jeu Juil 25, 2024
jeudi, juillet 25, 2024

Oui au peuple libanais, non à l’armée belge

Depuis le premier décembre et suite à une manifestation massive appelée par l’opposition libanaise menée par le Hezbollah, des milliers de manifestants campent devant le palais du gouvernement pour exiger la démission du Premier ministre Fouad Siniora. Le 10 décembre, l’opposition a de nouveau appelé à une manifestation qui a rassemblé plus d’un million de libanais. La presse voudrait nous faire croire que, malgré cette crise politique, la situation est caractérisée par la paix dont l’ONU se porte garant grâce entre autres à nos pacifiques démineurs.

Après la victoire du peuple libanais, unis derrière le Hezbollah, et faisant face à l’agression de l’armée israélienne sur son territoire, le Liban connaît actuellement une crise politique importante. Mi-novembre, six ministres de l’opposition, dont deux du Hezbollah, quittaient le gouvernement suite à la tentative du parlement libanais de faire adopter le décret sur le projet de tribunal international de l’ONU. Le président de la République, Emile Lahoud, avait alors déclaré illégitime le gouvernement en place. Depuis lors, l’opposition, principalement composée du Hezbollah (Chiite), du Courant Patriotique Libre (Chrétien) et du mouvement AMAL (Chiite), demande la démission du gouvernement et l’organisation de nouvelles élections législatives.

La victoire de la résistance

 

Lors de l’invasion meurtrière de l’armée sioniste en été, les masses libanaises se sont mobilisées au sein de la résistance, dirigée par le Hezbollah, et c’est tout ce peuple qui a obtenu un succès sur une des armées les plus puissantes du monde. Ce n’était pas la première fois. Déjà en 2000, ils avaient expulsé les troupes du Tsahal du sud du Liban.

Israël avait comme objectif de détruire la résistance libanaise qui soutient la résistance palestinienne, qui menace depuis plus de 50 ans son existence. Israël aurait bien aimé déclencher une guerre fratricide entre les communautés, mais toutes se sont unies derrière les drapeaux du Hezbollah pour repousser l’envahisseur. Car c’était sans compter le prestige et l’expérience gagnée par cette organisation grâce à sa victoire sur les troupes en 2000. Ainsi, l’armée sioniste s’est heurtée à une véritable guérilla, les surprenant dans des embuscades et disparaissant aussitôt. A cela s’ajoute la destruction d’infrastructures en Israël même.

Pour mettre fin à cette humiliante raclée que le gendarme de l’impérialisme au Moyen-Orient recevait et pour lui permettre de poursuivre la répression de la seconde Intifada, toute la « communauté internationale » s’est mobilisée pour imposer « la paix ». C’est au travers de la résolution 1701 de l’ONU (voir PI43) que l’impérialisme impose le débarquement de troupes dans le Sud Liban pour faire respecter le cessez le feu. Néanmoins, la force des Nations Unies (FINUL) se gardait bien d’aller contrôler le territoire du nord d’Israël, ainsi que de prendre des mesures contre les violations incessantes de ce cessez le feu par Israël. En réalité, il s’agissait de couvrir la retraite d’Israël et de protéger sa frontière Nord qui le sépare du Liban, ce qui lui permettait de se concentrer sur la répression de la résistance palestinienne.

La FINUL = armée d’occupation

A partir de l’arrêt officiel des hostilités, la presse impérialiste a répandu une propagande incessante sur cette soi-disant « Force intérimaire des Nations Unis au Liban » (FINUL) ou « force de maintien de la paix ». Il ne s’agirait que d’une mission d’observation, de déminage et de reconstruction. Le contingent belge est très fier de la construction d’un hôpital dont on fait toute une publicité, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit bel et bien de l’infrastructure médicale pour une escalade prévisible dans l’engagement militaire, une contribution des militaires belges à un projet européen qui n’a rien de « pacifique » ni d’« intérimaire ».

Le Premier ministre et le ministre à la Défense belges viennent de rendre visite à ceux-ci lors du réveillon de Noël et vantent dans la presse les mérites de « nos » démineurs. Cependant, deux de ces derniers ont été blessés lors de la recherche de mines. Mais ne serait-il pas plus efficace d’obliger Tsahal à indiquer les emplacements exacts de ses engins de mort ? La reconstruction tant vantée ne se fera pas au profit du peuple libanais car il s’agit de sommes négociées avec l’ONU et l’Union Européenne contre des marchés dans le secteur du bâtiment ou de l’énergie. Des raisons économiques viennent ainsi s’ajouter aux objectifs militaires de la FINUL. Ainsi, sous le nom de « mission de maintien de la paix », les troupes impérialistes protègent Israël et veillent à l’ouverture de fructueux marchés pour les multinationales européennes.

Et pour le peuple libanais, il y a peu de changement entre une armée d’occupation israélienne ou européenne. Un tank reste un tank. La seule différence est que le mandat officiel est encore relativement pacifique et, comme Nidal Amer1 lors d’un débat, tout le monde se demande quand le mandat des troupes va passer de l’observation à l’occupation, c’est-à-dire, à la répression directe de la population.

Un gouvernement soumis à l’impérialisme

Durant le conflit, l’armée libanaise, aux ordres du gouvernement actuel, n’a pas levé le petit doigt pour aider la résistance libanaise. Et quand le pays se retrouve en ruine, c’est encore la résistance et non le gouvernement libanais qui aide la population. Depuis la création du pays, la population libanaise souffre de l’ingérence constante, directe ou indirecte, de l’impérialisme.

La dernière en date est l’occupation du sud du territoire par des troupes européennes sous le drapeau de la FINUL. Ces troupes ont été bien reçues par le gouvernement libanais actuel et sont tolérées par la résistance.

De plus, le pays croule sous une dette extérieure de plus de 22,2 milliards de dollars2 qui n’a fait que s’alourdir après l’agression meurtrière d’Israël cet été. Le pays respecte la politique néolibérale du FMI et de la Banque mondiale, ce qui signifie une soumission économique totale à l’impérialisme américain mais spécialement européen, aux travers des accords Euromed. Ces accords prévoient la poursuite de la privatisation des services publics, de l’agriculture et de la pêche, ainsi que l’ouverture des marchés financiers et la poursuite de l’envahissement de marchandises à bas prix qui va imposer une surexploitation aux travailleurs locaux.

C’est dans ce contexte qu’il est insupportable pour les masses de tolérer un gouvernement pro-occidental et d’accepter l’ingérence directe de l’impérialisme que représenterait le tribunal de l’ONU qui prétend juger les assassins du Premier ministre Rafic Hariri, tué en février 2005. En effet, cela signifie faire confiance à l’impérialisme français, allemand, anglais et américain. pour faire « justice » dans leur pays.

Avec le peuple libanais, contre l’impérialisme

L’opposition qui défie actuellement le gouvernement s’appuie sur les masses libanaises, conscientes de leur force après leur victoire de Tsahal, pour demander la démission de ce gouvernement, ainsi que de nouvelles élections anticipées.

La mobilisation historique du 10 décembre, rassemblant plus de 1,3 millions de personnes, sur une population de 3,5 millions, est un message clair contre le gouvernement en place.

Le Hezbollah est, malgré la trahison que représentait l’immobilisme du gouvernement, resté dans celui-ci lors de l’attaque destructrice d’Israël. De plus, de part cette participation, le Hezbollah à collaborée à la politique néolibérale qui permet d’exploiter chaque jour un peu plus les travailleurs libanais. Enfin, il pouvait et devait profiter de sa victoire pour appeler à l’unification des mouvements de résistance pour en finir avec la colonisation de la Palestine par l’Etat d’Israël, et renforcer ainsi la résistance irakienne. En effet, l’impérialisme américain aurait reçu un coup important. Mais il ne l’a pas fait. L’opposition a préféré provoquer une crise gouvernementale et appelle à de nouvelles élections.

Le renversement du gouvernement Siniora, laquais de l’impérialisme,  serait effectivement une bonne chose, mais pour le remplacer par quoi ? Pour nous, il ne s’agit pas de changer de majorité dans les institutions bourgeoises. Il est nécessaire que les masses libanaises, aux travers de l’opposition, prennent le pouvoir pour instaurer un gouvernement des travailleurs, avec un programme ouvertement anti-impérialiste. Nous pensons que c’est la seule manière de répondre réellement aux aspirations de paix et de liberté du peuple libanais dans le contexte impitoyable de la lutte des classes au moyen orient.

La tâche prioritaire de ce gouvernement des travailleurs et du peuple libanais devra être de chasser les troupes impérialistes qui sont, à l’heure actuelle, tolérées par le Hezbollah et une partie de l’opposition, car tant qu’il restera des troupes impérialistes, le Liban ne vivra pas en paix. 

Ensuite, il est nécessaire de poursuivre une lutte contre l’Etat sioniste qui menace le peuple libanais par sa présence même. Cette lutte passe par une alliance entre les différents mouvements de résistance du moyen-orient.

Enfin, il est nécessaire que l’opposition rompe, une fois pour toutes, les accords économiques honteux signés avec les différentes puissances impérialistes.

Retrait immédiat des troupes belges et européennes du Liban !

La FINUL hors du Liban !

Pour l’unification des résistances au Moyen-Orient
contre Israël et toutes les troupes impérialistes !

Rupture de tous les accords économiques entre le Liban et l’Union européenne !

 

                                                                                                                                       

1 Membre d’ATTAC et animateur du site : www.urgence-liban.blogspot.com

2  www.cadtm.org

 

 

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