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Un processus révolutionnaire secoue les États-Unis !

Un processus révolutionnaire est en cours aux États-Unis. Suite à l’assassinat de George Floyd, les masses sont descendues dans la rue et ont fait face à la répression policière dans une gigantesque mobilisation antiraciste.

Déclaration de la Ligue Internationale des Travailleurs (LIT)- QI -le 10 juin 2020

Cette mobilisation est historiquement sans précédent de par sa dimension et sa radicalité,. Il y a un processus révolutionnaire aux États-Unis, avec des caractéristiques similaires à celles qui ont émergé dans les pays semi-coloniaux, comme le Chili, la Colombie, l’Irak, le Liban, mais aussi avec de grandes différences. Cependant, cela se passe dans le pays impérialiste le plus puissant du monde.

Ce qui a toujours été montré au monde comme le modèle de société apparaît maintenant avec son vrai visage : la domination capitaliste grotesque.

D’abord parce que le pays le plus puissant du monde connaît une crise brutale due à la combinaison du racisme, de la répression policière, de la pandémie et de la récession économique.

D’autre part, parce que les masses des États-Unis se sont mises debout. Au plus fort de la pandémie, cette mobilisation est un exemple mondial pour les exploités et les opprimés du monde entier. En ce moment, l’impérialisme est plus faible. Il est possible de combattre la domination capitaliste, d’y faire face.

Il s’agit d’un stimulus extrêmement important à un moment où le monde entier traverse une crise brutale due à la combinaison de la pandémie et de la récession économique. La possibilité de reprise des processus révolutionnaires qui ont secoué le monde au début de l’année commence à se manifester, et l’exemple des États-Unis pourrait aider à enflammer d’autres pays.

Le roi est nu

La haine contre le racisme et la répression policière a été considérablement renforcée par la crise économique et les effets de la pandémie.

Les États-Unis ont actuellement le plus grand nombre, dans le monde, de personnes infectées et tuées par le Covid 19. Le nombre de morts, plus de 115 000 jusqu’à présent, et plus que le double de celui de la guerre du Vietnam. Les fosses communes de New York font partie de la même barbarie que celle des morts dans les rues de Guayaquil, en Équateur. L’absence d’un système de santé publique a directement touché la population la plus pauvre. Ce n’est pas par hasard que le taux de mortalité du Covid 19 chez les Noirs est le double du taux chez les Blancs.

Aux États-Unis, la récession mondiale qui commence a des chiffres qui approchent ceux de la dépression de 1929, et elle pourrait même être pire. On prévoit une baisse de 14,2 % au premier semestre de cette année. Plus de 40 millions de personnes ont demandé des allocations de chômage. Il y a 70 000 sans-abri à New York. Chez les Noirs, les salaires sont inférieurs d’un tiers de ceux chez les Blancs, et le chômage y est beaucoup plus élevé.

La violence policière contre les Noirs est l’expression du racisme omniprésent aux États-Unis. Les grandes luttes contre la ségrégation raciale, en particulier dans les années 1960, ont réussi à abolir les lois ségrégationnistes, mais pas le racisme. Aux États-Unis, l’État dans son ensemble est extrêmement répressif, avec la plus grande population carcérale du monde, majoritairement noire. La lutte contre le racisme est indissociable de la lutte contre le capitalisme. Comme l’a dit Malcom X: « Il n’y a pas de capitalisme sans racisme. » La grande bourgeoisie utilise le racisme pour accroître l’exploitation et pour inciter les travailleurs blancs contre les noirs.

Nous devons lutter durement contre le racisme et chercher à rassembler les travailleurs noirs et blancs dans leur ensemble contre cette exploitation et cette oppression. L’exemple des jeunes blancs présents dans les manifs aux États-Unis est une leçon de plus de ces luttes.

Ce qui explose maintenant aux États-Unis est une accumulation de décennies d’exploitation et d’oppression. C’est le capitalisme qui attaque durement les masses, une cocotte-minute que la combinaison de la pandémie, la récession et le racisme ont fait exploser. Le roi est nu. Le « rêve américain », c’est le cauchemar capitaliste tel quel.

Une gigantesque mobilisation… sans le contrôle du parti démocrate

Une mobilisation gigantesque et spontanée a secoué les grandes villes du pays après l’assassinat de George Floyd par un policier blanc. Dans la rue, les gens ont improvisé des affiches, organisé de petits rassemblements. Ceux qui n’étaient pas dans la rue ont applaudi depuis les fenêtres. Dans certains endroits, des supermarchés ont été pillés par des gens à la recherche de nourriture.

Les Noirs représentent 13 % de la population américaine. Les foules dans la rue étaient des Noirs, des Blancs, des Latinos, des Asiatiques. Il y avait une grande participation de jeunes Blancs, qui ont souvent pris la tête des mobilisations pour empêcher la police de continuer à tuer des Noirs. L’explication de la mobilisation conjointe n’est pas seulement la sensibilité contre l’oppression raciste, mais également la crise sociale brutale aux États-Unis, qui affecte les masses appauvries.

La bourgeoisie a pris peur et a réagi. Trump, colérique, a demandé davantage de répression de la part des gouverneurs ; il a menacé d’ordonner l’assassinat ; il a mis l’armée dans la rue. Les gouverneurs et les maires du parti démocrate ont dit qu’ils comprenaient les motivations des manifestants et ils ont essayé de canaliser la montée en colère des masses vers les élections de novembre prochain. En vain. Ils ont envoyé la police, décrété un couvre-feu, tout comme les républicains. La répression policière a fait des milliers de prisonniers et plusieurs morts. Les gens n’ont pas quitté la rue.

La Maison Blanche a continué à être entourée de manifestants en colère, avec des scène de destruction dans les quartiers environnants. Les foules dans la rue ont bravé le couvre-feu dans de nombreuses villes. Un poste de police et des dizaines de voitures de police ont été incendiés à travers le pays. La situation est devenue incontrôlable.

Les appareils de répression ont montré des signes évidents de crise. Des dirigeants et anciens dirigeants du Pentagone, dont plusieurs généraux, ont pris position contre Trump, remettant en question sa proposition de mettre l’Armée à réprimer le peuple.

Dans de nombreuses villes, les maires ont suspendu le couvre-feu. La police a souvent dû reculer devant des foules prêtes à l’affronter. L’indignation populaire contre la répression policière a fortement augmenté. Dans de nombreux endroits, on a vu la police se joignant aux manifestations, mettant genou à terre comme dans l’acte antiraciste de Colin Kaepernick de 2016. La répression a partiellement reculé, ce qui démontre la force de la rue.

La crise du gouvernement et du régime aux États-Unis est la conséquence de la force de la mobilisation. Cela ne se terminera pas de sitôt, même si les mobilisations actuelles déclinent sous l’effet de la fatigue et de la répression, et de l’absence d’une direction révolutionnaire.

Dans de nombreux pays au monde, en particulier en Europe, il y a eu d’importantes mobilisations pour soutenir les luttes aux États-Unis. Ce n’est pas par hasard. Il existe de nombreuses situations similaires dans ces pays : outre la pandémie et la récession, il s’y trouve l’oppression contre les Noirs et les immigrés.

Le problème central de la direction des luttes

Contrairement à la plupart des mobilisations du passé, les luttes actuelles aux États-Unis ne sont pas dirigées par le parti démocrate. La spontanéité des mobilisations, une caractéristique de nombreux processus révolutionnaires ces dernières années, est la plus grande vertu de ces luttes aux États-Unis. Ce qui fait qu’elles ne peuvent pas être contrôlées par des bureaucrates syndicaux ou par des représentants du parti démocrate. C’est aussi sa plus grande faiblesse, par manque de direction révolutionnaire, par le fait de ne pas s’organiser, de ne pas définir un programme, de ne pas montrer une perspective définie.

À ce stade, des signes indiquent déjà que le parti démocrate tente de canaliser le processus vers le Parlement et les élections de novembre. Les démocrates ont présenté un programme au Congrès pour limiter la répression policière. De nombreux parlements locaux font des propositions pour réduire le financement de la police. Le conseil municipal de Minneapolis a proposé de supprimer la police actuelle et d’en créer une nouvelle. Le secteur du mouvement Black Lives Mattter, coopté par le parti démocrate, a également présenté un programme limité au sens électoral. Après tout cela, le candidat démocrate Joe Biden a devancé Trump dans les sondages et promet que tout changera s’il est élu.

S’ils parviennent à canaliser ces luttes vers les parlements et le processus électoral, les démocrates pourront à nouveau stériliser ce fantastique processus.

Il faut avancer dans l’auto-organisation et l’autodéfense dans les quartiers et dans les mobilisations pour faire face à la répression. Il faut faire progresser l’auto-organisation des travailleurs à la base contre les bureaucraties ! Il faut dynamiser les secteurs des travailleurs organisés et des jeunes qui accompagnent les manifestations de rue.

Il faut un programme d’urgence à partir des luttes contre le racisme et la répression, pour faire avancer une réponse révolutionnaire à la pandémie et à la crise économique. Il faut lutter dur pour vaincre le gouvernement Trump dans les luttes directes des masses, sans attendre le processus électoral, sans faire confiance aux démocrates ! Il faut se battre pour un gouvernement des travailleurs aux États-Unis !

Il faut construire une nouvelle direction révolutionnaire au cours des luttes, aux États-Unis et dans le monde !

 

 

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