Le 19 août 2022
Dans cette interview, le directeur du syndicat des métallurgistes de São José dos Campos, membre de la CSP-Conlutas et travailleur d’Embraer, Herbert Claros, parle du syndicalisme internationaliste et d’indépendance de classe, et de sa campagne de solidarité avec l’Ukraine, qui résiste depuis plus de cinq mois à la brutale invasion russe.
Par Herbert Claros
Comment s’est déroulée l’expérience du convoi d’aide des travailleurs en Ukraine ?
Herbert Claros – Fin avril, le Réseau syndical international de solidarité et de lutte (RSISL) a envoyé une délégation de 20 syndicalistes de cinq pays pour livrer 800 kilos d’aide humanitaire au syndicat des mineurs ukrainiens de Kryvyï Rih. C’était notre façon d’exprimer notre solidarité avec la résistance ukrainienne. Nous avons également participé à une conférence sur la guerre organisée par des mouvements sociaux dans la ville de Lviv.
Quelle est la situation en Ukraine ?
Herbert – Les travailleurs sont en résistance contre l’invasion criminelle de Poutine. Ils font aussi face à une réforme du travail réalisée par le gouvernement Zelensky lui-même au profit des oligarques ukrainiens. Ils sont également confrontés à l’hypocrisie des pays européens et des États-Unis, qui tiennent des discours en faveur de l’Ukraine mais refusent de livrer l’armement dont la résistance ukrainienne a besoin pour vaincre Poutine et libérer le pays. Il y a aussi la question de la majorité de la gauche internationale qui soutient Poutine ou s’oppose à l’envoi d’armes à l’Ukraine pour qu’elle se défende.
Y a-t-il une proposition de retour en Ukraine ?
Herbert – Le Réseau syndical international discute d’un deuxième convoi pour septembre.
Comment s’est passée la participation de la délégation du syndicat des métallurgistes à la conférence Labor Notes à Chicago en mai ?
Herbert – C’était très intéressant de voir qu’il y a une nouvelle situation aux Etats-Unis. Cette conférence réunit des militants syndicaux qui ont une position critique vis-à-vis de la conciliation de classe. Il y avait 4 000 personnes. Le président du syndicat nouvellement créé chez Amazon à New York était présent. La croissance du syndicalisme de lutte est liée à la grande mobilisation contre la violence policière raciste après le meurtre de George Floyd.
Y a-t-il d’autres activités du réseau prévues pour cette année ?
Herbert – Oui. Par exemple, il y aura une réunion du syndicalisme alternatif européen à laquelle les organisations du Réseau participeront début septembre à Rome pour discuter d’une action syndicale commune au niveau continental. Nous lançons également ce mois-ci un nouveau site Internet pour le réseau.
Est-il vraiment nécessaire d’avoir une organisation syndicale mondiale ?
Herbert – Tout comme il est nécessaire de construire un parti mondial de la révolution socialiste, comme l’est la LIT-QI, il est nécessaire de construire une organisation de front unique pour renforcer la solidarité internationale entre les travailleurs. Malheureusement, la Confédération syndicale internationale (CSI) travaille dans une optique de conciliation des classes, et la Fédération syndicale mondiale est liée aux intérêts des gouvernements chinois, cubain et russe. Le réseau syndical que nous construisons est un réseau de lutte et il est 100% indépendant des patrons et des gouvernements.