Le projet de nouvelle constitution venezuelienne comprend plusieurs articles qui parlent des « objectifs sociaux de la production », du droit de l’Etat d’intervenir dans l’economie et d’exproprier des secteurs qui sont consideres comme « strategiques », ainsi que de la creation d’« entreprises socialistes ».
Il est certain que cette partie du texte augmentera l’enthousiasme de ceux qui soutiennent le gouvernement de Chavez, considerant qu’il s’agit d’un pas en avant dans la « marche vers le socialisme ». Toutefois, si nous le confrontons a la realite, nous voyons que cet enthousiasme n’a aucune justification.
D’abord, Chavez lui-meme a declare que toute entreprise productive nationale ou etrangere aura sa place dans le « socialisme du 20eme siecle ». Cela ressemble fort a un capitalisme avec un certain degre d’intervention etatique. C’est ce qui a ete demontre durant ces annees de gouvernement, ou les bourgeoisies nationale et etrangere continuent a faire de grandes affaires dans les secteurs petrolier, automoteur, bancaire, etc., alors que les dures conditions de vie des travailleurs et du peuple ne changent pas.
Mais si quelque chose montre bien le caractere de « publicite socialiste trompeuse » de ces articles, c’est le cas de Sanitarios Maracay, une importante entreprise de la ville homonyme (capitale de la province d’Aragua), fondee il y a 47 ans.
Fatigues de supporter les abus permanents de leur proprietaire, Alvaro Pocaterra (un homme tres lie aux vieux politiciens d’Action Democratique et promoteur du putsch de 2002), les 800 travailleurs ont realise, au cours des dernieres annees, plusieurs luttes pour le payement des salaires et l’observation de clauses de la convention collective.
Face a cela, les patrons ont realise une vieille man?uvre dans leur tentative de mettre en echec les travailleurs : en 2006, ils se sont retires de l’entreprise et ont annonce sa fermeture. Les travailleurs ont occupe l’usine, decide d’assumer le controle de l’entreprise et maintenu sa production. Depuis lors, ils reclament au gouvernement l’accomplissement de ce que Chavez lui-meme a annonce il y a des annees (« entreprise fermee par les patrons, entreprise ouverte par le gouvernement »). C’est pourquoi ils reclament que le gouvernement exproprie et etatise l’entreprise pour qu’elle continue a fonctionner sous le controle de ses travailleurs.
Toutefois, loin d’accomplir cette promesse, et anticipant le suppose esprit « socialiste » de la nouvelle constitution, le gouvernement a fait tout son possible pour casser la lutte de ces travailleurs et pour que l’usine retourne aux mains de ses anciens proprietaires.
Les representants du ministere du Travail leur ont dit que « le mieux qu’ils puissent faire est d’accepter la vente de l’entreprise et percevoir les indemnisations ». En meme temps, comme le denonce Orlando Chirino dans le reportage deja cite, le gouvernement national a besoin de produits sanitaires pour les 18.000 logements du Programme Petrocasa. Mais il a choisi de les commander a d’autres entreprises, dont beaucoup sont la propriete de chefs d’entreprise putschistes de 2002, au lieu d’acheter la production sous controle ouvrier de Sanitarios Maracay, bien qu’elle ait une tres bonne qualite et des bas prix.
Comme si tout ceci n’etait pas suffisant, les travailleurs ont aussi subi la repression gouvernementale. Fatigues du manque de reponse a leurs reclamations, ils ont decide d’aller a Caracas, le 24 avril dernier. Leurs omnibus ont ete durement reprimes sur le chemin par la police du gouverneur d’Aragua, Didalco Bolivar, et par des bataillons de
C’est pourquoi, nous ne devons pas nous tromper. Legouvernement de Chavez et les interets de la « bourgeoisie bolivarienne » peuvent arriver a nationaliser des entreprises comme
Cela a ete clairement demontre dans la facon dont fonctionnent aujourd’hui ces entreprises nationales ou nationalisees, comme PDVSA ou CANTV, dirigees par la « bourgeoisie bolivarienne » sans aucune possibilite des travailleurs de controler leur fonctionnement. Moins encore le gouvernement chaviste va-t-il promouvoir la mobilisation generalisee de la classe ouvriere et du peuple pour faire avancer ce processus.
C’est pourquoi, quand apparait un exemple authentique de controle ouvrier et de mobilisation pour l’expropriation d’une entreprise, comme celui de Sanitarios Maracay, le gouvernement de Chavez l’attaque et le reprime au lieu de le soutenir et de le montrer comme un exemple a suivre.
Ses discours et le texte du projet de la nouvelle constitution peuvent etre pleins de references au « socialisme ». Mais une fois degagee l’emballage rhetorique, sa politique reelle n’a rien a voir avec les interets et les necessites des travailleurs, mais beaucoup avec ceux des bourgeois comme Alvaro Pocaterra.


