dim Juin 08, 2025
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Quel est le bilan du premier gouvernement d’Obama ?

Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis, a été élu en 2008 avec une image « de gauche ». Il était vu comme très connecté à la réalité des gens qui travaillent, quelqu’un qui allait apporter des changements dans la présidence après les huit ans sombres de George W. Bush. Auparavant, la campagne électorale d’Obama avait réussi à galvaniser de nombreux secteurs, non seulement de la classe dirigeante, mais aussi de la classe ouvrière : des syndicats et des étudiants universitaires, et même des Noirs et des Latinos. Il avait aussi été capable de collecter davantage de fonds et de recruter davantage de militants pour sa campagne que son concurrent républicain (John McCain).

La victoire électorale d’Obama avait traduit dans les urnes la colère et le mécontentement des Etasuniens pour la situation économique et politique chaotique à laquelle Bush avait mené le pays. Cette situation avait mené à ce que nous appelons « la crise de l’impérialisme étasunien », quand, après l’attaque aux Tours jumelles du 11 septembre 2001, Bush n’avait pas réussi, comme prévu, à gagner les guerres en Irak et en Afghanistan. La réalité a toutefois montré que, dans les questions plus stratégiques, Obama n’a été qu’une continuation de la présidence de Bush, mais avec une image plus attractive et populaire.

Obama a basé sa campagne sur le « changement » et il a fait de nombreuses promesses : mettre fin aux guerres en Irak et en Afghanistan ; défendre les droits du travail en signant l’Employee Free Choice Act (EFCA – la loi du libre choix du salarié)1 ; imposer le financement fédéral des fonds pour la santé et mettre en œuvre le système « single-payer»2 (initialement, il avait soutenu la Loi de réconciliation de l’éducation et de la santé de 2010) ; signer un projet de réforme de l’immigration pour mettre fin aux déportations et à la « mise hors la loi » des travailleurs sans papiers ; et ainsi de suite.

Cependant, depuis son entrée en fonction en 2008, la politique d’Obama a confirmé notre analyse concernant sa candidature et son régime : il a continué et intensifié les plans de Bush de guerres impérialistes ; il a maintenu la déréglementation financière qui a contribué à la « grande récession »3 par laquelle nous sommes passés (et dont Clinton est à l’origine) ; il a élargi les programmes de libre-échange qu’il avait critiqué un peu (la Corée du Sud, le Panama, la Colombie) ; et il a également lancé une vague d’attaques sans précédent contre la classe ouvrière pour la faire payer pour la crise.

Cela a commencé par des coupes dans les services sociaux (menaces de coupes dans la sécurité sociale, Medicare, etc.). Ensuite, cela a touché les droits des travailleurs du secteur public et leurs pensions, ainsi que des coupes dans les budgets de l’éducation publique. Il a refusé tout vrai plan de travaux publics pour lutter contre le chômage. Il a refusé la moindre restriction à l’action prédatrice des banques qui ont privé plus de deux millions de familles de leur maison. Il a permis l’intensification de la disparité entre Noirs et Blancs. La réalité a montré que les promesses d’Obama étaient des efforts évidents pour apaiser les aspirations de la classe ouvrière et des masses opprimées, afin de donner à la bourgeoisie le temps de se préparer et s’armer pour répondre à la crise économique qui venait d’éclater. Il n’est pas surprenant que l’une des premières mesures qu’il a prises, en tant que Président, fût la remise de milliards de dollars d’argent public aux grandes banques et sociétés, les vrais responsables de la crise économique.

Beaucoup de travailleurs ne comprennent pas pourquoi des politiciens comme Obama osent tromper précisément les gens qui l’ont soutenu pour qu’il puisse être Président. La raison est que derrière tous ses mots se cachent les intérêts de classe qu’il défend. Obama n’est pas une « roue libre » dans le système capitaliste. C’est lui le plus haut représentant du Parti démocratique, un parti qui, avec les républicains, se consacre depuis des décennies à manipuler, réprimer et exploiter les masses, pour en extraire le maximum de profit pour les patrons. En trois ans et demi d’administration, Obama a fait le jeu d’apparaître comme « de gauche » pour virer àdroite. En d’autres termes, il a utilisé des méthodes différentes de celles du Parti républicain, mais toujours pour atteindre les mêmes objectifs et mettre en œuvre des politiques similaires.

La réélection d’Obama est-elle assurée ?

Tous les signaux – les sondages,4 les fonds de campagne soulevés, le manque de popularité de son adversaire Mitt Romney, les syndicats et les médias gagnés pour Obama, etc. – suggèrent qu’Obama a de nombreuses possibilités d’être réélu en novembre 2012. Mais nous ne pouvons pas être aussi déterministes et dire que tout est dit.

C’est très intéressant de voir l’idéologie de la campagne d’Obama : son slogan est « Forward » (en avant), différent de « Change », le changement, de sa dernière campagne électorale. Cela indique qu’il pense gagner, en disant aux Etasuniens de l’élire parce que Mitt Romney et les républicains ramèneraient les Etats-Unis aux années de Bush Jr., au « passé sombre ». Lui, au moins, il permettrait d’aller « en avant ».

Mais que signifie vraiment cette rhétorique d’« en avant » et de « progrès » pour « les 99 % » dont parle Occupy (plus précisément : la classe ouvrière et les opprimés) ? Si nous regardons l’administration actuelle d’Obama, lui et la classe dirigeante sont en train de nous dire que les mêmes politiques et les mêmes plans continueront à être mis « en avant ». C’est-à-dire attaquer la classe ouvrière locale et continuer avec l’ordre du jour impérialiste de la recolonisation et l’exploitation des peuples coloniaux et semi-coloniaux. Le « progrès » de la bourgeoisie impérialiste est donc en fait un « déclin » et une menace contre la majorité de la population mondiale (ce que Lénine avait déjà annoncé en 1916).

En outre, la confiance d’Obama, montrant du doigt la rhétorique de droite de Romney et des républicains, se ressemble fort à une « tactique de la peur ». C’est une tactique consciente de choix du moindre mal, qui reflète la volonté des Etasuniens de refuser le retour aux années de l’ère Bush (2000-2008), car cette période est toujours considérée par les gens comme « les mauvais moments », une période de crise économique et de diminution du niveau de vie. L’exploitation de ce fait par Obama est consciente, c’est le pari de gagner les élections avec cette stratégie, afin de contenir les attaques qu’il reçoit pour sa faible performance comme Président dans les quatre dernières années. Deux tendances ou processus auront un impact sur la réélection.

La distorsion des faits de l’économie

La campagne d’Obama fait état de « 28 mois consécutifs de croissance de l’emploi » et de son succès dans la relance de l’industrie automobile, tel que GM. On peut toujours essayer, mais Obama a beaucoup de difficulté pour peindre un meilleur avenir pour l’économie. Le fait est que la majorité de la presse bourgeoise,5 et même la Banque centrale étasunienne (la FED),6 voit des signes évidents de stagnation économique. Bien qu’il y ait eu une légère reprise de l’économie et une réduction du chômage au cours du dernier trimestre de 2011,7 les données ultérieures ont montré qu’il ne s’agissait que de cela : une récupération instantanée et non régulière.

En accord avec ce qu’écrit Eduardo de Almeida dans « L’économie mondiale tremble »,8 cela prendra beaucoup de temps pour que les capitalistes retournent à la croissance des années antérieures au déclenchement de la crise en 2007. Tous les signes indiquent la persistance des effets de cette crise économique et la tendance probable d’une dynamique de chute répétée (la récession « double-dip », représentée par la lettre W). C’est-à-dire, nous allons entrer dans une nouvelle situation comme celle de 2008. Le sauvetage précédent, de milliards de dollars remis à la bourgeoisie par le gouvernement, n’est pas parvenu à résoudre les problèmes sous-jacents. En outre, c’est un plan qu’ils ne peuvent plus soutenir, qu’ils ne sont pas en mesure de répéter.

Pourtant, Obama a de la marge pour dire que, contrairement à l’Europe, il n’y a pas encore eu de récession en W aux Etats-Unis et que ses mesures économiques ont pour effet, au moins, de contenir l’aggravation de la crise économique. Cependant, ce raisonnement ne peut être maintenu longtemps. Sauf une autre reprise économique (qui, comme décrit ci-dessus, semble peu probable), la crise économique sera toujours le plus grand obstacle à la réélection d’Obama, en dépit de tout son talent pour déformer les faits à sa faveur.9

Le virage à droite de Romney et des républicains

L’autre tendance à avoir un impact sur la possibilité qu’Obama soit réélu est la rhétorique et la politique de droite des républicains et de leur candidat à la Présidence, Mitt Romney. Tout d’abord, ce dernier, de religion mormone (une variante impopulaire et plus à droite du christianisme étasunien), apparaît comme un candidat peu brillant pour le Parti républicain. Il a de nombreuses faiblesses et commet beaucoup d’erreurs, qui sont utilisées par la campagne d’Obama et ses partisans. La stratégie de la campagne démocrate est de cibler les faiblesses de Romney afin de présenter Obama comme le candidat du « moindre mal ».

D’une part, la richesse personnelle de Romney (un millionnaire) 10 a été une cible facile pour Obama (bien que celui-ci ne peut pas non plus être classé comme un « travailleur »). Romney, quant à lui, tente de se présenter comme un entrepreneur à succès, qui sera en mesure, dit-il, de réparer l’économie ruinée par Obama. Compte tenu de la crise économique et sociale aux Etats-Unis, l’identification de Romney avec le « 1 % » (de la population, c’est à dire les riches) est plutôt un élément négatif dans une élection populaire, et non un avantage.

Un autre point négatif pour Romney est son opinion à droite, concernant de nombreux sujets populaires chez les Etasuniens, en particulier parmi la classe ouvrière et les communautés opprimées. Actuellement, il tente de faire oublier dans sa campagne ses positions sur une variété de questions, telles que l’avortement et la régulation des naissances, l’immigration, les droits syndicaux et les droits du secteur LGBT, des positions qu’il avait exprimées quand il était en compétition pour être le candidat républicain aux élections présidentielles lors des primaires de l’année passée,11 et quand il devait faire face à d’autres candidats avec aussi des positions bien à droite. Cependant, ce va-et-vient dans sa position sur des questions clefs a provoqué une autre « faille » dont les démocrates et les libéraux tirent profit.12 

Même si Romney essaye de faire figure de candidat différent de Barack Obama, la réalité est que les candidats des deux partis partagent un programme similaire et sont d’accord sur de nombreux points. Ils ne diffèrent que sur la meilleure façon de les mettre en œuvre. Cela inclut la politique extérieure,13 la santé, les liens étroits avec le capital financier et les entreprises, la politique de l’immigration, les coupes dans les programmes sociaux et les travaux publics, et ainsi de suite.

Obama, le meilleur candidat bourgeois pour attaquer la classe ouvrière et les opprimés

En 2010, la politique d’imposition de mesures d’austérité contre la classe ouvrière et les opprimés aux Etats-Unis et dans le monde n’a pas rencontré beaucoup de résistance de la part du peuple étasunien. Cela a changé de façon spectaculaire récemment, avec la lutte des travailleurs du secteur public et l’occupation de la capitale du Wisconsin, en 2011, et plus récemment, avec le mouvement Occupy, à l’automne de l’année dernière.

La réponse du gouvernement pour cette crise économique est la « doctrine du choc », c’est-à-dire l’utilisation de la crise économique pour supprimer ce qui reste encore de l’Etat-providence aux Etats-Unis et pour privatiser les services publics afin d’offrir de nouvelles bases pour augmenter le taux de profit. Les coupes dans l’éducation publique et dans les services sociaux pour les pauvres, les personnes âgées, les mères célibataires et les secteurs dans le besoin (tels que Medicaid, les chèques de nourriture, etc.) en témoignent. Au lieu de renforcer les services pour les pauvres et les nécessiteux en ces moments de pénurie économique et sociale, le gouvernement fait le contraire et démantèle les services.

L’objectif de la bourgeoisie est d’économiser de l’argent, de privatiser les services sociaux comme la santé et l’éducation, et de forcer les pauvres à travailler pour des salaires inférieurs, dans des emplois et des conditions de travail plus difficiles, dans des conditions proches de celles des pays semi-coloniaux.

Toutefois, les principaux obstacles seront, d’une part, la faisabilité et les avantages en termes de profit de cette « doctrine du choc », et d’autre part, la résistance des masses. Si l’histoire passée montre quelque chose, c’est que les masses n’accepteront pas facilement de telles mesures extrêmes. L’occupation du Wisconsin, la mobilisation du secteur de l’éducation publique, le mouvement Occupy et d’autres luttes locales de la population montrent que la bourgeoisie étasunienne et leur candidat présidentiel préféré auront du mal à imposer davantage de mesures d’austérité sans combat.

L’Etat américain, avec Obama au volant, est donc en train de préparer et de réaménager ses outils de répression : les tribunaux, les lois, la police, la presse, et son appareil répressif dans plusieurs Etats. Il est prêt à utiliser tous les moyens pour tenter d’écraser toute résistance de la part des masses. La répression que le mouvement Occupy a dû endurer l’an dernier en est la preuve. Le NDAA (National Defense Authorization Act – concernant le financement de la Défense), le SOPA (Stop On-line Piracy Act – contre le piratage en ligne) et d’autres suppressions de droits civils ouvrent la voie pour cela. Obama a fait un travail spectaculaire pour imposer de cette « doctrine du choc » de la bourgeoisie sans beaucoup de résistance des masses, même avec la résistance plutôt spectaculaire d’Occupy. La bourgeoisie ne pouvait pas trouver un politicien plus attrayant, plus familiarisé avec la presse, meilleur orateur, plus souple, qu’Obama. Bien qu’il ait une tendance constante à mentir et à dissimuler certains faits de sa politique dans sa campagne, il est capable de jongler et de préserver une image de « bon type » que Bush Jr. ne pouvait pas avoir. (L’ancien président Bill Clinton a pu, à l’époque, montrer quelque chose de semblable, avec un certain succès.)

Continuer le combat dans la prochaine période

L’année 2011 sera connue comme l’année où le peuple étasunien a commencé à descendre dans la rue en grand nombre, comme en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique latine actuellement. Le gouvernement d’Obama attendra en vain que les masses restent tranquilles sous le poids de la douleur, occasionné par la classe capitaliste. De petites vagues de lutte – comme les protestations dans l’enseignement supérieur en 2009-2010, la résistance du Wisconsin en 2011, le mouvement Occupy, cet automne de 2011, et les protestations des étudiants en Californie au printemps de 2012 – ont déjà donné un échantillon de ce qui viendra.

Il est important, pour la prochaine période, de savoir que le mouvement Occupy a élevé la conscience et la discussion parmi les opprimés et la classe ouvrière. Bien que la composition sociale du mouvement Occupy et de sa direction soit surtout celle de jeunes étudiants et de travailleurs précaires, comme le mouvement des Indignés en Espagne, c’était tout de même un écho populaire des masses désabusées, non seulement avec la crise économique et sociale des Etats-Unis mais aussi avec les politiciens bourgeois qui l’ont causée. Cela s’est traduit dans le langage utilisé et dans les slogans : « Nous sommes les 99 % » ; « Indépendance par rapport aux partis du 1 % » ; faire que les banques et les entreprises paient pour la crise économique ; et ainsi de suite. Des centaines de milliers de jeunes ont été directement impliqués dans les diverses manifestations d’Occupy, à un moment ou un autre. Mais c’était la presse et la participation populaire qui ont amplifié leur influence.

Après le point culminant du mouvement vers la fin de 2011 – en particulier le piquet de 30 000 de la communauté à Oakland et la fermeture du port d’Oakland pour une journée –, Occupy a connu un déclin dans ses actions de masses. Toutefois, une couche de militants de ces mouvements s’est impliquée dans la planification de la Journée du 1er Mai à travers les Etats-Unis, dans le mouvement d’occupation des maisons sous hypothèque (Occupy the Hood), et dans les luttes contre les coupes budgétaires dans l’éducation.

Quel pourrait être le développement d’Occupy dans la période à venir ? Nous voyons une tendance de l’utilisation réduite de « modèle » Occupy, avec une diminution de son influence dans l’automne de 2011, sans parler de la tentative de récupérer le mouvement, de la part du Parti démocrate, pour les élections. La période électorale sera un terrain d’essai pour voir comment ce mouvement va évoluer pour faire face à la répression, à la récupération, et à l’influence du Parti démocrate à travers les bureaucrates syndicaux et les ONG.

En outre, les enquêtes montrent la popularité du socialisme chez les jeunes, les Noirs et les Latinos. Mais le meilleur indicateur pour nous, en tant que marxistes révolutionnaires, est la lutte des classes et les grèves des travailleurs. A cet égard, nous notons quelques mouvements de grève importants en 2011, dont ceux du Syndicat des travailleurs de la communication dans l’entreprise Verizon Communications (une des plus grandes entreprises de télécommunications dans le pays), de la International Brotherhood of Electrical Workers (Fraternité internationale des électriciens) dans plusieurs compagnies d’énergie électrique, des travailleurs de la santé dans l’un des plus grands réseaux d’hôpitaux (l’entreprise Kaiser Permanent), sans parler de la grève victorieuse de l’Association des enseignantes de la ville de Tacoma, Washington, et d’autres arrêts de travail de professionnels de la santé, de plombiers, de charpentiers et de chaudronniers.

En dépit de ces grèves, le niveau global de grèves et de combativité du mouvement syndical est au minimum : 2010 a été une année avec une activité de grève des plus bas, en comparaison avec le vingtième siècle, et 2011 n’a montré qu’une légère amélioration. Cela montre que la résistance de la classe ouvrière est encore à venir, et nous ne savons pas si les syndicats, dans leur état actuel de dégénérescence et de collaboration de classes, seront en mesure de la conduire, ou si les grèves vont éclater en marge de ceux-ci (ou en dépit d’eux).

En bref, la réélection d’Obama dépend de la force de sa campagne, de la performance de la campagne de Romney, de la crise économique et de la résistance des masses. Le fait même, que Barack Obama peut être réélu, c’est-à-dire qu’il ne va pas payer le prix pour avoir mené la première vague d’attaques terribles et de coupes – comme cela a été le cas avec les gouvernements de Zapatero en Espagne et de Sarkozy en France, qui ont payé pour leurs politiques d’austérité –, montre que le niveau de la lutte n’a pas été assez fort, comparativement aux grèves et aux actions de masse des Indignados espagnoles ou des mobilisations de masses en France, en 2010, contre la réforme des retraites. C’est une contradiction, de voir que la majorité des votes de la classe ouvrière aux Etats-Unis sera probablement pour Obama, reflétant le fait que la conscience des travailleurs doive être transformée par la lutte.

Ce retard de la conscience dans l’arène électorale est favorisé par les réseaux étasuniens de télévision, entièrement en mains privées, qui accentuent la polarisation du système politique en présentant presque exclusivement les débats électoraux entre les candidats démocrates et républicains, à l’exclusion des autres candidats alternatifs et de toutes les voix critiques, surtout celles qui expriment une conscience de classe. Cela reste vrai : la prétendue « patrie de la démocratie » montre son vrai visage de la « démocratie pour les riches. »

Il est également regrettable que la classe ouvrière et des opprimés n’ait pas son propre parti de masses et qu’il n’y ait pas une résurgence de la lutte de classe après le mouvement Occupy. Ce mouvement a comblé le vide politique laissé par le manque d’un parti ouvrier, mais ses limites et son caractère de classe (principalement des étudiants de la classe moyenne et des travailleurs précaires) l’ont empêché de mener cette expression des luttes jusqu’à sa fin. Autrement dit, il y a la nécessité de construire un parti de la classe ouvrière, des exploités et des opprimés, afin de défier les « partis jumeaux » de la bourgeoisie (les démocrates et les républicains).

Cette absence d’un parti de la classe ouvrière se manifestera également lors des élections, par l’absence d’une alternative pour les travailleurs, une alternative que nous devons construire afin de pouvoir disputer à l’avenir, aussi sur ce terrain, la conscience des travailleurs.
Dans ce contexte, la tâche principale aux Etats-Unisaujourd’hui est d’éduquer notre classe à ne faire confiance à aucun des partis et des candidats bourgeois, et de concentrer toutes nos énergies sur l’organisation de la lutte de classe ouvrière contre les mesures d’austérité. Si la classe ouvrière et les socialistes avaient la force d’organisation suffisante – ce n’est pas le cas aujourd’hui –, ils devraient envisager la tactique de présenter des candidats avec un programme socialiste, qui pourraient intervenir dans les luttes et appeler à construire une alternative de classe aux « partis du 1 % ».

La classe ouvrière doit construire un mouvement démocratique de masses – et, si les conditions se présentent, avancer la nécessité d’un parti des travailleurs et, à un autre niveau, le développement du mouvement Occupy pour canaliser nos demandes – afin de s’organiser pour résister à la prochaine vague d’attaques. Nous allons mettre en jeu toutes les forces de La Voix des Travailleurs – l’embryon du parti révolutionnaire aux Etats-Unis, section de la Ligue Internationale des Travailleurs, Quatrième Internationale (LIT-QI) – pour mener à bien cette lutte, quelles que soient les conditions que nous devons affronter ; en recherchant l’unité d’action avec d’autres forces de gauche qui veulent combattre ; et en présentant notre programme de revendications, car il est lié au mouvement et à la lutte pour le socialisme. La lutte exemplaire de nos camarades de Corriente Roja en Espagne, pour unifier la classe ouvrière espagnole en faveur des mineurs des Asturies, ne peut que nous inspirer et nous montrer la voie à suivre.

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