lun Sep 15, 2025
lundi, septembre 15, 2025

Il faut nationaliser la CANTV


L’heure de renationaliser la CANTV est arrivée


 


Par Nacho Silva et Cesar Neto


 


A deux reprises, Hugo Chavez, a livré publiquement quelle était sa position par rapport au problème du non-paiement des droits des 8 mille retraités de la Compagnie Anonyme Nationale Téléphonique de Vénézuela (CANTV).


 


La première fois, ce fut à l’Hôtel Hilton, le 15 Août 2006, quand il a déclaré: « Cela m’a fait honte de voir que, jusqu`à aujour’hui, les retraités de CANTV n’ont pas reçu ce que la CANTV doit leur payer. » Et il a conclu : « Ou on paye aux retraités ce qu’on leur doit, ou on commencera à procéder à la nationalisation de la CANTV ».


 


La deuxième fois, ce fut lors du programme télévisuel Allo Président, du 20 août 2006, qu’il a redit: « J’avertis à nouveau la CANTV que si elle ne paye pas ce qu’elle doit aux retraités de la CANTV, je vais la nationaliser ».


 


Nous sommes du côté des retraités et contre la CANTV et exigeons que soit payée la dette des 8 mille retraités. Nous considérons que la possibilité d’une nationalisation des services de téléphonie et de transmission de données – particulièrement pour se défendre des attaques constantes du gouvernement Bush – est fondamentale.


 


Ce texte a pour objectif de présenter ce sujet dans toute sa complexité, d’ouvrir le débat et d’apporter des propositions d’actions politiques.


 


I) Un peu d’histoire


 


CANTV a déjà été une entrprise d’état. Cela signifie que, dans un moment de son histoire, elle a appartenu aux travailleurs et au peuple vénézuélien. Cela fait plusieurs années qu’elle a été privatisée, lors de la vague néoliberale qui a submergé l’Amérique Latine.


 


Depuis le début de 2006, Verizon Communications Inc., la transnationale qui a acheté CANTV, a mis em vente les actions de ses entreprises de communications installées à Puerto Rico, em République Dominicaine, et au Vénézuela. Cette politique obéit à un objectif de réorientation des investissments.


 


Verizon est une entreprise nord-américaine et, par conséquent, impérialiste. Une entreprise puissante, qui contrôle le service de téléphonie du Nord-Ouest du pays et qui, il y a peu, a acheté l’entreprise de téléphonie MCI, successeur de World Com, qui a été la septième plus grande entreprise du monde et a fait banqueroute, lors d’un processus frauduleux. Certains de ses directeurs ont été envoyés em prison, accusés d’être des bandits… Une fois la tempête passée, les actifs de World Com, maintenant appelée MCI, ont été vendus à l’entreprise Verizon. MCI est actuellement la seconde entreprise de téléphonie de longue distance des USA.


 


En achetant CANTV au Vénézuela, Verizon a frappé des coups rudes contre les travailleurs et a dévalisé les poches des utilisateurs des services téléphoniques. Voyons comment cela s’est passé:


 


I. a) La dissémination des Call centers et le centre de communication


Cohérents avec le processus de privatisation des systèmes téléphoniques en Amérique Latine, qui s’est produit dans les années 90, Verizon a appliqué la même politique dans le pays et pour CANTV: il a augmenté le service des portables et diminué les services de téléphonie fixe. Ainsi, ceux qui désirent appeler, doivent maintenant rechercher un centre de communication, et ce sont des jeunes qui leur répondent qui, acculés par les nécessités de trouver un travail, se soumettent à un travail sans aucune garantie, ni aucun droit du travail.


 


b) L’augmentation des coûts des services téléphoniques


Les téléphones portables ont été vendus comme si c’était quelque chose de moderne et d’indispensable. En même temps, la quantité et la qualité du service de téléphonie fixe ont été diminuées, obligeant les consommateurs à migrer vers le système de téléphonie portable. Comme cela se produit toujours avec ce qui est nouveau, cela s’est accompagné de prix excessifs. Aujourd’hui, les prix des appels téléphoniques nationaux constituent un véritable vol pour le consommateur, ce, sans aucun organisme de défense des consommateurs qui puisse comparer avec les prix internationaux de service de téléphonie portable et puisse les dénoncer.


 


c) La surexploitation des fonctionnaires qui n’ont pas été renvoyés


Comme dans tout processus de privatisation, les nouveaux propriétaires sont arrivés avec le mensonge de la « restructuration » et de « l’augmentation de productivité », ce qui, en résumé, signifie, des licenciements massifs et la surexploitation des travailleurs, que ce soit à travers l’augmentation de la charge de travail, ou la baisse des salaires. CANTV a mis deux ans pour accepter la reconduite du dernier contrat collectif et quand elle s’est enfin décidée, « elle a signé un accord avec ses employés qui inclut une augmentation du salaire minimum offert par l’entreprise, de 414, 9 dollars à 536,1 dollars par mois (the Wall Street Journal, 06.09.05).


 


d) Les manouvres de la CANTV contre les retraités. Une histoire incroyable du pouvoir du capital


Le 26 juillet 2006, cela a fait un an que le Tribunal Suprême de Justice, le plus grand organisme juridique du Vénézuela, a émis un jugement en faveur des 8 mille retraités de la CANTV, dans lequel il déclarait que la plainte est légitime.


 


La souffrance de ces ex-travailleurs est née du fait que le gouvernement a décrété des  mois avant, l’homologation de tous les salaires des retraités du pays, et de nombreuses entreprises, parmi lesquelles, la CANTV, entreprises dans lesquelles les personnes devaient survivre avec des sommes dérisoires de 30 mille, 100 mille, ou 200 mille bolivars.


 


Mais l’entreprise de télécommunication s’est refusée à respecter le décret présidentiel et, bien au contraire, a entamé une action en justice au TSF, lequel à sont tour a confirmé le décret en faveur des retraités.


 


CANTV se moque du TSJ et les juges tremblent


Mais la CANTV a fait omission du cas et s’est refusée à payer. Cela a obligé les ex-travailleurs à recourir à nouveau aux instances judiciaires. À la surprise générale, huit juges se sont déclarés « empêchés », montrant par cette attitude leur terreur d’affronter l’énorme pouvoir économique de cette compagnie de télécommunications. Finalement, une juge a plaidé le cas et a de nouveau donné raison aux retraités, mais en insinuant qu’ils devraient tenter une conciliation avec l’entreprise. Et, avec cette surprenante insinuation, la juge  portaient préjudice à la cause des travailleurs, dont les droits en sont pas négociables!


 


La recommandation de la fonctionnaire du pouvoir judicaire a été rejetée par les plaignants qui, offensés, ont accusé formellement la juge de partialité, ce qui à son tour a causé la fureur de celle-ci qui, en représailles, a infligé une amende aux travailleurs pour « diffamation et calomnie ».


 


L’Assemblée Nationale tremble aussi


Depuis lors, les retraités ont réalisé de nombreuses manifestations, des blocages de rue, et aussi organisé des meetings, notamment en face des bâtimentsde l’Assemblée Nationale, instance à laquelle ils ont recouru de nombreuses fois, sans qu’aucune commission de cet organisme législatif puissant ait pu faire pression sur la CANTV, pour qu’elle repecte les normes légales du pays, qu’elle est bien en train de violer impunément.


 


Et comme si ce n’était pas assez…


Mais, le plus effrayant encore, c’est que la CANTV non seulement se moque des décrets présidentiels, du Tribunal Suprême de Justice, des juges de la République et de l’Assemblée Nationale, mais, qui plus est, cette entreprise se donne le luxe de mettre en pratique le boycott à Cuba depuis la terre de révolution, en faisant payer des tarifs exorbitants vers l’île et en sabotant les communications, selon les dénonciations de médecins cubains résidant au Vénézuela.


 


II) Malgré les profits, Verizon veut partir


Depuis l’achat de MCI, Verizon annonce son intentions de vendre ses actions dans divers pays et de concentrer ses capitaux aux Etats-Unis, particulièrement sur MCI. Les principaux groupes intéressés par l’achat des actions de CANTV sont les groupes américains Movil et Telmex. Les deux appartiennent à Carlos Slim.


 


III) Qui est Carlos Slim?


Ce mexicain propriétaire de plusieurs entreprises au Mexique, aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil, en Colombie, au Chili et au Pérou, figure dans la liste des multimillionnaires de la planète, juste après Bill Gate et Warren Buffet. Son patrimoine atteint les 30.000 millions de dollars, selon le sdonnées de la revue FORBES, publiés an Mars 2006. Si vous voulez savoir comment il a obtenu une telle fortune, il suffit de lire l’opinion du journal des investisseurs, The Wall Street Journal, dans son numéro du 20 décembre 2005: « Les actions de América Movil, la plus grande compagnie de téléphones portables d’Amérique Latine, qui possède environ 75% du marché de portables mexicains, ont augmenté de 80% dans les 12 derniers mois. Les investisseurs aiment la capacité de la compagnie à facturer des tarifs qui sont les plus élevés de l’hémisphère. »


 


IV) Les négociations ont commencé


Le 4 avril dernier, Verizon Communications a annoncé son intention de vendre à Telmex et America Movil les actions qu’il possède dans l’entreprise CANTV. La transaction suppose de débourser 676,7 millions de dollars, ce qui signifie 21, 10 dollar pour chaque ADR (American Depositary Share).


 


Dans le numéro du 08.04.06, El Nacional annonçait la présence dans le pays d’Arturo Elias Ayub, directeur de l’entreprise Aliance Stratégique, qui coordonne les actions de Carlos Slim. Ayub affirmait : « J’ai eu la chance de me réunir à Caracas avec le vice-président José Vicente Rangel et d’autres fonctionnaires. Ils ont été très aimables, très courtois. Nous vcoyons les choses de manière optimiste. Je crois qu’il voit d’un bon oil l’investissement étranger, un investissement comme le nôtre. Si nous investissons cette somme, c’est que nous avons confiance. »


 


Comme dans tout processus de négociation impliquant de grands investissements, les délais sont longs. La dernière tentative pour obtenir l’approbation du gouvernement vénézuélien a eu lieu le 29 juin 2006 à Miraflores. Là se sont réunis le président Chávez et l’ex-prédient espagnol Felipe Gonzéles. Selon le journal Reporte, du 30 juin 2006: « Gonzáles a défini cette réunion comme une rencontre technique, qui a duré plus de quatre heures, dans la palais de Miraflores. (…) Il a souligné que l’objet de sa visite répond à la volonté de donner suite aux conversations avec le leader vénézuélien, ce que le chef d’état du Vénézuela a approuvé. Ces conversations concernent le possible investissement de Carlos Slim, qui s’élève à 600 millions. Il semble qu’il n’y a pas eu d’accord formel, parce que Felipe González a parlé de faire une nouvelle réunion avec le président Chávez. »


 


Felipe est arrivé au pouvoir après la chute du régime franquiste. Il défendait la « concertation nationale » et le célèbre pacte de Moncloa. Tous ensemble. Tous ramant dans le même sens. Pourtant, si l’on fait le bilan de son gouvernement, il faut mentionner les attaques aux droits des travailleurs, la précarisation du travail, des privatisations et beucoup de corruption. Tout cela sous le couvert de gouvernement « socialiste ». Désillusionnées par le socialisme de Felipe González, les masses espagnoles ont appliqué une véritable défaite à leur parti, le PSOE, et le pouvoir est tombé entre les mains du parti de droite, le PP d’Aznar.


 


V) Il est temps de passer des discours à la nationalisation effective


Les successives réunions qui ont déjà eu lieu entre les entrepreneurs et les fonctionnaires du gouvernement indiquent que les négociations continuent et que l’aboutissement est proche. Bien sûr, pour eux, l’aboutissement signifie l’acceptation de la vente des actions de la CANTV.


 


Nous n’hésitons pas à dire que le caractère privé de la CANTV est un effet du néo-libéralisme que Chávez attaque tant. Nous sommes d’accord avec lui pour attaquer le néo-libéralisme, mais le temps est venu de passer des discours à l’action.


 


L’Assemblée Nationale possède une écrasante majorité: des 167 députés; 114 sont du MVR, en alliance avec PODEMOS (19), PPT (11), PCV (8). Cette majorité peut donc afficher le profil anti-impérialiste et anti-néolibéral du gouvernement dirigé par Chávez. Comment faire? En votant une loi qui lie les communications à la sécurité nationale, par exemple. Ou une autre loi, nous n’en ferons pas un drame. Ce que nous exigeons, c’est que soit votée une loi qui ne permette pas la revente de la CANTV au groupe de Carlos Slim, et que, par conséquence, ait lieu la nationalisation.


 


Nationaliser ou accepter la vente à Carlos Slim?


La juge Lidsay Medina a prononcé la sentence suivante: les retraités de l’entreprise devront recevoir une retraite de 512 mille bolivars à partir du 1er Septembre, comme le détermine la Constitution de la République Bolivarienne du Vénézuela. La dette envers les retraités s’élève approximativement à 1,5 millions de bolivars. À peu près 680 millions de dollars.


 


Mais le problème ne se termine pas avec le paiement des retraités. Il continue avec la super-exploitation des travailleurs, dans le travail précaire des centres de communication, et avec le danger que, Carlos Slim, après avoir acheté la CANTV, applique les mêmes tarifs élevés qu’il applique au Mexique. Et au-delà de tout cela, il y a la sécurité nationale, étant donné que les communications et le transfert des données est aux mains d’une entreprise impérialiste, impérialisme qui est accusé d’avoir, en 2002, fomenté un coup d’état.


 


Dans les faits ce que nous avons vu jusqu’à présent c’est: d’un côté les tractations pour accepter que Verizon vende ses actions à Carlos Slim; de l’autre, Chávez parlant de nationalisation.


 


Nous devons EXIGER de Chávez qu’il suspende immédiatement les négociations pour la vente de la CANTV et commence un processus inverse: dans le sens de nationaliser l’entreprise, et avant toute chose, en permettant l’annulation des retraites des travailleurs pour una actualisation.


 


Le 4 Décembre arrive déjà…


Nous irons voter le 4 Décembre. Chávez nous demande dix millions de votes pour continuer sa lutte contre le néo-libéralisme, l’impérialisme et vers le socialisme. Il nous demande un chèque en blanc. Nous croyons qu’il faut inverser cette logique. Faisons ainsi: d’abord que soit suspendue la négociation avec Carlos Slim et ses « quarante voleurs ». Ensuite que la CANTV soit nationalisée et on reparlera alors seulement des dix millions de votes.


 


Sinon, nous continuerons à vivre du discours anti-néolibéral, anti-impérialiste et pour le socialisme, et les transnationales continuerons à faire ce qui leur plaît.

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