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Le gouvernement Lula-Alckmin est entré en fonction : Et maintenant ?

2 janvier 2023

La cérémonie d’investiture du nouveau gouvernement a tenté de rassembler et d’exprimer l’existence des secteurs les plus marginalisés de la société. En l’absence lâche de Bolsonaro, l’écharpe présidentielle a été transmise à Lula par un groupe qui tentait de représenter les travailleurs, les femmes, les noirs, les indigènes, les personnes handicapées et d’autres secteurs opprimés.

Par: PSTU, section de la LIT-QI au Brésil

La présentation publique du gouvernement Lula-Alckmin était destinée à faire contrepoint à la gestion d’extrême droite, obscurantiste et criminelle de Bolsonaro. Et les images qui font le tour du monde montrent, en fait, un autre visage que celui que nous avons durement subi ces quatre dernières années. On comprend l’émotion et les attentes que ces scènes provoquent chez les militants et les secteurs qui ont affronté le gouvernement Bolsonaro.

Il est cependant nécessaire que nous réfléchissions en ce moment si le message qu’il a transmis lors de l’inauguration correspond en fait à ce que sera ce nouveau gouvernement. Et la réponse est : malheureusement non. Il est temps de regarder en face la question de savoir au service de qui se trouve le gouvernement Lula-Alckmin, sur la nature de classe du projet qui sera mis en œuvre, et sur les défis à relever par la classe des travailleurs, la jeunesse et les secteurs opprimés.

La composition du nouveau gouvernement

Lula a placé des secteurs de droite et d’extrême droite dans les ministères, dont certains ont même fait l’éloge de Bolsonaro, comme le ministre de la défense, José Múcio, ou même des bolsonaristes de l’União Brasil de Bivar, qui a trois ministères. La « troisième voie » que la bourgeoisie a essayé de concrétiser lors des élections est également présente dans le gouvernement avec des ministères, et dans une position centrale comme Tebet à la Planification.

En d’autres termes, la formation du nouveau gouvernement confirme ce qui était promis depuis l’annonce de la nomination à la vice-présidence d’Alckmin, bourreau du massacre de Pinheirinho, et qui était à la tête de la police militaire qui a le plus tué durant cette période : un gouvernement d’unité nationale, avec tous les secteurs qui ont accepté d’y entrer et qui se sont opposés, du moins pour l’instant, aux débordements autoritaires du gouvernement Bolsonaro et à certains aspects de sa politique économique.

La nouvelle ministre de la Planification, la ruraliste Simone Tebet

Cela se concrétise par un gouvernement qui inclut et représente des secteurs du marché financier, national et international, soucieux d’une certaine stabilité politique pour maintenir leurs affaires, et des secteurs de la bourgeoisie nationale, de plus en plus liés et soumis à l’impérialisme, aux multinationales, et même de larges secteurs de la grande agro-industrie – également liée de manière ombilicale au grand capital financier et à l’impérialisme – qui dépendent des exportations vers la Chine et d’autres régions. D’où le soutien explicite reçu de la part de dirigeants comme Biden, Macron, Scholz et l’Union européenne, en plus de Xi Jinping pour la Chine.

Une large part de la gauche salue des noms comme Marina Silva à l’environnement, Silvio Almeida au portefeuille des droits de l’homme, ou Sônia Guajajara du PSOL. Leur logique est la suivante : le problème du gouvernement Lula, ce sont les ministres qui ne sont pas de gauche, et plus il y a de postes représentant la gauche, mieux c’est. Comme si le gouvernement n’avait pas de programme, n’était pas au service de la classe dominante, avec même le soutien des pays impérialistes, indépendamment du nombre de ministres issus de partis de droite ou non. La réalité est qu’il s’agira d’une gestion orientée vers les intérêts de secteurs de l’impérialisme, des multinationales, des banquiers et de l’agro-industrie. Ce n’est pas un, deux ou trois ministres différents, ou des ministres supposés plus à gauche, qui seraient en mesure de changer cela.

Le problème est que même les différents ministres du PT qui sont censés être les « représentants de la gauche », appliqueront une politique de droite, c’est-à-dire de défense du marché, du capitalisme et des intérêts des riches. On cache le fait que, par exemple, Marina Silva a construit et a été la candidate d’un parti ayant des liens forts avec Itaú et, dans le domaine de l’environnement, elle défend un capitalisme vert lié à Natura.

Prenons le cas du nouveau ministre des finances qui, malgré une certaine « hétérodoxie » qui fait grincer des dents à Faria Lima[1], représente en fait une politique économique « anticyclique » qui est même appliquée aux États-Unis aujourd’hui, avec les paquets de dépenses publiques de milliers de milliards de dollars de Biden. Il n’est pas étonnant que Haddad se fixe déjà comme tâche principale de refaire une politique de plafonnement fiscal dans les mois à venir. Ce n’est pas que la politique néolibérale du plafond va prendre fin, c’est que l’ancien plafond sera remplacé par un nouveau. Mais l’objectif reste le même : garantir des excédents pour rémunérer les capitalistes par le mécanisme de la dette publique.

Il n’y a pas de compétition autour du gouvernement. Il n’y a pas de secteur progressiste au sein du gouvernement. Ce qui existe, c’est un gouvernement large avec différents courants capitalistes qui se combinent entre eux. Non pas qu’il n’y ait pas de différences, mais dans pour l’essentiel, ils ont un accord. A tel point qu’ils font partie du même gouvernement.

Il est malheureux de constater que, qu’elles aient des postes à un haut niveau de responsabilité, comme le PSOL[2], ou qu’elles n’en aient pas, comme l’UP[3] ou le PCB[4], toutes les autres organisations de gauche soutiennent le gouvernement du PT aux degrés les plus divers, certaines se disant indépendantes et d’autres de manière plus flagrante.  A tel point qu’elles sont toutes allées à l’inauguration et qu’aucune d’entre elles ne parle de construire une opposition de gauche contre le gouvernement bourgeois de Lula et contre l’opposition de droite bolsonariste.

Les différences avec 2002

Par rapport à il y a 20 ans, beaucoup de choses ont changé, y compris le PT. Ce qu’était le gouvernement Lula en 2002 sera très différent de ce que sera Lula en 2023. Il suffit de dire que le gouvernement actuel est bien plus un gouvernement d’unité nationale que de collaboration de classe. Il s’agit encore moins d’un gouvernement de « Front populaire », car le gouvernement Lula est par essence un gouvernement bourgeois normal qui, même s’il n’était pas le préféré de tous ses secteurs, est pleinement accepté par la bourgeoisie et l’impérialisme.

Ce n’est pas non plus exactement la même chose qu’un gouvernement de collaboration de classes comme le PT en 2002. Il est bon de se rappeler qu’il s’agissait alors d’un gouvernement qui a servi à stabiliser le système capitaliste et le régime démocratique bourgeois, et qui a également servi à coopter les organisations de travailleurs, à démobiliser le prolétariat, à le faire disparaître de la scène et à opérer la déconstruction de la conscience de classe afin qu’il reste à la remorque de la bourgeoisie.

Le gouvernement du PT aujourd’hui, dans un très large front avec la bourgeoisie, continue à porter des traits importants de collaboration de classe (puisque presque toutes les organisations de la classe ouvrière se trouvent en son sein, à d’honorables exceptions près). Mais il cherche à être un gouvernement d’unité nationale, c’est-à-dire capable d’unir la majeure partie de la bourgeoisie nationale et impérialiste, à l’exception du secteur bolsonariste, qui est aujourd’hui minoritaire. Et, dans le même temps, il vise à empêcher l’action indépendante de la classe ouvrière, en la mettant entièrement à la remorque du « camp » bourgeois soi-disant « démocratique ».

Le gouvernement Lula-Alckmin sera un gouvernement qui tentera d’unir et de représenter l’unité de la majeure partie de la bourgeoisie et de l’impérialisme dans la défense du système capitaliste, en premier lieu, et de sa gestion par le régime démocratique bourgeois, en soumettant entièrement la classe ouvrière aux desseins de la classe dominante et de l’impérialisme. C’est-à-dire des moins de 0,5% les plus riches du pays. Même si c’est d’une manière différente de Bolsonaro. De même que Biden, contrairement à Trump, tente de mettre en œuvre des politiques économiques anticycliques, mais sans changer véritablement le système.

Lula et Alckmin rencontrent des hommes d’affaires. Photo : Divulgation

Il est clair que la majorité de la bourgeoisie préférerait avoir un parti entièrement à elle pour la représenter. Elle a beaucoup recherché une troisième voie, elle préférait quelque chose qui serait né en son sein, en tant que classe. Mais le PT, étant né de l’intérieur de cette classe et de l’extérieur de l’État bourgeois, n’est plus depuis longtemps un parti de la classe ouvrière. Il est, depuis longtemps, la collaboration de classe sous forme de parti. Et en tant que tel, c’est un parti bourgeois car, pour ne représenter que la classe ouvrière, il lui faudrait rompre avec lui-même.

Le PT, cependant, en tant que parti, est le produit d’un développement inégal et combiné. Il a accompli, en 30 ans, dans un pays semi-colonial (une sous-métropole), le chemin que la social-démocratie européenne a mis plus de 120 ans à parcourir. Ceci, avec d’autres caractéristiques que nous n’avons pas la place de développer ici, lui permet un plus grand degré de tromperie, d’illusions et aussi de contradictions.

Assurément, un gouvernement différent de celui de Bolsonaro.

De nombreux militants, et même des journalistes des grands médias, ont salué certains noms du nouveau gouvernement. Il est évident que Silvio Almeida n’a rien à voir avec le fondamentaliste Damares Alves. De même, Marina Silva est très différente du bandit Ricardo Salles. En réalité, le gouvernement Lula-Alckmin dans son ensemble est différent du gouvernement Bolsonaro. La question est : différent en quoi ? L’un de ces gouvernements serait-il capitaliste et l’autre socialiste ? Y aurait-il un gouvernement des riches contre un gouvernement des travailleurs ?

Bolsonaro est l’expression la plus crue et la plus violente de la barbarie capitaliste, du processus de recolonisation et de reddition du pays et de la spoliation qui en résulte. Tout cela enveloppé dans un discours obscurantiste, dictatorial et réactionnaire. Bolsonaro défend en fait une dictature pour appliquer l’ultralibéralisme de Pinochet et Thatcher.

Le nouveau gouvernement, en revanche, défend la démocratie bourgeoise, prend ses fonctions en prêchant contre les privatisations dans les termes, pour la défense de l’environnement et des droits sociaux, en adoptant toutefois un programme libéral ou « social-libéral » pour ces deux points. Autrement dit, dans la pratique, il s’allie et gouvernera précisément avec les mêmes secteurs qui ont été à la tête des privatisations (il convient de rappeler qu’il a nommé l’élève de Lara Resende[5] au Secrétariat exécutif du Trésor, Gabriel Galípoli, un banquier qui a organisé la privatisation de la CESP[6] à São Paulo et de la CEDAE[7] à Rio) ; ou les secteurs qui tirent profit de la dette publique, et même ceux qui sont responsables de la déforestation et de la destruction de l’environnement.

Dans un gouvernement social-libéral, les milliardaires gagnent en période de croissance et en période de crise. La classe ouvrière et les pauvres, en revanche, en période de croissance économique, peuvent obtenir quelques concessions très limitées. Dans la crise, ils subissent toutes les attaques, l’exploitation s’intensifie et ils sont appelés à payer toute la note.

Plus encore, à long terme, au milieu du processus de crise du capitalisme et d’une relégation croissante du pays à la condition de simple semi-colonie de l’impérialisme, les travailleurs et les pauvres voient leur niveau de vie s’abaisser de plus en plus, et les signes de barbarie se multiplient. Et ce, indépendamment de la politique économique en vigueur : qu’il s’agisse de l’ultralibéralisme de Guedes[8] ou du « développementisme » de Mantega[9]. Il suffit de se rappeler que c’est précisément sous les premiers gouvernements de Lula que le Brésil s’est hissé au rang de grand exportateur de matières premières, établissant son nouveau rôle dans la division internationale du travail, et sa position encore plus subordonnée dans le système impérialiste.

Le programme du PT, et du gouvernement Lula-Alckmin, ne s’oppose pas à cette tendance, car pour cela il faudrait rompre avec l’impérialisme, et avec la bourgeoisie nationale subordonnée et parasite. C’est-à-dire être prêt à changer le système, et non à le protéger. Cela signifie que le prochain gouvernement n’inversera pas ce processus de dégradation, de capitulation et de surexploitation. Il ne mettra pas fin, par exemple, à la précarité de l’emploi ou au chômage, n’inversera pas la destruction de l’éducation ou de la santé publique, et encore moins ne résoudra le problème historique de l’assainissement de base, ce qu’il n’a pas fait pendant les 14 années où ils étaient au pouvoir, dans des coalitions supposées plus à gauche qu’aujourd’hui.

Même en ce qui concerne l’environnement, on ne peut pas s’attendre à un changement significatif. S’il est vrai que Marina n’est pas Salles, il est également vrai que, pour freiner le processus de destruction de l’Amazonie, la déforestation, et l’extermination des populations indigènes qui en découle, ainsi que les attaques contre les quilombolas[10], il est nécessaire d’affronter l’agro-industrie, les grandes entreprises minières et le grand capital qui leur est associé. Ce que le nouveau gouvernement ne fera pas.

Pour résumer : Lula et Bolsonaro sont différents sur le plan du régime politique et de la démocratie bourgeoise. Mais il n’y a aucune remise en question du caractère de classe du régime lui-même. C’est même la raison pour laquelle Lula tente aujourd’hui de refiler une patate chaude et de ne pas punir les putschistes ou d’intervenir contre le putschisme des forces armées. Sur le terrain économique, bien qu’ils aient des différences, celles-ci sont également beaucoup moins importantes, puisque tous deux restent dans le cadre de la défense d’une politique économique pro-capitaliste. Notamment, le débat sur l’existence de différences économiques, « plus libérales » ou « plus développementistes », est tactique pour le PT, Haddad lui-même déclarant qu’il n’a pas de curseur et qu’il passe par toutes les « écoles économiques ».

Les organisations socialistes ne peuvent pas soutenir le nouveau gouvernement

Il est compréhensible que la prise de fonction du nouveau gouvernement provoque une certaine attente, surtout après ce qu’a été le gouvernement Bolsonaro. Cependant, il est inadmissible que des partis et organisations socialistes intègrent et soutiennent le gouvernement Lula-Alckmin. Même ne pas se positionner comme une opposition de gauche, ou dire que l’on défend les mesures progressistes du gouvernement, est déjà une forme de soutien. Cela renforce l’illusion de la classe ouvrière dans ce gouvernement et dans la politique d’alliance avec la bourgeoisie et l’impérialisme, désarmant la classe. Pour Trotski, soutenir le gouvernement de l’extérieur est encore pire que d’y participer, car, selon lui, cela renforce les illusions, rend l’expérience difficile et empêche l’indépendance de la classe, générant une fausse illusion d’indépendance.

Un secteur comme le MES, courant du PSOL, par exemple, affirme qu’il restera indépendant, ne soutenant que le « gouvernement Lula dans les bonnes luttes en faveur du peuple », selon les mots de la députée Sâmia Bonfim. En voyant cela, certains militants peuvent penser qu’il s’agit d’une position cohérente et de gauche. Mais c’est loin d’être le cas. Dans les années 1980, il y a eu une importante polémique sur la position des révolutionnaires contre le gouvernement Mitterrand en France. Un gouvernement beaucoup plus à gauche que ne le serait aujourd’hui le gouvernement Lula-Alckmin. Que défendait Nahuel Moreno, le principal dirigeant de la LIT-CI, à l’époque ? Conformément à l’histoire du trotskisme, il défendait le principe de n’accorder aucune forme de soutien au gouvernement, et a lutté pour l’indépendance politique totale des révolutionnaires vis-à-vis de ce gouvernement, même contre toutes les illusions de la classe ouvrière.

Dans une polémique avec le courant de l’OCI (dirigé par Pierre Lambert), Moreno critiquait l’orientation de cette organisation pour soutenir les aspects supposés progressistes du gouvernement. Et à l’époque, l’OCI ne prétendait même pas soutenir les mesures du gouvernement qu’elle considérait comme correctes, comme le MES le propose aujourd’hui par rapport à Lula-Alckmin, mais les « pas » effectués par le gouvernement en faveur de la classe ouvrière (dans la pratique, il s’agissait de soutien, mais ils n’allaient pas jusqu’à le dire). Moreno soutenait qu’aucun soutien ne devait être apporté à une quelconque mesure d’un gouvernement bourgeois, quelle que soit sa coloration : qu’il soit « de gauche », nationaliste, fasciste ou autre.

Et pourquoi cela ? Il ne s’agit pas d’un quelconque « purisme » ou d’une quelconque préciosité, mais seulement du fait que toute mesure d’un gouvernement bourgeois qui, même en apparence, est en faveur des travailleurs, est au fond contre-révolutionnaire. Elle apparaît comme une concession spontanée d’un gouvernement bourgeois, elle le renforce face à la population et à la classe, pour qu’il puisse les attaquer plus facilement.

Mais qu’en est-il du « fascisme » ? De nombreux secteurs de la gauche acceptent les accords Lula-Alckmin avec la droite, et même le bolsonarisme, arguant qu’il est nécessaire d’isoler et de vaincre l’ultra-droite. Eh bien, au milieu de la guerre civile espagnole, lorsque le gouvernement du front populaire de l’époque (qui ne peut évidemment pas être comparé au PT) luttait contre le franquisme, Trotski préconisait de voter contre la proposition du gouvernement concernant un budget militaire pour la guerre. En d’autres termes, il recommandait de voter contre la proposition du gouvernement de consacrer une partie du budget à la confrontation militaire avec les fascistes.

Il disait que si le gouvernement était prêt à accorder 1 million pour la guerre, il fallait s’y opposer et demander 2 millions, et que ceux-ci devaient être remis directement aux travailleurs, ce que, bien sûr, le gouvernement n’accepterait pas. Face à cela, selon Trotski, il était nécessaire d’aller voir les travailleurs et de leur dire : avez-vous vu cela ? Ce gouvernement ne veut pas vraiment vous armer pour combattre le fascisme.

Ainsi, on démasquerait un gouvernement d’union avec la bourgeoisie et incapable de mener la lutte de manière cohérente jusqu’au bout. Tragiquement, l’histoire a donné raison à Trotski, bien que de façon négative.

Lutter de manière indépendante du gouvernement, construire une opposition de gauche et renforcer une alternative socialiste.

La tâche de la classe ouvrière à l’heure actuelle est d’avancer dans son organisation et sa mobilisation indépendante, avec les pauvres, les indigènes, les quilombolas, les LGBTI, les femmes et les noirs, afin de lutter contre les attaques futures et pour leurs revendications. Lutter pour des emplois pour tous, avec des droits complets, et un revenu décent, en augmentant les salaires, à commencer par le salaire minimum. Et aussi pour l’abrogation complète de la réforme du droit du travail, ainsi que de la sécurité sociale, et pour mettre fin à la sous-traitance. Non seulement pour arrêter les privatisations, mais pour renationaliser, sous le contrôle des travailleurs, les entreprises remises au capital privé et international. Inverser le processus de recolonisation, en rompant avec l’impérialisme et le système de la dette envers les banquiers. Investir dans la santé, l’éducation publique et d’autres services publics.

Pour cela, il est nécessaire d’exiger que les organisations du mouvement, en particulier leurs directions, ne se subordonnent pas au gouvernement, mais restent indépendantes. Seule l’organisation indépendante de la classe peut lutter pour cela, tout en affrontant, de manière cohérente et jusqu’au bout, l’ultra-droite, qui restera organisée et mobilisée.

Mais il ne suffit pas de se battre, il est nécessaire d’avoir une position politique. La classe ouvrière est confrontée au défi de construire son propre projet, d’indépendance de classe, en opposition à ce gouvernement actuel et aussi à l’opposition de droite. Cela n’est possible qu’en se positionnant comme une opposition de gauche à ce gouvernement. Une opposition qui ne lui accorde même pas un pouce de soutien politique et qui, en même temps, soit capable de faire face aux attaques de l’opposition d’ultra-droite.

C’est seulement de cette manière qu’il est possible d’avancer dans l’organisation et le renforcement d’un projet révolutionnaire et socialiste, décisif pour dépasser le PT, qui cantonne la classe au soutien d’un projet de gouvernement du capitalisme en crise. Ainsi, nous créons les conditions nécessaires à la mise en œuvre d’un programme visant à renverser le capitalisme et à instaurer notre propre système, celui de la classe ouvrière, sans aucune forme d’exploitation ou d’oppression, dans lequel gouvernent ceux qui produisent les richesses de ce pays par leur travail.


[1] Faria Lima : avenue de São Paulo où sont installées en particulier de grandes institutions financières.

[2] PSOL (Partido Socialismo e Liberdade) : Parti socialisme et liberté. Fondé en 2004 sur une rupture de gauche avec le PT, et qui participe maintenant au gouvernement Lula-Alckmin.

[3] UP (Unidade Popular pelo Socialismo): Unité populaire pour le Socialisme. Organisation de l’extrême gauche brésilienne, apparue en 2016.

[4] PCB (Partido Comunista Brasileiro) : Parti communiste brésilien. Un petit parti communiste, suite à de nombreuses scissions et regroupements.

[5] André Lara Resende : banquier et économiste, notamment président de la BNDES (banque nationale pour le développement économique et social) sous la présidence de Fernando Henrique Cardoso.

[6] CESP : compagnie d’électricité dans l’Etat de São Paulo.

[7] CEDAE : compagnie des eaux et chargé de l’assainissement dans l’Etat de Rio.

[8] Paulo Guedes, ministre de l’économie de Bolsonaro

[9] Guido Mantega : économiste, notamment ministre de l’économie sous les gouvernements Lula.

[10] Quilombolas : habitant.es des quilombos, communautés organisées d’esclaves fugitifs et de réfugié.es.

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