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vendredi, décembre 20, 2024

Un contrat d’acier avec garantie de pouvoir polluer impunément.

L’aciérie du groupe Ilva à Pouilles, dans le sud-est de l’Italie, réputé comme le site le plus polluant de l’Europe, a fait faillite récemment, et sa fermeture a été saluée comme le retour du Printemps de Pouilles. Le « gouvernement du changement », né en juin dernier, avait garanti la fermeture et/où la reconversion du site… jusqu’à l’apparition d’un repreneur. Arcelor Mittal, le premier producteur mondial d’acier, avec une vingtaine d’aciéries réparties sur quatre continents, bien connu en Belgique pour ses méthodes peu soucieuses des intérêts de la population, s’est intéressé à cette aciérie intégrée, la plus grande du continent. Et la précarité de l’emploi et le risque de s’enfoncer dans la misère ont motivé les plus de 10.000 salariés du site, lors d’un référendum en septembre dernier, d’opter à 94 % pour la reprise par Arcelor Mittal, plutôt que la fermeture de la source de pollution.
Nos camarades de la section italienne de la LIT ont publié à ce propos « certaines choses que vous ne lirez pas ailleurs ». Il n’y a pas que le licenciement de 3000 travailleurs dans toute l’Italie, dont 2500 à Pouilles. Les nouveaux propriétaires n’ont aucune obligation de reconvertir l’usine en conformité avec les normes environnementales. Au contraire, sachant que le nombre de travailleurs atteints du cancer à Ilva est quatre fois la moyenne nationale, « les propriétaires de l’entreprise ont la garantie de l’immunité pénale pour tout événement de maladie ou de décès qui affectera les travailleurs et les citoyens du territoire ». Et alors ? Fallait-il voter la fermeture, comme le proposaient certains syndicats ? Sachant que ce n’est que par ce travail que les travailleurs peuvent recevoir le salaire nécessaire à la subsistance de leur famille. Faut-il retourner dans une société rurale basée sur le pastoralisme et la pêche, comme le demandent divers comités environnementaux petits-bourgeois et divers secteurs anarchistes bucoliques ?
Nos camarades italiens expliquent :
La défense du lieu de travail est la condition élémentaire de survie du prolétariat. C’est pourquoi chaque mouvement ou comité de lutte ne peut ignorer les raisons de subsistance de la classe ouvrière, ni penser que des solutions puissent être proposées aux problèmes qui impliquent inévitablement cette classe sans que ces solutions aient été discutées et approuvées par la même classe.
Le mot d’ordre de la fermeture est incorrect, car ce n’est pas la seule façon de faire. En fait, il existe une vaste littérature scientifique qui montre qu’il est possible de produire de l’acier sans détruire l’environnement et le climat, étayée par l’existence d’usines différentes, en Europe et sur d’autres continents, dans laquelle la production d’acier ne produit pas de catastrophe environnementale. Si ce changement dans le mode de production de l’acier à Pouilles n’a pas eu lieu, c’est uniquement parce que les multinationales qui ont pris possession de l’usine n’avaient pas et n’ont pas l’intention de réinvestir une part de leurs bénéfices incroyables dans de nouveaux moyens et techniques de production.
Ce n’est qu’en soustrayant la production de biens matériels de la logique du profit et en plaçant les moyens de production sous le contrôle des travailleurs et des citoyens, qu’il sera possible de produire des biens matériels, nécessaires aux besoins de la population mondiale, sans polluer la planète ni produire les désastres climatiques que nous enregistrons quotidiennement sur tous les continents. En d’autres termes, le problème de l’environnement ne peut être séparé du problème du contrôle, par les masses, des moyens de production de biens matériels et donc de la transformation socialiste de la société mondiale. Seul le socialisme pourra sauver la planète des catastrophes environnementales et climatiques et seule une société de ce type pourra produire les matériaux nécessaires à la construction d’infrastructures, de logements et de moyens de transport, tels que l’acier, sans nuire à l’environnement.

 

1. Voir Presse Internationale, n°83 / Janvier 2012.

2.https://www.alternativacomunista.it/sindacato/ex-ilva-la-primavera-pugliese-dipende-solo-dall-unit%C3%A0-delle-classi-oppresse

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