sam Juin 07, 2025
samedi, juin 7, 2025

Le peuple en armes est en train de détruire le régime d’Al Assad


Syrie est actuement l’épicentre du processus révolutionnaire qui secoue l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient et l’un des points les plus chauds de la lutte des classes dans le monde entier. Il semble que le régime sanguinaire d’Al Assad touche à sa fin (1).

La guerre civile est arrivée au centre de la capitale, Damas, et à Alep, la deuxième ville du pays et son centre économique. Il y a aussi une lutte acharnée pour le contrôle des passages frontaliers. Les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) combattent maison par maison, rue par rue, contre les troupes du régime commandées directement par Maher Al Assad, le frère cadet de Bachar. Les troupes gouvernementales bombardent constamment la ville millénaire de Damas avec l’artillerie lourde, les chars, les avions et les hélicoptères de combat. Ses bâtiments sont l’enjeu et le refuge d’une lutte acharnée. Le grondement des bombes fait trembler le palais présidentiel. Les deux côtés avancent et reculent sur le terrain de l’aéroport principal.

Le 17 juillet, l’ASL a réussi à asséner un coup terrible contre le cœur du régime, en s’infiltrant dans une réunion du sommet de l’Intelligence et de la Sécurité du régime. Une bombe a fait exploser le Bureau de la Sécurité Nationale pendant qu’on y discutait comment écraser les milices qui étaient entrées à Damas. L’attaque a frappé la garde prétorienne d’Al Assad, tuant le ministre et le vice-ministre de la Défense (Assef Shawkat, qui est aussi le beau-frère du dictateur), le coordonnateur de la cellule de crise pour réprimer le soulèvement à Damas, et le directeur de la Sécurité nationale, Ikhtar Hisham. L’explosion a également blessé grièvement le ministre de l’Intérieur.

L’ASL a combiné cette attaque avec une offensive militaire coordonnée dans plusieurs zones du pays. Durant les jours suivants, les forces rebelles ont occupé des postes sur la frontière avec l’Irak et la Turquie, et ils ont ouvert un autre front à Alep, où ils ont pris l’Ecole d’infanterie de l’armée et saisi une grande quantité d’armes lourdes et de munitions. L’objectif est d’ouvrir et d’étendre un large front pour contraindre Al Assad à disperser et à diviser ses troupes engagées dans l’écrasement d’innombrables foyers de la rébellion. Ainsi, le dictateur a été contraint de déplacer des troupes et de les concentrer pour défendre Damas et d’autres villes comme Alep, quitte à s’affaiblir dans la périphérie.

De ce fait, il y a des provinces comme Deir el Zor et Al-Rastan, qui échappent au contrôle de l’armée régulière et de l’Etat syrien. A Homs, un « Comité révolutionnaire » fonctionne toujours, organise la résistance et assume certaines tâches du pouvoir politique. Il y a des miliciens armés dans dix des quatorze provinces de la Syrie. Il y a un colonel à la tête de chaque province, et ensemble, ils forment un conseil militaire qui est subordonné, à son tour, au Commandement conjoint de l’ASL de l’Intérieur.

Le Conseil national syrien (CNS, l’organisme principal de l’opposition) a annoncé le début de l’opération offensive pour « libérer Damas et Alep » et il a publié un communiqué : « La révolution gagne du terrain, le régime est assiégé et à la portée de la colère du peuple, même là où il se sentait en sécurité. » (El País)

Le conflit syrien se propage au Liban. Dans ce pays voisin, il y a des affrontements armés depuis des mois, en particulier à Tripoli, entre partisans de la révolution syrienne et défenseurs du régime d’Al Assad, comme le Hezbollah.

Le régime commence à se fissurer

Al Assad est de plus en plus isolé. Sa base sociale et politique commence à l’abandonner. Il n’y a pas que des secteurs de réfugiés palestiniens qui commencent à lui retirer leur soutien. La situation a atteint un point tel que même dans la bourgeoisie de la minorité alaouite, la branche de l’Islam à laquelle appartient le clan Assad, il y a des signes de défection.

L’ancien vice-président syrien jusqu’en 2005, Abdel Halim Khaddam, avait l’air inquiet en déclarant qu’il y avait des rumeurs de formation d’un « Etat alaouite », dans le cas d’une éventuelle victoire de la révolution. Ce n’est pas rien. Si les Alaouites en arrivent à perdre confiance dans le régime, Assad aura ces jours comptés. Ce n’est pas par hasard qu’il a déclaré qu’il n’avait pas peur de « finir comme Kadhafi », une boutade qui révèle son désespoir.

La situation militaire n’est pas meilleure. Dans l’armée, les désertions augmentent en quantité et en qualité. 24 généraux ont déjà déserté ses rangs clairsemés. Le plus important est le général sunnite Manaf Tlass, du cercle rapproché du régime, qui a fui vers la Turquie avec 23 autres officiers subalternes. Cette désertion est plus que symbolique. Le père de ce général était un confident du Président Hafez Al Assad, le père de Bashar, et son ministre de la Défense de 1972 à 2000.

La vague de désertions comprend des officiers supérieurs, des pilotes de chasse et un nombre important de simples soldats. Depuis l’attentat qui a décapité le sommet des responsables de la répression, plus de 2 000 soldats ont déserté, selon l’ASL. Une autre défection importante fut celle de Nawaf Al-Fares, ambassadeur en Irak et figure de proue de la haute diplomatie, qui a quitté le gouvernement. L’ambassadeur aux Emirats Arabes Unis a fait de même.

Al Assad applique des méthodes nazi-fascistes d’extermination

Au fur et à mesure que la situation devient désespérée, Al Assad intensifie la répression sanglante contre la lutte armée du peuple syrien. L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme a déclaré en juillet que plus de 19 000 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolution. Juillet a été le plus meurtrier jusqu’à ce jour, avec 2 752 victimes.

Aux morts, il faut ajouter au moins un million et demi de personnes qui ont dû fuir leur maison vers d’autres parties du pays, et plus de 112 000 réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et en Irak, des chiffres auxquels s’ajoutent 700 réfugiés tous les jours. Des milliers de prisonniers politiques croupissent dans les cachots du régime et plus d’un million de personnes ont un besoin urgent d’assistance humanitaire. Ce sont des chiffres officiels des Nations Unies et d’autres organismes.

Ces mois ont été le théâtre de massacres atroces perpétrés contre les rebelles et le peuple syrien. Le 12 juillet, dans ce qui est jusqu’à ce jour le plus grand des massacres, 230 personnes ont été tuées à Treimse, victimes des bombardements ou des poignards des chabbihas.

Le régime a admis qu’il dispose d’armes chimiques – le gaz sarin, le gaz moutarde et le cyanure – et il a annoncé qu’il en ferait usage « en cas d’intervention étrangère ». L’ASL a dénoncé que des arsenaux entiers de ces armes meurtrières sont en train d’être déplacés vers les frontières et d’autres zones critiques du conflit.

Dans un effort pour écraser les milices armées, Al Assad applique des méthodes de guerre civile contre son peuple, à savoir, des méthodes de destruction massive contre la population civile, typiques du nazi-fascisme. L’atroce massacre généralisé auquel nous assistons est comparable aux évènements sanglants de la guerre en Bosnie durant les années quatre-vingt-dix et, plus loin dans l’histoire, à ceux de la ville de Guernica, où le régime de Franco, soutenu par Hitler, a bombardé la population pendant la guerre civile espagnole.

La politique de l’impérialisme

L’impérialisme a d’abord soutenu sans réserve la dictature syrienne. Maintenant, il veut renverser le gouvernement Assad. Ce n’est toutefois pas parce qu’Al Assad est un « anti-impérialiste » – comme prétendent toujours les partisans de Castro et Chavez – qu’il veut le déloger du gouvernement, et encore moins pour des raisons « humanitaires ». L’impérialisme veut en finir avec Al Assad parce que ce dernier est devenu un élément déstabilisateur en Syrie et dans la région. Il ne remplit plus sa mission de contenir et de vaincre la lutte des masses. Il n’est plus utile pour ce qui est le principal souci de l’impérialisme en ce moment : mettre en échec le processus révolutionnaire en Syrie et au Moyen-Orient.

L’impérialisme veut évincer Al Assad du gouvernement avant que ce ne soient les masses en armes qui, comme en Libye, le renversent par leur action révolutionnaire, afin de sauver l’essentiel du régime syrien et de pouvoir avancer dans la stabilisation du pays et de la région.
Dans ce cadre, une intervention armée de l’impérialisme semble bien peu probable pour le moment, non pas parce que celui-ci ne le veut pas, mais parce que les conditions politiques lui manquent pour cela, en raison d’une combinaison d’éléments : la défaite militaire en Irak et en Afghanistan, la crise économique mondiale, les élections aux Etats-Unis et la forte opposition de la Russie et de la Chine.

L’impérialisme applique une tactique différente de celle utilisée finalement en Libye. Il est à la recherche d’une solution politique négociée. Il cherche à imposer une transition sans Al Assad, mais avec le maintien de l’essentiel du régime. A cette fin, il fait assidûment appel à l’usure économique et diplomatique. Les puissances impérialistes essayent de concocter une issue comme au Yémen : détrôner Al Assad en lui garantissant l’impunité pour ses crimes, puis transférer le pouvoir à un autre personnage de sa clique et maintenir ainsi le noyau dur du régime.

En ce sens, l’impérialisme a mis sur pied un soi-disant Groupe d’action sur la Syrie qui appelle à former un « organisme de gouvernement de transition » qui comprend des membres du régime actuel et incorpore des membres de l’opposition. Le document final a été signé à Genève par l’ONU, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Union européenne, la Ligue arabe (Irak, Koweït et Qatar) et la Turquie. La Russie et la Chine, qui jusqu’à maintenant soutiennent sans réserve le régime syrien, ont également souscrit cette proposition.

Les conclusions d’un sommet de la Ligue arabe à Doha vont dans le même sens : on demande encore une fois à Al Assad de renoncer au pouvoir afin qu’un « gouvernement d’unité nationale » puisse se constituer, en échange d’une sortie « sûre » pour lui et sa famille. De même, Hillary Clinton a déclaré : « Nous croyons qu’il n’est pas trop tard pour que le régime d’Al Assad commence à planifier une transition, afin de trouver une solution pour mettre fin à la violence. »

Ce piège mortel pour la révolution étant monté, le CNS a fait des déclarations affirmant que l’opposition accepterait « qu’une personnalité du régime » d’Al Assad dirige le pays au cours d’une période de transition après la sortie de ce dernier. « Nous sommes d’accord pour qu’Assad abandonne le pouvoir et le remet à une des personnalités du régime pour diriger le pays pendant une période de transition, comme cela a été le cas au Yémen. » (El País, 24/07/2012). Le porte-parole du CNS, George Sabra, a déclaré : « Nous acceptons cette initiative, car maintenant, la priorité est d’obtenir la cessation des massacres et la protection des civils syriens, et non pas le jugement d’Al Assad. La Syrie a des patriotes, même au sein du régime, et certains officiers de l’armée syrienne peuvent jouer ce rôle [de transition]. »

L’idée même de former un gouvernement avec les assassins du peuple syrien est inacceptable. Nous avertissons que ces déclarations du CNS constituent une trahison à la lutte du peuple syrien. Le CNS démontre ainsi son caractère perfide et son incohérence profonde avec la victoire de la révolution.

Le seul sort politique qu’Al Assad et ses acolytes méritent est celui de Kadhafi. Le seul gouvernement qui peut résoudre les problèmes essentiels du peuple syrien est un gouvernement ouvrier et populaire. Comme disait Lénine : « Au moment le plus grave de la lutte des classes, quand elle se transforme en guerre civile, le prolétariat doit construire inévitablement sa propre organisation de gouvernement, considérée comme une organisation de combat dans laquelle les représentants des anciennes classes dirigeantes ne seront pas admis.» (2)

Le besoin urgent d’une direction révolutionnaire

Cela nous mène au problème central. Pour la LIT-QI, en Syrie et dans les autres pays de la région, le manque d’une direction révolutionnaire, ouvrière et internationaliste est le principal obstacle pour le triomphe de ces révolutions et l’avancement vers la prise du pouvoir par la classe ouvrière et vers le socialisme.

Le problème de la direction est la clef. Nous sommes d’accord avec Lénine quand il affirme : « La guerre civile est une guerre. Et dans cette guerre, le prolétariat doit avoir de bons cadres politiques et un bon état major politique pour diriger toutes les opérations dans l’ensemble du champ d’action. » (3)

Dans le cas de la Syrie, la direction principale de l’opposition à Al Assad est le Conseil National Syrien (CNS), une instance bourgeoise composée d’hommes d’affaires libéraux, d’anciens membres du régime et des Frères musulmans. La direction de l’ASL est bourgeoise elle aussi, pleine d’anciens officiers du régime. Les deux organismes sont, en outre, pro-impérialistes : ils demandent l’intervention armée de l’impérialisme et ils ont annoncé leur volonté d’accepter une « transition » négociée avec des personnages du régime. 

Nous estimons que le peuple syrien ne doit pas et ne peut pas avoir confiance dans ces directions qui, par leur nature de classe même, finiront inévitablement par trahir toutes les aspirations légitimes du peuple, et pas seulement les aspirations économiques, mais aussi celles qui ont à voir avec les libertés démocratiques les plus élémentaires.

Apparemment, le secteur le plus progressiste est organisé dans les Comités de coordination locale. En son sein se décident et s’organisent les luttes sur le terrain, se convoquent des manifestations et se fournissent une couverture et un soutien efficace à l’ASL dans les villes et les quartiers. Dans plusieurs villes, ces Comités contrôlent l’administration et les services. Il nous semble essentiel que – sans rompre l’unité d’action nécessaire entre tous les secteurs du camp rebelle – ces comités locaux s’organisent comme une alternative de direction indépendante pour toute la lutte contre le régime. 

Quelle doit être la position des révolutionnaires ?

Dans cette guerre civile, il y a deux camps militaires en lutte. Dans un des camps se trouve la dictature sanguinaire et pro-impérialiste de Bachar Al Assad. De l’autre côté se trouvent les masses syriennes mobilisées, combattant, les armes à la main, pour renverser Al Assad et conquérir des libertés démocratiques et améliorer leur niveau de vie.

Les révolutionnaires doivent prendre position. Si nous adoptons l’approche de Lénine qui disait, suivant von Clausewitz, que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, il est du devoir des révolutionnaires de faire une analyse de classe du processus afin d’identifier où se trouve la révolution, et où se trouve la contre-révolution. Cette question divise la gauche, comme ce fut le cas pour la Libye.

Nous avons ici essentiellement deux positions. La première est celle du courant de Castro-Chavez, qui soutient sans réserve la dictature d’Al Assad, tout comme précédemment il soutenait Kadhafi. Ce courant tient le même discours qu’Al Assad : tout le conflit et la lutte du peuple syrien sont un « complot impérialiste » machiavélique qui cherche à renverser un gouvernement « anti-impérialiste » et « antisioniste ». Les rebelles syriens en armes ne seraient donc pas des combattants révolutionnaires, mais des « terroristes » financés et commandés par l’impérialisme. En bref, pour eux, il n’y a pas de révolution en Syrie, mais une contre-révolution. Le courant de Castro-Chavez se situe donc dans le camp militaire d’Al-Assad, contre les masses.

Cette position a des conséquences désastreuses, car elle affaiblit la solidarité internationale dont la révolution syrienne a tellement besoin, en opposant de nombreux secteurs d’avant-garde contre l’action révolutionnaire des masses. Ce n’est pas par hasard que les actions de soutien à la révolution syrienne sont minoritaires.

Il faut appeler un chat un chat : en soutenant la dictature d’Al Assad, Castro et Chavez soutiennent le massacre que ce dernier est en train de perpétrer contre le peuple syrien avec des méthodes nazi-fascistes et génocidaires. Les implications de la politique de Castro et Chavez sont à tel point pernicieuses qu’elles en viennent à remettre le drapeau de la lutte pour la démocratie dans les mains de l’impérialisme : les masses syriennes voient la « gauche » du côté d’un dictateur assassin, alors que l’impérialisme et les gouvernements de l’Arabie saoudite et du Qatar peuvent se pavaner hypocritement comme les champions de la « démocratie » et des « droits de l’homme ».

La deuxième position, défendue par la LIT-QI, a comme point de départ un appui total à la lutte révolutionnaire du peuple syrien. Pour nous, en Syrie, la contre-révolution se trouve dans le camp militaire d’Al Assad et la révolution dans celui des rebelles.

Notre politique se développe à partir de ce choix d’un des camps. Dans une lutte entre la révolution et la contre-révolution, la première chose à faire, pour un révolutionnaire, est de se situer dans le camp de la révolution, sans pour autant ne jamais perdre son indépendance politique. Ici, il faut se situer dans le camp militaire des masses contre la dictature et l’impérialisme, quelle qu’en soit la direction.

Ce n’est qu’à partir de ce choix de camp que nous pouvons nous battre pour l’indépendance de classe du mouvement de masses et mener ouvertement une lutte contre n’importe quelle direction traîtresse du processus (en Syrie, une direction carrément bourgeoisie et pro-impérialiste).

Nous soulignons qu’il existe une troisième position, en fait une variante de la position de Castro et Chavez, soutenue malheureusement par un secteur du trotskysme, comme le PTS argentin et la Fraction Trotskyste (FT). Cette position critique Al Assad, mais elle soutient qu’en raison de la direction bourgeoisie et pro-impérialiste du camp rebelle, les masses se soumettent finalement à cette direction et à l’impérialisme, ce qui ferait que ce camp soit également réactionnaire. « La politique impérialiste est de chasser Al Assad, afin qu’un régime plus favorable à ses intérêts se mette en place. A cet effet, il mise sur la rébellion interne dirigée par le CNS et l’ALS. » (4) Ils concluent donc que « le printemps arabe a eu son expression en Syrie depuis mars 2011 avec des manifestations de masses à travers tout le pays. […] Mais, comme nous l’avons dit, le CNS, qui s’est présenté comme la direction du mouvement, a mené la rébellion des masses dans le sillon de la stratégie impérialiste, de ‘’changement de régime’’ favorable à ses intérêts et à ceux d’un secteur de la classe dirigeante en alliance avec lui. » (5) 

On répète la même logique déjà appliquée en Libye (où les rebelles étaient « des troupes au sol » de l’impérialisme), mais en y rajoutant une couche. Tout d’abord, il faut demander au PTS-FT s’ils veulent, oui ou non, que le régime d’Al Assad soit renversé. Dans cette guerre civile, dans quel camp militaire se trouvent-ils ? Dans quelle direction un membre du PTS-FT dirigerait-il son fusil en Syrie ?

Le PTS-FT nous fait savoir que, curieusement, ce serait maintenant l’impérialisme qui promeut rien moins que l’armement et la mobilisation des masses, en pariant sur la « rébellion interne » pour évincer Al Assad.

En outre, les directions du processus étant bourgeoises et pro-impérialistes, l’ensemble du processus servirait à l’impérialisme et à la réaction.

Cette logique, qui confond le processus politique avec sa direction, mène à une capitulation complète à Al Assad et au courant de Castro et Chavez car, si nous la développons d’une façon cohérente, la conclusion est que nous devrions être en train de nous battre dans le même camp militaire que celui d’Al Assad pour éviter ainsi un « changement de régime » qui serait « plus favorable » aux intérêts impérialistes. Comme l’impérialisme veut « un changement de régime », nous devrions nous placer pratiquement contre le « changement de régime », c’est-à-dire pour la permanence d’Al Assad.

C’est très grave, cette position du PTS-FT qui le situe objectivement contre la révolution syrienne. Dans les faits, il finit par entériner les massacres du dictateur.

En Libye, il y avait, au moins comme un élément de confusion, l’intervention militaire des bombardements des avions de l’OTAN. Ce n’est pas le cas en Syrie. Cette réalité met complètement à nu la capitulation du PTS-FT à l’orientation de Castro et Chavez, et son mépris total pour la lutte révolutionnaire des masses.

Pour la victoire de la révolution syrienne !

En tant que LIT-QI, nous réitérons notre soutien ferme à la révolution syrienne. Notre mot d’ordre principal est : A bas Al Assad, NON à l’intervention impérialiste !

Nous sommes pour la chute d’Al Assad aux mains de la mobilisation populaire et de la lutte armée des masses. Il s’agit d’une tâche fondamentale de la révolution. En ce sens, sans abandonner l’indépendance politique de la classe ouvrière, nous sommes pour la plus ample unité d’action militaire avec tous les secteurs qui luttent concrètement contre la dictature syrienne – y compris les bourgeois pro-impérialistes du CNS et le commandement de l’ASL – afin d’obtenir le renversement d’Al Assad et de son régime contre-révolutionnaire.

Dans ce processus de lutte ample et unifiée contre le régime, et en nous intégrant au camp militaire rebelle, nous devons lutter contre ces directions traîtres et construire l’indispensable direction révolutionnaire internationaliste dont le processus a besoin pour aller de l’avant.
Il nous semble urgent d’unifier toutes les mobilisations et actions armées qui ont lieu dans le pays, jusqu’à obtenir la chute du régime. Il faut approfondir la division de l’armée. Il est urgent de former des milices armées auto-organisées à partir des conseils populaires démocratiques.

En tant que LIT-QI, nous revendiquons sans réserve le droit et le besoin du peuple syrien à s’armer pour se défendre et continuer la lutte contre Al Assad. A l’heure actuelle, il n’y a pas d’autre chemin. Le peuple syrien doit progresser dans son organisation et son armement, comme seule garantie de victoire. Il est essentiel de promouvoir d’amples campagnes internationales unitaires de soutien à la révolution syrienne, enexigeant la rupture immédiate de tous les gouvernements avec l’assassin Al Assad. Nous devons exiger également l’envoi urgent d’armes et de volontaires pour combattre dans le camp militaire rebelle. Nous devons formuler cette demande de soutien militaire précis à tous les gouvernements, en particulier ceux des pays où il y a des processus révolutionnaires en cours, tels que l’Egypte et la Libye.

La lutte vise la chute immédiate d’Al Assad et la mise en place d’un gouvernement des classes exploitées syriennes, un gouvernement qui sert les intérêts de la classe ouvrière de la campagne et des villes et qui s’appuie sur les milices populaires armées. Seul un tel gouvernement peut convoquer une Assemblée constituante libre, démocratique et souveraine pour conquérir toutes les libertés démocratiques et libérer le pays de l’impérialisme, et veiller sur la mise en œuvre de cette Assemblée. Ce n’est qu’en concentrant le pouvoir dans la classe ouvrière que l’on pourra mener une véritable lutte contre l’Etat nazi-sioniste d’Israël, une enclave politico-militaire de l’impérialisme dans la région, à commencer par la récupération du territoire du plateau du Golan, accaparé par les sionistes depuis 1967.

Un tel gouvernement devra poursuivre et punir Al Assad et sa clique dictatoriale pour tous leurs crimes ; confisquer leurs biens et les placer sous contrôle du peuple affamé et au service de celui-ci ; annuler tous les contrats pétroliers et d’autres accords pris par Al-Assad, qui lient le pays à l’impérialisme ; nationaliser immédiatement le pétrole et toutes les richesses du pays, sous l’administration du peuple et au service de la réalisation d’un plan d’urgence qui répond aux besoins urgents des travailleurs et du peuple.

Il est du devoir de toutes les organisations révolutionnaires de lutter pour entourer la lutte du peuple syrien d’une solidarité active. Al Assad doit tomber. Son régime doit être démoli. La révolution doit avancer jusqu’au pouvoir ouvrier et populaire, jusqu’à la révolution socialiste, non seulement en Syrie, mais jusqu’à la Fédération de Républiques socialistes arabes. La victoire du peuple syrien sera la victoire de tous les exploités du monde.

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1) Cet article a apparu dans le Courrier International nº 08.
2) V. Lénine, Le Parti communiste et le parlementarisme.
3) Ibidem.
4) Diego Dalai, Duros enfrentamientos en Damasco y asesinato de altos mandos del régimen. No a la injerencia imperialista. Publié sur le site de la FT le 18/07/2012.
5) Ibidem.

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