Une des propositions les plus importantes de Chavez a été la formation du PSUV (Parti Socialiste Unique du Venezuela). Toutes les organisations et secteurs qui le soutiennent devraient s’y intégrer et être encadrés dans sa structure. Comme cette proposition a été faite avec l’annonce de « la phase de la construction du socialisme », le PSUV est présenté, y compris par son nom, comme l’organisation politique qui dirigerait cette phase. Nous pensons, au contraire, que les objectifs réels du PSUV, ainsi que son contenu de classe comme organisation, sont totalement différents.
Le « bonapartisme un peu spécial »
Ailleurs dans cette édition de Courrier International, nous analysons que le Venezuela est toujours un pays capitaliste semi-colonial et que la politique de Chavez ne prétend pas changer ce caractère, que Chavez dirige donc un appareil d’Etat et un régime politique dont l’objectif est de défendre le système capitaliste. Le PSUV sera donc, dès sa formation, un parti bourgeois, construit à partir de l’Etat bourgeois et avec une direction bourgeoise, bien que sa base soit ouvrière et populaire.
En réalité, le projet du PSUV n’est pas une nouveauté historique puisqu’il sera très semblable à ce qu’a été le péronisme argentin, le PRI mexicain ou les partis du nationalisme arabe. Ces partis dirigeaient un type de régime politique que Trotsky a appelé « bonapartisme sui generis » ou « bonapartisme un peu spécial ». Ils sont l’expression de bourgeoisies de pays arriérés qui cherchent un soutien dans le mouvement de masses pour essayer de compenser leur faiblesse face à l’impérialisme, afin de pouvoir exercer un chantage et obtenir une marge un peu plus grande d’« indépendance ».
Mais, en s’appuyant sur les masses, ils jouent avec le feu parce qu’il y a le sérieux danger que la mobilisation déborde vers un processus indépendant et révolutionnaire qui rompt le cadre de l’Etat bourgeois. C’est pourquoi ils ont en même temps la nécessité impérieuse d’exercer un contrôle de fer sur ces masses, de construire des « digues de rétention » pour éviter ce débordement.
Ces mouvements emploient deux outils classiques pour contrôler la mobilisation du mouvement de masses. Le premier est la transformation de la structure syndicale en un appareil étatique totalement dominé par le gouvernement, par le biais de ses agents, et sans aucune marge (ou avec des marges très faibles) de démo
L’exemple du péronisme
Un fait de l’histoire argentine montre clairement comment l’objectif de la direction bourgeoise est celui de contrôler et de discipliner les masses. Dans sa première victoire électorale, en 1946, Perón s’est basé sur le Partido Laborista, organisé à partir des syndicats et promu par la bureau
Une nécessité accentuée
Dans le cas du chavisme, cette nécessité de contrôler les masses s’est accentuée parce que celles-ci viennent de mener deux grandes mobilisations révolutionnaires indépendantes: le Caracazo (1989) et la lutte contre le coup d’Etat et le lock-out patronal (2002-2003). Dès lors, le véritable objectif du PSUV n’est pas de « promouvoir la révolution » ni de diriger « la phase de construction du socialisme » mais de museler et de discipliner le mouvement de masses sous la direction bourgeoise du Commandant Chavez et sa politique de freiner le processus révolutionnaire. Le premier pas pour cela est de discipliner tous les cadres et toutes les organisations « chavistes autonomes », en particulier l’UNT (Union Nationale des Travailleurs).
Notre proposition
C’est la raison pour laquelle nous nous opposons à l’entrée des organisations ouvrières au PSUV, surtout si elle est « obligatoire » ou « fortement recommandée » par l’Etat et le gouvernement. Nous défendons le droit de toutes les organisations politiques, sociales et syndicales de rester en dehors de ce parti.
En même temps, face à la proposition de former le PSUV, nous soutenons, au contraire, la nécessité de construire un parti des travailleurs, indépendant de tout secteur bourgeois, y compris le gouvernement chaviste. Dans ce cadre, nous avançons la nécessité de la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire qui combat pour le véritable socialisme contre la politique du « chavisme » de maintenir le capitalisme au Venezuela.
Chavez est-il trotskyste ?
Récemment, la presse a publié un dialogue de Hugo Chavez avec celui qu’il vient de désigner comme Ministre du Travail, dans lequel le président vénézuélien manifeste sa sympathie avec le trotskysme et les idées de la révolution permanente.
En réalité, Chavez n’a rien de trotskyste et il ne base pas sa politique sur le concept de la révolution permanente, étant donné que ce concept est la théorie-programme que Léon Trotsky a élaboré pour orienter la révolution socialiste, tandis que Chavez maintient le Venezuela comme pays capitaliste.
Toutefois, il y a des trotskystes qui ont pris les mots de Chavez à la lettre. C’est le cas de la députée Luciana Genro, membre du Mouvement de
La réalité n’est pas que Chavez est devenu trotskyste mais, au contraire, que beaucoup de trotskystes sont devenus lamentablement chavistes.