Par: Brune, militante de la LIT-QI en France, le 13 septembre 2023
Le 27 août dernier, quelques jours avant la rentrée, le nouveau Ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a mené une nouvelle offensive islamophobe, qui s’inscrit dans la droite ligne des politiques du gouvernement et de ses prédécesseurs, en annonçant l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Désignée comme « signe religieux » cette robe ample (le terme abaya ne signifiant ni plus ni moins que « robe ») porterait, selon le ministre, atteinte à cette laïcité dévoyée que prônent les gouvernements successifs depuis une vingtaine d’année en France. Cette nouvelle attaque augmente encore d’un cran la stigmatisation des jeunes, et en particulier des jeunes filles, de confession musulmane ou considérées comme telles. Elle augmente le champ d’application de la loi de 2004 dite « loi du foulard » et qui fait déjà la chasse aux « signes religieux ostentatoires », surtout quand ils sont portés par des jeunes filles de confession musulmane.
La traduction de cette mesure a produit ses effets dès la rentrée des classes, puisque des jeunes filles ont été exclues de leurs établissements et sommées de revenir avec une « tenue appropriée », de manière souvent très arbitraire, qui plus est. En effet, certains établissements scolaires appliquent la mesure avec zèle, en refusant des tenues « amples » quelles qu’elles soient, voire en évoquant la nécessité d’avoir des tenues « plus moulantes », propos relayés immédiatement par la presse bourgeoise, comme en témoigne la vidéo de l’interview d’une jeune femme et de sa mère, devenue virale sur les réseaux sociaux (https://www.bfmtv.com/), et qui montre l’absurdité de la situation d’une part, mais surtout la discrimination qui s’abat sur les jeunes femmes et les prive de leurs droits fondamentaux.
Face à cette situation, il est évidemment urgent de dénoncer le caractère islamophobe de cette interdiction, mais aussi de revendiquer, plus largement, la liberté des jeunes femmes à s’habiller comme elles le souhaitent. Ça n’est pourtant pas la voie qu’ont choisie nombre de directions syndicales ou de partis de gauche, qui dénoncent tour à tour, pour les directions de la CGT ou de la FSU, une mesure de diversion pour ne pas parler des problèmes qui gangrènent l’éducation, ou bien, en ce qui concerne une partie de la NUPES, une attaque qui n’entre pas dans le cadre de la loi de 2004 (qui laisse entendre que le cadre de cette loi est légitime), sans montrer en quoi cette interdiction participe d’un racisme d’État dont on voit trop les conséquences dramatiques. Le profilage culturel et racial devient systématique et force est de constater que la riposte n’est pas encore organisée.
Le combat pour une éducation émancipatrice doit pourtant passer par l’opposition à toutes les lois racistes, comme la loi de 2004 ou la loi « séparatisme » de 2021, en plus de la lutte pour des conditions de travail décentes et des salaires revalorisés pour tous les personnels. Il doit aussi passer par le soutien aux victimes de répression dans les établissements scolaires, et par l’organisation des personnels, parents, et jeunes, à la base. Enfin, il faut réaffirmer le droit des femmes à disposer de leur corps comme elles l’entendent, et dénoncer les oppressions qui les contraignent quels que soient les vêtements qu’elles portent.
Ces revendications nécessitent le soutien des organisations syndicales des personnels de l’éducation, mais aussi des lycéens et lycéennes, en collaboration avec la jeunesse et les parents des quartiers populaires. A cette politique qui divise, nous devons répondre par un mouvement unitaire qui soutienne et porte les revendications de la base, et organise la riposte (communiqués, rassemblements, organisation du soutien aux victimes de répression).