Editorial de Rebelión (novembre-décembre) N. 75 d’Izquierda Socialista de los Trabajadores, section de la LIT-QI en Uruguay
Une année, qui a été dure pour les travailleurs et les secteurs populaires, s’achève. En Uruguay, la pandémie s’est traduite par des décès et des infections évitables en raison de la politique de la « nouvelle normalité ». Elle a également perturbé la vie quotidienne des travailleurs et des travailleuses. Le confinement et l’isolement ont provoqué davantage de violences à l’encontre des femmes dans leur maisons, l’incertitude parmi les ouvriers informels et 100 000 personnes ont été poussées dans la misère, appelées les nouveaux pauvres. La classe ouvrière a subi des licenciements, des réductions de salaire et la flexibilisation du travail, parce que les patrons, avec la bénédiction de ce gouvernement des propriétaires de l’Uruguay, ont profité du marasme pour nous ajuster.
Dans ces conditions, les travailleurs et les secteurs populaires « sortent » de la pandémie : avec plus de pauvreté, moins de travail, des salaires plus bas, des réductions et des augmentations des tarifs et du coût de la vie. Ce sont les mêmes conséquences, à la manière et au rythme de l’Uruguay, qui se sont produites dans le monde entier à cause de ce système capitaliste et de ses gouvernements qui font peser le poids de la crise sur nos épaules.
Dans ce scénario, les travailleurs ont mené de nombreuses et importantes luttes au cours de l’année. Dans l’enseignement public contre les coupes et les sanctions à l’encontre des enseignants, dans l’usine UPM2(1), dans les organismes publics tels que l’ANCAP, l’UTE ou l’OSE, dans la pêche, dans l’industrie de la viande, avec le dur conflit des travailleurs de SOOFRICA. Et en toile de fond, la paralysie pendant plusieurs jours du port de Montevideo. Ces luttes ont fourni le cadre de la dernière grève générale en septembre, produit de la colère massive des travailleurs.
Il faut ajouter à cela l’importante lutte pour les droits de l’homme qui, le 20 mai, a été ressentie dans tout le pays et la collecte de signatures contre la LUC, qui – assumée et organisée par la base – a fini par porter un premier coup au gouvernement multicolore.
Suite à ce coup dur, ce gouvernement anti-ouvrier, faisant des calculs pour essayer d’éviter une défaite au référendum, reporte maintenant les augmentations de carburant et donne un coup de pouce ou fait passer plus progressivement la contre-réforme de la sécurité sociale et divers ajustements qu’ils veulent continuer à nous appliquer.
C’est la lutte, l’organisation et l’initiative d’en bas qui ont mis un certain frein au gouvernement, c’est pourquoi il n’a pas encore avancé en profondeur. Cela montre deux choses importantes. La première, que le gouvernement n’est pas invincible, au contraire, il est possible de le repousser et de remporter des victoires bien qu’elles soient partielles. Et deuxièmement, il a été démontré que le moyen d’y parvenir est la lutte et l’organisation par le bas, comme l’a démontré la base. C’est la principale leçon que nous devons retenir.
Si la lutte contre le gouvernement n’a pas progressé davantage, c’est parce que, malheureusement, la direction majoritaire du PIT-CNT n’a pas unifié tous les conflits et toutes les revendications en une seule grande lutte avec un plan de lutte, mais s’est limitée à quelques grèves isolées. Les dirigeants du Frente Amplio n’étaient pas non plus intéressés par la lutte, car ils sont plus préoccupés par les négociations parlementaires et se disputent déjà les postes pour les élections de 2024. C’est qu’au fond, malgré leurs discours, ces dirigeants ne veulent pas affronter en profondeur ce gouvernement de droite, et encore moins renverser le système capitaliste.
Et s’il y a quelque chose que la pandémie a rendu brûlant en Uruguay et sur toute la planète, c’est que ce système pourri, uniquement préoccupé par le profit de quelques milliardaires, n’ira pas plus loin ; il ne peut pas être réformé, ni amélioré.
C’est pourquoi les travailleurs et les secteurs populaires doivent relever le défi de construire une nouvelle direction politique. Une direction ouvrière, des exploité.es, qui ne spécule pas avec les calculs électoraux ou les postes hautement rémunérés dans les ministères et au Parlement.
Une direction qui veut vraiment affronter le gouvernement de manière cohérente, en promouvant la lutte, l’organisation par le bas et l’unification de toutes les luttes.
Une direction qui ne se doit qu’aux exploités et aux opprimés, et qui propose une sortie révolutionnaire du capitalisme : la construction du socialisme, où les travailleurs et les secteurs populaires gouvernement avec leurs propres organismes.
Depuis l’Izquierda Socialista de los Trabajadores et la LIT-CI, nous t’invitons à te joindre à nous pour nous atteler à cette tâche en construisant la direction révolutionnaire dont nous avons besoin dans le feu des dures luttes qui ne manqueront pas de nous attendre, nous les travailleurs, sous ce gouvernement et ce capitalisme décadent.
b(1) Usine de production de pate de cellulose.b