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dimanche, décembre 22, 2024

La grève générale amplifie la crise de l’État sioniste

Dimanche 1er septembre, la centrale syndicale sioniste Histadrut, qui représente 800 mille travailleurs, a appelé à une grève générale le 2 septembre.

Fábio Bosco *
5 septembre 2024

La grève générale a paralysé les transports, l’éducation, les hôpitaux, les banques et les services publics. Cependant, la justice a ordonné la fin de la grève, ce qui a été respecté par les dirigeants syndicaux, qui ne sont pas seulement des sionistes, mais aussi des collabos.

La grève a été précédée d’une grande mobilisation qui a rassemblé la veille entre 500 mille et 700 mille manifestants.

Mais la grève et la mobilisation de ce dimanche n’ont pas exigé la fin du génocide des Palestiniens à Gaza, ni la fin des actions génocidaires des forces israéliennes et des colons sionistes en Cisjordanie, ni la fin des attaques militaires contre le Liban.

La question principale est celle des Israéliens détenus par la résistance palestinienne à Gaza. Samedi, l’armée israélienne a retrouvé les corps de six prisonniers israéliens, morts depuis deux ou trois jours lors de l’offensive israélienne à Gaza.

Le gouvernement israélien affirme que le Hamas a exécuté les six prisonniers. Le Hamas affirme que l’offensive militaire israélienne est responsable de ces décès.

Le fait est que ces décès ont changé l’opinion publique juive israélienne.

Jusqu’alors, la majorité des Israéliens juifs soutenait les attaques génocidaires à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. En même temps, ils exigeaient la libération des prisonniers israéliens détenus à Gaza.

Après la récupération des corps des six Israéliens, la population juive israélienne a compris que la poursuite du génocide à Gaza impliquait la mort d’une centaine de prisonniers israéliens. En outre, la majorité a également conclu que l’impopulaire Premier ministre Binyamin Netanyahou veut maintenir le génocide afin de rester au pouvoir, au mépris des souhaits des familles des prisonniers qui veulent que ceux-ci reviennent vivants.

Les sondages d’opinion montrent que 53 % des Israéliens sont favorables à un cessez-le-feu et à un échange de prisonniers, ainsi qu’au retrait des troupes de toute la bande de Gaza. Bien entendu, ce soutien de la moitié des Israéliens au cessez-le-feu à Gaza n’implique pas la fin de l’offensive génocidaire contre les Palestiniens en Cisjordanie, ni n’exclut une vaste offensive militaire contre le Liban, et encore moins la fin de l’apartheid et de l’épuration ethnique qui durent depuis 76 ans.

  1. Netanyahou contre le cessez-le-feu

Le jour même de la grève générale, Netanyahou s’est publiquement opposé à l’accord de cessez-le-feu voté par le Conseil de sécurité de l’ONU il y a trois mois. L’accord présenté par les États-Unis et voté par le Conseil de sécurité prévoit l’échange de prisonniers et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza en trois phases de six semaines chacune.

Netanyahou veut maintenir les troupes israéliennes dans au moins deux zones de Gaza : les corridors de Philadelphie et de Netzarim, ouvrant ainsi la voie à l’expulsion des Palestiniens et à l’établissement de colonies sionistes à Gaza.

Le véritable objectif de Netanyahou est d’étendre la colonisation des terres palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie afin de regagner sa base de soutien au sein de la population juive israélienne, qui fluctue entre 22 % et 33 % ; et de sauver son gouvernement discrédité.

  1. Le Hezbollah et l’Iran abandonnent la résistance palestinienne

Les dirigeants du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et du régime iranien, l’ayatollah Khamenei, ont déjà déclaré à plusieurs reprises que, malgré leur solidarité avec le peuple palestinien qui souffre, ils n’attaqueront pas Israël à cause du génocide à Gaza. La seule force arabe qui encourage activement la solidarité est celle des Houthis yéménites, qui ont bloqué la navigation dans la mer Rouge en soutien aux Palestiniens.

Face aux assassinats du leader du Hezbollah Fuad Shukr à Beyrouth et du leader palestinien Ismail Hanieh à Téhéran à la fin du mois de juillet, Nasrallah et Khamenei ont tous deux promis une réponse forte aux crimes sionistes.

Toutefois, le 13 août, les responsables iraniens ont déclaré qu’ils attendraient les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza et qu’ils pourraient même réduire l’ampleur des représailles si Israël acceptait le cessez-le-feu. Le 27 août, l’ayatollah Khamenei a déclaré, lors d’une réunion avec le gouvernement nouvellement investi du président Masoud Pezeshkian, que l’Iran devait être ouvert à la négociation d’un nouvel accord nucléaire avec l’impérialisme étasunien en échange de la fin des sanctions.

Sur la frontière nord, 100 avions israéliens ont attaqué 400 cibles dans le sud du Liban aux premières heures du 25 août. Le Hezbollah a lancé alors plusieurs missiles et drones contre le nord de la Palestine, occupée en 1948. Après ces attaques mutuelles intenses, les dirigeants sionistes et ceux du Hezbollah ont affirmé avoir atteint leurs objectifs et, depuis lors, les attaques mutuelles sont revenues à une faible intensité.

  1. Résistance palestinienne active

À Gaza, la résistance palestinienne mène des attaques, des actions d’autodéfense et de sabotage contre les troupes israéliennes du mieux qu’elle peut, dans une situation de grande inégalité militaire, causant des pertes dans les troupes sionistes et un coût économique élevé de la guerre, qui a déjà atteint environ 68 milliards de dollars selon le ministre des finances sioniste Belazel Smotrich.

En Cisjordanie, les forces israéliennes ont entamé le 28 août une série d’attaques génocidaires à grande échelle contre les villes palestiniennes et les camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem, Tubas et Naplouse. Les jeunes Palestiniens ont recours à l’autodéfense, avec des armes prises aux forces de police palestiniennes et achetées à des contrebandiers israéliens. Contrairement au discours sioniste selon lequel il s’agit de groupes armés du Hamas et du Jihad islamique, la majorité de ces jeunes font fi de leurs organisations et recourent à l’autodéfense. Plusieurs cas le prouvent, comme celui de Mohannad al-Asood, ancien membre du Fatah et de la police palestinienne, ou les jeunes Wael Mishah et Tariq Daoud de Naplouse.

Avec la fin des vacances d’été, il faut reprendre les mobilisations de solidarité avec la Palestine partout dans le monde, notamment en Europe et aux États-Unis.

  1. Pourquoi le prolétariat israélien n’est-il pas un allié de la cause palestinienne ?

Partout dans le monde, la classe ouvrière et la jeunesse se mobilisent en solidarité avec la Palestine. Cependant, il n’y a pas de mobilisations pour mettre fin au génocide à Gaza par le prolétariat juif israélien.

Cela n’est pas dû à l’ignorance. Chaque Israélien est conscient de la situation de génocide à Gaza, des actions sionistes criminelles en Cisjordanie, des attaques militaires contre le Liban et de la situation d’apartheid et de nettoyage ethnique imposée aux Palestiniens depuis 76 ans. Mais la grande majorité du prolétariat soutient ces crimes sous le prétexte fallacieux du « droit d’Israël à se défendre » et de « la lutte contre le terrorisme ». Pourquoi cette déshumanisation ?

Le prolétariat juif israélien jouit de privilèges économiques et politiques par rapport au prolétariat palestinien depuis le début de la colonisation sioniste, il y a plus de cent ans. En d’autres termes, la colonisation sioniste a transformé le prolétariat juif en agents et bénéficiaires du vol des terres, des maisons et des emplois du peuple palestinien.

Bien sûr, il existe une lutte de classes entre la bourgeoisie et le prolétariat israéliens. Mais ces conflits sont subordonnés au maintien de l’ordre colonial contre les Palestiniens.

C’est pourquoi une alliance entre le prolétariat juif et le palestinien pour la fin du génocide et la libération de la Palestine est impossible. Il existe un petit nombre de Juifs antisionistes en Palestine occupée. Ce sont eux les véritables alliés du peuple palestinien.

C’est la même situation coloniale qui a eu lieu en Algérie. Le prolétariat « pied-noir » d’origine française était, avec l’armée française, le pilier de l’entreprise coloniale. Il a fallu une guerre du prolétariat et de la paysannerie algériens pour expulser les colonisateurs français.

Pour conquérir la Palestine libre, du fleuve à la mer, il faut mettre fin à l’État d’Israël. Ainsi, le peuple palestinien pourra décider de son destin en toute liberté. Et ceux qui accepteront de vivre en paix avec les Palestiniens – comme l’était la Palestine avant la colonisation sioniste, quand les enfants musulmans, chrétiens et juifs jouaient ensemble sans étiquette – pourront vivre en Palestine.

  1. La Quatrième Internationale

Les premiers militants révolutionnaires en Palestine ont été confrontés à la question du prolétariat juif issu de la colonisation sioniste. La première organisation trotskiste de la cause palestinienne fut la C (RCL – Ligue Communiste Révolutionnaire) dirigée par Tony Cliff (Yigael Gluckstein) et créée dans les années 1930.

L’orientation politique de la RCL consistait, selon les termes de Tony Cliff, à ce que « les travailleurs arabes combattent le sionisme et l’impérialisme et rompent avec les dirigeants arabes réactionnaires. Et les travailleurs juifs doivent s’unir aux masses arabes dans cette lutte. »

La RCL ne se faisait pas d’illusions sur la colonisation sioniste. Au contraire, elle s’opposait à l’immigration juive en Palestine, car cette immigration mettait les réfugiés juifs européens au service de la machine de colonisation sioniste contre la population palestinienne. Ils prônaient l’ouverture à l’immigration juive des frontières du Royaume-Uni et des États-Unis, destinations privilégiées des réfugiés juifs, comme alternative à la Palestine. De par leur propre expérience, ils connaissent les organisations sionistes « de gauche » et les kibboutz (fermes collectives pour les colons juifs) et ils savaient que ceux-ci ne représentaient pas une quelconque expérience socialiste. Au contraire, ces kibboutz étaient le fer de lance de la colonisation des terres arabes et de l’expulsion de la population palestinienne.

Conformément à cette position, la RCL s’est opposée à la partition de la Palestine en 1947 et à la formation de l’État d’Israël en 1948, contrairement au parti communiste qui, suivant la position de Staline, a soutenu la partition et la Nakba.

Mais la RCL se trompe sur le rôle des classes sociales dans la lutte pour la libération de la Palestine et de tout l’Orient arabe. Elle préconisait une alliance entre la classe ouvrière palestinienne et la classe ouvrière juive pour affronter l’impérialisme, le sionisme et les élites arabes réactionnaires. Mais cette alliance était impossible en raison du caractère colonialiste d’exclusion, de l’entreprise sioniste.

Tony Cliff l’a lui-même reconnu dans sa biographie : « Bien sûr, il y avait un conflit de classe au sein de la communauté juive de Palestine. Les travailleurs et les capitalistes se sont battus pour les salaires et les conditions de travail. Mais l’expansion coloniale sioniste a émoussé la lutte de classes et l’a empêchée de prendre la forme politique d’une opposition au sionisme et à l’impérialisme, et d’une solidarité avec les Arabes exploités et opprimés. ».

Ne comprenant pas l’oppression nationale dans toutes ses conséquences pour la lutte de classes, et étant principalement implantée dans la classe ouvrière juive, la RCL a eu beaucoup de difficultés à se développer. Malgré la publication d’une revue en arabe et d’une autre en hébreu, ainsi que de tracts en anglais à l’intention des troupes britanniques, la RCL comptait près de 30 militants en 1946, dont sept Arabes seulement.

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* Traduction de la LCT, la section belge de la LIT-QI.
<https://litci.org/pt/2024/09/05/greve-geral-amplia-a-crise-do-estado-sionista/>
Fabio Bosco est un spécialiste du Moyen-Orient, du PSTU-B, le parti brésilien de la LIT. (NdT)

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