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vendredi, avril 19, 2024

Lettre aux camarades

Depuis décembre 2015, un gouvernement de droite, sous la présidence de Mauricio Macri, a succédé en Argentine aux 12 ans de règne de Nestor Kirchner, puis de sa femme, Cristina Kirchner. Des mesures du gouvernement Macri, qui visent à avancer davantage dans les plans d’austérité des Kirchner ont suscité une vague de mobilisations des travailleurs, en particulier contre les plans de réforme du système des pensions et de réforme de la loi du travail. Ces luttes se sont intensifiées en 2017, avec une première grève générale en avril. Et le 18 décembre 2017, une autre grève générale a eu lieu, accompagnée de manifestations de masse face au Congrès, où la nouvelle loi des pensions devait être votée.
Le gouvernement a alors déclenché une « chasse aux leaders », avec des poursuites sous les prétextes les plus futiles. Etait particulièrement visé Sebastian Romero, ouvrier chez General Motors depuis 2005, délégué syndical de 2012 à 2014, puis non réélu à cause d’une fraude concoctée entre la bureaucratie syndicale du SMATA et les patrons. Il était toutefois la direction reconnue par ses camarades de travail, en particulier lors d’une lutte fin 2017 contre la suspension de 360 camarades convenue entre le SMATA et les patrons. Une lutte grâce à laquelle beaucoup de camarades ont récupéré leur job.
Dans ce contexte, Sebastian, militant depuis 2012 du PSTU(A), la section argentine de la LIT-QI, a dû passer à la clandestinité. Et c’est dans ces conditions qu’il a écrit le message que nous publions ici.

Je m’appelle Sebastián Romero, et je suis un persécuté politique du gouvernement de Macri.

Je suis un ouvrier comme tant d’autres, mais il y a maintenant trois mois que je ne vois pas ma famille, mes amis, mes camarades de l’usine ni mes voisins. Je suis persécuté comme un terroriste, parce que j’ai fait partie des milliers de manifestants qui, le 18 décembre, ont résisté dans la rue contre le vol aux retraités, mis en œuvre au Congrès. Même après la votation de la réforme des retraites, ce jour, nous avons stoppé la Réforme des lois de travail, et ça, ils ne pardonnent pas.
Il y a quelques jours, les juges Gustavo Hornos et Ana María Figueroa, de la 1ère chambre de la Cour de Cassation, m’ont refusé un nouveau recours contre mon emprisonnement, tout comme le juge Torres et la 2e chambre de la Cour criminelle et correctionnelle. Le gouvernement veut m’avoir en prison pour faire peur à tous ceux qui continuent à lutter. Je vous demande à tous de partager et de diffuser cette lettre autant que vous le pouvez.
J’étais délégué syndical à la General Motors, et suite à la persécution, j’ai été licencié. Mes camarades de travail y continuent la lutte pour dénoncer les délégués traîtres qui soutiennent les licenciements. En avant camarades, nous pouvons gagner !.
Pour me faire peur et pour que je me rende, ils m’ont menacé, ainsi que ma famille, mes amis et mon parti, le PSTU. Ils ont été jusqu’à incendier la voiture d’un de mes avocats, Martin Alderete. Mais sur cela, la justice ne dit rien.
Quelle autorité peut avoir un gouvernement dont le président même est en procès pour corruption ? Un gouvernement qui a fusillé Rafael Nahuel ,Facundo et d’autres gamins pauvres ; qui cache le fait que la Gendarmerie a assassiné Santiago Maldonado ; qui maintient en prison, sans jugement, les camarades détenus le 14 décembre, ainsi que Milagro Sala, pour avoir occupé une place publique ; et qui a extradé Jones Huala comme « terroriste ». Comment se peut-il qu’alors qu’ils demandent la capture internationale pour « le fou du mortier » (mon alias dans certains médias), comme si j’étais de l’EI, ils libèrent en même temps les militaires assassins de la dernière dictature ? Il faut en finir avec cette persécution contre moi et contre Arakaki et Dimas Ponce, qu’ils veulent également mettre en taule.
Ils veulent m’avoir en prison parce qu’ils ont peur que ceux qui combattent l’ajustement budgétaire de Macri soient chaque jour plus nombreux. Mais même sans voir mes collègues et mes camarades, même avec les menaces et les pressions, je ne vais pas me rendre, car les travailleurs ne se rendent pas. Je me sens comme l’un des plus de cent ouvriers des mines de Rio Turbio, qui résistent aux licenciements, occupent les mines et font face aux gendarmes avec les moyens de bord. C’est un grand exemple de ce qu’il faut faire ! Les villages d’Azul et les fermes du Nord sont en lutte pour le pain quotidien de leurs familles. On ne peut plus continuer à subir les attaques contre nos gens et la faim de nos enfants, pendant que nous nous tuons au travail. Ça suffit !
Pour toutes ces raisons, je veux envoyer un message à tous les travailleurs qui peuvent lire cette lettre : N’abandonnons pas la rue ! Ne permettons pas les licenciements de nos camarades ! Ne permettons pas qu’ils nous ruinent avec des ajustements que nos familles payeront ! Nous devons nous organiser dans l’unité et sortir à combattre ce gouvernement qui nous affame ! Les dirigeants qui disent qu’ils veulent affronter le gouvernement doivent faire un appel à la grève générale. Et sinon, il faut l’imposer à partir de la base !
Ça suffit ! Les travailleurs, les femmes qui luttent pour leurs droits, les jeunes et tous les secteurs populaires, nous devons faire tomber le gouvernement de Macri, comme nous avons fait tomber De La Rúa en 2001. Faire des assemblées avec nos camarades dans chaque lieu de travail, organiser la lutte. Il n’y a pas d’autre voie, c’est eux ou nous.

Vive la lutte de
la classe ouvrière !
Macri, dégage !

 

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