En août 1991, de grandes manifestations de masse à Moscou et dans toute l’ex-URSS ont fait tomber le régime dictatorial du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). Le processus était en cours depuis quelques années déjà. Il commence avec la rébellion en Arménie en 1988 ; il se poursuit dans les luttes populaires des nations opprimées en URSS, dans le contexte des manifestations de masse qui ont conduit à la Chute du Mur de Berlin en 1989 ; il passe par la révolution qui a renversé le Parti communiste et emprisonné et exécuté le tyran Ceaușescu en Roumanie en 1989, et par les autres qui ont balayé l’Europe de l’Est soumise aux dictatures des partis communistes sous la tutelle de Moscou. L’impuissance du régime du PCUS à empêcher la chute des régimes staliniens dans ses satellites d’Europe de l’Est laissait déjà présager une crise aiguë du régime russe lui-même après la mise en œuvre de la fameuse Perestroïka, une politique qui a restauré le capitalisme et laissé la société soviétique exposée à une baisse toujours plus importante de son niveau de vie.
Par la Rédaction de la LIT-QI – 9 décembre 2021
En 1991, les masses, confrontées à une tentative de coup d’État par l’aile la plus répressive et dictatoriale de la bureaucratie avec à sa tête Egor Ligatchev, l’ont vaincu dans les rues et ont renversé l’appareil du PCUS, ouvrant une période de libertés démocratiques dans toute l’URSS. Celui qui a dirigé le processus en Russie est Eltsine, qui, quelques mois plus tard, a décrété la fin de l’URSS lors d’une réunion des trois dirigeants, de la Russie, de l’Ukraine et du Belarus.
Quelle a été la nature et le résultat de cette décision ? La chute de l’URSS a été largement fêtée par l’impérialisme comme la victoire du capitalisme, et déplorée par les staliniens avec l’argument de la défaite du socialisme, fruit d’une « contre-révolution », et pour cette raison, une grande confusion demeure à ce jour lorsqu’il s’agit d’évaluer les faits.
Cela a-t-il signifié une victoire ou une défaite pour le mouvement ouvrier ? Reprendre les faits et adopter une position reste décisif pour que le monde militant dispose d’un programme adéquat face à la réalité mondiale actuelle.
La LIT-QI, après avoir présenté une première réponse comportant des erreurs importantes, a élaboré à partir de 1997 une analyse originale des faits. Cette analyse est exprimée dans le livre El Veredicto de la Historia[1] du camarade Martin Hernandez et nous a armés, tant pour comprendre le processus de restauration en URSS et en Europe de l’Est, qu’en Chine et à Cuba. Dans cet article, nous reprendrons cette élaboration et poserons quelques nouvelles questions pour comprendre plus précisément la désintégration de l’URSS.
- L’URSS en 1991, c’était quoi ?
En 1917, la classe ouvrière avait pris le pouvoir sous la direction du parti bolchevique, et Lénine et Trotsky ont toujours dit que la révolution russe ne pourrait résister à l’encerclement impérialiste et atteindre le socialisme que si le prolétariat des pays plus avancés prenait également le pouvoir. La guerre civile russe (1917-1923), qui a vu l’intervention des armées de la Russie blanche et une invasion militaire de diverses nations impérialistes, soutenues également par diverses armées mercenaires, a porté des coups puissants à un pays arriéré. Une grande partie de l’avant-garde de la classe ouvrière russe, qui avait pris le pouvoir, a perdu la vie dans cette lutte militaire. La faim et la misère ont atteint des proportions catastrophiques dans le jeune État ouvrier.
L’arriération des masses russes, dont la majorité étaient des paysans, la quasi-disparition de la classe ouvrière pendant la guerre civile, la fatigue des masses comme conséquence de la guerre elle-même, la défaite de la révolution allemande (1918-1923), etc. ont fourni une base objective pour le renforcement des secteurs les plus bureaucratiques et conservateurs dans le parti bolchevique et dans l’État. La révolution a survécu, mais avec de graves contradictions : une nouvelle couche de fonctionnaires, issue des anciens membres de l’appareil tsariste et renforcée par de nouveaux bureaucrates et carriéristes, a pris le contrôle de l’État ouvrier après un processus de lutte politique dur et violent. C’est ainsi qu’est apparue la bureaucratie de l’État ouvrier. Une régression qui se concrétisera par l’accession de Staline à la direction du parti et de l’État après la mort de Lénine en 1924[2].
La voie de la contre-révolution stalinienne a été ouverte avec le sang des cadres qui ont résisté à cette régression. En raison d’une répression impitoyable, les trotskystes et autres opposants ont été entassés dans les prisons d’État[3]. Dès lors, cette nouvelle caste s’est attaquée durement aux conceptions et au programme d’origine de Lénine et du parti bolchevique qui avait été le fer de lance de la révolution. Et elle a élaboré une théorie justificative pour imposer une orientation opposée à celle de Lénine, mais présentée de manière trompeuse en son nom et au nom du marxisme : « le socialisme dans un seul pays ».
La bureaucratie a imposé une régression complète sur la question des femmes, de la famille, de l’homosexualité. Il en va de même pour les nationalités opprimées, et on a assisté au retour du vieux « patriotisme russe » chauvin et de l’antisémitisme, traits typiques du tsarisme.
L’idée de Staline selon laquelle l’URSS, isolée du reste du monde, avait déjà atteint le socialisme, n’était pas seulement utopique, elle était réactionnaire. Son autre visage était la « coexistence pacifique avec l’impérialisme ». Après tout, s’il était possible d’atteindre le socialisme dans un seul pays isolé, il n’était pas nécessaire, ou du moins pas impératif, de miser sur un soutien complet à la révolution mondiale. Cela a justifié que l’URSS, dirigée par Staline, conclue des accords contre-révolutionnaires avec les différents impérialismes.
De cette façon, l’URSS a cessé d’être un levier de la révolution mondiale, ce qui aurait été le seul moyen pour l’URSS elle-même d’atteindre le socialisme. Elle s’est transformée, à travers la Troisième Internationale stalinisée, en principal obstacle à la victoire de la révolution internationale. Le résultat est que l’URSS est restée isolée face à l’impérialisme, puis face à la menace directe du nazi-fascisme. Entre 1938 et 1940, Staline a mis en œuvre le honteux Pacte avec Hitler, qui divisait la Pologne entre les deux gouvernements, dont chacun occupait une partie du pays. Ce pacte a été écrit avec le sang des travailleurs et du peuple polonais.
L’invasion de l’URSS par les nazis en 1941 a signifié la rupture unilatérale de ce pacte par Hitler. L’avancée allemande a pris Staline et le haut commandement soviétique complètement au dépourvu, bien qu’ils aient été informés à l’avance, par le réseau d’information communiste de l’Orchestre rouge de Leopold Trepper, que l’attaque nazie était imminente. Pour aggraver la situation, Staline avait ordonné en 1938 une purge qui a détruit l’ensemble du groupe dirigeant de l’Armée rouge et a gravement compromis la capacité de l’URSS à se défendre. L’ensemble du haut commandement avec Toukhatchevsky, Yakir, les chefs de l’Armée rouge et les héros de la guerre civile ont été fusillés en secret. Cette purge a conduit à l’élimination de 90 % de tous les généraux, de 80 % de tous les colonels et de 30 000 des officiers moins gradés, laissant l’Armée rouge sérieusement affaiblie à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Face à une razzia de cette ampleur dans l’Armée rouge, Hitler s’est senti enhardi pour attaquer l’URSS.
La victoire contre le nazi-fascisme, en vérité, est due à la classe ouvrière et au peuple russes, et non à la bureaucratie stalinienne. La victoire du peuple soviétique s’est produite malgré la clique au pouvoir. La résistance héroïque des travailleurs et des paysans russes a réussi à inverser le cours de la guerre à partir de 1943, avec la victoire retentissante des travailleurs russes à Stalingrad. Cette victoire ouvre la voie à la défaite militaire du nazisme et change la situation de la Seconde Guerre, non seulement en URSS, mais dans toute l’Europe.
Mais au lieu de s’appuyer sur cet immense triomphe des travailleurs pour stimuler la révolution mondiale, Staline a continué à prôner la soumission de toutes les révolutions à l’accord avec les impérialismes américain et britannique, avec lesquels il a signé les Pactes de Yalta et de Potsdam. Dans ces deux accords, Staline a accepté qu’après la défaite du nazisme, l’Europe occidentale reste capitaliste. À partir de 1945, lorsque la montée révolutionnaire a déferlé sur d’innombrables pays, y compris les grands centres capitalistes, l’orientation donnée aux partis communistes (PC) de France, d’Italie et de Grèce, qui menaient la résistance au nazi-fascisme, a été de remettre les commandes du pays à leurs bourgeoisies respectives. Tout comme en Chine, elle a été de faire soutenir un gouvernement de coalition avec Tchang Kaï-chek par le PC chinois.
Staline est sorti renforcé par la victoire contre le nazisme. Mais la permanence de la bureaucratie à la tête de l’Union soviétique après la guerre et la désastreuse gestion bureaucratique ont fait que, dès la fin des années 50, la croissance économique a commencé à ralentir. L’économie continuait à croître, mais à un rythme nettement plus lent.
- La Restauration par la bureaucratie elle-même
L’idée est largement répandue que la bureaucratie gouvernait l’URSS avec le soutien, actif ou passif, des travailleurs. Une fois encore, on occulte les innombrables manifestations de résistance de la classe ouvrière pendant toute la période de contrôle totalitaire du PCUS. La baisse du niveau de vie des masses a rencontré la résistance des travailleurs dans toute l’URSS. Pour ne citer qu’une seule de ces manifestations, en 1962, sous le gouvernement de Khrouchtchev, une grève des mineurs a éclaté à Novocherkask, à laquelle ont participé plus de 10 000 travailleurs, et qui a été écrasée par la répression meurtrière du PCUS par l’intermédiaire de la police et du KGB[4].
Entre les années 1963 et 1968, dans toute l’Europe de l’Est, la bureaucratie a tenté de procéder à de profondes réformes pour essayer de surmonter la situation. Ces réformes, qui visaient d’une part à moderniser la gestion et d’autre part à accroître le commerce extérieur pour introduire de nouvelles technologies, se sont soldées par un échec. Aussi bien l’URSS que l’ensemble des pays d’Europe de l’Est ont commencé à connaître une crise économique sans issue. L’invasion de l’Afghanistan en 1979 a apporté de nouvelles contradictions explosives qui ont durement frappé l’appareil militaire et l’économie soviétiques, car il s’agissait d’une guerre d’occupation qui a duré de nombreuses années, ce qui impliquait des dépenses immenses, et sans parvenir à stabiliser le moins du monde le pays occupé.
Lorsque Gorbatchev accède au pouvoir en 1985, juste après la mort de Tchernenko, la situation est de plus en plus intenable. Andropov, qui avait été chef du KGB pendant de nombreuses années, a été le secrétaire général du PCUS qui a succédé à Brejnev et il a soutenu Gorbatchev dans son ascension. Andropov avait déjà un projet restaurationniste et il avait l’objectif d’ouvrir un espace pour Gorbatchev, qui venait de l’agriculture, où il avait pris conscience de la perte de compétitivité de l’agriculture de l’URSS face aux pays impérialistes et qui, touché par les problèmes liés à l’appareil bureaucratique, voulait imposer une nouvelle voie pour le marché. Mais le mandat d’Andropov a été écourté pour cause de maladie, et la montée en puissance de la nouvelle couche de dirigeants prêts à ouvrir la voie à la restauration est intervenue après le passage rapide de Tchernenko au secrétariat général du PCUS[5]. Andropov avait modifié la composition du comité central du PCUS quelque temps auparavant, afin de pouvoir mettre en œuvre les réformes pro-capitalistes. Ce changement a servi de base à l’ascension de Gorbatchev au poste suprême, et cela concrétise la domination du PCUS par son aile restaurationniste.
Le plan de ce secteur majoritaire de la bureaucratie était d’ouvrir l’économie aux investissements étrangers et au commerce extérieur, de mettre fin à la planification centralisée et d’établir des relations directes avec l’impérialisme nord-américain. Et pour cela, il fallait une politique étrangère de « paix », menant à une « coexistence pacifique », une posture d’acceptation et de reddition, qui s’est concrétisée par le sommet Reagan-Gorbatchev. Ce n’est pas un hasard si, quelques années plus tard, Gorbatchev s’est vu décerner le titre de Prix Nobel de la Paix. Et il reçoit des hommages de l’impérialisme jusqu’à ce jour. En Russie, en revanche, son nom a été associé à une période de pénurie de produits de base, d’inflation et de misère. Gorbatchev n’a pas eu d’autre choix que de se retirer de la vie politique.
La mise en œuvre du projet de restauration de Gorbatchev
Mais la restauration capitaliste, qui a commencé concrètement en 1986, a apporté avec elle encore plus de fléaux pour la population et une crise économique et sociale encore plus grave. La libéralisation des prix a fait peser les coûts de la libération du commerce sur le dos de la population. La guerre en Afghanistan, pour ne rien arranger, continuait à épuiser les ressources.
Le mécontentement s’est développé à une échelle géométrique. Les nationalités opprimées continuaient à être marginalisées par rapport à la Russie. Dans ce contexte, la rébellion en Arménie a explosé en 1988.
Des manifestations pour la démocratie ont commencé dans toute l’Europe de l’Est. En 1989, la vague de révolutions en Europe de l’Est a un impact majeur : la chute du Mur de Berlin, puis la chute de plusieurs partis communistes et le renversement du dictateur Ceausescu en Roumanie, qui a finalement été fusillé par les insurgés.
La crise s’étend à la bureaucratie et au régime dictatorial et oppresseur du PCUS lui-même. De plus, cette dernière avait déjà montré sa faiblesse lorsque, contrairement à ce qui s’était passé en 1956 en Hongrie et en 1968 en Tchécoslovaquie, elle n’a pas pu intervenir pour réprimer les soulèvements victorieux dans les pays satellites d’Europe de l’Est, comme en Allemagne de l’Est en 1989.
La révolution démocratique contre le régime dictatorial du PCUS à la tête d’un État bourgeois.
Cette accumulation de crises et de défaites va se concentrer en URSS entre 1989 et 1991. Et elle a lieu contre une ex-URSS avec un État bourgeois déjà en transition vers le capitalisme. Le plan de Gorbatchev était de procéder à une ouverture économique contrôlée pour parvenir au capitalisme, ainsi qu’à certaines mesures d’ouverture politique limitée, mais la crise profonde qui traversait le pays a déclenché un processus que cette direction politique n’a pas pu contrôler.
Dans ce processus, des leaders comme Boris Eltsine ont émergé. Issu de l’appareil du PCUS, il a ouvert une dissidence pour aller plus loin que Gorbatchev lui-même sur la voie de l’ouverture au marché et à l’impérialisme et, pour cela, il a repris certains thèmes démocratiques, comme les élections libres et immédiates pour les autorités régionales. Grâce à cela, il devient populaire et prend la tête du processus de lutte contre la bureaucratie, lorsqu’il accède à la présidence de la Fédération de Russie. Dès lors, Eltsine remet en cause le pouvoir central du PCUS et propose d’accélérer encore l’ouverture politique et économique vers le marché. Dans ce processus, une aile de la bureaucratie, qui comprenait des dirigeants comme Ligatchev, voulait garder le contrôle politique total de ce processus par une répression sévère (comme l’avait fait la bureaucratie chinoise de Deng Hsiao Ping lors des 4 modernisations) et a donc exigé la fin des ouvertures politiques contrôlées de Gorbatchev (connues sous le nom de glasnost) et l’emprisonnement de dissidents comme Eltsine et d’autres figures similaires.
Le 19 août 1991, des chars et des véhicules blindés ont envahi le centre de Moscou. Les militaires ont pris le contrôle des bâtiments de l’État, de la tour de télévision et du siège de la poste. Un groupe de hauts dirigeants du PCUS, dirigé par Ligatchev, a annoncé le transfert du pouvoir au Comité de l’État d’urgence en raison d’une « maladie grave et soudaine » du président soviétique de l’époque, Mikhail Gorbatchev. C’était un coup d’État contre la ligne Gorbatchev.
Lorsque ce groupe de bureaucrates du PCUS a tenté ce coup d’État pour fermer le régime, il a suscité une réaction immédiate des masses, qui se sont emparées de la ville de Moscou, et ont provoqué la division des forces armées au moment où celles-ci devaient les réprimer. L’armée refuse de réprimer les masses rassemblées devant le Parlement russe. Le coup d’État est donc vaincu et les putschistes sont contraints de renoncer. Ils ont été arrêtés et emprisonnés. Mais le pouvoir n’est plus rendu à Gorbatchev. Le régime du parti unique et ses institutions répressives tombent. Le PCUS lui-même est chassé du pouvoir. La lutte générale pour les libertés démocratiques des masses russes et des nationalités a finalement fait tomber le régime.
La défaite du stalinisme a été une victoire des travailleurs.
Le stalinisme était un appareil mondial qui, comme nous l’avons vu, a été le plus grand obstacle aux révolutions du XXe siècle. Par conséquent, la défaite du PCUS par l’action des masses soviétiques a été une victoire de caractère international, parce qu’elle a mis en échec le stalinisme et tout l’appareil international des PC, elle a abattu le plus grand obstacle qui existait jusqu’alors à l’avancée de la classe ouvrière et de son organisation révolutionnaire. Dès lors, une rupture avec les partis communistes a eu lieu dans le monde entier, libérant des forces pour la construction de partis léninistes, et de l’Internationale, et de meilleures conditions pour la reprise de la méthode et du programme marxistes dans le mouvement ouvrier, un immense espace a été ouvert pour ce combat. Elle n’a pas résolu la crise de la direction révolutionnaire, mais elle a placé cette tâche dans de meilleures conditions objectives.
Mais cela ne supprime pas les appareils ni ne détruit les idéologies existantes. La bourgeoisie continue à entretenir sa guerre idéologique en associant le stalinisme et les bureaucraties au « marxisme » et au socialisme afin de les combattre. Et la preuve en est les campagnes contre le « communisme », faites sur la base de la lecture de la chute de l’URSS comme une « révolution pro-capitaliste, qui a vaincu le socialisme ». Il appartient aux révolutionnaires de mener une bataille contre cette interprétation. La construction de partis révolutionnaires nécessite une lutte permanente liée aux processus de la lutte des classes et un combat idéologique contre les alternatives bourgeoises, réformistes et néostaliniennes.
III. Les interprétations de 1991, vingt ans après
Nous pouvons synthétiser les deux interprétations existantes en deux grands blocs :
(a) l’explication qui était et est toujours fournie par le stalinisme lui-même : selon eux, il y aurait eu des problèmes économiques en URSS et dans le bloc du COMECON[6] en raison du blocus de l’impérialisme et d’une campagne idéologique occidentale qui a eu un impact sur l’esprit des travailleurs de l’URSS et de l’Europe de l’Est, où il y aurait aussi eu des renégats et des infiltrés qui jouaient le jeu de l’impérialisme. L’Occident et sa publicité auraient gagné la tête des travailleurs. Une telle version est une offense à toute la classe ouvrière russe, qui a su affronter et vaincre l’envahisseur nazi en 1943, et défendre les bases sociales de l’État ouvrier, malgré sa direction catastrophique. La même chose vaut pour les classes ouvrières de Hongrie en 56, de Pologne en 56 et 80-81, de Tchécoslovaquie de 68 qui pouvaient ouvrir une nouvelle voie vers le socialisme avec la démocratie ouvrière en débarrassant les peuples de ces pays de cette bureaucratie, mais qui ont été écrasées par la répression et l’invasion des troupes russes, sous prétexte qu’elles auraient été des agents de l’impérialisme. Il en va de même pour les travailleurs qui ont lutté par des manifestations et des grèves en URSS même, et pour les centaines de milliers d’opposants de l’intérieur qui ont été réprimés et assassinés dans les camps de concentration staliniens, à commencer par les dirigeants bolcheviques que Staline a liquidés sans exception à la fin des années 30.
Les rapports sur l’existence de l’opposition dans les prisons de Staline dans les années 30-39, révélés par les archives du KGB elles-mêmes et par les recherches de Pierre Broué[7], montrent la lutte pour défendre la reprise de la voie socialiste par une révolution antibureaucratique, et pour cela ils ont subi les horreurs d’une mécanique de torture et de répression égale ou pire que celle du tsarisme russe et du nazi-fascisme dans des camps de concentration comme celui de Vorkouta en Sibérie.
Cette version néostalinienne selon laquelle les travailleurs ont été trompés par le discours impérialiste est une tentative désespérée de dégager la culpabilité de la bureaucratie contre-révolutionnaire, de Staline à Gorbatchev en passant par Khrouchtchev et Brejnev, jusqu’aux Rákosi en Hongrie, Gomulka en Pologne et Ceausescu en Roumanie. Ce sont eux qui ont torturé l’avant-garde de la classe ouvrière dans leurs pays et les oppositions qui ont tenté de s’opposer à leurs plans contre-révolutionnaires, et ce sont ces mêmes dirigeants bureaucratiques qui ont préparé le terrain et conduit à la restauration de 1985-1986 dans l’ancienne URSS et dans toute l’Europe de l’Est sous leur régime dictatorial.
D’autre part, certains staliniens ou néostaliniens accusent Gorbatchev, comme ils avaient accusé Khrouchtchev dans les années 50 et 60, d’avoir vacillé face à ces pressions et agressions impérialistes. Khrouchtchev avait pris la tête de l’URSS et dénoncé les crimes de Staline en 1956. Dans les années 1960, tant les maoïstes que le PC d’Albanie, et leurs disciples comme le PCdoB du Brésil, tenaient le discours selon lequel Khrouchtchev était un « révisionniste » pro-capitaliste tandis qu’eux étaient des défenseurs de l’héritage de Staline face à la « révision » de Khrouchtchev, puisque c’est Khrouchtchev qui avait révélé les crimes de Staline après sa mort en 1953.
Impacté par le renforcement du stalinisme immédiatement après la seconde guerre mondiale, dans le sillage de la révolution yougoslave et de la victoire de Tito, puis avec la victoire de la révolution chinoise avec Mao Zedong en 1949 et plus tard celle de l’Indochine, ce type de position s’est étendu avec la révolution cubaine de 1959 et la tactique de guérilla de Fidel Castro et Che Guevara. Bien que ces mêmes processus aient divisé le stalinisme lui-même, ils ont conduit à des positions différentes, mais qui restaient néanmoins staliniennes. Certains comme le castrisme et les Vietnamiens ont fini par s’aligner sur la bureaucratie russe, et d’autres comme le PC chinois et le PC de l’Albanie d’Enver Hoxha ont rompu et construit un autre courant international[8]. À l’époque, les maoïstes appelaient la bureaucratie russe les défenseurs du « social-impérialisme ».
Aujourd’hui, cette position a repris de la vigueur auprès de ceux qui tentent de faire passer Staline pour un véritable défenseur du socialisme. Ces secteurs affirment qu’il y a eu certaines injustices et que même les tribunaux de Moscou des années 30 n’étaient que des erreurs commises par un dirigeant communiste ayant une orientation générale correcte mais de « mauvaises méthodes », et que s’ils avaient triomphé à cette époque, ses opposants auraient conduit l’URSS au désastre.
Trotsky a fait une analogie historique importante lorsqu’il a montré que ces méthodes étaient une nécessité pour la bureaucratie contre-révolutionnaire afin de garantir son pouvoir. Que l’extermination de l’opposition était une nécessité pour la bureaucratie contre-révolutionnaire pour se perpétuer au pouvoir et assurer ses privilèges, tout comme le Thermidor de Napoléon Bonaparte avait été nécessaire pour mettre fin au processus révolutionnaire en France qui s’est ouvert en 1789.
- b) Tout au long des 60 années de domination de la bureaucratie dans l’État ouvrier russe, il y a eu un autre groupe de courants de la gauche socialiste qui ont sévèrement critiqué le stalinisme et la bureaucratie de l’URSS, mais qui ont toujours placé leurs espoirs dans une réforme du régime interne et dans la modification progressive de cette bureaucratie par l’émergence de forces rénovatrices en son sein qui pourraient régénérer l’URSS. Lorsqu’il y avait des polarisations, ces secteurs adoptaient une position centriste, plaçant la « défense de l’URSS » avant toute autre question politique. Ils ont confondu la défense des acquis de la révolution russe et de l’État ouvrier avec la défense de la bureaucratie stalinienne.
Dans les forces qui composaient la Quatrième Internationale dans l’après-guerre et dans celles qui se sont réclamées du trotskysme, ce même type d’interprétation a été prédominant tout au long de l’après-guerre et jusqu’en 1991. Même les trotskystes, pour la plupart, se sont rangés du côté de ceux qui déploraient la chute de la dictature de la bureaucratie de l’URSS. Pour eux, les masses russes avaient été gagnées à la restauration et étaient responsables du retour du capitalisme parce qu’elles le soutenaient.
Il y a eu des courants sectaires comme le SWP anglais qui ne prenaient pas la défense de l’État ouvrier bureaucratique face à une attaque de l’impérialisme. Ils ont classé l’URSS dans la catégorie du capitalisme d’État. Leur position face à des événements comme la guerre de Corée était « ni les États-Unis ni l’URSS ». Et il y avait des secteurs comme le lambertisme français et le healysme anglais qui ne reconnaissaient pas les nouveaux États ouvriers bureaucratiques de l’après-guerre et qui ont maintenu cette caractérisation pendant toute une période allant de 1952 à 1980.
Mais le secteur qui a pris la direction de la Quatrième Internationale et provoqué sa dispersion dans la période d’après-guerre était le « pablisme », qui affirmait ouvertement sa croyance dans la régénération de la bureaucratie soviétique. Il confondait la proposition de Trotsky pour la « défense de l’URSS » avec la défense de la bureaucratie de l’URSS. Il a refusé de soutenir le soulèvement de Berlin-Est en 1953 parce qu’il allait à l’encontre de l’URSS et donc qu’il profiterait à l’impérialisme. Bien que Pablo ait rompu avec le trotskisme, ses alliés de l’époque ont encore maintenu des positions qui capitulaient devant le stalinisme. Lorsque le SU s’est réorganisé en 1963, les partis européens, avec Mandel, Pierre Frank et Maitan à leur tête, se sont mis à suivre le castrisme en particulier. Ils étaient guérilléristes dans les années 60-70, et ont maintenu cette capitulation même après l’adhésion du PC cubain à l’appareil stalinien.
Mandel et la perestroïka
La toile de fond de la position de Mandel, et qui avait précédemment été celle de Pablo, était une analyse erronée de la nature de la bureaucratie. Son analyse était qu’il y avait une double nature dans la bureaucratie : si d’un côté elle était contre les travailleurs, d’un autre côté elle avait besoin de défendre l’État ouvrier, car cela était la source de ses privilèges en tant que bureaucratie. Voilà pourquoi le plus important théoricien du Secrétariat unifié, Ernest Mandel, disait que c’était une grave erreur de penser que la bureaucratie pouvait mener à la restauration[9]. Par conséquent, il a suivi avec impatience la Perestroïka, il a évoqué la possibilité d’une « auto-réforme » et a vu en Gorbatchev un secteur « lucide » de la bureaucratie. Ces illusions sur l’aile restaurationniste ont entraîné une énorme confusion dans les rangs du SU, qui les a laissés démunis face aux révolutions d’Europe de l’Est et à la chute du régime du PCUS et de Gorbatchev.
Une telle confusion a conduit le SU à déplorer la fin de la bureaucratie, en confondant la domination de la bureaucratie avec le maintien de l’État ouvrier et en considérant la chute des régimes et du stalinisme entre 1989 et 1991 comme une défaite historique du socialisme et du prolétariat. Une telle évaluation a conduit Bensaïd, qui fut le principal théoricien du SU après la mort de Mandel, à théoriser sur une « Nouvelle époque »[10], ouverte par cette supposée défaite historique du mouvement ouvrier, qui aurait ainsi régressé à la période précédant l’organisation de classe du prolétariat en raison d’une victoire idéologique du capitalisme. Selon lui, la question de la révolution socialiste ne serait pas posée pendant toute une période.
Contrairement à Trotsky, qui a toujours dit clairement que si la bureaucratie se maintenait à la tête de l’URSS, la restauration finirait par s’imposer, ce secteur du trotskisme a fini par apparaître comme un « collatéral du stalinisme », c’est-à-dire qu’il s’est senti vaincu avec la bureaucratie et a attribué ces défaites à une victoire idéologique de l’impérialisme. Ces positions sont un écho de la campagne impérialiste elle-même, fondée sur le rejet du socialisme et la « fin de l’histoire » avec le capitalisme. En quoi consiste leur grand malentendu ? D’abord, ils revendiquent un « socialisme réellement existant » qui est inintelligible pour les masses russes, ukrainiennes, roumaines, tchèques ou polonaises. Ils disent « c’est mauvais avec Staline et la bureaucratie, mais pire sans eux ». Et ils font abstraction du rôle contre-révolutionnaire – et finalement restaurationniste – de la bureaucratie soviétique, de Krouchtchev à Brejnev, d’Andropov à Tchernenko et à Gorbatchev.
Comme Trotsky l’a écrit pour la révolution espagnole, les masses ont fait ce qu’elles ont pu sans une direction révolutionnaire à leur tête. Ce ne sont pas elles, mais la bureaucratie qui a ramené la Russie au capitalisme. Les masses n’ont pas pu improviser une direction pendant ces années de répression et de soumission sous le stalinisme. Toute tentative d’organiser une opposition marxiste contre la bureaucratie a été persécutée et ses participants, torturés et calomniés comme « pro-impérialistes »[11].
Au niveau international également, elles n’ont pas trouvé de référence de poids qui leur aurait donné une alternative. Le PC chinois avait cessé d’être un nouvel espoir, en vainquant l’impérialisme et sa marionnette Tchang Kaï-chek en 1949, pour construire une nouvelle bureaucratie. En plus de cela, il s’est heurté à la bureaucratie russe pour s’allier aux États-Unis. Mao a accepté la proposition de Nixon de constituer un front contre l’URSS et est même entré en guerre avec le Vietnam fraîchement victorieux et libéré du joug américain au service de cette politique. C’est à cette époque que les maoïstes qualifiaient l’URSS de « social-impérialisme ». En vertu de cette justification, ils ont même soutenu la dictature de Pinochet. Et pendant qu’ils faisaient cela, ils animaient déjà la restauration depuis 1978, et ce avant même la bureaucratie russe elle-même.
Le PC cubain, qui avait connu une période d’indépendance certaine dans les premières années de la révolution cubaine, lorsqu’il promouvait l’Organisation latino-américaine de solidarité (OLAS), s’est soumis à partir des années 70 à la bureaucratie russe, il a soutenu toute sa politique internationale et a été son instrument en Afrique noire, comme en Angola, en soutenant le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et sa politique de collaboration de classe et de répression des dissidents ; en Amérique centrale en guidant le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) contre la rupture avec la bourgeoisie et contre l’expropriation de la bourgeoisie au Nicaragua ; et en soutenant la répression des masses en Tchécoslovaquie en 68 et en Pologne en 1981. Il est devenu une partie de l’appareil stalinien comme tout parti communiste de ligne « soviétique ».
D’autre part, la grande majorité de la gauche, des années 1970 aux années 1990, était partagée entre le soutien à la bureaucratie russe ou à la bureaucratie chinoise. Ou même à la bureaucratie cubaine, ce qui signifiait alors soutenir la ligne internationale du PCUS[12]. Autrement dit, il n’y avait pas de point de référence permettant aux travailleurs et aux intellectuels mécontents de la bureaucratie et du stalinisme de voir une alternative socialiste antibureaucratique qui défendrait la nécessité d’une révolution politique qui approfondisse et impose la démocratie ouvrière, le socialisme avec la démocratie ouvrière. Même les courants qui se réclamaient du trotskysme capitulaient pour la plupart devant le stalinisme, qu’il soit russe, chinois ou cubain.
- IV) Conclusions
La pure et dure réalité du monde sous le capitalisme « triomphant » est celle d’une profonde crise économique et sociale, de la misère, de la faim pour des milliards d’êtres humains, de l’oppression permanente et violente des femmes, du racisme contre les peuples non blancs, de la persécution des minorités et de la xénophobie contre les migrants. Et comme une synthèse de ce que le capitalisme réserve à l’humanité, nous sommes au milieu d’un génocide avec la pandémie actuelle, surtout dans les couches des populations et des nations les plus pauvres. La dégradation de l’environnement par le système capitaliste fait que la planète atteint des niveaux de destruction environnementale d’une telle ampleur que l’avenir des nouvelles générations est menacé. Si le capitalisme n’est pas éliminé de la surface de la terre, il n’y aura pas d’avenir pour la civilisation humaine.
Dans une situation de cette ampleur, contradictoirement, la grande majorité de la soi-disant gauche en est venue à défendre que le socialisme et le communisme ne peuvent plus être pensés comme une issue, ou qu’ils seraient une utopie. Parmi ceux qui prônent un autre type de solution alternative, il y a ceux qui défendent le « socialisme de marché » à la manière du modèle chinois, selon lesquels il faudrait être dans leur « camp », il faudrait savoir reconnaître les prétendues « avancées » des dirigeants chinois et il faudrait les soutenir parce qu’ils seraient les seuls à s’opposer aux États-Unis comme « socialisme de marché » (continuité de l’État ouvrier issu de 1949) ou comme « État hybride » dont le régime jouerait un « rôle progressiste » face à l’impérialisme. C’est la réédition du » socialisme dans un seul pays « , mais maintenant encore pire : il s’agit de défendre l’idée qu’une dictature capitaliste qui exploite ses travailleurs et ses paysans est la référence que tous les militants et socialistes du monde doivent suivre. Et de défendre toutes les atrocités de la dictature chinoise comme un « moindre mal », bref, comme la « porte de sortie possible » aujourd’hui.
Tous les autres secteurs affirment que le socialisme ne correspond pas à la réalité, qu’il s’agit d’une proposition « totalitaire » en soi et que l’horizon possible serait la « démocratisation radicale » de la société actuelle (donc de la société capitaliste). Ils confondent le socialisme et le communisme de Marx et Engels avec la dictature stalinienne. Il convient peut-être ici de citer le réalisateur de cinéma des Nouveaux Sauvages, Damien Szifron : « si vous allez dans un théâtre, qu’on joue le Hamlet de Shakespeare et qu’il se trouve que le metteur en scène de la pièce et les acteurs sont épouvantables, vous ne pouvez pas rejeter la faute sur Shakespeare sans comprendre comment ce casting s’est attaqué à Shakespeare lui-même et a transformé une pièce de génie en une intrigue de cinquième ordre« .
Mais la réalité de notre planète, des inégalités de plus en plus gigantesques, où 1% de la population détient entre ses mains 50% de la richesse mondiale, où nous allons de crise économique en crise économique, où l’emploi n’est même pas garanti pour des milliards d’êtres humains, confirme les mots du Manifeste communiste : « Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste. Les prolétaires n’ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Lénine, lors de la fondation de la Troisième Internationale, a déclaré : « L’importance historique universelle de la Troisième Internationale, l’Internationale communiste, réside dans le fait qu’elle a commencé à mettre en pratique le slogan le plus important de Marx, le slogan qui résume le développement du socialisme et du mouvement ouvrier depuis un siècle, le slogan exprimé dans ce concept : la dictature du prolétariat.
Cette prévision géniale, cette théorie géniale, est en train de se transformer en réalité [….] Une nouvelle époque de l’histoire universelle a commencé. L’humanité se libère de la dernière forme d’esclavage : l’esclavage capitaliste, c’est-à-dire l’esclavage salarié.
En se libérant de l’esclavage, l’humanité acquiert pour la première fois la vraie liberté. »
Nous sommes dans la même époque que celle décrite par Lénine. La seule issue reste la révolution socialiste avec la classe ouvrière à sa tête, qui exproprie la bourgeoisie et établit la démocratie ouvrière, et la lutte pour la révolution et le socialisme à l’échelle mondiale continue. C’est la véritable voie de la transformation du monde. C’est la seule véritable alternative pour l’avenir à construire dans les luttes et l’organisation des travailleurs.
[1] Disponible en espagnol et en portugais, mais non traduit en français.
[2] Le dernier combat de Lénine, déjà malade, était précisément contre la bureaucratie montante.
[3] Ce processus est bien décrit dans le livre Communistes contre Staline, de Pierre Broué, Editions Fayard.
[4] Dans la revue Lutte de Classes 219, novembre 2021, de l’organisation française Lutte Ouvrière, un article relate cette grève.
[5] Dans le chapitre 10 de son livre Ma vie, Gorbatchev raconte tout l’épisode entre sa nomination par Andropov, qui meurt seulement un an plus tard, sa succession par Tchernenko, et enfin, après la mort de ce dernier un peu plus d’un an après, son élection au CC déjà modifié pour le poste le plus important de l’URSS.
[6] C’est le nom du bloc économique qui reliait l’URSS aux pays d’Europe de l’Est, sous le commandement de la bureaucratie soviétique.
[7] Ces informations figurent dans le livre Communistes contre Staline.
[8] Plus tard, peu après la visite de Nixon à Mao et la reprise des relations économiques et politiques entre la République populaire de Chine et les États-Unis, les PC chinois et albanais ont rompu leurs relations, et les deux bureaucraties se sont orientées vers la restauration du capitalisme.
[9] Ces positions sont bien expliquées dans le livre El Veredicto de la Historia de Martin Hernandez.
[10] Ce point de vue est très clair dans le texte de 1995 Une nouvelle époque de Daniel Bensaïd.
[11] Le livre de Pierre Broué, « Les communistes contre Staline« , donne une riche description du travail héroïque de cette opposition. L’ouverture des archives du KGB a même permis de découvrir l’existence d’une organisation dans les terribles prisons staliniennes des années 30, avec au moins 8000 membres, condamnés à de longues peines et à la mort par le régime stalinien.
[12] Une histoire qui exprime bien cette relation est qu’en 1989, dans une école pour cadres de l’ancienne Allemagne de l’Est, d’importants dirigeants du PT brésilien et d’autres forces de gauche latino-américaines participaient dans la ville de Berlin la nuit où les masses ont fait tomber le mur de Berlin. Ces cadres ont été complètement désorientés par ce qui se passait en Allemagne de l’Est. Après tout, comment un soulèvement de masse dans un pays « socialiste » était-il possible ?b