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Six mois d’invasion russe en Ukraine

24 août 2022

L’invasion russe de l’Ukraine date de six mois. Lorsque les troupes de Poutine sont entrées sur le sol ukrainien le 24 février, après des mois de chantage en stationnant plus de cent mille soldats aux frontières, tout indiquait que l’énorme disproportion entre les deux forces militaires se traduirait par une victoire rapide du Kremlin. Contre toute attente, cela ne se passa pas comme ça.

Par Daniel Sugasti

Les ambitions de Poutine se sont écrasées contre la résistance du peuple ukrainien, qui a tenu tête à la deuxième puissance militaire de la planète. Pour avoir une idée de la brutalité des envahisseurs, il faut prendre en considération que, dans le premier mois de la guerre, l’Ukraine a été bombardée toutes les 36 minutes. Au cours du dernier mois, c’était toutes les 12 minutes.

Mais cela n’a pas brisé le moral populaire. En plus des actions de l’armée régulière, des milliers de civils ont assumé des tâches dans la défense du pays. Les images de centaines de personnes s’organisant pour fabriquer des cocktails Molotov, recevoir une rapide formation militaire ou collaborer de toutes les manières possibles à l’arrière, dans différentes villes, ont ému le monde.

Des civils reçoivent des armes et une formation militaire (Ivor Prickett/The New York Times)

Cette résistance, couplée à des erreurs logistiques de la part des Russes, a poussé Poutine à abandonner le plan initial de conquête éclair de Kyiv. En mars, Moscou a annoncé qu’elle concentrerait ses efforts militaires sur le contrôle du Donbass et du sud de l’Ukraine.

Le retrait russe de la périphérie de Kyiv a laissé une terrible trace d’atrocités contre les civils, comme cela s’est avéré à Bucha et dans d’autres villes. Au sud, la conquête de Marioupol, une ville portuaire importante sur la mer d’Azov, a impliqué un effort gigantesque durant des mois de la part des troupes russes. En fait, cet endroit n’a pu être pris qu’à la fin du mois de mai, après sa destruction et d’innombrables crimes de guerre.

 Des civils ukrainiens tentent d’échapper aux bombardements russes

Ces derniers mois, la guerre est entrée dans une phase de stagnation et d’usure mutuelle. La Russie, sous la couverture de groupes de mercenaires séparatistes pro-russes, a conquis une grande partie du Donbass, la région minière la plus industrialisée d’Ukraine.

Mais ce n’a pas été facile. Poutine se heurte à une forte résistance à l’Est (les Russes n’ont pas réussi à conquérir Kharkov, la deuxième ville du pays) et doit répondre à une série de contre-attaques ukrainiennes au Sud (comme à Kherson), l’obligeant à diviser ses forces. Dans de nombreuses localités, des actions de guérilla ukrainiennes se menées contre l’envahisseur. Cependant, la supériorité militaire de la Russie sur le terrain reste écrasante, notamment en termes d’artillerie et de puissance aérienne.

La guerre est longue et coûteuse. Il y a eu des milliers de morts. Des dizaines de villes sont détruites. Plus de six millions d’habitant.e.s ont quitté le pays. Ceux qui sont restés manquent des biens les plus élémentaires : nourriture, eau potable, chauffage, etc.

Mais l’Ukraine ne se rend pas. La mission principale continue d’être vaincre l’invasion russe. Expulser les troupes de Poutine du territoire ukrainien est crucial. Pour atteindre cet objectif, il ne faut pas faire confiance à Zelensky, qui dirige un gouvernement bourgeois, au service des oligarques, qui profite de la situation de guerre pour attaquer davantage les conditions d’existence de la classe ouvrière, sapant ainsi la résistance contre les occupants. En raison de sa nature de classe, le gouvernement Zelensky trahira tôt ou tard la lutte de son propre peuple.

L’invasion de Poutine laisse derrière elle une traînée de morts, d’atrocités et de destruction

Il ne faut pas non plus faire confiance à l’impérialisme américain et européen (OTAN), qui n’est pas disposé à tolérer une véritable victoire des exploités d’Ukraine contre Poutine. C’est pour cela qu’ils n’envoient des armes, pour la plupart défensives et même obsolètes, qu’au compte-goutte. Pour cela qu’ils maintiennent leurs activités commerciales avec Poutine. L’impérialisme n’est pas intéressé même par la souveraineté de l’Ukraine. En fait, à plusieurs reprises, les dirigeants mondiaux ont admis avoir conçu l’idée de diviser le pays. La classe ouvrière et les exploités, au contraire, veulent vaincre les envahisseurs, et récupérer tout le territoire occupé, y compris la Crimée, annexée par la Russie en 2014.

La LIT-CI a soutenu la cause du peuple ukrainien depuis le début, maintenant une indépendance totale et une opposition au gouvernement et à la bourgeoisie ukrainiens, ainsi qu’à l’OTAN. Nous avons promu des pourparlers, des protestations dans différents pays. Nous avons organisé, avec des mineurs ukrainiens et d’autres organisations, un convoi de solidarité avec la résistance qui a atteint l’Ukraine.

Nous soutenons que la nature du conflit est déterminée par l’agression militaire d’un pays plus puissant (la Russie) sur un plus faible (l’Ukraine). Par conséquent, nous soutenons la lutte des travailleurs et du peuple ukrainiens contre l’invasion et nous sommes pour la défaite des troupes russes dans cette guerre.

En ce sens, il est nécessaire de promouvoir des mobilisations pour exprimer publiquement le soutien à la résistance ukrainienne, comme cela s’est produit en Europe et dans d’autres parties du monde. Il est regrettable que la majorité de la gauche défende des positions pacifistes et équidistantes, ou soutienne l’invasion de Poutine.

Par ailleurs, il est nécessaire et correct de se mobiliser pour exiger que les gouvernements (surtout ceux des pays impérialistes) livrent des armes lourdes, avec une puissance offensive, et tout le matériel essentiel (munitions, nourriture, médicaments) directement à la résistance ukrainienne et sans aucune condition.

Nous sommes totalement opposés à l’ingérence de l’OTAN dans le conflit et exigeons sa dissolution. Nous appelons également à combattre les mesures de « renforcement » des armées qui la composent, car elles sont une menace pour tous les peuples du monde. Mais il est nécessaire, en plus de dénoncer et d’exposer le rôle de ces gouvernements, d’exiger qu’ils remettent sans conditions les armes lourdes, les avions de combat et toute la technologie militaire requise par la résistance ukrainienne.

La guerre de libération contre les occupants ne pourra réussir que si elle se développe de plus en plus comme une guerre de la classe ouvrière et du peuple ukrainien. En Russie, pays agresseur, nous soutenons et promouvons les mobilisations et expressions de refus de la guerre et de l’invasion, que le régime Poutine réprime violemment.

Les Ukrainiens combattent héroïquement l’invasion commandée par le régime de Poutine. Ils ont déjà infligé des défaites importantes à l’occupant. Ils ont montré que la machine de guerre russe peut être vaincue et ainsi qu’il est possible de vaincre un collaborateur majeur de la contre-révolution dans le monde.

Par conséquent, la lutte du peuple ukrainien n’implique pas seulement la libération de leur propre pays. Une défaite du régime de Poutine dans cette invasion donnerait une grande impulsion à la lutte des travailleurs et des masses dans tous les pays.

Nous continuerons d’être en première ligne pour soutenir le peuple ukrainien. Ce n’est qu’avec le soutien de la résistance ukrainienne que l’OTAN, les États-Unis, l’UE et le gouvernement oligarchique de Zelensky lui-même pourront être combattus et démasqués, comme étant incapables d’affronter la lutte contre l’agresseur russe jusqu’à ses ultimes répercussions.

Travailleurs du monde, unissez-vous pour soutenir la résistance ukrainienne !

Pour la défaite des troupes de Russie !

Des armes pour le peuple ukrainien !

Vive la résistance ukrainienne !

Aucune confiance dans les États-Unis, l’UE, l’OTAN !

Pour la dissolution de l’OTAN!

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