagnes sur « l’Europe sociale » et la régionalisation, sans jamais exiger l’abrogation des traités capitalistes européens. Or, précisément, ces traités-là encadrent totalement l’ensemble des attaques économiques et sociales dirigées contre les travailleurs, en France et en Europe.


Antilibérale toujours, anticapitaliste parfois (et selon l’air du temps), la LCR n’a jamais exclu d’accepter un strapontin gouvernemental si les circonstances s’y prêtaient. Et même si en France elle écarte cette option à l’heure actuelle, le cas existe déjà au Brésil, où Démocratie Socialiste (l’organisation soeur de la LCR) participe au gouvernement Lula ; et en Italie, où Sinistra Critica (le courant équivalent) participe de la majorité gouvernementale de Prodi. La candidature O. Besancenot de la LCR, qui appela à voter Chirac au deuxième tour de 2002, débouchera tout naturellement sur un vote PS au second tour de 2007.


Enfin, quant à LO, qui a condamné les émeutiers de 2005 et appelé à voter « non » à la constitution européenne, elle avait été pour l’abstention au traité de Maastricht en 1992. Cette organisation n’a pas été conséquente avec son appel à constituer un parti révolutionnaire des travailleurs, à l’occasion des européennes de 1999. Elle oscille en permanence entre national-trotskisme et internationalisme prolétarien formel.


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Cependant, LO et sa candidate A. Laguiller, qui continuent à se réclamer du combat contre le capitalisme et pour le socialisme, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’appelleront pas à soutenir la « candidate blairiste » du PS au second tour de 2007. Par ailleurs, cette organisation qui a résisté à toutes les pressions en 2002 et refusé d’appeler à voter Chirac au second tour, se revendique-t-elle ouvertement du communisme, du trotskisme.


Aussi, pour le GSI, le seul qui apparaît comme un vote de classe utile, parmi ces trois candidatures à cette élection présidentielle, est le vote LO.


 


C’est pourquoi, avec toutes nos réserves et sans aucune illusion, le GSI appelle à voter pour Arlette Laguiller.


Le 5 avril 2007


Pour tous contact: contact@gsi-litqi.org


Site Web: http://www.gsi-litqi.org/


 

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