ven Mar 07, 2025
vendredi, mars 7, 2025

Un triomphe contre les accords d’Oslo

La victoire électorale du Hamas

Les élections législatives des territoires palestiniens se soldent par le triomphe incontestable du Mouvement Islamique Hamas, qui a obtenu plus de 50% des voix et 76 sièges, tandis que le Fatah de Mahmud Abbas, président de l’Autorité Nationale palestinienne (ANP), n’a obtenu que 30% des voix et 43 sièges. C’est dès lors le Hamas qui va pouvoir nommer les membres du nouveau gouvernement.
Les élections montrent la profonde crise du  Fatah, qui a été pendant plusieurs dizaines d’années la direction incontestée du peuple palestinien. C’est là le résultat d’une politique qui a abandonné et trahi les mots d’ordre historiques de la lutte palestinienne (pour une Palestine unifiée, laïque, démocratique et non-raciste), notamment avec les accords d’Oslo,en 1993. A partir de la création de l’ANP, la direction n’a plus représenté que les intérêts d’une bourgeoisie palestinienne corrompue, vivant du pillage des fonds transférés par l’impérialisme et par Israël à l’ANP, et allant jusqu’à réprimer les Palestiniens en lutte contre l’Etat sioniste.

L’Autorité Nationale Palestinienne
Pour éviter la destruction de l’Etat d’Israël, mis en échec au Liban, en 1985, et incapable de mettre un terme à l’Intifada de 1987, l’impérialisme a imposé la signature des accords d’Oslo. Un gouvernement palestinien élu, avec des pouvoirs très limités (semblable aux « bantoustans » sud-africains) était désormais chargé de l’administration de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. Le Fatah reconnaissait l’Etat d’Israël et renonçait à le combattre.  
L’Autorité Nationale Palestinienne (ANP) n’a aucune autonomie financière possible : ses recettes proviennent de fonds qu’Israël transfère des impôts perçus dans les territoires, de l’aide internationale des Etats-Unis, de l’UE et des gouvernements arabes. Cela explique clairement les positions pro-impérialistes du Fatah qui, en outre, fait preuve d’une corruption totale dans l’administration des territoires.
Parallèlement, Israël a continué à implanter des colonies juives dans les territoires palestiniens, s’est approprié les meilleures terres et les sources d’eau de la Cisjordanie, a isolé la zone arabe de Jérusalem et les populations palestiniennes de la Cisjordanie. Cette situation s’est aggravée avec la « séparation unilatérale » et la construction du fameux « mur » sous le gouvernement israélien de Sharon-Olmert. Dans ces conditions, tout état palestinien, même « indépendant », s’avère non viable, géographiquement et économiquement. Les conditions de vie des Palestiniens ne cessent de se détériorer: un tiers vit dans la misère, 50% des Palestiniens sont au chômage; et avec le Fatah, il n’y avait aucune perspective d’amélioration possible.
Le triomphe du Hamas représente donc un vote de désaveu massif, face à la trahison et la corruption du Fatah. Les masses ont opté pour l' »option la plus radicalisée » et le Hamas a triomphé, même dans des lieux où il n’avait pourtant presque aucune insertion. Son opposition aux accords d’Oslo, son programme, qui inclut la destruction de l’Etat d’Israël et la récupération de la « patrie palestinienne », ont contribué à ce triomphe. En fait, les Palestiniens ont voté pour tous ceux qui apparaissaient comme des « combattants contre Israël ». Ainsi, les députés du Fatah emprisonnés dans les geôles israéliennes pour « terrorisme », comme Marwan Bargouti, ont aussi été élus.
Le Hamas, fondé pendant la première Intifada en 1987, a été soutenu par le clergé iranien et la monarchie saoudienne ; il a même été encouragé par le premier ministre israélien de l’époque, Itzak Shamir, pour s’opposer au poids des organisations laïques et marxistes palestiniennes. Peu après, il est devenu un phénomène de masses, notamment à Gaza. Parallèlement, il a radicalisé ses positions et a commencé à être durement attaqué par Israël, puis il est devenu une référence pour des milliers de combattants palestiniens.
Il s’agit d’un courant doté d’une direction bourgeoise et d’une idéologie théocratique: son programme propose l’établissement d’un état islamique dans toute la Palestine. Une proposition que la LIT-QI considère comme totalement erronée, parce qu’elle divise les palestiniens entre croyants et non-croyants, au lieu de les unir dans la lutte contre le sionisme. Tant par son caractère bourgeois, que par son idéologie, on ne peut avoir aucune confiance dans la direction du Hamas qui ne sera pas conséquente dans sa lutte contre l’impérialisme et le sionisme. La Hamas a ainsi déjà accepté la trêve organisée par le gouvernement du Fatah et par Israël.

La politique de l’impérialisme et d’Israël
Le triomphedu Hamas a certes constitué un coup dur pour le maintien de la politique des accords d’Oslo, défendue par l’impérialisme et par Israël. L’allié palestinien préféré (le Fatah) quitte la scène et est remplacé par un intrus (le Hamas) qui ne reconnaît pas Israël et est qualifié de « terroriste ».
Ce putsch a lieu alors que la situation de la Palestine et la maladie d’Ariel Sharon ont produit une grave crise politique en Israël, et ce, peu avant les élections. Si on ajoute à cela la guerre en Irak et l’augmentation des tensions avec l’Iran, ce qui constituait les piliers de la politique impérialiste au Moyen-Orient est remis en cause.
La politique impérialiste consiste maintenant à exercer une pression sur le Hamas : le menacer de couper l’aide financière à l’ANP, dans le cas où son futur gouvernement ne reconnaîtrait pas l’État d’Israël et ne renoncerait pas à la lutte armée contre celui-ci, autrement dit, forcer le Hamas à abandonner son programme. On voit ce que signifie, pour l’impérialisme et pour Israël, la « démocratie » dans les pays dominés: « les résultats ne seront respectés que si est élu celui que je veux ». En ce sens, nous revendiquons le droit du Hamas à former son propre gouvernement sans aucune pression.
Jusqu’à présent, la réponse du Hamas a été d’ouvrir des négociations avec le gouvernement israélien et de prolonger indéfiniment la trêve avec Israël, pactisée par le Fatah, mais sans abandonner formellement son programme. L’impérialisme et Israël exigent toutefois une capitulation complète, cherchant ainsi à répéter, en un délai beaucoup plus court, ce qui est arrivé avec le Fatah. Jusqu’à quand pourront-ils maintenir cette pression, sans provoquer une nouvelle explosion en Palestine? Le Hamas parie que, face à cette possibilité, l’impérialisme et Israël vont finalement accepter la négociation.
Ainsi, la direction du Hamas se retrouve divisée entre la pression de l’impérialisme et des sionistes, d’une part, et celle du peuple palestinien qui l’a porté au pouvoir, d’autre part.. Que fera-t-il dans ces conditions? Nous n’avons pas encore la réponse mais, par son caractère bourgeois et la capitulation partielle qu’il accepte déjà aujourd’hui, nous répétons que nous ne faisons pas confiance au Hamas pour défendre la lutte du peuple palestinien. D’ailleurs, des dirigeants du Hamas, ont déjà déclaré que « les Etats-Unis ne sont pas l’ennemi ».

La seule garantie : continuer la lutte
C’est dans le peuple palestinien héroïque et dans sa lutte que nous confions pleinement, une lutte qui, sûrement, sera fortifiée par le triomphe électoral récent, contre les traîtres et ceux qui capitulent. Il n’y a que cette lutte qui sera capable de détruire l’Etat gendarme et raciste d’Israël et d’obtenir les revendications historiques de l’OLP: une Palestine laïque, démocratique et non-raciste et le droit au retour des réfugiés. Nous offrons tout le soutien de la LIT-QI à ce combat, comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant.

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