jeu Sep 05, 2024
jeudi, septembre 5, 2024

Visitez le dossier spécial 40e anniversaire de la LIT-QI

« Le parti mondial est la priorité numéro un du mouvement ouvrier parce qu’il existe une économie et une politique mondiales auxquelles sont subordonnées les réalités nationales […] l’existence d’une politique mondiale est caractéristique du capitalisme et puisqu’il s’agit de le renverser, il faut un instrument en accord avec cette réalité et cette tâche […]« . Nahuel Moreno, 1986.

Quarante ans se sont écoulés depuis la rencontre de révolutionnaires appartenant à différents pays, qui, du fait de ses résolutions centrales, est devenue un important pas en avant pour surmonter ce qui, comme l’a défini Léon Trotski en 1938, est le plus grand problème de toute l’humanité : la crise de la direction révolutionnaire du prolétariat. La réunion a eu lieu à Bogota, entre le 5 et le 11 janvier 1982 et a fondé ce qui s’appelle aujourd’hui la Ligue internationale des travailleurs (LIT-QI).

Par: Daniel Sugasti

Au début, le conclave était intitulé « Réunion internationale de consultation ». La convocation s’adressait à des dirigeants d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, de Colombie, du Costa Rica, du Chili, de l’Équateur, d’Espagne, des États-Unis, de France, d’Italie, du Mexique, du Panama, du Pérou, du Portugal, de Suède, d’Uruguay et du Venezuela. Des camarades du Nicaragua, du Salvador, de Grèce, de Belgique, d’Allemagne et de Turquie n’étaient pas présents, mais ont adressé leur soutien.

La plupart des personnes présentes étaient membres de l’ancienne Fraction bolchevique (FB), une organisation révolutionnaire internationale dont le principal bâtisseur et dirigeant était le trotskiste argentin Hugo Miguel Bressano Capacete, connu sous le nom de Nahuel Moreno. Ce courant, pendant de nombreuses années, a fait partie de ce qu’on appelait alors le Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale (SU), l’organisation majoritaire au sein du mouvement trotskiste depuis sa réunification en 1963. Le plus grand représentant du SU a été Ernest Mandel. La rupture avec l’ancien SU, comme nous le verrons dans les articles de notre dossier spécial, a eu lieu en 1979, au milieu de dures polémiques programmatiques, politiques et surtout morales.

En 1980, le secteur dirigé par Moreno tente une unification avec un autre secteur, dirigé par Pierre Lambert. Mais cette tentative ne dure pas longtemps, compte tenu de la capitulation du courant lambertiste face au gouvernement Mitterrand, entré en fonction en 1981.

Ainsi, au milieu de cette situation complexe, toutes les personnes présentes à Bogota n’avaient pas fait partie de l’ancien FB. Cette réunion qui, redisons-le, avait pour but de regrouper les trotskistes orthodoxes, a aussi pu compter sur la présence du Vénézuélien Alberto Franceschi et de Ricardo Napurí, alors deux importants dirigeants de l’ancien CORQI [[i]]. Précisément, l’un des motifs centraux de la « Réunion internationale de consultation » était d’organiser la défense de l’honneur révolutionnaire de Napurí, calomnieusement attaqué par Lambert et par Jorge Villarán, dirigeant du Parti ouvrier marxiste révolutionnaire (POMR), l’organisation péruvienne du lambertisme.

En ce sens, la réunion a approuvé deux textes : « La Réunion internationale de consultation exige le respect du Protocole »[[ii]] et « Contre les calomniateurs, pour la défense de l’honneur révolutionnaire de Ricardo Napurí et de la morale prolétarienne ». Mais il y a eu une troisième décision, de nature stratégique. Celle-ci a consisté à transformer cette réunion internationale en une Conférence mondiale de la Fondation de l’Organisation trotskiste internationale.

Cette Conférence, en plus de discuter du bilan des dernières tentatives d’unification du mouvement trotskiste et des perspectives de son aile orthodoxe, a délibéré sur les principes, le programme, les statuts, les publications, le nom et la direction d’une nouvelle organisation révolutionnaire internationale.

Le postulat central pour cette tâche, exprimé plus tard sous la forme d’une thèse, stipulait catégoriquement que :

« Le plus grand besoin matériel et objectif de l’humanité, la révolution socialiste mondiale, a un corrélat subjectif : une direction révolutionnaire mondiale. Sans la seconde, la première est impossible. Ainsi, la crise de l’humanité s’aggrave de jour en jour sans solution […] La nécessité objective absolue de la révolution socialiste mondiale se concrétise, s’incarne, dans la nécessité subjective absolue d’une direction révolutionnaire internationale – non bureaucratique. »[[iii]]

Convaincue de cette conception historique, l’actuelle Ligue internationale des travailleurs – Quatrième Internationale – (LIT-QI) – est née des délibérations de cette Conférence. Ce nom a été déterminé – l’anecdote mérite d’être citée – par la faible marge de deux voix, par opposition à une autre proposition qui préconisait comme nom « Ligue internationale de la révolution socialiste-Quatrième Internationale ».

Une nouvelle organisation révolutionnaire internationale, léniniste-trotskiste, apparaissait sur la scène, faisant face au présent et avec tout un avenir devant elle. Le brouhaha s’est emparé des quelques dizaines de camarades présents, tous des militant.es pleins d’abnégation, d’esprit de sacrifice, rompus aux durs aléas de la lutte des classes dans leurs pays. Le discours final de la Conférence de 1982, court et émouvant, s’est terminé en paraphrasant les derniers mots de Trotski : « Nous sommes certains de la victoire de la Quatrième Internationale« . Des larmes ont coulé sur plus d’un visage. Les poings étaient serrés et levés. À la fin des travaux, malgré l’immense fatigue engendrée par sept jours intenses, tout le monde s’embrassait, sautait et chantait : « Si ça, ce n’est pas la IV, où est-elle?… ». Nahuel Moreno, à juste titre, pouvait déclarer : « L’existence d’une tendance trotskiste orthodoxe est un fait« .

C’est ainsi que nous sommes nés. C’est ainsi qu’est né ce courant international, dont nous revendiquons le passé et le présent avec une immense fierté militante.

À partir d’aujourd’hui, et au cours des prochaines semaines, nous présenterons à nos lecteurs une série d’articles pour célébrer le 40e anniversaire de la fondation de notre organisation internationale.

Tous auront pour objectif de restituer certains éléments de notre trajectoire militante, nos principes et nos principales expériences politiques. Entre autres sujets, nous présenterons l’histoire de la LIT-QI jusqu’à aujourd’hui ; nous traiterons de la nécessité et de la possibilité d’une révolution socialiste mondiale ; de l’intervention du courant moréniste, avec près de 80 ans d’existence, dans le mouvement ouvrier ; de la signification et du rôle de l’internationalisme prolétarien et révolutionnaire ; du centralisme démocratique comme régime d’organisation des partis d’avant-garde ; du caractère militant et combatif, « conspirateur », que doivent avoir les partis révolutionnaires. Dans ce sens, nous soulèverons le débat sur ce que signifie être militant dans une organisation révolutionnaire ; l’attitude du marxisme face aux différentes oppressions ; l’héritage et le présent de notre courant dans l’élaboration sur la Palestine et les conflits au Moyen-Orient ; le rôle du stalinisme classique et ses nouvelles variantes ; le rôle du réformisme, ses nouvelles formes et l’attitude du trotskisme face à cette tendance hostile à la révolution ouvrière et socialiste.

Certains articles seront accompagnés de quelques vidéos, en guise d’introduction. Nous invitons tout le monde à nous rendre visite et à partager cette expérience avec d’autres camarades. Ainsi, nous appropriant notre passé en vue de l’avenir, nous commémorerons les quatre décennies de la LIT-QI, un courant trotskiste, avec un programme ouvrier, socialiste et internationaliste, au service de la reconstruction de la Quatrième Internationale fondée par Léon Trotski.

Visitez le Dossier Spécial pour le 40ème anniversaire de la LIT-QI : https://litci.org/fr/


[[i]] Courant International dirigé par Lambert.

[[ii]] Nous faisons référence à l’accord signé le 17 novembre 1981 entre Pierre Lambert et Andrés Romero (du PST argentin), dans le cadre de la rupture du CI, où il était stipulé qu’aucune des deux parties utiliserait les sigles du CI ni le nom Correspondance Internationale (qui avait été l’organe de ce groupe) pour ses propres publications. Lambert a rompu cet accord onze jours après.

[[iii]] LIT (QI). Tese de Fundação da LIT (QI): Sobre a necessidade de construir uma direção e uma organização internacional. Revista Marxismo Vivo, edição especial, fevereiro de 2007.p. 89

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