Dans plusieurs éditions antérieures de Courrier International nous avons signalé que la réalité de la lutte de classes dans le monde semblait s'accélérer, par la rapidité avec laquelle les processus survenaient dans différents pays. Au cours des deux derniers mois, la réalité a confirmé amplement cette affirmation : d'importants processus de mobilisation de masses se sont développés dans trois grands pays, presque sans interruption, et ils ont été au centre de l'intérêt de tous les médias à travers le monde.
Ce fut d'abord la Turquie, où une raison apparemment secondaire – la défense d'un parc contre un projet immobilier – a suscité de grandes manifestations et des rassemblements, qui faisaient face au gouvernement islamiste modéré de l'APK (le Parti de la justice et du développement), présenté par l'impérialisme comme le modèle de « l'islamisme possible » pour la région. A propos de ce pays, nous présentons un entretien avec Hakan, dirigeant du mouvement RED, la section (sympathisante) de la LIT-QI en Turquie, qui intervient activement dans le processus.
A peine le « bruit » en Turquie s'était-il apaisé, qu'au Brésil commença le processus de lutte contre l'augmentation des tarifs de transports, qui réunissait à son apogée trois millions de personnes dans les rues des grandes villes. Les « journées de juin » leur donnèrent gain de cause, et par la suite, ce sont les travailleurs organisés qui sont entrés en scène, à travers la journée de grèves et de manifestations du 11 juillet. Encore un pays – qui semblait « calme » et qui était également pointé du doigt comme un modèle politique et économique pour l'impérialisme – commençait à exploser. La section principale de cette édition y est dédiée, avec un article général sur le processus et un autre sur le contexte de détérioration de la situation économique.
Les cendres brûlaient encore au Brésil quand des millions de personnes se sont mobilisées en Egypte – la plus grande mobilisation de masses de l'histoire humaine – pour renverser le gouvernement de Mohamed Morsi, des Frères musulmans. Le renversement a eu lieu quand un mouvement militaire a évincé le président sous l'applaudissement des masses. Dans la presse mondiale, et notamment dans le gauche, plusieurs débats sont en cours sur le contenu de ce processus – s'il est progressiste ou réactionnaire – et sur la dynamique subséquente – si la révolution continue ou si le « printemps » est « en perte de vitesse ». Un long article analyse le processus égyptien des deux dernières années dans son ensemble et justifie la position de la LIT-QI : Il s'agit d'une mobilisation progressiste qui, en dépit de ses fortes contradictions, accélère le processus révolutionnaire dans le pays. La section Monde arabe se termine avec un matériel pour promouvoir la campagne de solidarité avec la révolution syrienne, en lutte de contre la dictature d'Assad.
Ce numéro comporte également un matériel d'analyse historique et actuel de la situation et la politique de l'Eglise catholique, à l'occasion de la désignation du pape argentin François Ier ; un débat important avec Francisco Louçã (du Bloc de gauche portugais) et d'autres représentants du courant de la gauche européenne, qui proposent de ne pas rompre avec l'Union européenne et l'euro, mais de les « réformer » ; et un article sur la fondation du Parti des travailleurs en Bolivie (dans le contexte de l'usure du gouvernement d'Evo Morales). Enfin, nous incluons des documents sur la campagne de solidarité avec les syndicalistes de Coca Cola, menacés de mort en Colombie, et sur la continuité de la campagnepour retrouver Caroline Garzón, la jeune militante colombienne disparue en Equateur.
L'éditeur
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Photo: Mobilisation dans la ville de Natal, dans le nord-est du Brésil. Photo de Candiné Soares.