sam Juil 27, 2024
samedi, juillet 27, 2024

NON aux menaces contre les personnalités et les organisations antiracistes et antifascistes ! Pour une grande mobilisation unitaire contre les menaces et contre les organisations racistes et néo-nazies

Em Luta, la section portugaise de la LIT-QI

Dans la nuit du 11 au 12 août, plusieurs personnalités politiques ont reçu des menaces du groupe néo-nazi Nova Ordem de Avis – Resistência Nacional,1 selon lesquelles elles devraient quitter le territoire national dans les 48 heures ; sinon, elles et leurs familles « en subiraient les conséquences ». L’activiste Danilo Moreira, militant de Em Luta et dirigeant du syndicat des travailleurs des centres d’appel, a été directement visé par ces menaces. Parmi les personnalités politiques visées figurent également Beatriz Gomes Dias et Mariana Mortágua (députées du Bloc de Gauche), Joacine Katar Moreira (députée indépendante), Mamadou Ba (dirigeant de SOS Racismo), Vasco Santos (dirigeant du MAS), et plusieurs militants de groupes antifascistes et antiracistes. Ces menaces font suite à d’autres adressées à SOS Racismo, et à une manifestation illégale devant le siège de celle-ci, le 7 août, style Ku Klux Klan, avec quelques dizaines de personnes au visage masqué et munies de torches, dans le but évident d’intimider et de détruire (même physiquement) l’action et les combattants antiracistes et antifascistes.

Nous rejetons fermement ces menaces et nous exprimons notre solidarité avec tous ceux qui ont été pris pour cible, quelles que soient les différences qui nous séparent. Nous exigeons que le pouvoir judiciaire mène une enquête et punisse immédiatement les personnes et les organisations à l’origine de ces menaces, en appliquant la loi qui interdit les organisations de type raciste et fasciste au Portugal. Le gouvernement PS de Costa, qui prétend défendre la démocratie et qui a une histoire dans la lutte contre la dictature portugaise, doit immédiatement punir ces organisations, ainsi que leurs ramifications au sein de la police. Le gouvernement portugais est responsable, maintenant, de la vie et de l’intégrité physique de ces dix personnalités et militants, et doit mettre fin une fois pour toutes à l’impunité qui donne un espace aux actions criminelles de ces organisations. Le Parti Communiste Portugais (PCP) et le Bloc de Gauche (BE), qui prétendent être contre le racisme et le fascisme et défendre les travailleurs, doivent passer de la parole à l’acte et se placer en première ligne de la lutte contre l’escalade criminelle et antidémocratique de ces organisations.

Mais il ne suffit pas d’attendre que les institutions de la démocratie des riches défendent les travailleurs, leurs secteurs opprimés et leurs combattants. Afin de répondre à cette escalade de menaces et d’y mettre fin, il est nécessaire de construire en réponse une grande mobilisation, qui rassemble le mouvement antiraciste, les organisations du mouvement ouvrier (CGTP, UGT, syndicats et CT) et toutes les organisations démocratiques (PS, PCP, BE, etc.).

Ces actions interviennent à un moment de montée de la lutte antiraciste au Portugal et dans le monde. Le racisme structurel qui prévaut au Portugal a été dénoncé comme un facteur qui aggrave les conditions de travail et de vie des Noirs, des Noires et des immigrés, qui sont plus exposés aux bas salaires, à la précarité et aux mauvaises conditions de logement. La crise économique qui s’amorce dans le contexte de la pandémie a révélé le drame économique et social que vivent de nombreux travailleurs et, en particulier, les travailleurs noirs et les immigrés. Conscients de cette situation, des milliers de personnes sont descendues dans la rue le 6 juin, pour protester contre la mort de George Floyd aux mains de la police étasunienne, et le 31 juillet, pour demander justice pour la mort de Bruno Candé aux mains d’un ancien combattant de la guerre coloniale portugaise.

Ces mobilisations ont lieu en même temps que nous assistons à la croissance de Chega, un parti d’extrême droite.2 Après l’élection de son député André Ventura, Chega apparaît comme impliqué dans l’organisation de deux manifestations où il a été dit que le Portugal n’est pas raciste, ce qui signifie une défense de l’assassin de Bruno Candé et donne du souffle à la croissance de ces groupes.

Ce n’est pas un hasard : tout indique que ce nouveau groupe a été créé par des membres de Chega, issus de l’ancien Nouvel Ordre Social, liés à Mário Machado, au Partido Nacional Renovador et aux Hammer Skins, toutes des organisations néo-nazies et criminelles et dont font partie plusieurs des condamnés pour le meurtre d’Alcino Monteiro le 10 juin 1995.

La classe ouvrière et ses organisations, ainsi que tous ceux qui défendent les droits démocratiques les plus fondamentaux, ne peuvent rester indifférents à la croissance de ces organisations. Ceux qui pensent que c’est un problème pour les Noirs ou la lutte antiraciste se trompent. Ces gens qui veulent expulser les combattants antiracistes et antifascistes du Portugal sont ceux qui défendent la destruction de la santé publique et de l’éducation, qui défendent le retrait des droits du travail aux travailleurs et la libéralisation encore plus grande du marché des loyers. Ce sont ceux qui blâment les Noirs et les immigrés pour les malheurs du pays, tout en protégeant les banquiers et la grande bourgeoisie qui volent chaque jour les travailleurs, les petits commerçants et la population la plus pauvre : ce n’est pas par hasard que Chega, de Ventura, est financé par des gens comme les propriétaires de Tintas Barbot, de Hifly ou de Castrol. Ces gens, ce sont ceux qui défendent la liberté à la police d’intervenir comme bon lui semble, qui défendent un régime « plus musclé » (euphémisme de nombreuses dictatures) et qui n’auront aucun problème à réprimer les travailleurs qui se dressent contre le patron ou le gouvernement. Ce sont ceux qui défendent Bolsonaro et Trump, qui laissent des millions de gens mourir dans leur pays au nom des profits des grands capitalistes. Ce sont ceux qui sont gentils avec les contraintes de l’UE et la soumission aux États-Unis, mais qui veulent la main dure contre les pays semi-coloniaux et contre ceux qui fuient la pauvreté et la faim à la recherche d’une vie meilleure, comme l’ont fait et continuent de le faire aujourd’hui tant de travailleurs portugais. Il s’agit donc d’un problème qui concerne tous les travailleurs.

C’est la politique des gouvernements successifs du PS (soutenu ces dernières années par le PCP et le BE) et du PSD/CDS qui a perpétré attaque après attaque contre la classe ouvrière et qui est à l’origine du désespoir qui conduit à la croissance de Chega et des organisations néo-nazies. Mais il n’y a aucune droite anti-système ! La politique de division de la classe ouvrière menée par Chega et les organisations néo-nazies comme Résistance Nationale ne favorise que les grands patrons du système et représente plus de misère pour celui qui travaille. Loin d’un changement, c’est l’aggravation des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

Le changement ne viendra que de l’organisation et de l’union des exploités et des opprimés, contre les grands patrons et les banquiers qui sont les véritables privilégiés et bénéficiaires du système, que Ventura, tout comme les autres partis du système, veulent défendre.

Répudiation de toute menace de la part de groupes néo-nazis !

Solidarité avec tous ceux qui sont visés !

Enquête et sanction des responsables, maintenant !

Pour une grande mobilisation en réponse à ces menaces de nature raciste et fasciste, une mobilisation qui rassemble le mouvement antiraciste, les organisations du mouvement ouvrier (CGTP, UGT, syndicats et CT) et toutes les organisations démocratiques (PS, PCP et BE, etc.) !

1Le Nouvel Ordre d’Avis – Résistance nationale. Le « Ordem de[São Bento] de Avis » était un Ordre religieux du moyen âge, recyclé en décoration militaire après la Première Guerre mondiale. La distinction fut réglementée en 1968 par António de Oliveira Salazar, dans le cadre du régime conservateur et autocratique du Estado Novo. – NdT

2<https://partidochega.pt/ > Le parti fut créé le 9 avril 2019, sous l’impulsion d’André Ventura, qui fut élu député au Parlement lorsdes élections du 6 octobre.

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