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vendredi, décembre 27, 2024

La classe ouvrière britannique se lève à nouveau

Le 9 septembre 2022

S’unir pour une lutte coordonnée.

Des syndicats exigent que le TUC organise une grève générale.

Imposer un contrôle des prix.

Pour une échelle mobile des salaires, des avantages sociaux et des retraites.

Par l’ISL, section britannique de la LIT-QI

La colère et la détermination augmentent dans la lutte contre les dures attaques des employeurs et du gouvernement. Les grèves de septembre, nationales et locales, incluent les syndicats ferroviaires RMT, Aslef et TSSA, le syndicat des postiers CWU et le syndicat UCU dans l’Education. Parmi les nombreuses grèves locales, citons celle des dockers de Liverpool, du 19 septembre au 3 octobre. Des sections du PCS, qui organise les travailleurs dans les services publics, feront également grève, tandis que la grève dans le port de Felixstowe a paralysé le port britannique le plus actif pendant huit jours.

Cette vague de grève, la première réponse massive des travailleurs depuis 30 ans, comprend des revendications salariales à hauteur de l’inflation et le rejet de la détérioration des conditions de travail et des pensions. Dans les secteurs privatisés, alors que les dividendes des actionnaires sont énormes et que des primes massives sont versées aux grands patrons, les offres salariales sont de 7 % ou moins.

La tempête de classe s’intensifie

La tempête se renforce en raison des augmentations catastrophiques des prix de l’énergie qui font suite à dix années de coupes d’austérité et à des années de gel des salaires. L’Office for Budget Responsibility estime que les ménages subiront cette année la plus forte baisse de leur niveau de vie depuis les années 1950, et les salaires ont diminué pour de nombreux travailleurs depuis plus de 30 ans. Les conseils municipaux préparent des « Warm Banks« , des lieux chauffés pour les familles qui n’ont pas les moyens de garder leur maison au chaud. Les « Food Banks« , gérées à partir des dons de nourriture du public, sont apparues parce que le gouvernement réduit les allocations à la portion congrue, et manquent de nourriture. La Banque d’Angleterre met en garde contre la récession et la hausse du chômage. La Grande-Bretagne est au bas de l’échelle des économies du G20, seule la Russie fait pire. Tel est le capitalisme britannique en déclin.

Tous les médias parlent de millions de ménages de travailleurs qui risquent d’être confrontés à une catastrophe hivernale en étant plongés dans la misère et annoncent que des vies seront perdues à cause du coût du chauffage des maisons et de la nourriture. La Fondation Joseph Rowntree a souligné que la hausse des prix anéantira les revenus des familles les plus pauvres.

Pendant ce temps, les profits des compagnies pétrolières et gazières atteignent des milliards de livres. La réponse du gouvernement conservateur à cette situation est de garder le silence et de refuser d’apparaître à la télévision et à la radio. Le capitalisme est en difficulté, et il est temps pour nous de nous lever en un seul mouvement de grève.

Nous rassembler en tant que classe, appeler à la grève générale.

Eddie Dempsey, secrétaire général adjoint du syndicat RMT, a déclaré lors d’un rassemblement à Liverpool : « Les 15 et 17 septembre, nous allons montrer aux médias, au gouvernement et aux entreprises que nous avons le pouvoir, car le RMT va arrêter le pays si nous n’obtenons pas d’accord. » Et de poursuivre sous les applaudissements nourris de 1300 personnes, « nous devons nous rassembler en tant que classe et mener des actions collectives ensemble sur les piquets de grève et autres formes d’action. » S’adressant au gouvernement et à la classe dirigeante, il a déclaré : « Si vous voulez vous attaquer aux postiers, nous nous battrons avec eux ; si vous voulez vous attaquer aux infirmières et au personnel soignant, nous nous battrons avec eux. » 

L’International Socialist League est d’accord pour dire que nous avons besoin d’une action collective, c’est-à-dire d’une action de grève coordonnée au niveau national, liée à toutes les actions de grève régionales et urbaines pour faire face à l’assaut contre la classe ouvrière. Le RMT et tous les dirigeants militants doivent continuer à se battre pour cette nécessité ; organiser à partir de la base, et exiger du TUC qu’il organise une grève générale.

Une grève générale, cela signifie que tous les syndicats, les quartiers ouvriers et les opprimé.es peuvent lutter ensemble, et exiger d’une seule voix : des salaires, des avantages sociaux et des pensions liés à l’inflation, la lutte contre toute oppression, la renationalisation de l’économie sans indemnisation, et sous le contrôle des travailleurs et de la communauté.

Nous appelons à une réunion nationale des syndicats pour planifier la meilleure façon de faire grève ensemble. Certains dirigeants syndicaux du secteur ferroviaire affirment qu’il est préférable que les conducteurs de train de l’Aslef fassent grève à des jours différents de ceux des travailleurs du RMT, car cela crée davantage de perturbations, et c’est vrai. Mais ce que nous disons, c’est qu’un plan doit être élaboré par tous les syndicats qui veulent se battre, et nous appelons la base des syndicats qui ne sont pas encore entrés dans la bataille à exiger de leurs dirigeants qu’ils se battent pour des grèves et des actions de protestation conjointes dans l’ensemble de la classe ouvrière. Il doit lancer un appel à tous les syndicats, comme le dit le RMT, pour organiser celle-ci comme un tout, l’organiser ensemble, agir d’une seule voix et mobiliser les 5,5 millions de travailleurs du TUC.

Construire la lutte commune

La population soutient majoritairement les grévistes, et le soutien organisé se développe par le biais de groupes de soutien à la grève et de campagnes telles que la campagne « Don’t Pay« [1], qui consiste à ne pas payer les factures d’énergie à partir du 1er octobre.

Alors que les familles de la classe ouvrière et de la classe moyenne inférieure s’inquiètent de pouvoir nourrir et garder leurs enfants au chaud, certaines maisons de soins, dont beaucoup ont été privatisées dans les années 1990, risquent de fermer parce que les factures d’énergie sont trop élevées. Les petites entreprises ont vu leurs factures d’énergie augmenter de 1000% car les entreprises n’ont pas de plafond de prix de l’énergie.

Les grévistes dénoncent les attaques des conservateurs contre le NHS[2] (qui est en cours de privatisation), le manque de logements décents (parce que les logements sociaux ont été vendus depuis les années 1980) et l’éducation est marchandisée.

Les grévistes appellent également à l’action contre la catastrophe climatique et à la nécessité de lutter contre l’oppression. De nombreuses campagnes LGBTQ+ ont été accueillies favorablement et certains événements de la Pride ont accueilli des travailleurs en grève. Les communautés noires et asiatiques bénéficient également d’un soutien, et vice-versa. Toutes ces interconnexions doivent être approfondies en un mouvement s’exprimant d’une seule voix contre l’oppression et l’exploitation.

Que proposent maintenant les Tories ? Des plans ont été esquissés pour plafonner les factures des ménages « moyens » à 2 500 £, ce qui comprendra un paiement direct de 400 £ sur les factures d’énergie de tout le monde, sauf que tous les compteurs de paiement ne recevront même pas cette somme. . Ceci afin de permettre aux compagnies d’énergie de continuer à faire des super profits. Il s’agit d’une subvention pour les super-riches qui sera payée par les travailleurs, les pauvres et leurs enfants par le biais d’une future augmentation des impôts.

Le parti travailliste

Le programme central de la gauche du parti travailliste est celui de la justice sociale, comme si la justice sociale pouvait remédier aux profits des multinationales. Pour empêcher la poursuite du déclin de la Grande-Bretagne, nous avons besoin d’un gouvernement des travailleurs et du contrôle des travailleurs.

Keir Starmer, le leader travailliste, s’oppose à ce que le parti travailliste soutienne les piquets de grève. Il dit soutenir le droit de grève des syndicats, mais ce politicien bourgeois ne pense qu’en termes de manœuvres parlementaires, tout en soutenant toutes les institutions bourgeoises de l’État. Angela Rayner, vice-présidente du parti travailliste, « s’est vantée de sa ligne dure en matière de loi et d’ordre; la police devrait « tirer sur les terroristes et poser des questions ensuite » et « enfoncer la porte des criminels, les trier et s’y opposer« . Selon Liz Fekete dans “Racism, radicalisation and Europe’s ‘Thin Blue Line’”, « il ne s’agit pas seulement d’une question de rhétorique politique ou d’une musique d’ambiance justifiant la création de nouveaux crimes conduisant à des niveaux plus élevés d’incarcération des pauvres et des dépossédés. »[3]

Ainsi, la répression est soutenue par le parti travailliste, ils mentionnent les « terroristes » mais ces méthodes sont utilisées contre les personnes de couleur et la fouille à nu de jeunes étudiants noirs. Elles seront utilisées contre les grévistes à l’avenir. « Si l’on se fie au maintien de l’ordre dans l’espace public pendant le lockdown, le recours de l’État à la surveillance et au « pouvoir pénal » pour contenir les populations, et gérer les retombées de la pauvreté et du mécontentement en endiguant la contestation sociale, deviendra une caractéristique intrinsèque de l’État fort et interventionniste promis aujourd’hui par les politiciens. »[4]

Keir Starmer fait la guerre à la gauche travailliste et à la lutte des travailleurs en même temps. La réponse est de construire la vague de grève et de construire un parti des travailleurs comme alternative au Labour, un parti qui soutiendra toutes les actions décidées par les travailleurs en lutte.

Une lutte européenne et mondiale

Le mouvement ouvrier international peut construire de nouveaux liens militants avec les travailleurs du monde entier. Les grèves en Europe doivent être reliées entre elles, ce qui est possible grâce au Réseau syndical international de solidarité et de lutte (RSISL), laboursolidarity.org. Des salutations de solidarité ont été envoyées par Solidaires (France), des travailleurs au Mexique, des postiers de Palestine, des mineurs ukrainiens, des travailleurs de l’ingénierie (CSP-Conlutas), la CGT française, des travailleurs des transports italiens et d’autres encore. La liste s’allonge. Nous incluons deux de ces messages ci-dessous.

Le syndicat des travailleurs des services postaux palestiniens écrit :

« Bonjour, camarades du CWU.

Nous ressentons la force et l’unité des travailleurs lorsque nous entendons de vos nouvelles et de celles de votre lutte.  Le PPSWU, le syndicat indépendant de la poste en Palestine, montre sa solidarité et se tient à vos côtés dans cette grève pour obtenir les droits des travailleurs du secteur postal.

En toute solidarité, la direction du PPSWU« 

Et le syndicat des mineurs d’Ukraine :

« Bonjour, je suis Youri Samoylov, leader d’un syndicat indépendant de mineurs de la ville de Kryvyï Rih. J’exprime ma solidarité avec les travailleurs en grève en Grande-Bretagne : les cheminots, les dockers, les chauffeurs de bus et les postiers. Je vous souhaite la victoire dans votre lutte pour obtenir vos droits. Seule la lutte peut apporter des résultats ! Ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu. Les victoires ne sont que pour ceux qui se battent pour les obtenir. Encore une fois, victoire à nous tous !« 

Organiser une grève générale, unir notre classe.

Les conservateurs et le capitalisme ne reculent pas mais préparent de nouvelles attaques ; nous devons construire un mouvement encore plus fort.

Mick Lynch, le leader du RMT, a constamment appelé à des actions nationales conjointes depuis le 18 juin, et Unison et Unite parlent de grèves coordonnées en octobre. Mais il faut aller plus loin. Tous les syndicats doivent se battre pour que le TUC appelle à la grève générale, et dans le processus, construire un plan de grève générale. C’est le seul moyen de dresser le pouvoir de la classe ouvrière contre le pouvoir de la classe dirigeante et toutes ses institutions.

Tout doit être basé sur la démocratie ouvrière avec des décisions approuvées par des réunions de masse, où tous et toutes sont les bienvenu.es et tous les secteurs opprimés représentés.

Nous devons construire un parti révolutionnaire pour atteindre ces objectifs, et nous appelons les lecteurs à rejoindre l’International Socialist League, dont le but est de créer un tel parti avec la Ligue Internationale des Travailleurs-Quatrième Internationale.

Les syndicats doivent unir leurs grèves et exiger du TUC qu’il organise une grève générale !

Construisons des groupes de soutien à la grève pour inclure tous les travailleurs et les personnes opprimées !

Les syndicats et les quartiers doivent s’organiser pour exiger le contrôle des prix !

Construisez l’ISL et un parti révolutionnaire pour poursuivre la lutte contre la guerre de classe des conservateurs !


[1] https://dontpay.uk/

[2] NHS: National Health Service. Système national de santé au Royaume-Uni.

[3] Racism, radicalisation and Europe’s ‘Thin Blue Line’, Liz Fekete

https://doi.org/10.1177/03063968221103063

[4] Idem.

https://doi.org/10.1177/03063968221103063

[5] Idem.

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