Pendant que nous nous demandons comment nous allons payer nos factures, les partis du gouvernement prennent des mesures qui réjouissent les patrons. Et leur fédération, la FEB, à de quoi parler « d’éclaircies » : diminution de la norme des soins de santé, attaques des temps partiels, remise au travail des malades de longue durée, augmentation du budget pour l’industrie militaire, etc. Tous les partis se disent d’accord sur le fait qu’il s’agit d’améliorer « le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises », alors qu’en même temps ils se plaignent que « le coût salarial menace la compétitivité… ». C’est l’un ou l’autre. Sont-ils du côté des travailleurs ou des patrons ?
Pour l’ensemble de notre classe, la situation s’aggrave de jour en jour et même l’indexation ne permet pas aux salaires de suivre. L’énergie est chère, et le prix du pétrole, principal facteur de cette hausse, n’est plus pris en compte dans le calcul de l’index depuis 2015.
De nombreux petits indépendants, au contraire des grandes entreprises, sont au bord de la faillite. Pour la bourgeoisie, le grand risque serait que la crise puisse provoquer « le désordre », c’est-à-dire la riposte des travailleurs contre cette attaque sur notre classe, sans précédent ces dernières années, que représente la hausse des prix. Et, lamentablement, les hautes directions de nos syndicats acceptent d’éviter le « désordre ». Ainsi, Marie Hélène Ska, la patronne de la CSC, est prête à « éviter que l’angoisse se transforme en colère »(Le Soir 7/9).
L’augmentation des prix est imposée aux travailleurs dans toute l’Europe. Les travailleurs britanniques répliquent en déclenchant le plus vaste mouvement de grève de ces dernières décennies. Cheminots, dockers, enseignants, postiers, tous sortent pour réclamer des hausses de salaire et, dans certains secteurs, obtiennent des victoires. En France, les travailleurs des raffineries ont fait plus de 3 semaines de grèves. En Belgique, on se souvient de la récente victoire des travailleurs des carrières Sagrex ou celle des travailleurs de la sécurité de l’aéroport de Charleroi. Ainsi, notre mobilisation paie ! Comme début juin, au plus gros centre de tri de bpost en Belgique, où les travailleurs ont obtenu, en se mobilisant spontanément, le retrait d’une nouvelle organisation du travail qui allait augmenter encore plus une exploitation déjà insupportable.
Mais au Royaume-Uni, les directions des principales centrales syndicales ont suspendu la grève, qui commençait à toucher l’économie, sous le prétexte de la mort de la Reine, un magnifique cadeau aux patrons. En Belgique aussi, les hautes directions syndicales sentent que la colère gronde sur le terrain. Dans de nombreux secteurs, cette combattivité des travailleurs les oblige à décréter des actions et des grèves, comme chez les cheminots ou chez les enseignants. Leur plan d’action c’est de nous canaliser dans une seule journée de grève générale. C’est exactement ce que disait Thierry Bodson de la FGTB à l’action du 21 septembre: faire des actions préparatoires à la grève du 9 novembre pour mieux éviter que la base n’exprime sa colère de manière spontanée, pour éviter les grèves « sauvages ».
Nous ne devons compter que sur nos propres forces et retenir les leçons des grèves générales de 2014 où les directions syndicales nous on trahit, comme à leur habitude, en divisant nos forces par des grèves régionales, puis en nous essoufflant dans des petites manifestations. Leur action est de collaborer avec le gouvernement et le résultat concret est de démoraliser les travailleurs. Chez bpost, les travailleurs sont sortis spontanément en arrêt de travail, car la direction syndicale ne s’opposait pas à cette nouvelle organisation du travail, ils ont donc imposé la mobilisation.
Si la bourgeoisie, c’est-à-dire les patrons et leur gouvernement, est notre principal ennemi, nous devons savoir qu’au sein de notre classe, nos hautes directions syndicales freinent nos luttes quand elles ne les trahissent pas directement. De cela, nous devons être conscients et n’accorder aucune confiance dans leurs promesses ou discours enflammés dont l’unique but est d’éviter notre organisation indépendante de leur table de conciliation avec les patrons. Et c’est précisément ce dont nous avons besoin ! Il faut organiser notre colère pour qu’elle débouche sur une puissante grève générale qui puisse durer le temps nécessaire à l’obtention de nos revendications. Non pas une grève d’un jour, prévue bien à l’avance pour laquelle tous les patrons s’y préparent. Non pas se limiter à des revendications générales comme « la modification de la loi sur la norme salariale ». Non pas agiter un débat parlementaire, qui peut être intéressant, comme une alternative à notre mobilisation.
Nous devons nous organiser entre nous pour mettre la pression sur nos directions syndicales pour qu’elles organisent des assemblées générales pour permettre aux travailleurs d’organiser cette grève générale , quel que soit leur syndicat, syndiqué ou non, quel que soit leur statut, et de se prononcer sur sa reconduction ou non. Il ne faut pas « rester attentifs aux mots d’ordre » venus d’en haut, mais les décider nous-mêmes dans ces assemblées et, à tout prix, rester unis car nous avons besoin de cette unité pour vaincre. De plus, dans chaque secteur, sur chaque lieu de travail, les travailleurs doivent avancer leurs revendications propres et ainsi renforcer leur unité face à leur employeur. Outre-Manche, c’est par cette organisation à la base que les directions syndicales ont été obligé de relancer la vague de grève qu’ils avaient interrompue. C’est en organisant nous-mêmes notre lutte syndicale avec les ressources de notre organisation que nous pourrons paralyser tout leur système économique durant plusieurs jours, ce qui fera peur au gouvernement, car il n’aura aucune prise sur notre mouvement.
Blocage et diminution du prix de l’énergie sous le contrôle des travailleurs !
Augmentation générale des salaires ! Aide aux petits indépendants !
Pour une réelle échelle mobile des salaires : retour du pétrole dans l’index !
Aucune confiance dans nos hautes directions syndicales: Construisons un rapport de force, tous ensemble, à la base, pour garantir la grève générale et décider nous-mêmes de la suite du mouvement !