Depuis des mois, les sondages annonçaient un score très élevé du Rassemblement National(RN) etune défaite majeure de la Macronie aux élections européennes. Le RN prend ses racines dans la vieille tradition raciste et fasciste française regroupée au sein du Front National. Cela en fait un défenseur principiel de l’impérialisme et du colonialisme français. Le remplacement de Jean-Marie Le Pen par sa fille Marine à la tête de ce parti et le long processus de dédiabolisation et de banalisation qu’elle a su mener en font un parti qui n’est pas du même type que le NSDAP hitlérien. Le FN, devenu RN,ne possède pas des milices de dizaines de milliers d’hommes armés. Par contre, il entretient des relations discrètes avec des groupuscules violents d’extrême droite. De plus, le parti lepéniste jouit d’un soutien très majoritaire dans l’appareil policier français, et là réside un vrai danger. La menace fasciste – stricto sensu – n’est donc pas imminente, mais elle est potentiellement inscrite dans la situation. Elle concerne en premier lieu les immigré.es, cette question étant au cœur du projet du RN[1]. Il est sûr que dans beaucoup d’esprits, ce parti est devenu « un parti comme un autre ». Reste à savoir quelle part le « dégagisme » (la volonté de dégager Macron) représente dans l’électorat RN actuel.
Par: LIT – France
Élections européennes : des résultats prévus d’avance
Aux élections européennes, pas de surprise, comme le montre ce tableau.Le RN arrive en tête dans 93% des communes du pays[2] et l’ensemble de l’extrême droite approcheles 40% en cumulant les listes Bardella (RN), Maréchal (Reconquête) et Philippot (Les Patriotes). La Macronie prend une énorme gifle et la gauche divisée est en recul. Avec une participation de 51,49%, 7 seulement des 38 listes en présence (un record)obtiennent des élu.es.
Liste | Tête de liste | Partis ou repères | % Voix | Elu.es |
La France revient | J. Bardella | RN, ext-dr. | 31,37% | 30 |
Besoin d’Europe | V. Hayer | « Macronie » | 14,60% | 13 |
Réveiller l’Europe | R. Glucksmann | PS-Place Publique | 13,83% | 13 |
La France insoumise-Union populaire | M. Aubry | LFI | 9,89% | 9 |
La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe | F.X. Bellamy | LR, droite classique | 7,25% | 6 |
Europe Écologie | M. Toussaint | EELV | 5,50% | 5 |
La France fière | M. Maréchal | Reconquête, ext-dr. | 5,47% | 5 |
Dissolution de l’Assemblée Nationale : une décision inattendue
La décision de Macron au soir du scrutinest, par contre, un coup de tonnerre. Plusieurs hypothèses existent pour l’expliquer, mais une chose est sûre : la profonde crise de la Macronie est au cœur de cette décision. Et contrairement aux déclarations de Macron, la dissolution et les élections législatives des 30 juin et 7 juillet pourraient bien, au contraire,rendre le pays ingouvernable,avec un parlement qui lui serait encore plus hostile. C’est ce que prédisent les premiers sondages. En tout cas,la dissolution rebat les cartes etpromet de fortes turbulences, même s’il est encore biendifficile de savoir ce qui ressortira des urnes les 30 juin et 7 juillet.
Une période de fortes turbulences a commencé
De Révolution Permanente (RP) à Sarkozy en passant par Lionel Jospin, le geste présidentiel – qui donne satisfaction aux exigences formulées par le RN et Bardella – fait l’objet d’accusations, sur des fondements fort divers. Dès le 9 juin, RP dénonçait ce « pari qui offre une opportunité historique à l’extrême droite »[3]. Un risque bien réel. Selonles voix qui défendent ouvertement l’ordre capitaliste, c’est le risque de désordre et d’ingouvernabilitéqui est pointé. Pour l’ancien président Sarkozy, Macron fait courir « un risque majeur » au pays, celui d’un « chaos » dont la France aura du mal à sortir[4]. L’ex-premier ministre PS Lionel Jospin rappelle le « danger » du RN et fulmine contre une « décision imprévue, improvisée, non réfléchie », qui « a plongé le pays dans un moment troublé », ajoutant que « la question de l’occupation du pouvoir par l’extrême droite n’aurait pas été posée, en France, sans cette invraisemblable dissolution »[5].
L’annonce élyséenne et l’arrivée possible d’un premier ministre du RN après le 7 juillet a d’ores et déjà beaucoup changé la donne politique, et celle-ciévolue de jour en jour.
La première réaction notable et encourageante a été la descente dans les rues de la capitale et d’autres villes, dès le soir du 9 juin et les jours suivants, de la fraction de la population la plus hostile à l’extrême droite et à la perspective de voir Bardella premier ministre. La jeunesse scolarisée est au cœur des premières manifestations anti-RN, avec un slogan très repris : « La jeunesse emmerde le Front National ! »[6]. Plus généralement, « le peuple de gauche » se mobilise, exigeant l’unité de ses organisations. La peur – réaliste et légitime – de voir le RN au gouvernement est très présente. Le 15 juin, des centaines de milliers de personnes ont défilé à l’appel de cinq centrales syndicales (CGT, CFDT, Solidaires, FSU, UNSA), de nombreuses associations et des partis politiques de gauche et d’extrême gauche. Il y a là une donnée importante avec laquelle il faut compter.
A droite, des reclassements sont en cours. LR[7]en fait les frais. D’un côté, son président, l’ultra-réactionnaire Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, n’a pas attendu de réunir les instances dirigeantes de ce partide notables pour décider d’une alliance avec le RN. Tollé immédiat du côté des ténors de LR. Il s’ensuit un psychodrame fort grotesque qui plonge LR dans une crise peut-être finale et réduit ce qui lui restait encore de crédit politique.
Inquiétudes du grand capital et de l’UE
La classe capitaliste s’inquiète, la bonne marche de ses affaires exigeant de la stabilité.L’incertitude quant au devenir politique de la France à court terme fait plonger la Bourse de Paris : 157 milliards d’euros de capitalisation boursière paris en fumée en une semaine.Cela déstabilise aussi les autres places boursières européennes[8].
Même si certains secteurs de la haute bourgeoisie française professent des idées d’extrême-droite, comme le milliardaire des médias Vincent Bolloré, le RN n’est pas, aujourd’hui, le parti favori de la majorité de la classe dominante. Trop marqué par une approche nationaliste, pas assez européen, le RN est aujourd’hui bien toléré par les dominants, mais le capital lui reproche ses incohérences économiques. Bardella n’a d’ailleurs pas tardé à montrer patte blanche : il souffle maintenant le chaud et le froid sur l’abrogation de la réforme des retraites, alors que le RN avait s’y était engagé l’an passé[9].
Le capital étranger s’inquiète aussi, ainsi que la presse mainstream française et européenne. Pourtant,l’extrême droite en général et le RN en particulier défendent l’ordre, un ordre bourgeois. Et, par peur des travailleurs/ses,la bourgeoisie préfère le RN à la gauche, même avec les chefs réformistesdont elle est dotée.La situation n’est pas la même, mais on se souvient du fameux mot d’ordre patronal des années 1930 : « Plutôt Hitler que le Front Populaire ». Parlons-en, du Front Populaire.
Naissance du Nouveau Front Populaire
La conséquence majeure de la dissolution sur le terrain politique, non anticipée par Macron, est le rapide processus de réunification de la gauche parlementaire. La NUPES, Nouvelle Union populaire écologique et sociale née en 2022 auxdernières élections législatives, s’était progressivement disloquée, les derniers mois étant marqués par une profonde division entre ses composantes. Le danger de voir rapidement le RN accéder à Matignon et l’exigence profonde d’unité à la base du « peuple de gauche », auront permis un accord politique jugé improbable, qui va de la gauche la plus ouvertement bourgeoise (Place Publique) au NPA « canal historique » (ex-trotskiste), et qui non seulement englobe des partis (PS, PCF, EELV, LFI) mais qui est aussi soutenu par des syndicats et une centaine de collectifs et d’associations telles qu’ATTAC ou Greenpeace France.
Le Nouveau Front Populaire (NFP), issu des tractations qui ont abouti le samedi 15 juin inclut un programme de gouvernement comprenant une centaine de mesures, et un accord de répartition des 577 circonscriptions entre ces diverses forces politiques. Avant d’évoquer ces deux aspects, faisons un bref détour historique pour mieux saisirla notion de Front populaire.
Une référence historique : le Front Populaire des années 30
Le nomde cette alliance se réfère à l’histoire de la gauche. Le Front Populaire (FP) des années 1930 a bonne presse parmi le « peuple de gauche ». Il est généralement vu comme l’artisan des congés payés, de la semaine de 40 heures, etc. Sans trop entrer ici dans les détails du processus historique, disons que le FP est né dans la réaction populaire et ouvrière à la tentative de putsch des groupes fascistesdu 6 février 1934. La lutte contre l’extrême droite compte beaucoup dans le choix actuel du nom de NFP. A partir de 1934, c’est la poussée unitaire de la base qui a conduit les principaux partis ouvriers du pays (la SFIO et le PCF), profondément divisés jusqu’alors, à s’unir, et qui a abouti à la victoire électorale des 26 avril et 3 mai 1936. Mais s’arrêter là, c’est méconnaitre la vraie nature du FP des années 1930 et les ressorts profonds de ce qui s’est passé alors. C’est aussi faire montre d’une mémoire assez sélective, permettant de sélectionner des éléments favorables sans comprendre la dynamique d’ensemble et en mettant totalement de côté la façon dont s’est terminé le FP.
C’est vrai, l’accord entre les partis ouvriers a permis de redonner confiance aux travailleurs/ses du pays, et il a été essentiel pour élever leur combativité, conduisant à la grande grève générale de mai-juin 1936. Mais il y a d’autres aspects. D’abord, l’alliance des partis ouvriers (PCF et SFIO) s’est faite avec le principal parti bourgeois « démocratique » d’alors, le Parti Radical, marquant les limites du programme. De plus, le programme du FP ne contenait pas beaucoup des exigences des grévistes de 1936, et c’est la grève générale spontanée et les occupations d’usines qui ont imposé leurs revendications. Le patronat a préféré céder un peu pour ne pas perdre tout. Ensuite, les chefs syndicaux ne parvenant pas à stopper la grève générale, il a fallu que ce soit Maurice Thorez, chef du PCF, parti considéré comme révolutionnaire, qui appelle les travailleurs/ses à arrêter le mouvement pour que celui-ci reflue puis s’arrête. La dynamique de lutte ouvrière était brisée, et la bourgeoisie a repris l’initiative les deux années suivantes. Finalement, par des changements d’alliances, c’est la même Chambre des Députés qui a fait reculer les conquêtes et a donné les pleins pouvoirs à Pétain en 1940[10]. Le bilan du FP est celui d’une alliance entre le mouvement ouvrier et une partie de la bourgeoisie pour maintenir le capitalisme au prix de quelques réformes. Le système a été maintenu, et certaines réformes arrachées par une grève générale non prévue au programme – pas le FP en tant que tel – ont perduré.Mais en fin de compte le fascisme a aussi gagné en France avec Pétain, « grâce à » des parlementaires qui appartenaient au FP.
Au fond,sans en avoir le nom, ce sont aussi des gouvernements de FP qui ont gouverné la France sous Mitterrand de 1981 à 1986, puis sous Jospin de 1997 à 2002 (la Gauche plurielle). Avec une différence importante : dans les années 1930, le FP constituait la dernière solution « démocratique » du capitalisme avant le recours au fascisme ; il en a été différemment dans les expériences conduites par le PS depuis 1981. Mais la quintessence de ces expériences, c’est qu’après, voire en même temps que des réformes sociales reprenant (en les limitant et les édulcorant) des exigences populaires, ces gouvernements mélangeant des partis « de gauche » issus du mouvement ouvrier et des politicien.nes de la bourgeoisie ont maintenu le pouvoir du capital et mené des politiques d’austérité pour satisfaire la classe dominante.
Le seul contenu « d’unité » ne suffit donc pas à faire des fronts populaires des alliances politiques victorieuses pour les travailleurs/ses. Ces expériences ont débouché, au mieux sur des échecs (retour de la droite en 1986, puis affaiblissement durable du mouvement ouvrier ; retour de la droite en 2002) ; au pire sur des catastrophes (Pétain en France, mais aussi Franco en Espagne).
Enfin, la classe ouvrière actuelle est beaucoup plus fractionnéeet beaucoup moins encadrée par ses organisations politiques et syndicales que dans les années 1930. Cela a sans doute du bon mais aussi du mauvais : une partie de notre classe est gangrénée par les idées de l’extrême droite, notamment en matière d’immigration. Et aujourd’hui, un an après la défaite sur la réforme des retraites, on ne voit guère poindre la perspective d’une grève générale à court terme.
Accord électoral : un centre de gravité plus à droite que celui de la NUPES
L’accord de répartition des circonscriptions entre les composantes du NFP procède, par rapport à l’accord NUPES de 2022, à un rééquilibrage en faveur du PS. LFI obtient l’investiture dans 229 circonscriptions aujourd’hui, contre plus de 300 en 2022 ; mais l’accord attribue au PS et à son allié Place Publique 175 circonscriptions (contre 70 en 2022) ; les écologistes passent de 100 à 92 investitures et le PCF reste à 50[11]. Le NPA « canal historique » voulait une circonscription gagnable, et Philippe Poutou se voit attribuer la première de l’Aude (Carcassonne)[12]. Globalement donc, le centre de gravité du NFP estplus à droite que la NUPES. Ajoutons deux faits significatifs. Premièrement, la candidature d’Aurélien Rousseau dans les Yvelines : il a été chef de cabinet d’Elisabeth Borne, artisan de la réforme des retraites et ministre de la santé,et il n’a rompu avec la Macronie que sur la loi Darmanin contre les immigré.es. Deuxièmement, une candidature NFP qui en dit long : en Corrèze,celle de l’ex-président François Hollande…
Des promesses de gauche… qui ne peuvent être appliquées ni en régime capitaliste ni dans le cadre de l’UE, tous deux en plein déclin
En quelques mots, nous sommes devant un programme qui maintient le cadre du capitalisme impérialiste français et de l’Union européenne, avec des promesses de changement social qui ne pourrontcependant pas être appliquées dans ce cadre. Définissant des priorités pour les quinze et cent premiers jours, puis les mois suivants, il est présenté comme un contrat de législature répondant à des exigences populaires. Il met en particulier l’accent sur le pouvoir d’achat et sur les questions internationales. Le NFP propose d’abroger dès les premiers jours la réforme des retraites de 2023 ainsi que celle de l’assurance chômage[13], d’élever le salaire minimum mensuel de 200€ nets, pour le porter à 1 600€, d’indexer les salaires sur l’inflation, de bloquer les prix des biens de première nécessité (alimentation, carburants, énergie …), de supprimer la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet. Le NFP veut aussi rendre l’école publique « vraiment gratuite » en prenant en charge les frais de cantine, de transports, les fournitures scolaires… Il propose le vote, dès l’été, d’une loi « énergie-climat » redéfinissant le mix énergétique du pays[14]. Après des négociations tendues sur les questions internationales,le NFP appelle finalement, à la fois, à un « cessez-le-feu » immédiat à Gaza, et à soutenir l’Ukraine contre l’agression russe, notamment « par la livraison d’armes nécessaires »[15].
Sur la question du financement, Olivier Faure (PS), déclare que le programme doit être financé « en prenant dans la poche de ceux qui ont les moyens de donner »[16]. Le programme du NFP mise sur des réformes fiscales : renforcer la progressivité de l’impôt sur le revenu, taxer les superprofits, rétablir l’impôt sur la fortune, réformer l’impôt sur l’héritage. Cela n’est pas chiffréprécisément, mais même si ces réformes procuraient les ressources nécessaires aux avancées sociales – ce qui n’a rien d’évident – il est sûr que la classe capitaliste s’y opposerait avant même la mise en place d’un tel gouvernement. Grève des investissements, sabotage de l’économie, fuite des capitaux, effondrement de la capitalisation boursière, des différentiels abyssaux de taux d’intérêts… : tel est le scénario à prévoir si le NFP remportait les législatives.
Au fond, ce programme est comme tous les programmes réformistes : il ne se donne pas les moyens de satisfaire les avancées sociales, car il se refuse à affronter et à vaincre la classe capitaliste au pouvoir, faisant mine de croire que les parasites argentés ne feront pas tout pour empêcher les réformes progressistes. Pour imposer de véritables avancées sociales, il ne faut rien de moins qu’un mouvement révolutionnairedéterminé à exproprier le grand capital, en commençant par les banques, les multinationales et les grandes entreprises, à mettre tous ces moyens de production et d’échanges entre les mains des travailleurs/ses, et à en finir avec la domination impérialiste du capitalisme français. De tout cela, le programme du NFP ne souffle mot, sauf de façon marginale[17]. De ce point de vue, il est plus à droite que le programme de Mitterrand en 1981, qui incluait des nationalisations. De plus, le NFP accepte le cadre de l’UE, qui a précisément été construite selon les exigences du capital financier, et qui impose une discipline de fer de nature à briser toutes les expériences qui voudraient s’en écarter. La politique économique et sociale du NFP est donc impraticable dans le cadre de l’UE. La triste expérience de Syriza en 2015 semble avoir été oubliée !…
Agir dans une situation hautement instable
La situation politique qui s’ouvre est donc hautement instable, et celle-ci influera sur l’avenir de l’UE. Que la dissolution conduise à un gouvernement du RN ou du NFP, l’UE dans son ensemble sera impactée. Face à cela, la classe dominante ne restera pas les bras ballants.
Les prescripteurs d’opinion de la bourgeoisie ne manquent pas de fustigerles mesures[18]du FP et l’« extrême gauche » (qui inclut le PS !) qui les porte. De Bruno Le Maire au Medef en passant par les éditorialistes bien-pensants, on explique que les mesures anti-business du NFP conduisent à la ruine. Cela se comprend si l’on choisit de rester dans le cadre du capitalisme, dans les griffes de la classe dominante. Une fois de plus, c’est le drame réformiste du NFP en construction, après les autres Fronts populaires. Il ne pourra pas mener à bien les réformes progressistes qu’il propose, empêché par la classe capitaliste française et internationale, classe qu’il prétend faire payer tout en la laissant en place. Une impasse déjà souvent empruntée !
Autre inconnue, liée à la part de la situation qui relève de la volonté populaire de sanctionner Macron : quelle sera la capacité du NFP de convaincre les secteurs populaires marqués par la tradition combative des Gilets jaunes ? Vu le mépris que partis et syndicats de la « gauche bien-pensante » ont réservé à ces camarades, bien des ténors du NFP actuel inspirent encore un profond dégoût dans cette mouvance.
Nous sommes avec les manifestant.es qui reprennent espoir dans les boites et dans la rue. Nous sommes de tout cœur à leurs côtés. L’arrivée du RN au gouvernement serait funeste et nauséabonde : il faut l’empêcher. Mais comment ? Nous voulons seulement faire tout ce qui relève de nos faibles moyens pour aider à la mobilisation, car nous ne pouvons faire confiance aux chefs du NFP. Et cela, nous devons le dire.
Pour gagner vraiment, il faudra déborder le NFP par la base et par la gauche.
- Votons pour le NFP les 30 juin et 7 juillet, en évitant les candidats qui ont contribué au processus de fascisation actuel. Nous prônons un soutien électoral critique, en toute indépendance. C’est la seule façon d’éviter le pire à court terme.
- Exigeons, avec d’autres, la constitution de comités de mobilisation ou d’action ouverts et démocratiques, dans les entreprises et les quartiers. Construisons-les ensemble, et réfléchissons à leur coordination.
- La grève générale n’est pas dans les têtes des personnes mobilisées à gauche aujourd’hui. Mais pensons à la construire, patiemment, et prenons tous les contacts nécessaires en ce sens. Une vraie grève, massive et bloquant l’économie, sera nécessaire quelle que soit l’issue de la situation hautement instable qui s’annonce.
[1] Vu les origines et la nature profonde du RN, les droits des femmes, les personnes LGBTI+, les militant.es du mouvement ouvrier, à commencer par ses éléments les plus combatifs, les piquets de grèves, les défenseurs des droits syndicaux et des libertés démocratiques ont de bonnes raisons de s’inquiéter de la situation.
[2]https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/europeennes-le-rassemblement-national-en-tete-dans-93-des-communes
[3]https://www.revolutionpermanente.fr/Dissolution-pour-conjurer-la-crise-politique-Macron-offre-un-boulevard-a-l-extreme-droite
[4]https://www.lepoint.fr/politique/pour-nicolas-sarkozy-la-dissolution-risque-de-plonger-le-pays-dans-le-chaos-15-06-2024-2563082_20.php#11
[5]https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives-anticipees-avec-la-dissolution-de-l-assemblee-emmanuel-macron-a-plonge-le-pays-dans-un-moment-trouble-reproche-lionel-jospin_6609270.html
[6] Ce slogan était déjà utilisé dans les années 1980. A l’époque, il s’agissait bien du Front National (FN), devenu il y a quelques années le Rassemblement National (RN).
[7] LR : Les Républicains, parti de droite classique, lointain héritier du parti gaulliste,déjà laminé par le macronisme. Sa candidate Valérie Pécresse n’avait obtenu que 4,78% auxélections présidentielles de 2022.
[8]https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/la-crise-politique-entraine-la-bourse-de-paris-vers-sa-pire-semaine-en-deux-ans-2101530
[9]https://www.lemonde.fr/videos/video/2024/06/11/jordan-bardella-retropedale-sur-l-abrogation-de-la-reforme-des-retraites-en-cas-d-election_6238664_1669088.html
[10] Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale (Chambre des Députés et Sénat réunis) ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, par 569 voix pour, 80 contre et 20 abstentions. Seuls 57 députés s’y sont opposés. Les élus PCF étaient interdits de vote (sauf ceux ayant dénoncé le Pacte germano-soviétique).
[11]https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/nouveau-front-populaire-la-repartition-des-circonscriptions-est-bouclee-les-partis-designent-leurs-candidats
[12] Voir notamment : https://www.ladepeche.fr/2024/06/15/philippe-poutou-candidat-du-front-populaire-sur-la-1re-circonscription-12018189.php et https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aude/carcassonne/legislatives-2024-philippe-poutou-nouveau-front-populaire-affrontera-7-autres-candidats-dans-la-1ere-circonscription-de-l-aude-le-lr-se-retire-2988491.html. Notons aussi que dans ce département, les trois circonscriptions ont été remportées par le RN en 2022.
[13]Devant entrer en vigueur au 1er juillet, elle réduit la durée d’indemnisation des personnes privées d’emploi.
[14] Sur cette question, il existe de fortes divergences entre partenaires du NFP, en particulier sur le nucléaire.
[15]https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/le-programme-des-100-premiers-jours-du-nouveau-front-populaire
[16]https://x.com/franceinfo/status/1801569301658280370
[17]La nationalisation est évoquée pour l’industrie du médicament, avec Sanofi.
[18] Voir par exemple : https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/15/legislatives-2024-le-programme-du-nouveau-front-populaire-effraie-les-milieux-economiques_6240418_823448.html