mer Fév 05, 2025
mercredi, février 5, 2025

Le NPA, le Secrétariat Unifié et les partis larges 1/5: La dernière période du NPA et la scission du 5e Congrès

Le week-end des 9 au 11 décembre 2022 a été marqué en France par la scission médiatisée du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Nouveau ? Pas tout à fait : ce parti était né il y a près de 14 ans[i], mais portait toujours un nom voué à disparaitre… En 1995, le Secrétariat Unifié de la 4e Internationale[ii], après la restauration du capitalisme en URSS et en Europe de l’Est, faisait un virage stratégique et décidait de construire des partis anticapitalistes larges. Plusieurs expériences avaient commencé. Sa section française, la LCR, se dissolvait en 2009 dans le NPA, qui se voulait large. Il vaut la peine de revenir sur les derniers évènements (à partir du printemps 2021) et sur le logiciel politique de cette organisation, laquelle a suscité internationalement beaucoup d’intérêt voire d’admiration lors de son émergence. Ce premier article présente les derniers évènements.

Par Michael Lenoir

La crise du NPA et le 5e Congrès

Le premier quinquennat de Macron a fait beaucoup de mal, y compris au NPA ! Le contexte général s’y est ajouté pour amplifier les difficultés du parti. Après des mouvements sociaux majeurs – finalement vaincus – en début de quinquennat (Gilets jaunes, grèves pour les retraites), la crise du Covid-19 avec ses mesures sanitaires, le recul des luttes et les difficultés de fonctionnement qu’elle induisait, poussaient un NPA très divisé à ajourner plusieurs fois son 5e congrès. Le 4e s’était tenu en février 2018, alors que statutairement, il ne doit pas y avoir plus de deux ans entre deux congrès. A un an de la présidentielle 2022, le NPA ne savait toujours pas quoi décider pour cette élection ; beaucoup dans le parti pensaient d’ailleurs qu’il était mieux ne pas y participer.

Le NPA face à la séquence électorale de 2022

C’est dans ce contexte qu’en avril 2021, le CCR[iii] décide de présenter la « pré-candidature » d’Anasse Kazib pour le NPA, un choix rendu public auprès de la frange sympathisante du CCR, mais refusé par la majorité de la direction du parti. Les tensions s’avivent entre CCR et direction du NPA. En juin 2021, celle-ci pousse le CCR vers la porte, lui empêchant l’accès à certaines conférences électives du NPA pour la présidentielle d’avril 2022. Munie d’une base souvent très jeune et assez peu intéressée à débattre avec la direction d’un parti qui n’en veut pas, le CCR choisit de ne pas aller à l’affrontement (potentiellement violent), d’éviter ainsi une exclusion formelle, et quitte le NPA, l’amputant de quelque 300 militant.es, d’ailleurs très peu soutenu.es par les divers autres courants de la gauche du parti. Cette rupture restitue mécaniquement la majorité à une direction historique du NPA qui était jusqu’alors minoritaire à la base et au CPN (le « parlement » du parti). Le CCR (« Révolution Permanente ») se lance seul dans l’aventure de la présidentielle, mais Anasse Kazib ne parvient pas à obtenir les 500 signatures d’élu.es[iv]. Le CCR se dirige alors vers la création d’un parti révolutionnaire des travailleurs. Celui-ci a vu le jour tout récemment, des 16 au 18 décembre derniers.

Une fois le CCR mis dehors, il restait à définir quelle politique le NPA allait mener pour la présidentielle de 2022. Finalement, une majorité se constituait autour d’une nouvelle campagne Poutou, en dépit d’un manque d’entrain assez palpable au sein du parti, et malgré la tiédeur du candidat lui-même à la perspective de rempiler pour la troisième fois. L’argument était que Poutou était déjà médiatisé et qu’une candidature inconnue du grand public pourrait compliquer encore les choses pour le NPA, notamment pour recueillir les fameuses 500 signatures. Sur ce point, alors que les choses paraissaient mal engagées pour le NPA, les signatures nécessaires arrivaient en nombre suffisant, au tout dernier moment. Pour certain.es, la candidature Poutou sur des thèmes classiques du NPA (soutien aux luttes, nécessité pour les travailleurs/ses et les citoyen.nes de prendre en main celles-ci directement, « tous ensemble », dénonciation des violences policières etc.) devait permettre de recentrer le parti autour de son identité propre, sur une base « anticapitaliste et révolutionnaire », à la gauche de Mélenchon. La candidature Poutou avait déjà assez mal fonctionné en 2012 et 2017, et ne donnait pas de meilleurs résultats électoraux en 2022. Face à Macron et Le Pen, c’est Mélenchon qui incarnait le « vote utile » de gauche, et il passait très près de la qualification pour le second tour. Poutou, malgré la sympathie accrue que recueillait sa candidature, et en dépit d’une assistance en hausse dans les meetings de campagne (et le recrutement consécutif de quelques centaines de militant.es, surtout jeunes, au NPA), en faisait les frais et n’obtenait que moins de 270 000 voix, 0,77% des suffrages[v].

Plus que ce piètre résultat, c’est surtout le choix fait pour les législatives des 12 et 19 juin qui a relancé la crise interne du NPA. Son courant dominant a compris après la présidentielle que LFI[vi] constituait la représentation électorale d’une gauche en reconstitution, sur une base anti-libérale. La majorité de la direction exécutive du NPA a donc vite répondu « présente » aux appels de l’Union populaire (UP)[vii] pour constituer une alliance pour les législatives. Les discussions avec l’UP et la naissance de la NUPES[viii], n’incluant finalement pas le NPA[ix] ; mais l’appel de celui-ci à voter pour les candidatures NUPES et à ne pas présenter de candidat.es propres, au moins là où la NUPES n’était pas incarnée par des « socialo »-macron-compatibles ; tout cela a renforcé la division des rangs du NPA entre des choix divergents. Si la direction du NPA décidait finalement de rester en dehors de la NUPES (surtout pour l’insuffisant motif de l’inclusion du PS dans l’alliance), le soutien à des réformistes, et le principe du « programme partagé » de l’alliance faisait l’objet d’un désaccord majeur avec la gauche du parti. Dans son « bastion » des Hauts-de-Seine (à l’ouest de Paris), A&R[x], en particulier, présentait ses propres candidatures NPA dissidentes, contre des candidatures NUPES soutenues par la direction du parti.

Pendant et depuis cette séquence électorale, ce que nous appellerons le « canal historique » du NPA (ou plutôt ce qui en restait après les scissions et départs antérieurs) a poursuivi dans le rapprochement avec la NUPES, et tout particulièrement avec son aile LFI.

La « gauche de combat » et l’approche du 5e Congrès

La direction « historique » du NPA veut bâtir une « gauche de combat » avec LFI pour faire face aux échéances de la période : attaques de Macron sur l’indemnisation du chômage et les retraites, défense du pouvoir d’achat des salarié.es, crise écologique, nouvelle poussée de l’extrême droite etc. etc. Comment cette construction est-elle envisagée ? Quelle part d’indépendance ou d’autonomie le petit appareil du NPA devrait y conserver, ou à l’inverse, jusqu’à quel point celui-ci devrait s’y dissoudre ? Ce n’est pas encore clair (y compris pour ses promoteurs/trices).

Mais deux choses sont certaines. En premier lieu la notion de « gauche de combat » (tout comme celle de « gauche radicale ») est parfaitement floue – quel(s) combat(s) ; mené(s) comment ; jusqu’à quel point ? – et donc contribue à obscurcir encore un peu plus non seulement les enjeux programmatiques et stratégiques, mais même les données politiques de la période. En second lieu, c’est autour d’une majorité d’éléments réformistes, opportunément et généreusement baptisés « radicaux », que cette nouvelle structuration pourrait voir le jour. Les militant.es les plus en vue de LFI auxquel.les s’adresse le NPA obéissent à une logique institutionnelle et réformiste : pas question, même en pensée, d’insurrection, de choc brutal avec la bourgeoisie, ni même en général d’expropriation de cette classe nuisible ; ces questions sont ignorées. Comme la direction du NPA n’a jamais trop aimé en parler, ce silence entretenu sur des questions décisives peut permettre de faire croire à un « programme partagé »… sauf que ce programme, dès lors, ne peut être révolutionnaire. En fait, une fois de plus, le courant dominant du NPA se mue en une sorte de « poil à gratter » bienveillant, ou un conseiller politique courtois à la gauche de cette mouvance néoréformiste. Avec ce nouvel œcuménisme « radical », et sous prétexte de « front unique » – concept historico-politique joyeusement galvaudé par la direction du NPA – cette dernière veut nous amener à avaler elle une vilaine bouillie politique déjà goûtée ailleurs, sur la base d’une confusion accrue, idéologique, stratégique et programmatique.

Ces derniers mois ont vu la multiplication des tensions internes et même des prises de parole de cadres ou de dirigeants du NPA en faveur d’une séparation – « à l’amiable » précisait-on souvent – entre le NPA « canal historique » et les fractions de gauche du parti. D’autres élaboraient une discussion pour forcer les trublions d’A&R, de DR[xi], de la Fraction[xii], à agir avant tout comme membres disciplinés du parti, et à en finir avec une « double appartenance » qui se traduisait par une expression publique indépendante, des finances séparées, des recrutements spécifiques, etc. L’idée avancée était que le NPA devait avoir une politique cohérente et que ce fonctionnement en juxtaposition de petits partis était inefficace, et conduisait même à la paralysie.

Les plateformes en présence

C’est dans ce contexte qu’a été décidée la convocation du 5e Congrès du NPA. Trois plateformes se sont annoncées. A l’initiative de la direction de la tendance ARC[xiii], la plateforme A (PfA) se mettait en place, avec une contribution initiale intitulée « Ni marasme, ni scission, un congrès pour la refondation »[xiv]. La direction « historique » du NPA, essentiellement issue de la LCR, s’incarnait dans la PfB, qui voulait un NPA « unitaire et révolutionnaire (…) utile face aux ravages du capitalisme »[xv]. Pour la PfC, lancée à l’initiative des deux plus gros courants de la gauche du NPA depuis le départ du CCR (la Fraction et A&R), il fallait « refuser l’éclatement du NPA » et mettre au cœur de celui-ci l’« actualité et l’urgence de la révolution »[xvi]. La PfC allait aussi être soutenue par DR et « Socialisme ou Barbarie »[xvii]. La Tendance Claire[xviii] défendait majoritairement une tout autre option : rejoindre l’UP et y défendre ouvertement une politique communiste révolutionnaire d’opposition ; dans ce contexte, au-delà de contributions où elle exposait ses désaccords avec l’ensemble des plateformes du NPA, la TC décidait de ne pas s’investir dans ce 5e Congrès du NPA, parti dont elle était encore – formellement – membre. Précisons encore qu’une minorité de l’ARC s’alliait avec une minorité de la TC pour s’opposer aux orientations de leurs directions respectives, et ce petit groupe (dénommé Regroupement pour la refondation révolutionnaire du NPA) appelait à un soutien critique à la PfC.

  • La PfA : arbitre neutre et bienveillant ?

Ce congrès a soulevé la question de « refonder le NPA », souvent complétée par la formule « sur une base révolutionnaire ». La « refondation révolutionnaire du NPA », cheval de bataille de la TC pendant des années, a donc été laissée de côté cette fois par la majorité de cette tendance, mais elle a été mise en avant par l’ARC et en particulier par sa majorité, via la PfA. Comment ? D’abord en affirmant de fausses évidences, à moins qu’il s’agisse de vastes ambiguïtés, comme celle-ci : « il faut d’abord acter que le NPA n’est plus un parti large, occupant l’espace à gauche du social-libéralisme, mais un parti révolutionnaire »[xix]. Qu’il faille un parti révolutionnaire, c’est une évidence pour nous. Mais cette formulation de la PfA est très ambiguë, du fait de l’utilisation – dont nous avons du mal à croire qu’elle n’est due qu’à un hasard malencontreux – du verbe « acter ». Deux interprétations sont ici possibles : soit le NPA est déjà un parti révolutionnaire, et il faut l’« acter », au sens d’en tirer toutes les conséquences ; soit il manque au NPA un certain nombre de caractéristiques – sans doute assez peu pour les rédacteurs/trices de la PfA – pour le devenir, et alors le NPA doit changer pour acquérir les caractéristiques manquantes. Dans le premier cas, la PfA se garde bien de démontrer que le NPA est un parti révolutionnaire, ce sur quoi nous reviendrons dans notre article suivant ; surtout, comment ne pas se dire que cette logique est parfaitement loufoque : il faudrait refonder (sur une base révolutionnaire) un parti… déjà révolutionnaire ! Dans le second cas, il faudrait que le NPA puisse devenir ce parti révolutionnaire. Est-ce possible ? C’est une question cruciale, mais force est de constater que dans toute sa trajectoire, faite d’oscillations, un tel pas – de géant, selon nous – n’a jamais été sérieusement à l’ordre du jour. Surtout, aujourd’hui, sa direction « historique » tourne le dos à une telle démarche.

La PfA ne veut plus seulement un programme d’urgence pour le NPA, mais un « programme de transition communiste »[xx]. Qu’il faille bien plus qu’un programme d’urgence pour faire la différence dans la lutte des classes, c’est une évidence pour des marxistes-révolutionnaires. Que la démarche transitoire soit la bonne, c’est un point fondamental pour des trotskistes. Et la propagande sur une société communiste désirable nous semble, comme à la PfA, nécessaire, même si cela ne fait pas partie d’une démarche transitoire. C’est d’autant plus vrai à un moment où l’horreur capitaliste devient de plus en plus évidente, mais où l’image d’une société alternative peine à sortir de quelques cerveaux politisés. Là où le bât blesse, c’est quand la PfA croit ou fait semblant de croire qu’il pourrait y avoir un consensus au sein du NPA autour de cette démarche… alors que, précisément, le « canal historique » a choisi dès le début d’enterrer cette approche, perçue comme « sectaire », « identitaire » ou autres noms d’oiseaux. Cette contribution de la PfA est écrite alors même qu’il est d’une clarté aveuglante que ce « canal historique » veut avoir les mains libres pour se rapprocher du réformisme de LFI, à l’opposé d’une refondation programmatique révolutionnaire. Précisons-le aussi : les courants de la gauche du NPA comme A&R, DR, la Fraction, n’ont jamais pris au sérieux (jusqu’ici ?) l’élaboration stratégique et programmatique, souvent vue comme un gadget d’intellectuel.les bien loin des travailleurs/ses, voire comme des chiffons de papier. Les congrès précédents avaient mis en lumière qu’une démarche de refondation programmatique s’opposait non seulement aux « historiques », qui prétendaient que le programme du NPA était clair, mais à des courants de gauche qui haussaient les épaules en entendant évoquer cette question ; et la TC a d’ailleurs fait chou blanc dans ce combat.

De plus, la PfA, unitaire pour trois, semble vouloir échanger cette refondation contre une « mise au pas » minimale des courants de gauche, en incitant ceux-ci à s’intégrer plus à la vie du NPA[xxi]. La PfA,  visiblement très soucieuse d’entretenir de bons rapports avec l’appareil du parti, a voulu jouer un rôle d’arbitre entre PfB et PfC. A la première, elle demandait rien de moins que la refondation révolutionnaire du NPA (son programme, ses statuts), ne pouvant ignorer que c’était inenvisageable ; aux courants composant la seconde, de mettre un peu d’eau dans leur vin, d’être moins autonomes et de jouer plus collectif au sein du parti. Restreindre les droits des courants oppositionnels dans un contexte où il existe des divergences stratégiques majeures en son sein, c’est jouer hypocritement l’alliance avec la PfB. Celle-ci ayant un intérêt politique opposé à une refondation révolutionnaire du parti, la PfA pouvait séduire des militant.es du NPA sincèrement désireux/ses d’empêcher l’éclatement de leur parti, mais sa démarche se limitait forcément, au mieux à témoigner devant l’histoire en faisant un vœu pieux ; au pire à un unitarisme benêt refusant de comprendre qui veut quoi, de tirer les leçons de l’histoire du parti et de mettre les divers courants du NPA face à leur réalité et à leurs responsabilités dans la situation explosive à laquelle le parti en était arrivé. On se demande quels choix ce prétendu arbitre va opérer à présent, vers quelle équipe il va se tourner prioritairement, pour jouer quel match…

  • La PfB, ses manœuvres et ses intentions

A la lecture de la communication publique de la PfB pour ce congrès, on voit qu’elle ruse et prend des précautions pour se couvrir sur sa gauche. Pour remporter le congrès et garder sa légitimité, le « canal historique » devait éviter ou gagner son procès pour allégeance au réformisme. D’où cette insistance répétée sur la « révolution », largement présente, non seulement dans la PfC et la PfA, mais aussi dans la PfB. Pour commencer, le NPA de la PfB se veut « unitaire et révolutionnaire »[xxii]. Les éléments de langage sont là pour faire croire à une approche réellement marxiste-révolutionnaire : mobilisation et  lutte unitaire du prolétariat ; « démarche transitoire » ; et même le « renversement du capitalisme »[xxiii]. Quiconque ne connaitrait pas le courant à la tête de la PfB, ou n’aurait pas observé sa pratique, et/ou ne chercherait pas à saisir les contradictions entre ses propos de congrès et son objectif politique actuel, pourrait, à cette lecture, croire que les critiques venant de sa gauche ne sont que des procès d’intention sectaires. En fait, toute cette prose d’apparence trotskiste orthodoxe est un exercice imposé visant à faire avaler une couleuvre politique qui, objectivement et subjectivement, rampe, visqueuse, vers le réformisme, et donc va dans la direction opposée aux principes et aux références mis en avant. Nous avons affaire à des faussaires, quelque peu honteux toutefois. C’est un trotskisme kitsch, un simili-marxisme révolutionnaire, que l’histoire du NPA démonte largement, et que le projet actuel de la PfB désamorce totalement… Nous y reviendrons.

Mais restons encore un tantinet avec la contribution de la PfB. Pour elle, « la révolution est nécessaire, mais pas de raccourci »[xxiv]. Comment cela, « pas de raccourci » ? On ne trouve pas de réponse dans le texte, mais on lit plus bas des considérations assez justes sur l’état des classes travailleuses, l’offensive de la bourgeoisie etc.[xxv]. Face à cela, quel « raccourci » faut-il donc éviter ? Le texte en vient alors à la bataille pour l’unité… tout en prétendant maintenir une démarche transitoire[xxvi]. Ici encore, les précautions de langage sont de rigueur, mais si l’on connait l’engeance PfB, on sait qu’il faut s’attendre à des ingrédients plutôt frelatés dans la suite du texte, et surtout dans la mise en œuvre de cette politique. Bataille pour l’unité, pour des fronts unis… Lorsque l’on sait comment la notion de « front uni(que) » a été historiquement foulée aux pieds par le courant dominant de la LCR puis du NPA, l’inquiétude monte. Au lieu de batailles pour mener des campagnes autour de revendications permettant d’associer l’ensemble des organisations de travailleurs/ses, pour mobiliser la classe et la faire gagner, tout en gardant un cadre d’indépendance organisationnelle totale, englobant notamment l’interpellation et la critique des partenaires – car le front unique incorpore des traitres.ses patenté.es – le NPA « canal historique » se contente systématiquement d’appels à une « unité » imprécise, mais qui n’a pas peur d’être aussi stratégique et programmatique, cosignant fréquemment des textes trompeurs parce que parfaitement réformistes ; il s’abstient de mettre en cause les bureaucraties syndicales, de leur poser des exigences, ou d’aider à la mise en place de solutions opposées à leur politique calamiteuse, notamment des cadres d’auto-organisation. « Pas de raccourci » signifie donc qu’il faut, selon la PfB, passer par une phase de regroupement politique avec des réformistes avant que la révolution ne soit possible. Pour quels résultats prévisibles ? Nous allons y revenir.

Il y a encore tromperie sur la marchandise dans le paragraphe intitulé : « la plateforme B dans le prolongement de la campagne Poutou », dont la tonalité est présentée de façon mystificatrice[xxvii]. Certes cette campagne a insisté sur la nécessité d’organiser la classe, avec ses propres outils, pour rompre avec le capitalisme. Mais ce  n’est pas ce qui est en jeu à présent. Cette campagne était celle d’un NPA extérieur à la gauche institutionnelle ; le candidat s’est exprimé dans son style habituel, « radical » par rapport à Mélenchon, mais sans jamais toutefois s’inscrire dans une démarche transitoire ni préciser de façon systématique à quoi pourraient ressembler la révolution mondiale et un communisme désirable. Surtout, cette identité radicale du NPA ne peut que régresser beaucoup dans un cadre d’une alliance stratégique et programmatique avec des réformistes, depuis la préparation des législatives. Il y a bel et bien eu un tournant du NPA entre la présidentielle et les législatives, ce que veut masquer la PfB. Mais ce tournant ne vient pas de nulle part…

A mots couverts, la PfB veut embarquer le NPA, au mieux, dans un flirt poussé avec la gauche institutionnelle ; au pire à une recomposition organique entre le NPA et les réformistes jugé.es les plus « radicaux/les » de la NUPES, sous prétexte d’« intervenir sur le champ politique »[xxviii]. Ici encore, on se pince le nez face aux relents d’une marchandise avariée : qu’est-ce qu’intervenir sur le champ politique ? Le NPA n’est-il donc pas intervenu dans le champ politique depuis sa naissance ? N’est-ce pas une formule ronflante pour camoufler un tournant vers les institutions de l’Etat  bourgeois, dans une alliance ou un front avec Mélenchon ou ses semblables ? Tel est l’enjeu, mais peut-on croire un seul instant que ces dernier.es veulent vraiment « rompre avec le capitalisme » ou sont prêt.es à la « transformation révolutionnaire de la société » ? Mais pour aller vers ce but, la PfB doit pouvoir compter sur « un parti, pas un front de fractions »[xxix]. Elle accuse les oppositionnel.les d’empêcher le NPA de mener sa propre politique de parti[xxx]. La contribution se termine ainsi, plaidant pour « un NPA indépendant, révolutionnaire et ouvert »[xxxi]. Dissimulant donc ici l’arrière-plan de sa politique de rapprochement avec des réformistes, la PfB conclut en faisant porter la faute de la paralysie du parti sur les « fractions », au nom d’un NPA « indépendant » producteur d’une politique « révolutionnaire ouverte ». Cela donne un texte qui, tout entier, suinte l’hypocrisie et l’embrouille.

  • La PfC, la révolution et l’unité du NPA

La PfC défend certaines positions avec lesquelles nous ne pouvons qu’être d’accord. C’est vrai du principe qui apparait comme central dans sa contribution, qui l’oppose frontalement à la PfB, et qui est énoncé comme suit : « Les révolutionnaires doivent (…) garder toute leur indépendance politique vis-à-vis de la gauche »[xxxii]. La PfC critique l’appel au vote NUPES dès le premier tour des législatives de juin, et la confusion liée à l’agitation autour d’une « gauche de combat »[xxxiii]. Vouloir regrouper dans un parti large, ou un front politique, des révolutionnaires, réel.les ou prétendu.es, et des réformistes assumé.es est une lourde erreur qui a montré à quelles débâcles elle conduisait[xxxiv]. Nous exprimons aussi notre accord avec d’autres éléments du texte de la PfC, à propos de l’extrême droite[xxxv], ainsi qu’avec le passage sur les dernières vagues de luttes à l’échelle internationale[xxxvi].

Mais la suite immédiate du texte surprend quelque peu, quand on connait les rapports des un.es et des autres à l’internationalisme dans le NPA : « Il serait vital que les groupes révolutionnaires qui ont un minimum d’implantation puissent se saisir des opportunités offertes par les situations d’embrasement social et travaillent à l’émergence d’un pôle des révolutionnaires en renforçant leurs liens à l’échelle internationale »[xxxvii]. Avec qui former ce pôle, avec quels courants organisés ? Pour créer un courant international de plus ? Sur quelle base politique et avec quel fonctionnement ? Surtout, qu’ont fait pendant des années les principaux courants politiques de la PfC pour favoriser l’émergence d’une internationale révolutionnaire ? La réponse diverge selon ces fractions, mais l’ensemble n’est pas brillant : A&R, scotchée dans le SU-CI, veut y incarner une petite aile gauche, tout en n’hésitant pas à accompagner certains coups bureaucratiques de la majorité de la direction, alors que celle-ci est en état de putréfaction réformiste avancé[xxxviii]. La Fraction « L’Etincelle » semble avoir gardé pour l’essentiel les habitudes national-trotskistes de la maison-mère, LO, qui maintient cette conception erronée : on construit d’abord dans son pays, avant de rechercher des contacts internationaux. Si la Fraction remet cela en cause aujourd’hui, c’est une très bonne nouvelle, et il faut chercher à en savoir plus. Pour DR, l’intégration dans le CI s’est faite sur une base plus droitière que pour A&R, avec davantage de recherche de compromis vers le centre de l’internationale. Mais posons une grave question : ces courants pensent-ils sérieusement à reconstruire une 4e internationale dont les principes et le programme ont été piétinés par des courants internationaux prétendus trotskistes, et surtout le SU-CI ? Nous avons peine à y croire, mais nous sommes prêts à être agréablement surpris.

Les participant.es au congrès après la rupture de la PfB. Crédit photo : Libération

La PfC propose, à l’opposé de la PfB, de « renforcer le camp des révolutionnaires »[xxxix]. Mais la conclusion qu’en tire la PfC, s’élevant contre les menaces de dissolution des tendances et fractions proférées par la PfB, est qu’il faut « d’abord préserver le NPA, un acquis pour notre camp »[xl]. C’est là la position de congrès de tous les courants à la gauche de la PfB (donc la PfA et la PfC). Mais est-il si évident qu’il faille continuer à militer dans le même parti qu’un « canal historique » surtout marqué par sa tendance « historique » à brouiller les pistes avec le réformisme ? Le NPA est-il vraiment un « acquis pour notre camp » ? Si oui, à quels moments clés de la lutte des classes cela s’est-il vu ? Le NPA s’est-il construit lors de grands mouvements sociaux ?  A-t-il réellement su « rassembler des révolutionnaires de traditions différentes », alors que ces traditions différentes se sont cristallisées dans des luttes de fractions à couteaux tirés depuis des années ? N’est-il pas excessif de parler du recrutement par le NPA d’une nouvelle génération militante ? Et quid de tou.tes ces militant.es qui ont quitté le NPA depuis le début, sur ruptures politiques, par découragement ou lassitude ? Toutes ces questions mériteraient considération, mais venons-en à présent au déroulement et aux résultats du 5e Congrès.

Le 5e Congrès et la scission du NPA

Pour 2000 militant.es revendiqué.es, ce sont moins de 1 500 qui ont participé aux votes du congrès. Leurs résultats et l’élection des délégué.es au congrès ont tenu un rôle déterminant dans son issue. En fait, le courant « historique » (PfB), redevenu mécaniquement majoritaire dans le parti et à sa direction nationale après le départ du CCR, n’a obtenu que le même score (48,50%) qu’au congrès de 2018. Son influence dans le NPA a donc reculé depuis juin 2021. La PfB avait transformé le congrès en un procès des courants oppositionnels, mais n’a pas eu pas les moyens statutaires lui permettant de suspendre ou d’interdire les fractions. La PfA recueillait 6,21% des votes militants et la PfC 45,29%. Le « canal historique » est redevenu, de peu, minoritaire à ce congrès, tant sur les votes de plateformes que le nombre des délégué.es. Les deux principales plateformes (PfB et PfC) obtenaient des résultats très proches (47 voix d’écart sur l’ensemble du parti). Sur les 210 délégué.es, la PfB en avait moins de la moitié, 102 exactement, dont 100 qui allaient choisir la scission, les deux autres s’abstenant. 

Beaucoup de militant.es du NPA redoutaient une scission à ce congrès. Cette perception et la volonté d’éviter cette rupture étaient sans doute plus unanimes du côté des plateformes A et C qu’au sein de la PfB, mais beaucoup de militant.es de celle-ci, surtout à la base, voulaient maintenir l’unité du NPA. Au vu des votes de plateformes et des débats de congrès, la rupture ne recueille l’assentiment que d’une minorité du parti. Dans une vaste majorité des AG électives (38 sur 43), une motion intitulée « continuer le NPA », favorable au maintien de l’unité du parti, a obtenu (sur 80% des militant.es ainsi consulté.es) 58,4% des votes, seulement 22,4% lui étant opposé.es. Même parmi les partisan.es de la PfB, la scission ne peut donc pas être justifiée par un vote majoritaire. C’est une scission sans mandat.

Au sein de la PfB, jusqu’à récemment, le débat n’était pas tranché entre deux options. La première visait à maintenir un NPA unique en modifiant son fonctionnement. Pour cette partie de la PfB, il fallait en finir avec la logique fractionnelle des courants de gauche regroupés dans la PfC, en les privant d’au moins certains des éléments suivants : leur site internet et autres organes d’expression propre ; leurs finances séparées ; leur recrutement propre sans que l’intégration des nouvelles recrues au sein du NPA ne soit toujours effective, ou du moins simultanée. Il s’agissait aussi de forcer les fractions en question à s’investir plus à l’intérieur du parti, notamment dans certaines commissions désertées par ces fractions (ou censées l’être). La seconde option était défendue notamment par deux des porte-paroles du NPA, Christine Poupin et Philippe Poutou. Celui-ci disait haut et fort en 2021 qu’il fallait se séparer du CCR ; il déplorait l’impossibilité de fonctionner dans le même parti que le courant DR, implanté dans la région bordelaise ; il estimait que les courants de gauche du parti (la PfC) n’avaient pas le même projet politique et qu’il fallait choisir une séparation à l’amiable plutôt que la paralysie et l’immobilisme. De son côté, Christine Poupin n’a jamais caché sa détestation de la gauche du NPA, et récemment, elle n’a pas hésité à faire savoir qu’elle participait à une initiative de création d’une nouvelle mouvance politique (« Rejoignons-nous ! ») avec des réformistes bon teint de la soi-disant « gauche radicale », comme l’ex-dirigeant du PCF Pierre Zarka. Une pratique tout à fait fractionnelle incarnée par une porte-parole du parti, en dehors de ses cadres et de ses instances, qui, elle, était parfaitement admise par ses camarades majoritaires de l’exécutif… Les deux options cohabitaient dans la PfB, mais sa direction a montré qu’elle voulait vraiment rompre avec les courants d’opposition.

Des militant.es du NPA de diverses obédiences ont sincèrement cherché à améliorer le fonctionnement effectivement défectueux du parti. Depuis longtemps, la PfB fait porter la responsabilité des difficultés du NPA sur les courants de la PfC. Une commission paritaire ad hoc a été mise en place sur cette question, regroupant notamment des militant.es de la PfB de la ville d’Albi, et des signataires PfC de la motion « continuer le NPA » citée plus haut, avec la participation revendiquée de la PfA. Cette démarche n’a pas pu éviter la rupture. Il semble fort qu’avant le congrès, une majorité des cadres et dirigeants de la PfB avait déjà décidé de scissionner. Sur les questions de fonctionnement, des avancées avaient été actées par la commission paritaire… Que disent les trois plateformes à l’issue du congrès sur les responsabilités des un.es et des autres dans la scission, et sur la question du mode de fonctionnement et des efforts exigés des courants de la PfC dans ce domaine?

  • Les explications données par les plateformes après la rupture

La PfA, défendant avec acharnement l’unité du NPA, se pose en juge et renvoie dos-à-dos les deux autres plateformes, les accusant chacune d’avoir mal agi, mais semble attribuer la responsabilité principale de la rupture à la PfB[xli].

Le bilan du congrès tiré par la PfB transpire la mauvaise foi. On lit d’abord des arguments fallacieux sur « la majorité » obtenue par cette plateforme[xlii]. A moins de considérer qu’être la plus grosse minorité équivaut à être majoritaire, les chiffres donnés plus haut montrent clairement que le bilan de la PfB se moque du monde, en voulant donner à la scission une légitimité frauduleuse sur la base d’une majorité inexistante. La fausseté apparait ailleurs, notamment quant au respect des droits de tendance ou de fraction[xliii], car c’est bien, entre autres, à une remise en cause du droit de fraction, statutaire au NPA, qu’on a assisté. La PfB veut faire comme si un centralisme démocratique – qui, lui, n’est pas statutaire – pouvait exister au sein du NPA, malgré la grande amplitude des positionnements politiques permis par la conception même de ce parti, et malgré, donc, des divergences stratégiques et pas seulement tactiques. Les « historiques » refusent de remettre en question les bases du NPA qui ont conduit à ce « front d’organisations autonomes en concurrence », phénomène, bien réel, et qui mérite une explication… Mais il ne faut pas compter sur la PfB pour la fournir, car cela l’obligerait à mettre en question ses fondamentaux théoriques, politiques, programmatiques et organisationnels. Quant au projet originel du NPA, c’est surtout le flou qui le caractérisait, comme nous nous attacherons à le montrer dans l’article 2 de cette série.

Enfin, selon le bilan écrit par la PfC, « les discussions sur ce fonctionnement commun avaient connu des avancées considérables dans les dernières semaines »[xliv] et la commission paritaire du NPA chargée de faire des propositions s’estimait en gros satisfaite de ces avancées et de l’attitude de la PfC[xlv]. De fait, c’est la quasi-totalité des délégué.es de la PfB qui a décidé de la rupture. Le congrès n’est pas allé jusqu’à son terme, selon le planning prévu. Dès le samedi 10 au soir, la PfB le quittait définitivement et se réunissait à part. 100 de ses 102 délégué.es votaient un texte exprimant le choix de la scission, qui avait déjà commencé à être annoncée publiquement. Et la nouvelle allait vite se répandre.

  • Conférence de presse

Une conférence de presse donnée le dimanche 11 décembre par Philippe Poutou, Pauline Salingue, Christine Poupin et Olivier Besancenot évoquait la situation politique et cherchait à présenter la scission comme étant le meilleur moyen d’y répondre. C’est Christine Poupin, pourfendeuse de toujours des courants oppositionnels dans le NPA, qui officialise la rupture, en argumentant selon plusieurs axes : 1) il faut un NPA utile aux luttes et aux débats de la période, et son fonctionnement actuel s’y oppose[xlvi] ; 2) la division du NPA et la cohabitation en son sein de plusieurs partis n’est pas du tout nouvelle[xlvii] (sur ce point Poutou en rajoute)[xlviii] ; 3) l’objectif est de s’adapter aux évolutions sociales et politiques (écologie notamment) tout en restant fidèle à l’histoire du parti[xlix] ; 4) en concluant que « la situation n’est pas au sectarisme, elle n’est pas au repli sur soi »[l], Poupin insiste sur l’esprit d’ouverture de la PfB, accusant implicitement la PfC de sectarisme et d’étroitesse de vues. A noter que dans ses explications, Poupin annonce d’abord une contrevérité, en prétendant que le congrès a acté la séparation de fait, puis se reprend elle-même. En fait, ce n’est pas « le congrès » qui a « acté » cette séparation, puisqu’il n’est pas allé jusqu’à son dénouement prévu sur le papier ; c’est, comme elle le corrige elle-même juste après, la seule PfB qui en a décidé[li]. La conférence de presse ajoute, par les voix de Poutou et Besancenot, des arguments de légitimité par rapport au projet initial du NPA : celui d’un parti « large, unitaire et radical en même temps » ; pas un front, ni une secte politique[lii]. Notons enfin que Besancenot se targue d’appartenir à un courant qui n’a « pas de rapport fétichiste à l’outil politique. Le parti politique n’a jamais été une fin en soi. C’est un moyen pour une cause plus globale »[liii]. Un moyen, certes, mais c’est pour nous un outil central. Il y a ici une claire rupture avec le léninisme et le trotskisme, pour lesquels la conception et la qualité du parti revêtent une importance cruciale.

Crédit photos : L’Humanité

Face à cela, Gaël Quirante (A&R, PfC) réagissait sur Twitter : « Les porte-parole Olivier Besancenot et Philippe Poutou rompent avec le NPA. Un acte irresponsable! »[liv]. Le terme d’irresponsabilité pour qualifier la décision prise par la quasi-totalité des délégué.es de la PfB est souvent revenu dans les réactions écrites ou orales des autres plateformes, dont la PfC.

Bagarre de légitimité et lutte pour l’appareil

Avons-nous donc maintenant un, deux, ou plus aucun NPA ? Christine Poupin reconnait qu’il y a une « bagarre de légitimité » mais elle attribue cette légitimité à son courant scissionniste : une légitimité historique, de projet, explique-t-elle[lv]. Cette arrogance n’est pas surprenante : les dirigeant.es du « canal historique » se sont toujours vu.es comme « propriétaires du NPA ». Comment un courant minoritaire sans mandat de congrès peut-il honnêtement quitter ce congrès et prétendre à une légitimité historique, au point de s’approprier l’identité, les moyens et le nom du parti ? Dès le départ, il y avait plusieurs projets dans le NPA, il y existait des courants et tendances organisées. Les statuts et le programme de fondation du parti permettaient des lectures différentes – on va y revenir – pour intégrer tou.te.s les anticapitalistes. La Fraction, DR, le noyau qui allait donner naissance à A&R, tous ces courants, aujourd’hui rejetés par la PfB, s’étaient engagés dans l’aventure du NPA, avec d’autres. Quel type de relations la PfB veut-elle nouer avec les membres du NPA qui ne voulaient pas la scission ? Dans la conférence de presse, Besancenot se veut plutôt bienveillant et nuancé[lvi]. Rien de précis n’est dit sur les rapports avec la majorité du NPA qui ne voulait pas la rupture. Mais, malgré les précautions diplomatiques de Besancenot, on peut être sûr que la bataille va être rude dans les semaines à venir.

Vu de l’extérieur, l’affaire peut sembler tragi-comique : tout le monde parle maintenant de « continuer le NPA ». La PfB annonce en haut de la page d’accueil du site du parti : « Nous continuons le NPA, pour un parti des exploitéEs et des oppriméEs, révolutionnaire et unitaire »[lvii]. L’unanimité des présent.es au congrès le dimanche 11 (en fait, une petite moitié du parti – la PfC – la PfA étant elle aussi absente) votait une déclaration intitulée : « Urgence et actualité de la révolution, nous continuons le NPA », invitant « tous les militants et militantes de notre parti, derrière la majorité qui s’est exprimée contre la scission, à poursuivre la construction du NPA avec nous »[lviii]. La bagarre ne fait que commencer, sur le mode : « Le NPA, c’est nous » ! Les chiffres, et les dires mêmes de Poupin à la conférence de presse prouvent que les scissionnistes de la PfB sont minoritaires dans le parti, même s’ils et elles se considèrent les légitimes dépositaires du projet politique du NPA initial. On ignore encore ce que va faire la PfA, mais son positionnement au congrès et son absence le dernier jour semblent donner des indications : sa situation actuelle est fort délicate… L’ARC va-t-elle scissionner aussi[lix] ?

L’enjeu, au-delà des arguments de bonne et de mauvaise foi, c’est essentiellement le contrôle de l’appareil du NPA, ainsi que la propriété de son nom. De ce point de vue, la PfB a en mains presque toutes les cartes maitresses : ce sont des membres de ce courant qui sont, de loin, les plus nombreux dans les domaines clés que sont : porte-paroles, trésorerie, gestion des locaux, gestion du journal L’Anticapitaliste, du site du parti (qui reproduit depuis lors le discours de la PfB et son interprétation biaisée des évènements)… Indubitablement, malgré les prétentions des scissionnistes, la légitimité se situe bien plus du côté de celles et ceux qui n’ont pas quitté le congrès, et qui ont été, en majorité, mis.es devant le fait accompli d’une séparation décidée par une minorité et annoncée par conférence de presse. Mais les moyens matériels, le nerf de la guerre, sont du côté de la PfB, qui continue à parler au nom du NPA. La PfC possède, elle, des forces militantes significatives : la jeunesse du NPA, presque unanime ; l’implantation dans des entreprises publiques et privées : industrie automobile, transports, poste, notamment ; et la direction de fédérations aussi importantes que Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, ou Rouen. Cette « séparation » loin d’être à l’amiable, est crasseuse et bureaucratique ; elle émane d’une fraction minoritaire qui agit autoritairement pour se maintenir à la tête de l’appareil d’un parti qu’elle pouvait de moins en moins contrôler et dont l’évolution ne lui plaisait pas. Au-delà des divergences, La LIT-QI est prête à toutes les discussions sincères et bienveillantes avec les courants du NPA qui refusent ce coup de force et veulent maintenir un cap révolutionnaire contre l’impasse des compromissions avec la gauche réformiste


[i] Petit glossaire des courants et plateformes internes au NPA, de sa naissance à l’éclatement du 11 décembre dernier.

Courants, tendances et fractions du NPA mentionnés dans cet article ou celui qu’il suit.

GU : Gauche Unitaire, courant issu de la LCR, autour notamment de Christian Picquet, participant au NPA à sa fondation, mais trouvant le projet du parti trop étriqué (pas assez ouvert sur sa droite). A quitté le NPA dès les élections européennes de 2009 pour rejoindre le Front de Gauche.

C&A: Convergences et Alternative. Courant droitier, opportuniste du NPA, déjà présent dans la LCR. A quitté le NPA en 2010 pour rejoindre le Front de Gauche

GA: Gauche Anticapitaliste. Courant droitier représentant à peu près la moitié de la direction de la LCR lors de sa dissolution, et ayant joué un rôle dirigeant dans le NPA à ses débuts. A scissionné en 2012 du NPA pour rejoindre le Front de Gauche.

GR : Gauche Révolutionnaire. Petit courant lié au CIO/CWI (Comité pour une Internationale ouvrière – Committee for a Workers’ International). Un petit courant de gauche partie prenante du NPA à sa fondation, l’a quitté en 2012, et intervient aujourd’hui dans LFI.

A&R : Anticapitalisme et Révolution : un courant oppositionnel appartenant à la gauche du NPA, issu de la LCR.

« La Fraction » : il s’agit de la Fraction « L’Etincelle » du NPA, encore appelée FLO (Fraction de LO), surtout à ses débuts. Son origine réside dans l’exclusion de Lutte Ouvrière dont ce courant, qui dialoguait avec la gauche de la LCR auparavant (notamment avec le journal Convergences Révolutionnaires), a fait l’objet. Il a rejoint le  processus donnant naissance au NPA, dès avant la fondation en 2009.

DR : Démocratie Révolutionnaire. Courant de la gauche du NPA, à l’origine chassé de Lutte Ouvrière en 1999, qui a rejoint la LCR en 2000 et a participé au NPA à partir de 2009. Ce courant est surtout implanté dans la région bordelaise.

Socialisme ou Barbarie : petit groupe présent dans le NPA, membre du regroupement international du même nom.

TC ou Tendance Claire du NPA : tendance présente dans le NPA depuis ses débuts, puis dissoute dans l’ARC en 2019, et, après son exclusion de l’ARC, redevenue indépendante en 2021. Aujourd’hui, elle défend majoritairement la participation critique à l’Union Populaire, et la défense d’un programme communiste révolutionnaire en son sein.

ARC : Alternative Révolutionnaire Communiste : Tendance formée en 2019 après le 4e Congrès du NPA, regroupant la Tendance Claire, un petit groupe intitulé « Portion Congrue » présent dans la plateforme Y de ce congrès, et quelques membres du NPA de diverses origines. La TC était la composante la plus nombreuse à l’origine de l’ARC, mais la direction de la tendance lui a échappé, et après une crise prolongée, la direction de l’ARC a obtenu l’expulsion des membres les plus fidèles aux orientations de l’ex-TC. L’ARC était le cœur de la PfA du 5e Congrès.

CCR : Courant Communiste Révolutionnaire. Courant interne du NPA lié à la Fraction Trotskiste (FT-QI). Formé peu après la naissance du NPA, il a été poussé vers sa sortie en juin 2021. Courant surtout connu par le nom de son site Internet : Révolution Permanente, ou RP. RP est devenu aussi le nom de l’organisation fondée par ce courant le 18 décembre 2021.

Plateformes du 5e congrès : cf. https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/contributions-des-plateformes-pour-le-5e-congres-du-npa

PfA, plateforme appelée par la majorité de la tendance ARC et dont la contribution initiale est intitulée « Ni marasme, ni scission, un congrès pour la refondation ». 6,2% des votes au 5e Congrès.

PfB, plateforme du « canal historique » du NPA, qui a quitté le congrès, et dont la contribution initiale était pour un NPA « unitaire et révolutionnaire (…) utile face aux ravages du capitalisme »[i]. 48,5% des votes au 5e Congrès.

PfC, plateforme regroupant deux fractions de gauche du NPA (Fraction et A&R) et soutenue par  deux autres (DR et « Socialisme ou Barbarie »), et dont la contribution initiale était intitulée : « refuser l’éclatement du NPA » et mettre au cœur de celui-ci l’« actualité et l’urgence de la révolution »[i]. 45,3% des votes au 5e Congrès.

[ii] Le Secrétariat Unifié de la 4e Internationale (SU ou SUQI, courant historique incarné par Ernest Mandel puis Daniel Bensaïd), a pris plus récemment le nom de Comité International (CI). Ce courant parle de lui comme étant LA 4e Internationale, ce qui est bien sûr contesté par les autres courants internationaux se réclamant du trotskisme. Cette prétention du SU-CI est d’autant plus frauduleuse que ce sont des pans entiers du trotskisme qui ont été jetés par-dessus bord, depuis fort longtemps dans la pratique, mais tout particulièrement après 1995 dans la théorie.

[iii] CCR : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[iv] Il s’agit d’une particularité de la loi électorale française pour les présidentielles. Chaque candidat, pour pouvoir se présenter, doit recueillir au moins 500 signatures de maires (ou autres « grands électeurs », député.es, etc.). C’est une tâche très chronophage et dépolitisante imposée par une volonté anti-démocratique, et qui pénalise les petites formations politiques sans forte présence institutionnelle.

[v] Seule parmi les candidat.es, celle de Lutte Ouvrière (LO), Nathalie Arthaud, faisait moins bien (moins de 200 000 voix, 0,56%).

[vi] LFI : La France Insoumise. Formation politique néoréformiste fondée autour de Jean-Luc Mélenchon.

[vii] Union Populaire, ou UP, nom électoral choisi par LFI pour les élections de 2022.

[viii] NUPES : Nouvelle Union Populaire, Ecologiste et Sociale. Alliance électorale créée pour les législatives de juin 2022 et regroupant des partis de gauche réformiste (LFI, PCF) et la gauche bourgeoise (PS, et une grande partie d’EELV).

[ix] Pour plus de détails sur cette séquence politique et électorale, voir : https://litci.org/fr/2022/05/05/macron-reelu-et-maintenant/ centré sur la réélection de Macron et les premières étapes de la formation de la NUPES ; et https://litci.org/fr/2022/07/06/france-quelle-situation-apres-les-legislatives/ centré sur la réalité de la NUPES et les élections législatives.

[x] A&R : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[xi] DR : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[xii] « La Fraction » : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[xiii] ARC : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[xiv]https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/contributions-des-plateformes-pour-le-5e-congres-du-npa

[xv] Idem.

[xvi] Idem.

[xvii] Socialisme ou Barbarie : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[xviii] Tendance Claire du NPA, ou TC : voir glossaire, note 1 ci-dessus.

[xix]https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/contributions-des-plateformes-pour-le-5e-congres-du-npa

[xx] Idem : « La refondation révolutionnaire du NPA, c’est aussi reprendre le travail d’élaboration programmatique. Ne nous contentons plus d’un simple programme d’urgence comme aujourd’hui, mais popularisons un véritable programme de transition communiste, crédible et désirable, qui articule notre stratégie à des mesures concrètes de rupture avec le capitalisme ».

[xxi] Idem : « Si nous ne souhaitons pas fermer les sites des courants, nous souhaitons qu’ils priorisent la presse et le site « officiels », en proposant d’abord leurs articles à ces organes. En contrepartie, ils doivent pouvoir disposer de tribunes régulières dans ceux-ci, et de leurs propres onglets sur le site, qu’ils seraient libres d’alimenter comme ils l’entendent. Ces conditions remplies, les courants devraient revoir leur politique éditoriale pour mieux l’articuler à celle du parti, en s’intégrant aux comités de rédaction chargés de l’hebdo, de la revue et du site ».

[xxii] Idem.

[xxiii] Idem : « Détruire l’Etat bourgeois, construire une société de transition basée sur l’auto-organisation, vers une société sans classes et sans État, va de pair avec la socialisation de toutes les sphères de l’économie, et la bataille contre toutes les oppressions » ; il est écrit que : « la révolution est objectivement à l’ordre du jour » ; La PfB vise à « contribuer à la mobilisation du prolétariat dans sa diversité, à son unité dans la lutte pour une autre société, tout en travaillant à construire une force pour le renversement du capitalisme et la transformation révolutionnaire de la société ».

[xxiv] Idem.

[xxv] Idem : « aujourd’hui, les classes travailleuses sont disloquées, le prolétariat en pleine reconfiguration sur le plan social, sous les coups des crises comme des offensives pour maintenir les taux de profit. Le développement de l’extrême droite et de ses idées, l’aggravation des politiques discriminatoires et autoritaires sont un obstacle majeur à l’organisation des classes populaires et à la défense de leurs intérêts ».

[xxvi] On lit exactement qu’il faut « combiner la bataille pour l’unité, pour des fronts unis, politiques et sociaux, avec une démarche transitoire, un programme comportant un ensemble de propositions qui tracent une réponse anticapitaliste globale ».

[xxvii] Idem : « (…) perspective de la reconstruction des outils d’organisation et de défense de notre classe, y compris sur le plan politique. La campagne a également permis de défendre à une large échelle la nécessité de la rupture avec le capitalisme, pour construire une autre société débarrassée des oppressions et de l’exploitation ».

[xxviii] Idem : « Notre parti doit en outre être capable de « faire de la politique », autrement dit d’intervenir sur le champ politique, dans les débats qui agitent et traversent notre camp social, et de poser la perspective, au-delà du développement des mobilisations, de la construction d’un outil politique pour la rupture avec le capitalisme et la transformation révolutionnaire de la société ».

[xxix] Idem : « Nous avons besoin de souplesse tactique, d’expérimentation, mais aussi de mise en commun de nos expériences pour en tirer collectivement les enseignements. Ce qui n’est pas le cas dans le NPA aujourd’hui »

[xxx] Idem : « l’existence de fractions permanentes est en réalité la juxtaposition d’organisations distinctes porteuses de projets politiques différents, voire contradictoires, et constitue un obstacle à la construction d’un véritable parti. Les fractions ont jusqu’à présent opposé un refus à toute discussion sur le rétablissement d’un fonctionnement collectif ».

[xxxi] Idem.

[xxxii] Idem.

[xxxiii] Idem : pour la PfC, cela « a contribué à brouiller de nouveau les lignes qui nous séparent des organisations qui ne sont pas révolutionnaires » ; elle précise : « Vouloir construire en même temps « un outil révolutionnaire » et une « gauche de combat », comme le proposent les camarades du regroupement des « 3 et 4 octobre » à l’initiative de la plateforme B, participe du même brouillage ». A notre avis, cela devrait être formulé un peu autrement, car regrouper et construire une gauche de combat au niveau (inter)-syndical, dans les luttes, serait fort bienvenu. C’est dans la sphère politique qu’il existe un problème majeur.

[xxxiv] En ne prenant que des exemples assez récents, on pense ici, en particulier, à la débâcle de Rifondazione en Italie, au naufrage de Syriza en Grèce en 2015 (dont nous disons plus bas quelques mots), à la « normalisation » de Podemos en Espagne, et à l’intégration du Bloco de Esquerda dans les institutions bourgeoises au Portugal.

[xxxv]https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/contributions-des-plateformes-pour-le-5e-congres-du-npa On lit : « Une course de vitesse est engagée : en finir avec l’extrême droite nécessitera de renverser ce système. Mais cela ne nous exonère pas de lutter pied à pied contre son influence idéologique, notamment au sein de notre camp social et de nous préparer à des situations d’affrontement avec elle ».

[xxxvi] Idem : « Ce n’est pas l’énergie contestatrice ni révolutionnaire des masses qui fait défaut. Par contre, il manque des partis révolutionnaires capables de disputer la direction politique de ces mouvements d’émancipation aux partis bourgeois et/ou aux bureaucraties syndicales et de pousser à la constitution d’organes de double pouvoir ».

[xxxvii] Idem.

[xxxviii] Au dernier congrès de l’internationale, début 2018, A&R a voulu constituer une plateforme de gauche avec des courants de l’internationale comme Socialist Action aux Etats-Unis (dont les positions politiques, notamment sur la Syrie ou le Venezuela mériteraient bien des commentaires désagréables), IZAR dans l’Etat espagnol, et la section grecque du CI, l’OKDE-Spartakos, opposée à la politique de la direction du CI. Dans ce cadre, la TC du NPA avait demandé à participer à ce regroupement en procédant à quelques amendements au texte de cette plateforme, amendements certes parvenus un peu tard. A&R a interdit l’accès à une réunion censée être ouverte sur cette base, et pris une part prépondérante dans l’expulsion de membres de la TC de la réunion parisienne élective du congrès international.

[xxxix]https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/contributions-des-plateformes-pour-le-5e-congres-du-npa On lit : « renforcer le camp des révolutionnaires  et avancer vers la construction d’un parti doté d’une stratégie tournée vers le renversement du capitalisme, avec une implantation dans la jeunesse et le monde du travail. Le texte ajoute : « Nous ne sommes pas isolés d’un milieu jeune qui se politise et cherche du côté des révolutionnaires ».

[xl] Idem. Le texte précise que le NPA « a su rassembler des révolutionnaires de traditions différentes et recruter une nouvelle génération militante ».

[xli] https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/vie-interne/5e-congres-national-du-npa : « La plateforme B a choisi d’aller jusqu’au bout du processus de scission du NPA. Nous regrettons amèrement cette décision qui ne pourra entraîner qu’affaiblissement et découragement des deux côtés. La plateforme B porte ainsi une lourde responsabilité dans cette scission alors que nous avions proposé d’autres scénarios de sortie de crise. De leur côté, les camarades de la plateforme C n’ont en réalité fait que bien peu de choses pour éviter cette scission annoncée. Par leur refus de sortir d’un front d’organisations pour refaire parti et en participant à la tension permanente de ce congrès, ils n’ont malheureusement fait que ­précipiter une telle issue ».

[xlii] Idem. Après un sous-titre trompeur « Une orientation majoritaire », on lit une phrase totalement mensongère : « Les votes d’une majorité de camarades se sont portés pour un NPA unitaire, indépendant et révolutionnaire ».

[xliii] Idem : « Sans remettre en cause le droit de fraction ou de tendance, qui sont des acquis démocratiques de notre tradition révolutionnaire, nous refusons que des fractions qui sont en réalité des organisations séparées transforment le NPA en un front d’organisations autonomes, en concurrence les unes avec les autres. Cela n’était pas le projet originel du NPA, et ce n’est pas plus le nôtre aujourd’hui ».

[xliv] Idem.

[xlv] Idem. La PfC cite ainsi une partie de la déclaration de cette commission : « la PFC s’inscrit dans la dynamique de la commission pour établir les conditions d’un fonctionnement commun et acceptable pour tous » et ladite commission a conclu que : « les trois PF ont accepté les règles du jeu, dans une certaine transparence, ont fait des propositions pour alimenter le débat ». La PfC commente ainsi l’issue du congrès à la lumière de ce qui précède : « En quittant le congrès, les délégués de la PfB se sont assis sur le mandat des AG électives et sur les travaux de cette commission. C’est un coup de force antidémocratique, annoncé par l’intervention de Philippe Poutou sur BFM le vendredi soir, pendant les travaux d’un congrès auquel il n’assistait pas ce premier jour ».

[xlvi] https://www.youtube.com/watch?v=kkXmX0IDc_s : Pour Poupin, le NPA doit être « un outil pour la participation à toutes les luttes, pour la participation au débat qui a lieu au sein du mouvement ouvrier, aux recompositions qui sont absolument nécessaires (…) parce qu’on voit aujourd’hui qu’on n’a pas de réponse à la hauteur ». Elle précise peu après que l’objectif est d’« avoir un outil qui soit plus utile, plus efficace, plus dynamique ; aussi plus accueillant, parce qu’il faut avouer que les disputes internes ne font pas particulièrement un cadre enthousiasmant ». Besancenot ajoute à cela une petite note qui se veut culpabilisante vis-à-vis des courants oppositionnels, mais est en réalité très hypocrite : selon lui, avec la juxtaposition de ces courants au sein du NPA, pour « discuter politique (…) on se sentait un petit peu était empêché de le faire » et il dit qu’il fallait « s’autocensurer ». Cela alors que la direction du NPA a souvent pris des décisions minoritaires dans le parti (sur des questions comme les élections, par exemple).

[xlvii] Idem : « ce congrès a acté une séparation au sein du NPA, une séparation qui était posée déjà depuis de longs mois ». Pour elle, la séparation « existait, de fait, déjà, au sein du NPA ».

[xlviii] Idem : « On pense qu’il va y avoir des combats sérieux (…) qu’il va se passer des choses énormes, ça va bouger. Et on a envie d’être là, d’être utile et d’être efficace ».

[xlix] Idem : Poupin dit qu’il s’agit d’avoir un NPA « fidèle à son histoire, de vouloir une transformation radicale, révolutionnaire de la société (… mais aussi…) capable de prendre en compte la place désormais déterminante qu’ont les luttes écolos et en particulier les luttes sur l’urgence climatique ».

[l] Idem.

[li] Idem. Ce sont, dit Poupin après s’être reprise, « la quasi-totalité de nos 102 délégué.es – sur les 102, deux se sont abstenu.es – qui ont acté que la situation dans laquelle nous vivions depuis des mois voire des années, qui était d’une certaine manière de coexistence d’organisations différentes, ne pouvait pas durer ».

[lii] Idem : Poutou déclare : « on s’éloignait petit à petit de ce que nous, on avait voulu faire dès 2009. Et donc il y avait besoin à la fois de revenir à ça, de rediscuter, de remettre au centre des discussion la question d’un parti large, unitaire et radical en même temps ». Pour Besancenot, il s’agit d’un « choix politique de fond (…) renouer avec ce qu’était le NPA, dans un contexte qui a évidemment complètement changé, mais qui était une volonté à la fois radicale et unitaire. Là, le NPA a fait le choix de ne devenir ni un front de tendances et de fractions et d’organisations, ni une secte politique ».

[liii] Idem.

[liv] Cf. par exemple : https://www.sudouest.fr/politique/politique-les-anciens-candidats-a-la-presidentielle-du-npa-olivier-besancenot-et-philippe-poutou-font-scission-13352213.php.

[lv] https://www.youtube.com/watch?v=kkXmX0IDc_s : « dans ces situations, il y a toujours une bagarre de légitimité (…) Nous, on peut dire qu’on est plus nombreux (…) Mais surtout, la légitimité historique et politique, elle est évidemment du côté de celles et ceux qui sont là, c’est-à-dire cette idée d’un regroupement non sectaire, ouvert, disponible à la fois dans le débat mais aussi par rapport à tout ce qui se passe dans la société ».

[lvi] Idem. Besancenot déclare : « On va quand même prendre le soin de ne pas s’adresser à eux par médias interposés, c’est-à-dire de garder un maximum de relations fraternelles et militantes, parce que ce sont des camarades, de toute façon, qu’on va retrouver parmi les premiers et les premières dans les combats (…) et parce que c’est jamais de gaîté de cœur qu’on arrive à un constat politique ».

[lvii] https://nouveaupartianticapitaliste.org/ et https://nouveaupartianticapitaliste.org/agir/politique/nous-continuons-le-npa-pour-un-parti-des-exploitees-et-des-opprimees-revolutionnaire

[lviii] Déclaration du congrès du NPA – 11/12/2022. « Urgence et actualité de la révolution, nous continuons le NPA »

[lix] Entre la première publication de ce texte et sa complémentation par cette série de 5 articles, un premier élément de réponse vient de tomber : la PfA a décidé majoritairement, le 14 janvier 2023 de suivre le chemin scissionniste pris par la PfB et rejoint le « canal historique » dans sa démarche de rapprochement avec le réformisme de LFI. L’ARC a publié une déclaration d’une malhonnêteté et d’une hypocrisie évidentes, loufoquement intitulée « La (re)fondation d’une organisation révolutionnaire est toujours d’actualité » ! Mais la question de savoir si tou.tes les membres de l’ARC qui avaient soutenu la PfA vont suivre la direction de cette tendance dans cette démarche. Cf : https://alt-rev-com.fr/2023/01/16/la-refondation-dune-organisation-revolutionnaire-est-toujours-dactualite/ 

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