ven Juil 26, 2024
vendredi, juillet 26, 2024

Les leçons d’une année de guerre en Ukraine. Seule la classe ouvrière peut conduire au succès

« La Quatrième Internationale doit bien comprendre l’énorme importance de la question ukrainienne, non seulement pour le sort de l’Europe de l’Est et du Sud-Est, mais pour l’Europe tout entière. Il s’agit d’un peuple qui a prouvé sa vitalité, numériquement égal à la population de la France et qui occupe un territoire exceptionnellement riche et, de plus, revêt la plus grande importance stratégique. La question du sort de l’Ukraine est posée avec toutes ses implications. Il faut un mot d’ordre clair et précis, qui corresponde à la nouvelle situation. A mon avis, il n’y a actuellement qu’un seul mot d’ordre : Pour une Ukraine soviétique d’ouvriers et paysans, unie, libre et indépendante… »

(Léon Trotsky, La question ukrainienne, 22 avril 1939)

Déclaration de la LIT-QI, le 20 février 2023

L’invasion et l’occupation par l’armée russe ont commencé comme une « opération militaire spéciale », dont l’objectif déclaré était de renverser « en quelques semaines » le gouvernement ukrainien et de « libérer le peuple » d’Ukraine, en “dénazifiant » et « démilitarisant » le pays. Tant Poutine que les gouvernements impérialistes considéraient cet objectif comme absolument probable. Cependant, la réalité est que la guerre contre les occupants s’est prolongée, depuis déjà un an. Et le facteur fondamental qui a contrecarré ces plans est la résistance héroïque de la classe ouvrière et du peuple travailleur ukrainiens. Notre position depuis le début a été, est et sera de soutenir cette résistance, et à partir de cet axe et de cette position clé, nous avons développé les autres éléments de notre programme : l’exigence de la fourniture d’armes lourdes et de technologie militaire à l’Ukraine pour vaincre l’invasion ; l’opposition à toute intervention de l’OTAN et aux budgets de réarmement impérialistes ; le soutien aux actions contre la guerre en Russie ; la dénonciation du gouvernement bourgeois de Zelensky, en particulier ses mesures anti-ouvrières qui affaiblissent la résistance de la classe ouvrière, et sa subordination à Biden et à l’UE. Et le plus important : la nécessité d’une auto-organisation indépendante de la résistance ouvrière ukrainienne et d’une campagne internationale de soutien matériel et politique en sa faveur. Tous nos efforts et notre programme visent à la victoire militaire et politique de la résistance ouvrière ukrainienne.

L’agression de Poutine contre l’Ukraine a été préparée bien à l’avance et camouflée en « exercices militaires » le long des frontières de l’Ukraine. Le régime russe a dénoncé les avertissements selon lesquels il préparait l’invasion, comme de viles calomnies de la part de l' »Occident ». Lorsque, le 24 février, il l’a envahi sur plusieurs fronts et a même fait débarquer des parachutistes dans la banlieue de Kiev, il a tenté de le justifier comme une mesure défensive due à « l’expansion vers l’est de l’OTAN », se rapprochant de ses frontières de manière menaçante. L’expansion de l’OTAN est une réalité réactionnaire et indéniable. Mais elle n’est pas la véritable raison de l’invasion. Les républiques baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ont rejoint l’OTAN et sont beaucoup plus proches de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Et après l’invasion de l’Ukraine, la Suède et la Finlande, pays historiquement neutres, ont demandé à rejoindre l’OTAN. La vérité est qu’il s’agit d’un prétexte pour un conflit entre les aspirations coloniales du régime oligarchique de Poutine sur l’espace de l’ex-URSS, du Caucase et de l’Eurasie, et celles d’autres puissances, dont la Chine. Derrière l’invasion se cachent les intérêts économiques et financiers des oligarques russes et de leurs monopoles en Ukraine.

Poutine défend avec fureur l’argument que les puissances de l’OTAN auraient imposé un régime politique illégitime en Ukraine, issu d’un « coup d’État » en 2014. C’est le nom donné par Poutine et tout le spectre restant du stalinisme mondial au soulèvement populaire du Maïdan, un processus très contradictoire en raison de l’absence d’une direction révolutionnaire, mais qui pendant 5 mois a affronté la tentative autoritaire et néolibérale et la répression avec un bilan de nombreux morts dus au président, l’oligarque pro-russe Ianoukovitch. Celui-ci a finalement fui le pays et le processus a été canalisé, par la réaction « démocratique », vers un changement de gouvernement bourgeois avec l’élection du riche homme d’affaires, le « chocolatier » Porochenko. Lors de l’élection suivante, Zelensky est arrivé au pouvoir, réaffirmant sa subordination au FMI et à l’UE. Mais malgré la dérive réactionnaire et la pandémie, le rapport de forces entre les classes en Ukraine a maintenu entre 2014 et 2022 des niveaux significatifs de luttes ouvrières contre leurs gouvernements, ce qui a représenté un stimulant pour les masses de la région et une menace pour les dictatures voisines comme celles de Loukachenko et de Poutine lui-même.

L’Ukraine mène une guerre de libération nationale

Au fil des semaines et des mois, toutes les prévisions, mais aussi les mythes alimentés alternativement par le régime de Poutine et les puissances impérialistes, ont commencé à s’effondrer. Le gouvernement ukrainien lui-même admet qu’au début, il pensait que sa défaite était imminente. Il est apparu que des émissaires du gouvernement étasunien ont offert à Zelensky l’asile à l’étranger, en tant que gouvernement en exil. Les chaînes d’information concentraient leur attention sur les photos et les vidéos de personnes déplacées et de réfugiés quittant le pays par millions. Mais elles ont aussi dû enregistrer le phénomène qui a tout changé : la courageuse mobilisation de masse du peuple travailleur, de tous les âges, à Kiev et dans d’autres villes, qui rejetaient activement la présence des troupes d’invasion et ont lancé une résistance héroïque, armée et non armée. Des barricades et des Défenses Territoriales se sont formées et se sont répandues comme une traînée de poudre, et quelque temps plus tard, des groupes de partisans se sont formés dans les régions occupées.

Et cette résistance, composée de volontaires, a exigé des armes dans les districts militaires et elle est partie affronter les envahisseurs, les chars et les véhicules blindés avec des cocktails Molotov. Nous avons des témoignages directs de la ville de Kiev et de sa banlieue. Là, les masses populaires réclamaient des armes, et dans de nombreux cas, elles ont pris le contrôle des arsenaux. Dans chaque quartier, les voisins organisaient des patrouilles et des gardes pour détecter les étrangers en maraude, que Poutine avait infiltrés des mois auparavant pour marquer les cibles des bombardements. Petit à petit, les Défenses Territoriales ont fusionné avec l’armée ukrainienne régulière. Avec l’avancée de la résistance, les occupants ont été repoussés vers la frontière biélorusse, avec d’innombrables pertes parmi leurs troupes d’élite et en laissant derrière eux dans leur fuite tout un stock de matériel militaire.

Dans les territoires récupérés par les Ukrainiens, la barbarie des envahisseurs est devenue évidente : la découverte macabre de centaines et de centaines de cadavres de civils, exécutés d’une balle dans la nuque et les mains liées dans le dos, après avoir été torturés dans des caves où fonctionnaient des centres d’interrogatoire et d’extermination. Le monde entier a ainsi pu voir l’aberrante vérité sur l’invasion. Les mythes sur « l’opération militaire pour libérer le peuple » de l’oppression du « gouvernement nazi de Kiev » ont commencé à s’effondrer comme un château de cartes. Tout cela confirme qu’en Ukraine c’est une guerre de libération nationale qui est livrée contre l’agression de la deuxième puissance militaire du monde.

L’Eurasie : un épicentre de la lutte de classes mondiale

La guerre sur le territoire ukrainien s’est prolongée dans le temps, dépassant les pronostics du régime de Poutine et de tous les impérialismes. Pourquoi ? Parce qu’elle repose centralement sur une puissante résistance ouvrière et populaire qui, malgré les limites que lui impose la direction bourgeoise, fait face à l’invasion et remet objectivement en cause la stabilité de toute l’Eurasie. La prolongation de la guerre et la volonté inébranlable de la classe ouvrière et du peuple ukrainiens de se battre ont, de toute évidence, aiguisé les contradictions inter-impérialistes, au sein de l’UE mais aussi dans l’OTAN, et elle a aggravé la crise de l’ordre mondial. Et cette instabilité se répercute, non seulement en Europe occidentale, mais aussi sur d’autres continents. Nous voyons ainsi des processus de lutte, comme la grève générale en France, la vague de grèves en Grande-Bretagne… De même que des processus de lutte dans les semi-colonies, dans différentes régions, à cause de l’augmentation des prix du carburant et du blé. En Amérique latine, l’Équateur et les affrontements actuels au Pérou en sont des exemples.

Les impérialismes des États-Unis et de l’Europe utilisent la guerre pour leur propre réarmement.

Biden et les gouvernements de l’UE ont utilisé la guerre pour réarmer leurs armées impérialistes, améliorant leurs armements tout en envoyant au compte-gouttes du matériel militaire à l’Ukraine. Cette « aide » de l’OTAN doit être dénoncée pour sa nature essentiellement impérialiste : elle n’envoie pas l’armement réclamé par le peuple ukrainien, qu’elle refuse de considérer comme son égal ; et elle ne cherche pas non plus à donner des armes équivalentes, mais traite le peuple ukrainien comme un allié de seconde zone, en envoyant, dans cette guerre comme dans toutes les autres, de l’armement obsolète, en petites quantités et à un rythme qui lui convient pour gérer le conflit et faire pression pour des négociations au détriment de la vie du peuple ukrainien. La preuve en est que tous les budgets « d’aide » matérielle à l’Ukraine sont encadrés dans des paquets qui donnent lieu à une énorme augmentation du réarmement des armées impérialistes et des dépenses militaires, au prix de coupes dans les programmes sociaux qui répondent aux besoins immédiats des travailleurs. C’est un autre symptôme clé du fait que cette guerre aggrave la crise de l’ordre mondial et de l’hégémonie étasunienne. Le budget de l’OTAN a ainsi augmenté en 2023 pour la huitième année consécutive, avec cette fois un accroissement historique par rapport à 2022 de 27,8 % pour le budget civil et de 25,8 % pour le budget militaire. Le nombre de pays de l’OTAN qui acceptent d’atteindre 2 % du PIB en dépenses militaires (un engagement formel depuis 2014) a doublé depuis le début de la guerre, et un noyau dur de pays préconise désormais de porter cet engagement à 2,5 % ou 3 %. L’UE, qui cherche à obtenir une certaine autonomie militaire par rapport aux États-Unis, a relancé l’Agence Européenne de Défense en augmentant son budget de 15 % pour investir dans des projets plus importants de coopération conjointe.

Actuellement, l’aide matérielle à la résistance ukrainienne ne dépend pas de l’augmentation du budget militaire comme le dit la propagande impérialiste.

C’est pourquoi nous nous opposons catégoriquement à tous les budgets militaires des gouvernements impérialistes de l’OTAN et à la tentative de ceux-ci de se présenter comme de véritables alliés du peuple ukrainien et des partisans de « la paix ». Nous exigeons l’envoi inconditionnel d’armes à la résistance afin de vaincre l’armée d’occupation.

D’autre part, nous appelons la classe ouvrière en Europe, aux États-Unis et dans le reste du monde à apporter toute l’aide matérielle possible à la résistance ukrainienne. Nous faisons cet appel à la solidarité active avec un critère d’indépendance de classe : en nous délimitant des actions des gouvernements, en nous opposant à toute intervention directe de l’OTAN dans le conflit et aux plans de « reconstruction » et d’endettement promus par l’UE et le FMI ; et en refusant que le prolétariat participe au financement des armées impérialistes.

Contre les envahisseurs de Moscou, et contre les attaques menées depuis Kiev

Les changements en temps de guerre ont des conséquences croissantes pour la lutte de classes à l’intérieur de l’Ukraine. La classe ouvrière sacrifie ses vies sur la ligne de front contre les occupants et est frappée à l’arrière dans le dos. Les travailleurs endurent un martyre permanent, avec des morts et des blessés du fait du bombardement constant de leurs maisons, écoles et hôpitaux. La destruction des infrastructures essentielles, avec des coupures de courant quotidiennes, le manque récurrent d’eau, de chauffage et d’évacuation des eaux usées, aggrave les conditions de vie à l’extrême.

Et, d’autre part, le coût élevé des produits de base – un taux d’inflation de près de 50 % depuis le début de la guerre – est aggravé par les réductions de salaires, les suspensions et les licenciements, et – à partir des lois récemment votées et promulguées par Zelensky – par les attaques contre les droits et prestations sociales, gagnés au fil des ans par la classe ouvrière. Cette pénurie croissante, combinée avec les attaques d’un gouvernement au service de la bourgeoisie, le pillage colonial et la corruption, frappe et affaiblit le principal facteur social de la résistance : le peuple travailleur.

Qui plus est, des lois pour renforcer la verticalité du commandement dans l’armée ont été votées, avec des punitions plus sévères pour les soldats de base et des sanctions dans le processus de recrutement. La classe ouvrière et le peuple exploité continuent d’être les plus grands donateurs de nouveaux soldats au front. Et les tensions sociales croissantes se reflètent sur le front. Malgré cela, le moral élevé des combattants et la conviction de la victoire prévalent. Car il y a une conscience que l’on se bat pour être libres.

Cependant, comme s’il manquait des raisons de s’indigner, les masses sont confrontées à la corruption rampante des classes dirigeantes et des échelons supérieurs de l’État à tous les niveaux. Des scandales retentissants ont éclaté, auxquels Zelensky a répondu par des purges à différents hauts niveaux du gouvernement. Depuis peu, l’éventualité d’une démission de Ryaznikov, ministre de la défense, est fortement évoquée après la découverte d’une surfacturation grotesque dans l’achat de « tonnes d’œufs ». Alors que le pays verse du sang dans une guerre inégale, les différents clans d’oligarques se concentrent sur le pillage et un nouveau partage de la propriété des industries et des ressources naturelles. L’inégalité sociale et la méfiance des masses à l’égard des institutions de l’État s’accroissent, à l’exception relative des Forces Armées. La haine nationale contre l’envahisseur se combine à la haine de classe contre les Ukrainiens privilégiés.

Les triomphes militaires ukrainiens et la pression de Biden et Scholz en faveur de « la paix ».

L’avancée significative en été et en automne dans la région de Kharkov, et la fuite des troupes russes, abandonnant chars, équipements militaires et munitions, ont permis à l’Ukraine la plus grande récupération de territoire de toute la guerre en peu de temps. D’autre part, le retrait de 20.000 soldats russes de la rive droite du Dniepr a permis de récupérer la ville de Kherson et une importante bande de terre fertile s’étendant jusqu’à la mer Noire. Quelques gains ukrainiens mineurs ont également été réalisés dans le Donbass. La Russie était arrivée à occuper 30 % du territoire ukrainien en mars 2022. Aujourd’hui, elle en occupe environ 15 %. Tous ces triomphes de la résistance ont produit une crise majeure au sein du haut commandement russe, et des répercussions sur le régime de Poutine. Cependant, le manque d’armements adéquats a empêché que ces triomphes se transforment en une offensive permettant de vaincre les troupes d’occupation. Au contraire, ces victoires militaires se sont accompagnées d’une pression redoublée des impérialismes, et en particulier de l’impérialisme étasunien hégémonique, pour entamer des négociations.

Les masses de la Russie sont opprimées et réprimées, mais une grande partie rejette la guerre.

En Russie, il y a eu pendant le mois de septembre 2022 un remue-ménage avec la conscription forcée, qui a entraîné un changement significatif dans l’attitude d’une partie croissante des masses ouvrières et populaires envers le régime. Cela ne s’exprime toutefois encore que par un rejet passif de la guerre et par quelques actions isolées et défensives dans les régions les plus sacrifiées par la conscription, où les mères des soldats et des conscrits ont joué un rôle de premier plan. L’opération compulsive du gouvernement visant à mobiliser 200 mille recrues s’est heurtée à la fuite du pays de plus d’un demi-million d’hommes en âge de servir pour éviter d’être de la chair à canon. Et des centaines de milliers d’autres se sont cachés ou ont réussi à échapper – sous les formes les plus diverses – à l’obligation de partir à la guerre. Les nouvelles de plus en plus évidentes – malgré une censure féroce – de plus de 100 mille soldats de la Fédération de Russie tués sur le territoire ukrainien – pour la plupart issus de nationalités opprimées non-russes et originaires de villages les plus éloignés des grandes capitales – et de milliers de soldats qui se sont rendus comme prisonniers sans résister, ont révélé à l’intérieur de la Russie que l' »Opération Militaire Spéciale » est en réalité une guerre d’agression et de pillage colonial, et qu’elle affronte un peuple armé.

Et ce rejet passif mais massif se reflète dans l’État de la Fédération de Russie et dans ses Forces Armées. La deuxième puissance militaire mondiale expose ainsi non seulement au monde entier sa fragilité face à la résistance armée du peuple ukrainien, mais elle montre également la pourriture du régime de Poutine. Un régime qui, dans cette guerre comme auparavant en Syrie et en Afrique, s’appuie sur la Compagnie Militaire Privée (CMP) Wagner comme principale force de combat. Cette compagnie composée de mercenaires et d’anciens criminels condamnés, et appartenant à un oligarque mafieux, connu sous le nom de « cuisinier de Poutine », se dispute aujourd’hui l’hégémonie avec le commandant de l’armée et le ministre à la Défense.

L’hiver a conduit à une impasse militaire

En raison des retards et du chantage impérialistes concernant la livraison d’armements défensifs et offensifs, Poutine a réussi à imposer un changement dans le type de guerre : usure et destruction systématiques des infrastructures essentielles, et assassinat de la population civile, avec le bombardement ininterrompu de la quasi-totalité du territoire ukrainien. Une certaine impasse a été constatée sur presque tous les fronts. La bataille pour la ville de Bajmut dans le Donbass, qui est toujours sous contrôle ukrainien, en est l’expression la plus marquante. Il y a bien quelques avancées des envahisseurs, comme la prise du village de Soledar, qui sont bien plus symboliques que stratégiques pour Poutine et la CMP Wagner. Ceux-ci ont relevé, après des défaites successives, le commandant militaire de l’opération, le général Surovikine, surnommé  » le boucher d’Alep « . Et pour occuper ce petit village, il y a eu plus d’un mois de combats acharnés, avec des milliers de victimes parmi les troupes.

Alors que les impérialismes annoncent tardivement des livraisons de chars et d’autres armements, dont on ne sait pas quand ils seront opérationnels sur le champ de bataille, Poutine a reçu en cadeau tout le mois de janvier pour réorganiser ses troupes en vue d’une contre-offensive au printemps. Ce n’est pas par hasard que nous assistons aujourd’hui à un nouveau chantage impérialiste, mené cette fois par les États-Unis et leurs « spécialistes militaires », pour forcer l’Ukraine à entrer dans un « processus de négociation ». En d’autres termes, ils la poussent à accepter des concessions envers les occupants concernant son intégrité territoriale.

La résistance et le moral du peuple ukrainien constituent le principal obstacle aux plans de Poutine, ainsi qu’à la politique des impérialismes de dépeçage du territoire ukrainien et à l’exécution de ces plans par Zelensky.

Les « pacifistes » au service de Poutine et… de l’UE et de l’OTAN !

Dans ce cadre, des secteurs « pacifistes », qui agitent le Non à la guerre ! dans tous les pays –  sauf en Russie – sont des agents sournois de Poutine. Et de nombreux groupes qui ont commencé à crier « Ni Poutine ni l’OTAN »… ont transformé leur « Ni ni » en un « pas un char pour l’Ukraine ! ». Et ils ne soufflent mot sur les milliers de chars russes sur le terrain. Ils se retrouvent à nu : ils sont le chœur « de gauche » de l’impérialisme et de l’OTAN. Car l’UE finance indirectement l’armée de Poutine. Les achats de pétrole et de gaz de la plupart des États membres de l’OTAN ont augmenté depuis le début de la guerre, car le régime de Poutine reçoit 640 millions d’euros par jour de la vente de pétrole russe à l’Union européenne.

Tant Biden que Sunak et Macron cherchent à affaiblir la Russie militairement et économiquement, en saignant à blanc son appareil militaire, alors qu’entre-temps ils envoient au compte-gouttes de l’aide militaire à Zelensky, font pression sur lui pour qu’il accepte un « cesser-le-feu », et cherchent une paix qui serve les intérêts impérialistes, au prix du maintien de l’occupation d’une partie du territoire ukrainien, qui resterait sous le régime de Poutine, le geôlier des peuples en Eurasie. Il se trame une « paix » qui trahit la résistance ukrainienne et qui prépare le terrain pour le pillage des futurs « plans de reconstruction ». Le peuple ukrainien souhaite plus que quiconque que la guerre prenne fin. Mais en même temps, plus de 85 % de la population s’oppose fermement à toute paix qui implique des annexions et qui légitime l’occupation de Poutine. La seule paix juste pour cette juste guerre de libération nationale menée par l’Ukraine est une paix qui garantisse l’unité territoriale de l’Ukraine et sa pleine indépendance vis-à-vis de la Russie, de l’UE et des États-Unis.

La victoire est possible si la classe ouvrière prend la direction de la résistance dans ses propres mains.

La résistance armée des travailleurs et du peuple ukrainiens se heurte de plus en plus au régime et au gouvernement semi-colonial, qui représente les différents groupes oligarchiques, partenaires des sociétés impérialistes. La direction politique de la confrontation militaire, le gouvernement Zelensky, conspire contre la victoire du peuple ukrainien. L’écrasante majorité du peuple veut la victoire. Et plus les sacrifices et les morts sont grands, plus le refus de céder une partie du pays est grand. La classe ouvrière doit prendre en main la direction de la résistance aux envahisseurs, en élaborant un programme révolutionnaire.

Nous sommes confrontés à la combinaison nécessaire et possible de la guerre de libération nationale avec la lutte pour l’indépendance politique de la classe ouvrière, pour sa libération sociale. Et c’est cette combinaison que craint l’ancien colonel du KGB, aujourd’hui le président Poutine. Au début de l’invasion, dans un moment de verbiage délirant, il a dit que « l’Ukraine est une invention de Vladimir Lénine« . Il a dit que « l’Ukraine n’a aucun sens en tant qu’État, en tant que pays indépendant« . Et ses paroles révèlent sa « nostalgie tsariste ». Mais elles montrent bien plus au monde : la courte période d’une Ukraine indépendante a commencé avec la révolution des Soviets en 1917. Et la véritable indépendance – la seule indépendance connue dans l’histoire du pays – n’a été obtenue qu’avec le pouvoir aux mains de la classe ouvrière et des paysans ukrainiens armés et par une politique claire d’autodétermination nationale de la part des bolcheviks.

Un programme d’action en Ukraine :

• Si la guerre est celle de tout le pays, que tous se sacrifient ! Des milliers de travailleurs gèlent dans les tranchées au front, tandis qu’à l’arrière les entreprises suspendent les emplois des travailleurs et réduisent leurs salaires de moitié. Ceux qui vont au front reçoivent des salaires de misère et leurs familles sont laissées sur le carreau, tandis que les ministres de Zelensky conduisent des voitures de luxe ou passent Noël en Espagne et que la députée Julia Timochenko prend un bain de soleil sur la plage de Dubaï.

• Consacrer toutes les ressources du pays au service de la victoire militaire contre les occupants ! Priorité des moyens aux soldats et aux membres des Défenses Territoriales ! Des salaires complets et la mise en œuvre vers la défense de toute la force de travail disponible dans l’industrie !

• Nationalisation de toutes les entreprises liées à la défense nationale, sous le contrôle des travailleurs !

• Stopper l’arbitraire du commandement militaire ! Respect de la troupe qui risque sa vie dans les tranchées ! Respect de l’autonomie des Défenses Territoriales ! Jusqu’à présent, les victoires militaires ukrainiennes ne sont dues qu’aux sacrifices et aux efforts des travailleurs. Ce peuple sait que de tous les armements modernes et puissants montrés à la télévision occidentale, seuls quelques-uns sont arrivés, avec du retard et au compte-gouttes. Nous exigeons des armes pour l’Ukraine !

• Combat contre la corruption, à mener par ceux qui sont au front ! Tous les achats des forces armées sous le contrôle des comités de soldats élus dans les régiments eux-mêmes ! Les ressources pour la guerre contre les occupants, tant externes qu’internes, sont dilapidées avec le profit, la corruption et le pillage des biens de l’État ! Le gouvernement ne parvient pas à combattre la corruption. Il relève certains fonctionnaires et les remplace par d’autres tout aussi corrompus ou incapables. Il y a des ressources. Le peuple a collecté massivement des fonds pour l’armée. Une pension, dès maintenant, pour les familles des morts et une assistance gratuite pour les blessés et leurs familles !

• Non au remboursement de la dette extérieure !
L’Ukraine est en guerre contre une invasion et une occupation génocidaire menées par une dictature. Exigeons du FMI et de la Banque européenne l’annulation de sa dette extérieure ! Démasquons l’hypocrisie des puissances impérialistes qui déclarent leur soutien et se préparent à faire payer la facture avec des profits usuraires.

• Non à l’adhésion à l’OTAN ou à l’UE ! Au cours de la guerre, l’OTAN a clairement indiqué que l' »aide matérielle » n’a ni correspondu ni répondu aux besoins urgents de la résistance ukrainienne, et ce parce que cette « aide » sert en fait les intérêts des impérialismes européen et étasunien, et que son objectif ultime est de faire reculer la domination du régime russe sur l’Ukraine et de la remplacer par la domination de l’UE. Les plans de « reconstruction » convenus entre Zelensky, l’UE et le FMI renforceront la nature semi-coloniale de l’État ukrainien. C’est pourquoi il est important de défendre l’intégrité territoriale d’une Ukraine véritablement unie, indépendante et libre.

• Expropriation de tous les actifs des oligarques et des entreprises russes associées au régime de Poutine en Ukraine ! Il est scandaleusement paradoxal que, l’Ukraine étant envahie par la Russie, les actifs substantiels des nombreux oligarques de celle-ci dans le pays n’aient pas été expropriés. Cela permettrait d’obtenir les ressources nécessaires sans s’endetter davantage à l’étranger et d’obtenir des conditions décentes pour les soldats au front et pour les populations à l’arrière.

• Pour l’organisation politique indépendante de la classe ouvrière ! Seule la classe ouvrière ukrainienne, alliée au reste du prolétariat européen et mondial – et faisant appel en particulier à la solidarité des travailleurs de Biélorussie et aussi de la Russie – peut assurer ces tâches de défense nationale entre ses propres mains et les mener à la victoire. Afin de renforcer la résistance des travailleurs ukrainiens, nous devons développer toutes les initiatives de solidarité existantes de la classe travailleuse internationale, telles que celles du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes RSISL, du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine, et du Réseau de Solidarité avec l’Ukraine aux États-Unis.

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