mer Jan 29, 2025
mercredi, janvier 29, 2025

Le NPA, le Secrétariat Unifié et les partis larges 2/5: Éclatement du NPA : éléments pour un rapport d’autopsie

Le week-end des 9 au 11 décembre 2022 a été marqué en France par la scission médiatisée du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Nouveau ? Pas tout à fait : ce parti était né il y a près de 14 ans[1], mais portait toujours un nom voué à disparaitre… En 1995, le Secrétariat Unifié de la 4e Internationale[2], après la restauration du capitalisme en URSS et en Europe de l’Est, faisait un virage stratégique et décidait de construire des partis anticapitalistes larges. Plusieurs expériences avaient commencé. Sa section française, la LCR, se dissolvait en 2009 dans le NPA, qui se voulait large. Il vaut la peine de revenir sur les derniers évènements (à partir du printemps 2021) et sur le logiciel politique de cette organisation, laquelle a suscité internationalement beaucoup d’intérêt voire d’admiration lors de son émergence. Après un article 1 présentant les derniers évènements, ce second texte revient sur des éléments fondamentaux de l’expérience de ce parti.

Par Michael Lenoir

Pour qui connait le NPA, la rupture qui vient de se produire n’est guère surprenante. Certes, il existait au sein du parti une sorte de symbiose centriste, d’équilibre – tendant à la sclérose – avec un partage des rôles, au-delà des coups de gueules et des postures. Cela faisait système : des courants oppositionnels très activistes servaient de caution gauche à la direction droitière, laquelle justifiait à son tour ces oppositions par sa politique opportuniste, facilement critiquable. Mais la scission était « dans l’air » depuis longtemps, et des dirigeant.es du parti en parlaient, même publiquement, depuis des mois. Ce n’est que l’issue fatale de difficultés qui, de fait, ont commencé peu après la naissance du NPA, et qui sont dues, de notre point de vue, à la nature même et aux ambiguïtés du projet initial.

  Olivier Besancenot avant la fondation du NPA, en 2008. Photothèque Rouge/Milo

De la crise latente à la crise aiguë

Il serait à peine exagéré de dire que le NPA est né comme parti en crise. Son processus constituant a été très dynamique, mais une baisse d’attractivité, puis une crise latente du parti se sont vite installées après sa naissance joyeuse en février 2009. Les quelque 9 200 adhérent.es revendiqué.es au congrès de fondation n’ont cessé de fondre comme neige au soleil depuis lors. Dès les élections européennes de juin 2009, la GU[3] abandonnait le NPA et rejoignait le Front de Gauche (FdG) lancé par le PG de Jean-Luc Mélenchon et le PCF[4]. En 2010, le courant C&A[5] y allait à son tour. Début 2012, la GR quittait le NPA sur la pointe des pieds. La même année voyait aussi la principale saignée militante (près de la moitié du parti), avec le départ vers le FdG de la GA, incluant presque la moitié de la direction de l’ex-LCR. 

L’outil politique NPA se voulait large et plus inclusif que la LCR, mais montrait déjà de sérieuses limites, et se rétrécissait. La scission suivante n’a eu lieu qu’en 2021 avec le départ du CCR[6]. Mais les tensions dans le parti se sont accrues. Entre les moments de crise ouverte, une lente hémorragie militante, sur fond d’usure et de lassitude, voire de dégout, éloignait des centaines de militant.es du parti de toutes sensibilités politiques. Les anarchistes, qui avaient cru à l’aventure à ses débuts, partaient assez vite les un.es après les autres. Il en allait de même d’ex-maoïstes, mais aussi de militant.es de terrain, d’entreprise ou de quartier, qui percevaient de plus en plus mal l’utilité du parti. Certaines périodes, notamment électorales, permettaient toutefois au NPA de recruter un peu. Cela a été encore récemment le cas de la campagne Poutou 2022. Mais jamais, tendanciellement, les arrivées n’ont compensé les départs. Les effectifs ont toujours oscillé autour d’une courbe clairement descendante.

C’est dans ce contexte général que le poids des courants organisés à la gauche du parti a augmenté au sein de celui-ci. Les éléments les plus droitiers du NPA l’ayant quitté entre 2009 et 2012, et des centaines de militant.es de base (généralement non lié.es à des tendances ou des fractions) l’ayant délaissé peu à peu, le parti se réduisait de plus en plus à une juxtaposition de courants politiques, qui s’opposaient dans ses congrès et autres instances. Après la marée montante du processus de gestation du NPA, le départ de la GU, de C&A, de la GR et de la GA indiquaient que le reflux avait débuté, mais l’heure de la basse mer allait sonner plus tard, ces dernières années. Dans ce panorama, les tendances restantes apparaissant comme des îlots révélés par la marée descendante, sorte de buttes-témoins marines de la préhistoire du NPA. Car la plupart de ces courants existaient avant la naissance du défunt parti. Le CCR, dont il venait de se débarrasser, s’était constitué peu après le début. Les autres courants organisés étaient déjà là et y restaient jusqu’à la fin : la TC[7], affaiblie après la mésaventure de l’ARC[8], toujours formellement intégrante du parti mais n’y croyant plus guère ; trois des courants de la PfC[9] (A&R, Fraction et DR)[10] ; sans oublier le courant le plus nombreux, avec diverses sensibilités regroupées aujourd’hui dans la PfB[11], organisé pour diriger le parti depuis son émergence, et qui vient de décider de son éclatement.

Le test des grandes luttes sociales

Qu’en a-t-il été de la participation du NPA aux luttes sociales? Celles-ci n’ont pas manqué depuis 2009; mais à aucune étape, le parti n’y a prouvé son utilité. Un parti révolutionnaire en phase avec la classe travailleuse et les mouvements populaires doit être comme un poisson dans l’eau dans les luttes : logiquement, alors, ses initiatives, sa détermination, ses mots d’ordre transitoires et ses explications révolutionnaires font croitre son influence ; il convainc et recrute, certes plus ou moins selon la force et la durée du mouvement social. Si dans de grandes luttes, son influence stagne, voire recule, comme cela a été souvent le cas du NPA depuis 2009, c’est nécessairement que sa ligne est mauvaise, et/ou que son fonctionnement est défectueux. La PfB ne s’attache qu’aux problèmes de fonctionnement et en accuse les fractions oppositionnelles, mais veut ignorer l’histoire réelle du parti et son rôle dans les luttes. Contentons-nous, dans le cadre de cet article, de quelques brèves illustrations.

Juste avant la fondation du NPA et pendant ses premiers pas, le premier semestre 2009 a été marqué par des luttes et des journées de grève générale contre l’austérité à la sauce Sarkozy et le chômage massif de l’après-crack de 2007-2008. Mais le NPA n’a pas été utile dans ce contexte : sur le plan de l’orientation, il n’a pas lutté de façon cohérente pour une grève générale prolongée : il a certes mis en avant ce mot d’ordre, mais seulement à certains moments, et à contretemps ; à l’approche d’une grande journée « carrée » de grève interprofessionnelle, il fallait insister sur la suite à donner. Cela n’a pas été fait, ou pas à la hauteur des enjeux. Il fallait exiger des initiatives en ce sens des directions syndicales (largement unies alors), critiquer sans ménagement leurs journées d’action saute-mouton, très espacées, qui ne pouvaient qu’user la combativité. De plus, le NPA n’avait pas de politique centralisée, et chaque ville ou région menait sa propre politique. Pas de quoi changer le cours de l’histoire… et l’intersyndicale pourrissait le mouvement avec le calendrier suivant: 29 janvier (forte mobilisation), 19 mars (mobilisation et grève encore plus puissantes), 1er mai (nette baisse) et 13 juin (enterrement de facto de la lutte). Certes, le NPA, petit parti, ne disposait pas du rapport de forces nécessaire pour arracher la direction de la lutte aux bureaucraties syndicales. Mais en menant bataille, il aurait pu regrouper autour de lui des secteurs combatifs et mieux préparer les combats futurs. Le même problème fondamental s’est d’ailleurs reproduit dans les phases de luttes qui ont suivi.

La lutte de septembre-octobre 2010 contre la réforme des retraites de Sarkozy répétait le même genre de scénario, en plus concentré : 8 journées d’action, la plupart avec grèves interprofessionnelles de 24 heures, certes plus rapprochées qu’en 2009, mais jamais d’appel à reconduire la grève le lendemain, au moins dans les secteurs les plus mobilisés. Les raffineries étaient à la pointe du combat, mais elles n’étaient pas épaulées comme il le fallait. Ici encore, la non-centralisation démocratique de la politique du NPA a été un problème majeur : par endroits, des militant.es du parti prenaient l’initiative d’assemblées interprofessionnelles de grève ; à l’opposé, d’autres secteurs du NPA se contentaient de distribuer les tracts de l’intersyndicale. Avec une telle incohérence et un manque de détermination à combattre la gestion misérable de la lutte par l’intersyndicale, le NPA n’a ni pu ni voulu déborder la politique de saucissonnage des luttes propre aux bureaucraties syndicales, qui ont à nouveau tué le mouvement. Faute de vouloir batailler contre la direction de l’intersyndicale, et en particulier de pousser à l’émergence d’une direction alternative auto-organisée, une fois de plus, le NPA se contentait d’accompagner cette lutte… jusqu’à sa défaite.  

Le NPA n’a pas davantage montré son utilité lors de la vague de lutte de la première moitié de 2016, contre la « Loi Travail » (dite El Khomri), premier épisode de la casse du Code du travail par un certain Emmanuel Macron, alors ministre. La direction des opérations est restée entre les mains mollassonnes des bureaucrates syndicaux, avec des journées d’action saute-mouton. C’est à ce moment qu’on a vu surgir le phénomène « Nuit Debout », avec occupation des places (notamment la Place de la République à Paris), et les « cortèges de tête » dans les manifestations : des groupes combatifs, « autonomes », anarchistes, ou « black blocks » s’affrontaient régulièrement avec des forces de police de plus en plus violentes, sous la houlette du très « socialiste » ministre de l’Intérieur d’alors, B. Cazeneuve. Le NPA, très divisé sur l’orientation à adopter, comptait une fois de plus pour du beurre ! Sur sa gauche, une mouvance radicalisée grandissait, assez peu organisée et faible stratégiquement. Néanmoins, celle-ci venait témoigner du fait qu’il y avait un vide politique à combler, parce que le NPA ne jouait pas le rôle qu’il était censé jouer, celui d’un (petit) parti révolutionnaire.

Lors de la grève massive de l’hiver 2019-2020 contre la casse macroniste des retraites, les militant.es du NPA ont participé au mouvement. Mais d’une part, chaque courant du NPA menait alors sa propre politique, et aucun courant suffisamment implanté du parti ne pouvait ou ne voulait mettre en œuvre la seule orientation potentiellement gagnante : dénoncer la politique capitularde des centrales syndicales, exiger qu’elles financent les journées de grève des transports, et favoriser une direction de grève alternative, auto-organisée par les grévistes eux-mêmes, en commençant par les secteurs les plus mobilisés, la RATP et la SNCF. Le NPA accompagnait encore gentiment la lutte, jusqu’à sa défaite.

Le mouvement des Gilets jaune, survenu l’année d’avant, mérite une mention spéciale : loin d’y voir le soulèvement d’une partie – la plus précaire, la plus fragile, la moins organisée – de notre classe, la direction du NPA percevait la levée en masse du 17 novembre 2018 et les samedis suivants comme un mouvement avant tout téléguidé par la droite et l’extrême droite. Une erreur fatale, dans le sillage du rejet odieux et bureaucratique des Gilets jaunes par les directions syndicales (hormis Solidaires), que le parti a mis plusieurs semaines à corriger, et qui l’a à nouveau fait choir en dehors du mouvement réel de la société. Précisons que ce positionnement catastrophique a été le fait de la plupart des courants à l’exécutif du parti : aussi bien la direction « historique » de l’exécutif que la plupart des courants oppositionnels ne comprenaient pas, au début, la nature du mouvement. A&R, en particulier, a été le dernier courant organisé du NPA à cesser de vomir sur les Gilets jaunes. La Fraction comprenait mieux les enjeux mais ne semblait pas décidée à s’opposer à la majorité de l’exécutif. Le CCR y a d’abord vu une « jacquerie », avant, plus vite que d’autres, de saisir la nature du mouvement. La TC et la « Portion Congrue » étaient les seules, au tout début, à prendre la défense des Gilets jaunes et à préconiser de se joindre à ce grand mouvement malgré ses confusions politiques, qui allaient d’ailleurs en se dissipant. Des militant.es de terrain du NPA, localement, ont voulu et su faire ce travail d’immersion dans le mouvement et ont pu établir des contacts valables avec des Gilets jaunes, mais cela a été le fait d’individus et non du parti en tant que tel, une fois de plus resté sur le banc de touche.

Un homme en gilet jaune brandit un fumigène devant l’Arc de triomphe. ALAIN JOCARD / AFP[12]

Ce triste bilan du NPA dans les luttes de masse depuis sa naissance permet de comprendre pourquoi, loin de se renforcer numériquement, il s’est étiolé avant d’éclater sous nos yeux le 11 décembre dernier. A quoi bon rejoindre un parti qui ne sert à rien au combat, qui ne propose pas d’orientation révolutionnaire alternative à la gestion des directions félonnes des syndicats, qui cassent les luttes ?

La question électorale et l’extrême gauche

C’est dans le cadre de la séquence électorale du printemps 2022 que le sort du NPA s’est joué. On peut penser que la rupture aurait pu se produire sur d’autres questions. Mais en l’occurrence, c’est le contexte électoral qui a servi de catalyseur pour l’éclatement de sa crise latente. Mais son histoire montre que les divergences de positionnement électoral ont joué un rôle important dans les phases de crise du NPA. Tentons de comprendre cela, et de saisir les logiques politiques sous-jacentes.

Contrairement à LO, la LCR oscillait depuis longtemps entre un positionnement politique d’extrême gauche, indépendant de la gauche institutionnelle (avec des alliances avec LO par moments) et des phases de plongées dans les cadres choisis par les réformistes, quitte à apparaitre comme leur « poil à gratter » de gauche. Cette bipolarité et ces oscillations se sont installées comme marque de fabrique du NPA. Son programme, dans la conception duquel la direction de la LCR a joué un rôle dirigeant, était censé permettre à des « anticapitalistes révolutionnaires », à des « anticapitalistes » plus soucieux/ses de représentation politique dans les institutions, et à des militant.es peu féru.es de théorie et plus axé.es vers les luttes de terrain, de cohabiter dans le même parti. Retour en arrière.

Les choix électoraux ont presque toujours été un terrain d’affrontement et de division à l’extrême gauche (entre la LCR et LO, entre la LCR et le PCI (puis le PT)[13], entre LO et ce dernier…)… mais aussi au sein même de la LCR puis du NPA. Certes, la LCR des dernières années, puis le NPA avaient mené des campagnes présidentielles, parvenant toujours in extremis à remporter la redoutable et chronophage épreuve de recherches de signatures d’élu.es nécessaire à la présentation d’un.e candidat.e. Mais tout cela s’est produit dans des contextes très variés, avec des issues différentes selon les périodes.

  • La dynamique électorale des dernières années de la LCR

En 2002 puis 2007, la LCR avait réussi à imposer son candidat, le jeune postier Olivier Besancenot, comme une figure politique significative et réellement populaire, voix minoritaire certes, mais écoutée et respectée, voire redoutée au sein de la gauche française. Le facteur de 27 ans avait réuni plus de 1,2 millions de bulletins au premier tour de la présidentielle de 2002 (4,25% des votants). En 2007 il recueillait 4,08% des voix, très près de 1,5 millions de suffrages, et il devançait largement toutes les autres candidatures « à la gauche de la gauche » (à gauche du PS). Ces deux campagnes présidentielles avaient alors renforcé le réel dynamisme de la LCR, une organisation présente dans les luttes, munie dès lors d’un porte-parole médiatisé ; mais malgré tout, ses effectifs restaient limités (3 300 militant.es lors de sa dissolution début 2009). Il y avait un « effet Besancenot » sans « effet LCR », c’est-à-dire sans organisation capable de peser davantage sur la situation politique.

La direction de la Ligue en a tiré la conclusion que c’était le moment de « changer de braquet », c’est-à-dire de dépasser la LCR, et de construire une organisation anticapitaliste plus large. Ainsi, les avancées électorales d’une petite organisation d’extrême gauche conduisaient celle-ci à se dissoudre dans une aventure politique nouvelle, visant à regrouper « tous les anticapitalistes », toute la « gauche radicale » : des réformistes « radicaux », des écologistes de gauche, voire même des « démocrates sincères », des trotskistes plus affirmés, des anarchistes, des maoïstes critiques… C’est ce rafiot de « gauche radicale » qui quittait le port en février 2009, ne trouvant pas mieux que de s’affubler du nom (quasiment imposé par la pratique médiatique dominante…) de Nouveau Parti Anticapitaliste. Très vite, on l’a vu, cette embarcation allait commencer à prendre l’eau.

  • La naissance du NPA et la question électorale

Mais concentrons-nous ici sur les présidentielles. Besancenot ayant décidé de passer la main, c’est Philippe Poutou, ouvrier automobile, syndicaliste CGT, qui allait faire office de candidat, en 2012 et 2017. Il avait à son actif une rude lutte, temporairement victorieuse, pour maintenir les emplois dans son usine Ford à Blanquefort (près de Bordeaux). Son franc-parler, son style simple et populaire, son mépris affiché des conventions politiciennes, lui ont valu de la sympathie lors des deux échéances présidentielles, et plus particulièrement en 2017. Malgré tout, les scores réunis par Poutou étaient bien inférieurs à ceux de Besancenot (411 000 voix, soit 1,15% des votants en 2012 ; 394 000 voix, soit 1,09% en 2017).

L’explication de ce recul ne résidait sans doute pas dans un différentiel des qualités d’orateur de ces deux candidats, mais bien plutôt dans un contexte politique qui avait changé. Pour le dire vite, dans les années 2000, Besancenot incarnait une gauche qui ne renonçait pas au combat, alors que le PS imposait sa propre sauce de l’austérité voulue par la bourgeoisie, entrainant à ses côtés PCF, Verts et autres pièces du puzzle de la « gauche de gouvernement ». Puis la droite approfondissait le sale boulot avec Chirac puis avec Sarkozy. Mais en 2008, au même moment où le NPA allait être porté sur les fonts baptismaux, le PS était quitté par son aile gauche ; le PG se formait autour de Mélenchon. Puis, en 2009, ce parti anti-néolibéral lançait avec le PCF le Front de Gauche, sirène réformiste à laquelle allaient succomber – on l’a vu – la GU dès les élections européennes de 2009, puis C&A en 2010, et la GA pour les présidentielles de 2012. L’autre moitié de l’ex-direction de la LCR, restée au NPA, faisait le choix de l’indépendance avec Poutou et allait mener sa propre campagne, hors du giron réformiste, à la présidentielle de 2012. Cette démarche était soutenue par les courants de gauche de ce parti. Pour 2017, la seconde campagne Poutou était voulue par une majorité du NPA et ses fractions de gauche.

Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot populaires chez les sympathisants de gauche. © Reuters[14]

Du côté de l’électorat de gauche, ce qui primait en 2012 était le souci d’en finir avec Sarkozy. Ceci amenait cet électorat à choisir en premier lieu un Hollande (28,6% des votants du 1er tour) dont on n’espérait pourtant pas grand-chose ; et en deuxième lieu, Mélenchon (11,1%). Depuis 2009, un nouveau contexte avait émergé, faisant apparaitre une gauche réformiste antilibérale à la gauche du PS, et celle-ci reprenait la première place aux courants d’extrême gauche. La présidence Hollande (2012-2017) achevait de discréditer le PS, qui explosait à la présidentielle de 2017. Son candidat, Benoit Hamon, en sortait avec 5,36% des voix, abandonné par une grande partie de l’appareil. Mélenchon avec LFI[15] manquait le second tour mais, avec 15,58%, amplifiait son ascendant sur l’électorat de gauche. Le discours de Poutou, plus radical (pour le désarmement de la police par exemple), plus combatif, plus axé sur les luttes, mais sans pour autant être clairement révolutionnaire, attirait des sympathies mais celles-ci n’étaient pas suivies du geste électoral espéré, car le vote Poutou ne semblait pas en mesure de contribuer à battre Sarkozy (en 2012) ou de faire le poids face à Mélenchon (en 2017).

En d’autres termes, la gauche réformiste était dans les cordes dans les années 2000, payant le prix de sa complicité avec les attaques (social)-libérales du PS, et laissait à l’extrême gauche la pole position pour défendre les intérêts des classes populaires. Rappelons que les trois candidats se revendiquant du trotskisme à la présidentielle de 2002 avaient réuni ensemble plus de 10% des suffrages, mais ce résultat inédit n’a été que peu commenté, occulté par la défaite de Jospin (PS) au premier tour et un second tour Jacques Chirac-Jean-Marie Le Pen. Mais à partir de 2009, les rapports de forces s’inversaient à la gauche du PS : une gauche réformiste pur jus se refaisait une santé sur le dos d’une extrême gauche qui avait visiblement laissé passer le coche. C’est cela qui explique pour l’essentiel le net recul des scores de Poutou par rapport à ceux de Besancenot, même si cela n’épuise pas le sujet.

Derrière les questions électorales, la relation avec le réformisme

Pourquoi l’extrême gauche ne s’est-elle pas montrée capable, dans les années 2000, de devenir une force politique majeure ? Pourquoi s’est-elle fait damer le pion par des forces réformistes ? Impossible de traiter ces vastes questions ici. Mais celles-ci ont rebondi dans les années 2010, se transformant en un nouveau casse-tête, de nature à diviser le NPA et l’extrême gauche : quels types de rapports cette dernière doit-elle entretenir avec la gauche réformiste ? C’est une question-clé, des plus lancinantes, au cœur des crises du NPA tout au long de son existence, et de la rupture qui vient d’avoir lieu. Celle-ci révèle, ou confirme, des désaccords majeurs au sein du parti sur la question de sa délimitation politique. Dès le départ, cela était manifeste dans le parti en gestation et au tout nouveau NPA. Certains n’ambitionnaient guère plus que de miser sur la disparition du PCF et de le remplacer dans le paysage politique par un parti de « gauche radicale » plus sympathique et dynamique. A l’opposé, d’autres voyaient dans le NPA un vrai parti révolutionnaire. Mais ce qu’on a vite constaté, c’est que pour une vaste majorité du parti, sa véritable délimitation politique, sa ligne de démarcation, était en rupture avec le PS social-libéral, et non pas avec le réformisme en général. Et cela explique beaucoup des crises, scissions et remous dans l’histoire du parti. Et cette question reste d’actualité.

Aujourd’hui, pour les un.es (PfC[16]), il faut regrouper les révolutionnaires en dehors des organisations réformistes. Pour les autres (PfB[17]), cette séparation serait identitaire et sectaire, et il faut construire « une gauche de combat » avec des réformistes qualifié.es de « radicaux/ales », en taisant généralement qu’ils ou elles sont réformistes. Les premier.es oublient parfois la nécessité de la politique de front unique, qui oblige à passer des accords avec des réformistes et des bureaucrates syndicaux pour construire les luttes et se donner les meilleures chances de les gagner. Les second.es sont prêt.es à construire un parti politique avec des gens, notamment à LFI, qui sont bel et bien réformistes ; et – on vient de le voir – à rejeter pour cela les premier.es hors d’un parti, le NPA, qu’ils et elles ont construit ensemble. Le NPA « canal historique » excelle, comme la direction de la LCR avant lui, dans le brouillage des pistes et la confusion entre réforme et révolution. Cela s’est souvent traduit par la signature de textes et de divers accords fondés sur une logique réformiste, institutionnelle. Cela se concrétise plus fondamentalement par des statuts, un programme et une stratégie politiques concoctés, à la naissance du NPA, par une direction ex-LCR dont environ la moitié est passée avec armes et bagages au réformisme (via le FdG puis « Ensemble ! » et LFI). De là, les flous et ambiguïtés : pour la direction majoritaire de la LCR avant la fondation du NPA, il fallait bâtir un parti permettant à des réformistes « sincères » de s’y sentir à l’aise. Depuis, ces textes fondateurs n’ont pratiquement pas changé ; le logiciel politique est resté le même ; et l’autre moitié de l’ex-direction de la LCR en est maintenant arrivée à faire le même choix fondamental que les scissionnistes de la GA en 2012 !

Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot. Photo AFP[18]

Le programme du NPA : révolutionnaire ou pas ?

Le programme du NPA « n’est pas un programme complet »[19], reconnait-il dès le second paragraphe. Mais il ne s’agit pas de lacunes secondaires. Certes, on y lit des passages et des termes qui semblent indiquer une logique révolutionnaire, « renversement du système », « transformation révolutionnaire de la société », mise en cause de « la propriété privée des grands [ou « principaux »] moyens de production », « expropriation sans indemnisation des grands groupes capitalistes » à commencer par ceux du CAC 40 », « fin de l’exploitation ». Même si l’on peut juger que l’accent n’est pas assez mis sur le projet à plus long terme d’abolition complète de la propriété bourgeoise, lucrative, capitaliste, et à la fin de l’existence d’une classe capitaliste, il est logique de s’en prendre d’abord à la grande propriété dans une phase de socialisation. Et il y a là des éléments d’un programme révolutionnaire[20].

Le programme présenté se veut donc révolutionnaire. Ce n’est certes pas « un programme minimum au rabais » mais il est d’abord confus lorsqu’il confond programme révolutionnaire (avec une logique transitoire), et programme d’urgence[21]. Ce n’est pas une mince différence, car un programme transitoire tel que celui écrit par Trotski débouche, à partir des revendications immédiates, sur la prise du pouvoir par les travailleurs/ses, la mise en place de leur gouvernement, « brève étape » avant la dictature du prolétariat. Un programme d’urgence peut regrouper dans l’action des réformistes et des révolutionnaires autour de revendications immédiates, même d’un niveau élevé. C’est un outil de front unique, pas un programme pour en finir avec la tyrannie du capital. Celle-ci est d’ailleurs largement organisée au niveau de l’Union européenne, question où le NPA n’a jamais été clair. Il a répandu les pires illusions sur le passage à une « autre Europe, démocratique, écologique et sociale », alors que les institutions de l’UE, arme tournée contre les travailleurs/ses, sont conçues pour l’empêcher.

Autre point crucial, où le programme du NPA est confus, en associant des exigences révolutionnaires et une logique réformiste : la question de la légalité, de l’Etat et de ses appareils répressifs. D’un côté on lit qu’il ne faudra pas « hésiter à sortir du cadre étriqué de la légalité pour obtenir satisfaction »[22]. C’est parfaitement juste, parce que cette légalité est fondamentalement faite pour la bourgeoisie. Mais que se passera-t-il alors avec la justice, la police et l’armée, si la légalité est rompue dans l’intérêt des travailleurs/ses ? Même si pour des raisons de légalité bourgeoise, on ne peut pas écrire certaines choses dans un texte programmatique, les principes fondateurs ne disent pas tout ce qu’un programme révolutionnaire devrait dire. Ils confondent par exemple la lutte contre les « excès et dérives » des appareils répressifs et le fait que ces appareils doivent être démolis pour construire le socialisme[23]. Une chose, juste, est de participer à des campagnes, éventuellement unitaires, contre les violences policières. Mais cela se joue tant que l’ordre bourgeois est en place, et s’y limiter ne suffit pas : un programme révolutionnaire doit dénoncer la nature bourgeoise de ces appareils et appeler à leur remplacement par des institutions faites pour notre classe : milices ouvrières et populaires, peuple en armes… qui seront nécessaires pour se défendre contre une bourgeoisie qui cherchera par tous les moyens à empêcher sa dépossession, y compris la violence. Dans ce sens, la « rupture avec l’État et les institutions dont il s’est doté »[24] est une exigence juste mais la nature de cette rupture doit être précisée et elle ne l’est pas dans le texte. Il est également correct de proclamer le droit à l’auto-défense: « nous chercherons à organiser l’auto-défense des travailleurs, pour que le coup d’État militaire et la répression massive qui ont eu lieu au Chili en 1973 ne puissent pas se reproduire »[25]. Mais l’auto-défense ne suffit pas : il faut chercher la fraternisation avec les membres des forces répressives, neutralisant certains secteurs et faisant passer d’autres secteurs du côté de la révolution. Cela nécessite une ambitieuse préparation. Le texte n’en dit pas assez sur ce sujet capital.

Sur la question du gouvernement à mettre en place pour le changement révolutionnaire, le texte laisse entendre qu’il faudra un haut niveau du « rapport de forces issu de la mobilisation »[26] pour permettre l’arrivée d’un « gouvernement qui imposera des mesures radicales en rupture avec le système et engage une transformation révolutionnaire de la société »[27]. Mais comment émergerait un tel gouvernement ? Dans des élections ? Sur la base de l’auto-organisation ? Quelle serait sa nature de classe ? Ce n’est pas précisé. On ressent ici que le texte a été écrit sur la base d’influences politiques contradictoires, mais qu’a prévalu le souci de ne pas exclure explicitement le contexte d’une victoire électorale dans un cadre démocratique bourgeois. Certains écrits de ce qui est devenu la GA avant de quitter le NPA abondaient d’ailleurs en ce sens : pour certain.es, les élections devaient jouer un rôle crucial dans une « révolution ». On sait aussi que les dirigeants de ce courant avaient joué un rôle clé dans l’élaboration de ce programme. Celui-ci permet donc aussi de garder les mains libres pour « gouverner » autrement, dans un cadre d’alliances… Les confusions et la volonté de ne pas se délimiter clairement d’une approche gradualiste et réformiste, de minimiser le fait qu’il faut au contraire préparer le choc avec la bourgeoisie sont palpables. Or ces ambigüités prennent tout leur sens dans l’explosion du NPA aujourd’hui. Soyons clair : le programme fondateur n’est pas révolutionnaire, c’est un programme centriste : il hésite et louvoie entre une logique de changement social graduel par des élections et par les institutions existantes, et un scénario insurrectionnel. Du coup, en permettant l’accès au parti de membres tournés vers la démarche électorale et institutionnelle, le programme n’est pas cohérent et permet des interprétations opposées. Sur sa base, les membres et courants opportunistes sont logiquement amenés à des négociations d’appareil avec des réformistes pur jus. Cela a été au cœur des scissions de 2009, 2010, 2012 et… 2022.

Quelques mots sur les statuts du NPA

Le NPA ne fonctionne pas selon le centralisme démocratique, tel que notamment défini par Lénine et Trotski : le débat démocratique dans le NPA ne débouche pas sur la mise en œuvre disciplinée des choix faits par le parti. Des expérimentations locales existent, et des positions contradictoires sont défendues publiquement. D’un côté, curieusement, les statuts justifient une centralisation[28], sans toutefois en préciser clairement l’ampleur et le contenu ; d’un autre côté, tout ce qui a existé dans le parti depuis ses débuts va en sens inverse du centralisme, à commencer par les choix électoraux diamétralement opposés réalisés selon les régions de France dès les élections européennes de 2009.

Pour nous concentrer sur la scission, les statuts disent que le congrès du NPA « élit à la parité un conseil politique national (CPN) » à la proportionnelle des résultats obtenus[29]. Il autorise le droit à l’existence des tendances et fractions[30]. Ces statuts n’empêchent en rien l’existence de courants oppositionnels organisés dans le parti, et ceci quelles qu’en soient les conséquences sur son fonctionnement. Or, l’existence puis la cristallisation de courants séparés dans le parti, en dehors même des périodes de congrès, est, dans un cadre politique relativement démocratique, une conséquence logique de l’hétérogénéité programmatique et stratégique et du flou entretenu par les textes fondateurs. Plus un parti est large politiquement, plus il tend à s’y former des courants différents, susceptibles de coaguler au lieu de se dissoudre après les congrès. Cela est générateur de sclérose, les divergences stratégiques majeures conduisant chaque courant à camper sur son quant-à-soi pour définir sa politique. C’est pour ainsi dire inscrit dans une logique programmatique et statutaire de parti large. C’est vers un tel parti que voudraient à nouveau se diriger maintenant les scissionnistes de la PfB[31]. C’est pourtant ce fractionnement, conséquence sournoise de la logique de parti large permise par projet initial de la LCR et le programme de fondation, qui vient d’être remis en question par le « canal historique ».

Un autre passage des statuts précise le caractère non seulement inclusif, mais proportionnel de la composition de l’exécutif du NPA[32]. Ce point doit être mis en lien avec les rapports de forces au sein du NPA ces dernières années. Au 4e Congrès, la PfU (nom de la plate-forme du « canal historique » en 2018) n’avait obtenu que 48,5% des voix. Cela lui a donné droit à 41 des 83 membres du CPN. Les courants de gauche du NPA, tous réunis, sont sortis majoritaires d’une voix au CPN (42 membres). Selon les statuts, le CE aurait dû être élu à la proportionnelle des tendances. Mais le premier CPN (mars 2018) après ce congrès a vu, d’une part, les « historiques » de la PfU s’indigner, sur un mode à la fois criard et théâtral, du fait que certain.es (surtout la TC) remettaient en cause leur droit « sacré » à diriger l’exécutif du parti (la PfU se sentait clairement « propriétaire du NPA »); d’autre part, la quasi-totalité des courants de « gauche » du NPA n’ont pas voulu s’allier contre la PfU et ont préféré être minoritaires dans l’exécutif que majoritaires ensemble, conformément aux statuts. Certes, il existait de fortes divergences entre ces courants oppositionnels, rendant difficile leur direction commune du NPA. Mais comment ne pas conclure que ces oppositions, face à l’opportunisme de la direction historique, relevaient plus, pour beaucoup, de la posture (voire du folklore) que d’une rigueur révolutionnaire conséquente ? En tout cas, c’est de cette situation interne incohérente (minorité au CPN jusqu’à 2021, mais majorité au CE) que la direction « historique » (PfB) a voulu sortir définitivement à ce nouveau congrès. Comme elle n’y est pas parvenue par un vote majoritaire, elle a rompu de façon boueuse, gardant ainsi la main sur un appareil qu’elle n’avait pas voulu lâcher en 2018, alors que les statuts auraient pu lui imposer de le faire… si ses oppositions l’avaient toutes voulu.

En guise de conclusion provisoire

Dans articles suivants, nous verrons que derrière la PfB qui vient de poignarder le NPA dans le dos, on trouve un courant international organisé, et qui a la fallacieuse prétention d’être LA 4e INTERNATIONALE. C’est le courant international du SU-CI (voir note 2).

Dans l’immédiat, il faut saisir toutes les dimensions de ce qui s’est produit avec le NPA et tirer toutes les leçons de son expérience, pour l’action révolutionnaire. Une forte divergence que nous avons avec la PfC, c’est que le NPA n’est pas, contrairement à ce qu’elle prétend, un parti révolutionnaire. « Continuer le NPA » n’a donc aucun sens progressiste selon nous. Il nous semble faux de vouloir faire revenir les scissionnistes au bercail, car leur projet été mauvais dès le départ et leur rupture est de même nature que celles qui s’étaient produites avec la GU en 2009, C&A en 2010 et la GA en 2012. Le NPA était, dès sa naissance, et est resté, un parti centriste, très vite en crise. Il vient de trépasser. Il faut acter ce décès, dû à une maladie gravissime, congénitale, et non s’acharner à faire des massages cardiaques à ce vilain macchabée ! Le NPA a échoué comme parti anticapitaliste, et il vient de mourir. Non pas parce que c’était un petit parti révolutionnaire (qui aurait pu, même petit, être dynamique). Non pas parce que c’était un gros parti « large » centriste (qui aurait pu être attractif par son nombre). Mais parce il est resté un petit parti centriste, ayant vite perdu toute attractivité. Face à un parti néoréformiste de masse comme LFI, le NPA tel qu’il était ne faisait pas le poids.

L’heure est donc à tirer les leçons politiques et à préparer un cadre viable pour parvenir enfin au parti révolutionnaire qui fait tant défaut. Nous espérons sincèrement que les courants issus de la PfC sauront tirer tous les enseignements suite à ce triste congrès. Pour celles et ceux qui veulent toujours faire la révolution, il faut chercher à reprendre des forces ailleurs que dans le cadre du défunt NPA. Il nous semble essentiel de le faire dans un cadre international. La révolution ne peut être que mondiale, et doit être préparée mondialement. La LIT-QI est prête à toutes les discussions sincères et bienveillantes en ce sens.


[1] Petit glossaire des courants et plateformes internes au NPA, de sa naissance à l’éclatement du 11 décembre dernier.

Courants, tendances et fractions du NPA mentionnés dans cet article ou celui qu’il suit.

GU : Gauche Unitaire, courant issu de la LCR, autour notamment de Christian Picquet, participant au NPA à sa fondation, mais trouvant le projet du parti trop étriqué (pas assez ouvert sur sa droite). A quitté le NPA dès les élections européennes de 2009 pour rejoindre le Front de Gauche.

C&A: Convergences et Alternative. Courant droitier, opportuniste du NPA, déjà présent dans la LCR. A quitté le NPA en 2010 pour rejoindre le Front de Gauche

GA: Gauche Anticapitaliste. Courant droitier représentant à peu près la moitié de la direction de la LCR lors de sa dissolution, et ayant joué un rôle dirigeant dans le NPA à ses débuts. A scissionné en 2012 du NPA pour rejoindre le Front de Gauche.

GR : Gauche Révolutionnaire. Petit courant lié au CIO/CWI (Comité pour une Internationale ouvrière – Committee for a Workers’ International). Un petit courant de gauche partie prenante du NPA à sa fondation, l’a quitté en 2012, et intervient aujourd’hui dans LFI.

A&R : Anticapitalisme et Révolution : un courant oppositionnel appartenant à la gauche du NPA, issu de la LCR.

« La Fraction » : il s’agit de la Fraction « L’Etincelle » du NPA, encore appelée FLO (Fraction de LO), surtout à ses débuts. Son origine réside dans l’exclusion de Lutte Ouvrière dont ce courant, qui dialoguait avec la gauche de la LCR auparavant (notamment avec le journal Convergences Révolutionnaires), a fait l’objet. Il a rejoint le  processus donnant naissance au NPA, dès avant la fondation en 2009.

DR : Démocratie Révolutionnaire. Courant de la gauche du NPA, à l’origine chassé de Lutte Ouvrière en 1999, qui a rejoint la LCR en 2000 et a participé au NPA à partir de 2009. Ce courant est surtout implanté dans la région bordelaise.

Socialisme ou Barbarie : petit groupe présent dans le NPA, membre du regroupement international du même nom.

TC ou Tendance Claire du NPA : tendance présente dans le NPA depuis ses débuts, puis dissoute dans l’ARC en 2019, et, après son exclusion de l’ARC, redevenue indépendante en 2021. Aujourd’hui, elle défend majoritairement la participation critique à l’Union Populaire, et la défense d’un programme communiste révolutionnaire en son sein.

ARC : Alternative Révolutionnaire Communiste : Tendance formée en 2019 après le 4e Congrès du NPA, regroupant la Tendance Claire, un petit groupe intitulé « Portion Congrue » présent dans la plateforme Y de ce congrès, et quelques membres du NPA de diverses origines. La TC était la composante la plus nombreuse à l’origine de l’ARC, mais la direction de la tendance lui a échappé, et après une crise prolongée, la direction de l’ARC a obtenu l’expulsion des membres les plus fidèles aux orientations de l’ex-TC. L’ARC était le cœur de la PfA du 5e Congrès.

CCR : Courant Communiste Révolutionnaire. Courant interne du NPA lié à la Fraction Trotskiste (FT-QI). Formé peu après la naissance du NPA, il a été poussé vers sa sortie en juin 2021. Courant surtout connu par le nom de son site Internet : Révolution Permanente, ou RP. RP est devenu aussi le nom de l’organisation fondée par ce courant le 18 décembre 2021.

Plateformes du 5e congrès : cf. https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/contributions-des-plateformes-pour-le-5e-congres-du-npa

PfA, plateforme appelée par la majorité de la tendance ARC et dont la contribution initiale est intitulée « Ni marasme, ni scission, un congrès pour la refondation ». 6,2% des votes au 5e Congrès.

PfB, plateforme du « canal historique » du NPA, qui a quitté le congrès, et dont la contribution initiale était pour un NPA « unitaire et révolutionnaire (…) utile face aux ravages du capitalisme »[1]. 48,5% des votes au 5e Congrès.

PfC, plateforme regroupant deux fractions de gauche du NPA (Fraction et A&R) et soutenue par  deux autres (DR et « Socialisme ou Barbarie »), et dont la contribution initiale était intitulée : « refuser l’éclatement du NPA » et mettre au cœur de celui-ci l’« actualité et l’urgence de la révolution »[1]. 45,3% des votes au 5e Congrès.

[2] Le Secrétariat Unifié de la 4e Internationale (SU ou SUQI, courant historique incarné par Ernest Mandel puis Daniel Bensaïd), a pris plus récemment le nom de Comité International (CI). Ce courant parle de lui comme étant LA 4e Internationale, ce qui est bien sûr contesté par les autres courants internationaux se réclamant du trotskisme. Cette prétention du SU-CI est d’autant plus frauduleuse que ce sont des pans entiers du trotskisme qui ont été jetés par-dessus bord, depuis fort longtemps dans la pratique, mais tout particulièrement après 1995 dans la théorie. Avec les conséquences des choix de construction faits en faveur des partis larges, ou fronts politiques, des révolutionnaires, réel.les ou prétendu.es, et des réformistes assumé.es. Une lourde erreur qui a montré à quelles débâcles elle conduisait. En ne prenant que des exemples assez récents, on pense ici, en particulier, à la débâcle de Rifondazione en Italie, au naufrage de Syriza en Grèce en 2015 (dont nous disons plus bas quelques mots), à la « normalisation » de Podemos en Espagne, et à l’intégration du Bloco de Esquerda dans les institutions bourgeoises au Portugal.

[3] GU : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[4] Après sa rupture avec le PS, Mélenchon et le groupe militant autour de lui a fondé le Parti de Gauche (PG) en 2008, et celui-ci a vite conclu un accord avec le PCF pour créer le Front de Gauche (FdG) dans lequel allaient s’agréger d’autres groupes, notamment issus du NPA.

[5] C&A : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[6] CCR : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[7] TC: voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[8] ARC: voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[9] PfC: voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[10] A&R, Fraction, DR: voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[11] PfB: voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[12] https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/en-images-voitures-brulees-arc-de-triomphe-tague-la-manifestation-des-gilets-jaunes-tourne-a-la-violence-pres-des-champs-elysees_3080455.html

[13] PCI : Parti communiste internationaliste. Ancient nom du courant lambertiste en France – du nom de Pierre Lambert, dirigeant trotskiste français qui s’était opposé à l’orientation notamment défendue par Ernest Mandel –, parti qui s’est dissout dans un MPPT (Mouvement pour un parti des travailleurs), devenu PT (Parti des travailleurs). Plus récemment ce courant est devenu le POI (Parti ouvrier indépendant) qui a scissionné il y a quelques années, donnant naissance au POID (Parti ouvrier indépendant démocratique).

[14] https://www.lejdd.fr/Politique/Besancenot-et-Melenchon-leaders-preferes-des-sympathisants-de-gauche-selon-un-sondage-726054

[15] LFI : La France Insoumise. Formation politique néoréformiste fondée autour de Jean-Luc Mélenchon.

[16] PfC : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[17] PfB : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[18] https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/le-npa-accuse-melenchon-de-reprendre-la-rhetorique-de-l-extreme-droite_81299.html

[19] https://nouveaupartianticapitaliste.org/principes-fondateurs  

[20] Idem. On lit : « La logique du système contribue par là même à créer les conditions de son renversement, d’une transformation révolutionnaire de la société, en démontrant quotidiennement à quel point il est vrai que le bien-être, la démocratie, la paix sont incompatibles avec la propriété privée des grands moyens de production ». Le programme dit aussi : « En finir avec les crises implique d’en finir avec l’exploitation, donc avec la propriété privée des principaux moyens de production, d’échange et de communication, qui en constitue la base. Le système financier, les services essentiels à la vie, les grandes entreprises devront passer sous le contrôle des salariés et de la population, qui en assumeront la propriété et en assureront la gestion dans le cadre d’une planification démocratique ». On note aussi ce passage : « Le socialisme, l’écosocialisme, c’est le pouvoir des travailleurs et travailleuses dans tous les domaines et à tous les échelons de la vie politique, économique et sociale. C’est la démocratie des producteurs/trices associé-e-s décidant librement et souverainement quoi produire, comment et à quelles fins ».

[21] Idem : « Ce n’est pas un programme minimum au rabais, mais une série d’objectifs de mobilisation, des mesures qui remettent en cause le système et préparent le socialisme que nous voulons. Nous défendons un programme d’urgence qui, pour répondre aux besoins immédiats, met en question la propriété capitaliste des moyens de production, attaque le capital et ses profits pour augmenter les salaires, les pensions de retraite, les minima sociaux et pour satisfaire les besoins de la population ».

[22] Idem.

[23] Idem : « Notre programme comporte aussi des exigences démocratiques radicales pour s’opposer aux excès et dérives des institutions répressives (police, justice, prisons, armée…) ».

[24] Idem.

[25] Idem.

[26] Idem.

[27] Idem. On lit aussi que le programme défendu par le NPA « impliquerait la confrontation avec les classes dominantes, et exigerait une formidable mobilisation populaire, susceptible de faire émerger de nouvelles formes de pouvoir qui donneraient à un gouvernement anticapitaliste les moyens de sa politique ».

[28] https://nouveaupartianticapitaliste.org/node/38456 : Ainsi « Ce qui rend nécessaire une centralisation des activités du parti, c’est que le capitalisme dispose d’un cadre centralisé d’où s’organise sa domination : l’État, les puissances économiques et financières ».

[29] Idem. Plus précisément, le congrès « élit à la parité un conseil politique national (CPN) représentatif du parti, de sa réalité géographique comme de ses commissions nationales, et de ses sensibilités politiques. S’il existe des orientations politiques contradictoires soumises au vote du congrès, le CPN est élu à la proportionnelle ».

[30] Idem. Il est dit exactement : « Les tendances se constituent lors de la préparation des congrès ou des Conférences Nationales. A priori elles se dissolvent à leur issue. Elles peuvent se maintenir pour défendre leur orientation entre ces échéances à condition d’expliciter sa démarche par un texte. Toute fraction politique doit se déclarer sur la base d’un texte qui définit les raisons de leur mise en fraction. Un courant de l’organisation ne peut s’exprimer publiquement sans une telle déclaration préalable. Le maintien d’une fraction à l’issu d’un congrès doit faire l’objet d’un nouveau texte à l’issu de ce congrès ».

[31] Citons encore Ph. Poutou dans la conférence de presse du 11 décembre : il s’agit « de remettre au centre des discussions la question d’un parti large, unitaire et radical en même temps ». https://www.youtube.com/watch?v=kkXmX0IDc_s

[32] Les statuts précisent exactement : « Le comité exécutif est responsable de l’activité nationale : représentation du NPA, animation nationale des campagnes, réaction à l’actualité politique et sociale française et internationale, collectif de porte-paroleLe CE doit être élu à la proportionnelle des tendances ». https://nouveaupartianticapitaliste.org/node/38456

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