L’année 2021 a commencé avec la promesse bourgeoise selon laquelle, avec le début de la vaccination de masses, le monde marcherait rapidement vers la fin de la pandémie et, parallèlement, vers la fin de la profonde détérioration des conditions de vie des travailleurs et du peuple. Cependant, la pandémie continue avec des vagues récurrentes et l’économie capitaliste-impérialiste ne parvient pas à sortir de la crise.
Ligue Internationale des Travailleurs – Q.I.
28 décembre 2021
Nous avons rejeté le mensonge de la « fin de la pandémie »,[1] et une forte vague se répand maintenant dans plusieurs pays européens.[2] Nous avons affirmé d’emblée que le capitalisme est responsable de l’émergence de la pandémie de coronavirus, de sa propagation rapide et de sa persistance.
En effet, il a créé des conditions de plus en plus propices à l’émergence de zoonoses (des maladies transmises des animaux à l’humain), qui se propagent rapidement en raison de la forte dynamique actuelle de circulation de personnes et de biens. [3] Ensuite, les gouvernements bourgeois ont affronté cette maladie avec des systèmes de santé publique affaiblis par des années d’attaques, menées en vue d’encourager les entreprises privées dans ce domaine, et sans faire les investissements publics nécessaires pour inverser cette détérioration. Enfin, face à la récession du premier semestre de 2020, la politique criminelle de la « nouvelle normalité » a été initiée, sans avoir vaincu la pandémie, ce qui a multiplié les possibilités de contagion.[4]
2021 fut annoncé comme l’«année de la vaccination », et du triomphe sur la pandémie. Mais cette percée représentée par les vaccins a également été gérée selon les critères du capitalisme impérialiste. La « course au vaccin » s’est déroulée sans plan de développement coopératif et centralisé à l’échelle internationale, dans le cadre d’une concurrence féroce entre les grands conglomérats pharmaceutiques privés et la sauvegarde de leurs profits grâce aux « droits de brevet ».[5] Le prix des vaccins était élevé et les pays impérialistes achetaient et accumulaient des quantités gigantesques de doses de vaccins pour leur population alors qu’à l’autre extrême, les pays les plus pauvres n’avaient aucune possibilité d’en acheter et ont toujours des taux de vaccination très faibles.
Cette contradiction s’est exprimée avec acuité en Inde, qui, d’une part, est le premier fabricant mondial de vaccins (dans des laboratoires appartenant à des conglomérats impérialistes) et, d’autre part, n’a pas été en mesure de les acheter massivement pour sa population. Une deuxième vague très forte de la pandémie s’est développée dans ce pays, qui a donné naissance au variant Delta, extrêmement dangereux. [6] Et c’est en Afrique du Sud, un des pays non impérialistes ayant la capacité de fabriquer des vaccins, qu’est apparu le variant Omicron. [7] L’inégalité des niveaux de vaccination dans le monde (combinée à la politique criminelle de la « nouvelle normalité ») a un effet boomerang sur les pays impérialistes eux-mêmes, avec des vagues provenant de nouveaux variants, comme cela a été le cas il y a quelques mois aux États-Unis et maintenant en Europe.
Dans ce contexte, nous considérons comme corrects les mots d’ordre, repris par le LIT-QI, de vaccins pour tous, de rupture des droits de brevet des laboratoires qui les fabriquent et de la nécessité d’un plan international de vaccination massive et gratuite, étendu à tous les pays du monde, ainsi que de la reconstruction et du renforcement des systèmes de santé publique. C’est la seule véritable façon (en ce sens, la seule façon réaliste) d’avancer dans la lutte contre la pandémie du coronavirus.[8] Même si la pandémie actuelle était vaincue, le capitalisme impérialiste nous promet un avenir sombre : l’apparition presque inévitable de nouvelles pandémies. C’est la perspective évoquée par d’éminents scientifiques : Sarah Gilbert, une des conceptrices du vaccin d’AstraZeneca, a prévenu lors d’une récente conférence que « la prochaine pandémie pourrait être plus contagieuse ou plus mortelle que le covid-19 ». [9]
L’impérialisme capitaliste ne parvient pas à inverser les réponses négatives de la nature à son caractère de plus en plus destructeur, comme cela a également été le cas avec l’objectif de changer la matrice énergétique pour réduire l’utilisation des combustibles fossiles polluants. C’est ce que montre l’échec retentissant de la récente conférence des Nations unies sur le changement climatique (la COP 26).[10]
Une récupération de faible envergure
Les nouvelles vagues de la pandémie ont eu leur impact sur la dynamique de l’économie internationale, et les organismes financiers internationaux réduisent leur estimation de la croissance du PIB mondial. Le rapport du FMI d’octobre 2021 « révèle une légère baisse des estimations de croissance par rapport au document publié en juillet 2021 »,[11] en raison de l’impact des nouvelles vagues de la pandémie.
Une explication qui n’est que partiellement correcte : en 2020, il y a eu une « récession mondiale ». Cependant, la pandémie et les mesures de lutte contre celle-ci ont renforcé la dynamique de récession que l’économie mondiale connaissait déjà depuis l’année précédente. Sur la base de la politique de la « nouvelle normalité », une reprise de l’économie capitaliste avait commencé, qui s’est poursuivie pendant le reste de l’année et s’est prolongée jusqu’en 2021.[12] Mais cette reprise présentait déjà de profonds problèmes et obstacles.
En septembre dernier, nous avons analysé les principaux obstacles à cette reprise et sa nature limitée. [13] Le premier était ce qu’on a appelé sa nature « brisée » ou « cassée » : les profondes inégalités entre les pays, les branches économiques et les entreprises. Comme l’affirmait un analyste : « au lendemain de la crise, on voit des gagnants et des perdants… ».[14] Les économies américaine et chinoise sont celles qui présentaient les meilleures perspectives de reprise en 2021, au moins en termes nominaux. Les grands gagnants sont ceux qui produisent les nouvelles technologies ou sont liés à elles. D’autres secteurs, comme le tourisme et le commerce, ont été durement touchés, tandis que les branches industrielles traditionnelles (l’industrie automobile) ont dû faire face à des plans de réduction des effectifs et de restructuration.
Va-t-on vers la stagflation ?
Le deuxième obstacle est la nature inflationniste de la reprise, les taux aux États-Unis[15] et en Europe[16] étant les plus élevés depuis plusieurs décennies. D’autres pays et régions présentent des niveaux identiques ou supérieurs. Cette réalité nous amène à considérer la « véritable dimension [de] la reprise que connaît l’économie » car « la croissance réelle de la production matérielle ne sera que de 2 % »[17]. C’est pourquoi des économistes comme Nouriel Roubini estiment que « la menace de stagflation [combinaison de stagnation économique et d’inflation, NdA] est de plus en plus possible ».[18] Cela signifierait qu’après une reprise courte et faible, la dynamique de l’économie mondiale aurait tendance à ralentir et à s’orienter vers une nouvelle récession. Certains pays sont déjà entrés en récession, comme le Brésil.[19] Dans d’autres, les monnaies nationales s’effondrent, comme la lire turque[20] ou le peso argentin.[21] Il y a ceux qui prévoient un scénario encore plus négatif, car ils considèrent qu’il y a plusieurs « bulles sur le point d’éclater » dans les secteurs « du logement, de la dette et des crypto-monnaies », et que cette perspective est pire que la crise qui a commencé en 2007 2008.[22]
L’économie chinoise est également en difficulté
La Chine a été la seule grande économie à terminer 2020 avec une croissance nominale du PIB et à maintenir l’une des meilleures dynamiques en 2021 : elle a connu une forte croissance du commerce extérieur, un bon niveau d’attraction des investissements étrangers et la réalisation de ses investissements dans d’autres pays (la « route de la soie »). Les médias ont célébré cette dynamique avec des titres tels que « la Chine continuera à être le stabilisateur de la reprise économique mondiale ».[23] Derrière cette « image dorée » se cachaient toutefois d’épais nuages noirs.
C’est particulièrement le cas dans le secteur de l’immobilier et de la construction civile, un des moteurs de la croissance économique et de la création d’emplois.[24] En effet, le secteur a été artificiellement « gonflé » par des crédits et des prêts étatiques et privés, ce qui avait déjà été le cas en 2015.[25] La première manifestation évidente de problèmes fut la crise du groupe Evergrande, qui est incapable de payer ses dettes.[26] Le problème est bien plus important, car il semble y avoir « un « effet en cascade » sur l’ensemble du secteur de l’immobilier et de la construction ». En octobre dernier, Fantasia Holding a fait défaut sur un prêt de plus de 200 millions de dollars et risque la faillite.[27] Un article déjà cité considère que la crise du secteur de l’immobilier et de la construction « a de facto déjà explosé en Chine ».[28]
Quel sera l’impact de ce processus sur la dynamique de l’économie chinoise et, à partir de là, sur l’économie mondiale dans son ensemble ? Certains pensent que cela pourrait avoir le même effet de levier que l’effondrement de la banque Lehman Brothers aux États-Unis en 2008.[29] En novembre dernier, le FMI a noté : « Bien que l’économie chinoise continue de se remettre de l’impact de la pandémie de covid-19, le rythme se ralentit. »
Nous aborderons brièvement la question de la confrontation des États-Unis avec la Chine, une confrontation que l’administration de Joe Biden a placée comme objectif stratégique de sa politique étrangère. Cela s’est manifesté dans la « guerre commerciale et technologique » initiée par Donald Trump,[31] et cela commence à avoir d’autres manifestations diplomatiques.[32] Quelles que soient les caractérisations possibles du sens de cette confrontation, il est clair qu’elle traverse l’ensemble de la situation mondiale et impose une instabilité à la dynamique de l’économie mondiale et à sa reprise.
Le mouvement de masses
La pandémie a frappé durement les travailleurs et les masses dans le monde entier : en raison de l’impact direct des contagions et des décès, et parce que les bourgeoisies ont déchargé sur leur dos le poids de la crise économique de l’année dernière, exacerbant à l’extrême les attaques permanentes contre les conditions de travail et le niveau de vie, des attaques qui, avec des hauts et des bas, durent depuis des décennies.
L’une de ses expressions les plus graves est l’augmentation de l’« extrême pauvreté » (la misère) et de l’« insécurité alimentaire » (la faim).[33] Sans aller jusqu’à une telle extrémité, partout dans le monde la pauvreté, le chômage, la perte du pouvoir d’achat des salaires, la détérioration des conditions de travail et la précarité ont augmenté. Une réalité qui n’est guère inversée par la reprise en cours : les bourgeoisies n’ont pas l’intention de « rendre ce qu’elles ont volé » mais, au contraire, cherchent à consolider durablement cette détérioration. Cette réalité provoque des sentiments d’« intolérabilité » chez les travailleurs et les masses qui ont généré dans plusieurs pays et régions des réponses fortes sur le terrain de la lutte de classes.
En 2020, la pandémie et son impact ont provoqué une relative impasse dans l’action du mouvement de masses, qui a été beaucoup plus défensif. Une impasse « relative », car dès le début de la pandémie, des rébellions antiracistes contre la répression policière et les meurtres ont éclaté aux États-Unis, mettant le gouvernement de Donald Trump dans les cordes et provoquant une crise de l’ensemble du régime politique.[34] Un important processus de grève a eu lieu, quelque peu occulté par l’impact de ces rébellions, notamment dans les secteurs de l’éducation, des services et du commerce.[35]
Cette dernière année a été, dans une large mesure, une année de récupération d’une plus grande dynamique de lutte des masses dans divers pays et régions. Concentrons-nous sur quelques-unes d’entre elles, soit en raison de leur importance objective, soit en raison de leur signification politique.
Cuba
En juillet dernier, il y a eu des mobilisations de plusieurs milliers de personnes dans différentes villes cubaines pour protester contre la crise sanitaire générée par la pandémie, le rationnement des médicaments et de la nourriture, et l’absence de libertés démocratiques imposée par le régime castriste. Les manifestations ont été durement réprimées et des centaines de militants et de participants ont été poursuivis et emprisonnés.[36] Ces événements ont ravivé l’intense controverse qui existe au sein de la gauche mondiale depuis plus de deux décennies.
Le courant castro-chaviste considère que Cuba est « le dernier bastion du socialisme » et que l’élément déterminant des problèmes que traverse le pays est le boycott que l’impérialisme yankee développe depuis des décennies. C’est pourquoi il qualifie ces mobilisations de contre-révolutionnaires parce qu’elles seraient promues par les intérêts de cet impérialisme et de la bourgeoisie cubaine en exil à Miami (les gusanos), qu’elles serviraient en fin de compte. Ce courant soutient donc la répression de ces mobilisations par le régime castriste.[37]
D’autre part, plusieurs organisations qui revendiquent le trotskisme (comme la Fraction Trotskyste – FT, dirigée par le Parti des Travailleurs Socialistes – PTS, en Argentine) considèrent que Cuba est toujours un « État ouvrier bureaucratisé » dans lequel le castrisme promeut une politique de restauration du capitalisme ; et la « pression restaurationniste » de l’impérialisme américain et de la bourgeoisie gusana de Miami constitueraient le même genre de risque. [38]. Ils caractérisent donc ces mobilisations comme ayant un « caractère contradictoire » : d’une part, elles obéissent à des causes justes (la détérioration des conditions sociales des masses), mais, d’autre part, elles sont réactionnaires : « Il ne fait aucun doute qu’elles ont été utilisées par des médias et des réseaux sociaux financés par les États-Unis ». Face à cette « contradiction », le FT a adopté une position abstentionniste, puisqu’il ne propose aucune orientation concrète. Une politique qui, face aux réelles mobilisations qui ont eu lieu, finit par favoriser le régime castriste. Qui plus est, et cela relève du domaine des principes pour une organisation qui se réclame du trotskisme non seulement le FT ne soutient pas les mobilisations, mais il ne dénonce guère la répression actuelle du régime castriste. En particulier, il ne promeut pas une campagne internationale pour la libération des nombreux prisonniers détenus par la répression du régime (ni ne participe à telle campagne). Il s’agit d’une campagne qui pourrait être développée avec beaucoup de force en Argentine, où le PTS a plusieurs parlementaires et beaucoup d’espace dans les médias. Il faut qu’ils changent cette attitude.
La LIT-QI, pour sa part, caractérise que le régime castriste a lui-même restauré le capitalisme à Cuba depuis des décennies ;[39] que cet espace a été mis à profit par l’impérialisme européen et canadien (qui ont réalisé d’importants investissements dans le secteur du tourisme international, dans un processus accéléré de recolonisation) ; et que la direction castriste est devenue une bourgeoisie subordonnée (à partir du contrôle du conglomérat d’État GAESA). Et comme s’y ajoute l’absence de libertés démocratiques pour les travailleurs et les masses, nous définissons le régime castriste comme étant devenu une dictature capitaliste.
Le blocus américain existe bel et bien, il vise à étrangler l’économie cubaine et à générer des troubles économiques et politiques au sein de la population contre le régime castriste. C’est pourquoi nous le combattons et le dénonçons. Cependant, il faut préciser qu’il s’agit d’un blocus partiel, car plusieurs pays impérialistes investissent à Cuba et ont des relations commerciales avec l’île. C’est le cas de nombreux autres pays dans le monde, comme le Brésil, qui a participé à la construction des installations de la Zone spéciale de Développement du port de Mariel avec un financement de l’État brésilien par l’intermédiaire de la BNDES.[40]
Le régime cubain met en œuvre des ajustements qui éliminent les derniers acquis de la révolution. Le dernier en date est le plan dit « Dia Cero », lancé au début de l’année 2021. [41] Cette détérioration est importante, à tel point qu’elle a même annulé les bons résultats initiaux que le pays avait obtenus dans la lutte contre la pandémie.[42] Celle-ci a entraîné une baisse considérable du flux du tourisme international (la principale source de devises) et, avec elle, un étranglement économique. Le sort des masses est devenu intolérable, alors que les hauts responsables du régime et les touristes étrangers font leurs achats en dollars dans les boutiques spéciales.
Cette réalité, et le manque absolu de libertés démocratiques, ont conduit aux mobilisations de juillet. C’est pourquoi nous les définissons comme l’expression juste et progressiste d’une lutte contre une dictature capitaliste, une lutte qui doit être soutenue au-delà des inévitables contradictions qui peuvent se présenter.[43] C’est aussi pourquoi nous développons actuellement, comme l’une de nos activités centrales, une campagne internationale pour la libération des prisonniers politiques cubains.[44]
Afghanistan
Un autre événement très important a été la défaite des forces impérialistes dirigées par les États-Unis dans la guerre en Afghanistan, initiée il y a 20 ans par le président de l’époque, George W. Bush, et qui, en 2003, allait se poursuivre avec l’invasion de l’Irak.[45] Avec le retrait des troupes, c’est « la confirmation de la défaite », le cours des deux guerres étant devenu clairement défavorable aux États-Unis depuis plusieurs années.[46] L’administration Obama avait déjà amorcé un virage tactique avec la stratégie de retrait de troupes : elle encourageait la construction d’une « armée nationale afghane » qu’elle armait, formait et finançait afin qu’elle soit capable de soutenir l’effort contre l’avancée des talibans. Mais depuis lors, cette armée s’est révélée être un « château de sable » inefficace et corrompu qui s’est écroulé lorsque l’impérialisme a annoncé son propre retrait définitif.
L’administration Trump avait déjà pris cette décision : « Après toutes ces années, il est temps de ramener nos gens de retour chez eux. » Mais c’est l’administration de Joe Biden qui a concrétisé le retrait définitif. Il s’agissait d’une nouvelle défaite pour l’impérialisme yankee et ses partenaires européens dans leur politique d’invasion de pays et d’imposition de leur volonté par la voie militaire. Nous célébrons cette défaite, car elle est la démonstration que l’impérialisme n’est pas une force invincible, qu’il a de profondes faiblesses. Cette définition est au cœur du bilan des 20 dernières années et constitue une composante importante de la situation actuelle. Pour nous, ce résultat renforce les luttes des travailleurs et des masses dans le monde contre l’impérialisme, et nous appelons à un redoublement de ces luttes.
Sur la base de ce critère (de soutien aux luttes des masses contre l’impérialisme, dirigées par qui que ce soit), nous nous sommes clairement placés, tout au long de la guerre, dans le camp militaire de la résistance nationale afghane. C’est pourquoi nous avons poussé à l’unité d’action militaire avec les talibans contre l’impérialisme. Une position qui avait déjà provoqué une controverse dès le début de la guerre.[47]
Cette question est maintenant revenue à l’ordre du jour, car ce qui s’est passé présente une profonde contradiction : ce sont les talibans qui ont pris le pouvoir dans le pays, une organisation avec une l’idéologie profondément réactionnaire et une nature semi-fasciste, qui a installé une dictature théocratique, qui applique une législation très oppressive et répressive à l’encontre des femmes et des minorités ethniques, religieuses et linguistiques vivant en Afghanistan. Cela conduit certains secteurs de la gauche à considérer qu’« il n’y a rien à célébrer », étant donné que le résultat global de la guerre serait un « solde nul », sans aucun bénéfice pour les masses. D’autres vont même plus loin et suggèrent que ces secteurs attaqués par les talibans étaient mieux lotis auparavant et que le résultat de la guerre serait donc négatif. Nous pensons que ce critère d’analyse et ses conclusions sont erronés. [48]
Cependant, tout comme nous célébrons la défaite de l’impérialisme, nous pensons que la réalité a changé dans le pays à partir du moment où les talibans ont pris le pouvoir, et que notre politique doit donc changer. Nous pensons que la principale tâche à laquelle sont confrontées les masses afghanes (en particulier les femmes et les minorités opprimées) est la lutte contre cette dictature. C’est pourquoi nous soutenons les manifestations naissantes de ce processus, qui ont commencé à avoir lieu. [49]
Avec leur idéologie théocratique réactionnaire, les talibans sont une organisation dont les dirigeants aspirent à se transformer en un secteur bourgeois qui s’enrichit en tant qu’intermédiaire dans l’extraction des immenses ressources naturelles inexploitées (comme le lithium). Cette politique est confrontée à une réalité : le niveau d’industrialisation de l’Afghanistan est presque inexistant et il n’y a pas de personnel qualifié pour exploiter et entretenir les technologies et les machines nécessaires (sans parler de leur fabrication). C’est pourquoi le régime des talibans doit s’associer aux pays qui disposent de ces technologies et réalisent les investissements nécessaires, en échange, bien sûr, de l’appropriation d’une partie substantielle de cette richesse.
La recherche de soutien s’oriente principalement vers la Chine et la Russie. Mais les talibans ouvrent aussi leur offre aux différents impérialismes. Dans une interview accordée à un journal italien, le porte-parole des talibans a déclaré qu’il « invitait les investisseurs étrangers à investir dans un Afghanistan stable et sûr ».[50] En d’autres termes, la perspective n’est pas que ce régime utilise son triomphe pour approfondir la lutte contre l’impérialisme, mais, au contraire, qu’il tente de se montrer « stable et sûr » et d’obtenir « une place au soleil » sous la domination impérialiste. Si cette perspective se confirme, ce serait une nouvelle raison de combattre ce régime.
La classe ouvrière est-elle de retour sur la scène ?
En 2019, une vague de rébellions et de révolutions a déferlé sur diverses régions du monde. En Amérique latine, elle a eu son épicentre dans le processus révolutionnaire au Chili.[51] Il s’agissait de luttes qui répondaient à la détérioration constante du niveau de vie des masses, à des situations d’oppression nationale, ou contre des régimes dictatoriaux. Il s’agissait de processus explosifs, les mobilisations étant confrontées à une répression sévère. La jeunesse précarisée et sans avenir était en première ligne de ces confrontations. Au Chili, ce secteur a acquis un principe d’organisation et un nom : la Primera Linea.[52] En général, la classe ouvrière n’intervenait pas dans les processus à partir de ses structures et organisations et avec ses méthodes, mais comme dissoute au sein des masses en lutte.
En 2020, la pandémie et son impact ont provoqué une relative impasse dans l’action du mouvement de masses, devenue beaucoup plus sur la défensive. Il y a eu même quelques défaites, comme à Hong-Kong. Aux États-Unis, des rébellions antiracistes ont explosé et se sont propagées. À la fin de l’année, une grande lutte des femmes argentines a culminé avec le triomphe du vote parlementaire de la loi légalisant le droit à l’avortement.
En 2021, les travailleurs et les masses semblent reprendre la dynamique de 2019. En mars, un tollé s’est élevé au Paraguay contre la gestion épouvantable de la pandémie par le gouvernement du Parti Colorado.[53] En juin, une vague de mobilisations a débuté contre le gouvernement d’Iván Duque en Colombie, à laquelle le régime a répondu par une répression féroce.[54] Ces processus ont conservé les caractéristiques que nous avons analysées pour ceux de 2019 et pour les rébellions antiracistes aux États-Unis. Un changement important semble toutefois se produire en 2021 avec la présence de la classe ouvrière à partir de ses structures, son organisation et ses méthodes.
Tout au long de l’année, une importante vague de grèves s’est développée aux États-Unis et s’est propagée avec force à partir des secteurs de l’éducation et des services, prédominants dans les luttes de 2020 aux travailleurs industriels, absents de la scène depuis de nombreuses années.[55] Un analyste a décrit la situation comme une « grève générale » de facto. La vague est animée par des objectifs économiques, mais elle a une signification politique profonde parce qu’elle attaque le cœur d’une politique centrale de la bourgeoisie : décharger le coût de la reprise économique sur le dos de la classe ouvrière. En même temps, nous pensons qu’elle signifie un changement profond dans l’humeur et l’action de la classe ouvrière étasunienne.
Un autre processus de grande importance fut la grève générale en Inde en décembre 2020, contre diverses « lois agricoles » et en opposition à la nouvelle « loi sur le travail », promue par le gouvernement du BJP (Parti indien du peuple), une loi qui attaque l’organisation sur le lieu de travail. Plus de 200 millions de personnes y ont participé (le plus grand nombre de personnes dans l’histoire de l’humanité).[56] À l’époque, le gouvernement a battu en retraite, mais il est ensuite revenu à l’attaque. En octobre dernier, le Front uni des Agriculteurs et de nombreux syndicats ont appelé à une nouvelle grève.[57] Face à cette menace, le parlement a abrogé les lois controversées, une première victoire de la lutte.[58]
En Afrique du Sud, les métallurgistes (regroupés au sein du puissant syndicat NUMSA) ont réalisé une grande grève pour l’augmentation des salaires.[59] En Italie, les travailleurs de l’entreprise métallurgique GKN et ceux d’Alitalia ont dépassé les divisions syndicales et sont apparus comme un axe de résistance face aux attaques du gouvernement Draghi et des patrons.[60] En octobre, la Confédération des nationalités indigènes (CONAIE) et le Front uni des travailleurs ont appelé à une grève générale contre les politiques du gouvernement équatorien de Guillermo Lasso, notamment contre la hausse du prix des carburants.[61] En Belgique, début décembre, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Bruxelles, à l’appel de toutes les centrales syndicales, contre l’inflation et aussi contre les attaques visant les dirigeants syndicaux.[62]
Si cette tendance devait se confirmer, cela signifierait un élément de grande importance pour les tendances de la lutte de classes en 2022. Dans ce cadre, il s’agirait également d’un processus central pour la LIT-QI, car nous nous revendiquons comme une organisation de la classe ouvrière et c’est là que nous développons notre principale intervention.
Les réponses des bourgeoisies
Les bourgeoisies impérialistes et nationales ne restent pas passives face à cette dynamique des luttes. Face aux protestations et mobilisations de rue, elles répondent souvent par une répression institutionnelle sévère, qui peut atteindre des niveaux criminels (Colombie) [63] ou mener à l’emprisonnement de centaines d’opposants (Cuba). Dans d’autres cas, elles répondent par des coups d’État, comme ceux qui se sont produits au Myanmar (ex-Birmanie) en février 2021 [64] et au Soudan en octobre [65].
Cependant, il nous semble que la principale réponse dans de nombreux pays est de chercher à détourner les mobilisations vers des élections bourgeoises. C’est clairement ce que les bourgeoisies essaient par exemple de faire au Chili. Dans ce pays, la victoire électorale du réformiste Gabriel Boric est une expression déformée des luttes que le mouvement de masses a menées au cours de la dernière décennie, en particulier depuis 2019. C’est pourquoi elle suscite beaucoup d’espoirs à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Cependant, comme nous l’avions prévenu, Boric ne représente pas les intérêts de la révolution qui a éclaté il y a un peu plus de deux ans, mais un projet défendant les intérêts des grandes entreprises du pays. Son gouvernement, bien que doté d’une rhétorique « progressiste », sera un gouvernement pour les capitalistes. La stratégie de Boric, du Frente Amplio et du Parti communiste du Chili, consiste à négocier avec ceux qui sont au sommet et à calmer le mouvement de masses, à détourner la révolution sur la voie sans issue de l’institutionnalité démocratique bourgeoise. C’est pourquoi nous proposons une autre voie, en tant que MIT et avec notre camarade constituante María Rivera, qui utilise la tribune parlementaire pour renforcer le processus révolutionnaire et démasquer tous les projets bourgeois et réformistes : la voie de la mobilisation et de l’organisation de la classe ouvrière et de la jeunesse pour mener jusqu’au bout la lutte contre le capitalisme néolibéral chilien et le pouvoir des grandes entreprises. Cette alternative, ouvrière et socialiste, implique l’indépendance par rapport au futur gouvernement Boric, qui ne résoudra pas les problèmes fondamentaux de notre classe et ne répondra pas aux exigences de la révolution chilienne.
Dans ces processus électoraux, les bourgeoisies promeuvent l’idée que les élections sont la seule façon de changer les choses et qu’il n’y a d’autre possibilité que d’y faire son choix entre les variantes bourgeoises de droite et les variantes supposées « progressistes », à travers les organisations qui les représentent.
Elles cherchent à maintenir leur domination à travers un mouvement électoral pendulaire : si c’est la droite qui est en crise, on va avec les « progressistes » : cela a été le cas aux États-Unis avec Biden ; au Pérou, avec Pedro Castillo ; au Honduras, avec Xiomara Castro ; au Chili, avec Boric ; et cela pourra être le cas au Brésil avec Lula. Si ce sont les « progressistes » qui se sont usés, « allons-y avec la droite » : cela s’est produit avec Lacalle Pou en Uruguay ; et cela peut se produire en Argentine, en raison de l’érosion du gouvernement péroniste et avec un nouveau gouvernement de Juntos por el Cambio en 2023.
En Amérique latine, il est fort possible que l’on assiste à une forte utilisation des processus électoraux et donc à une tendance à la capitalisation électorale par des partis ou des coalitions bourgeoises prétendument progressistes, dans la mesure où cette tendance à une nouvelle montée se confirme et que manque une direction révolutionnaire pour pousser les processus de lutte jusqu’à leurs ultimes conséquences.
Dans le contexte de la crise et de l’érosion des mécanismes de la démocratie bourgeoise, ainsi que du scepticisme croissant des masses à l’égard de celle-ci, des espaces s’ouvrent pour des figures au discours d’extrême droite déguisé en « antisystème », dans le style de celui déployé par Bolsonaro au Brésil. Cette crise, d’une part, et le fait que la majorité de la gauche s’y adapte totalement et ne présente pas d’alternative révolutionnaire, d’autre part, leur permet de gagner de l’espace. Ce fut le cas avec Javier Milei en Argentine ou Franco Parisi au Chili. Au-delà de leurs discours confus d’extrême droite, il ne s’agit pas de figures qui promeuvent une organisation fasciste dans le but de prendre le pouvoir par la force ; leur objectif est de profiter de cet espace existant pour se construire en tant que courants électoraux et parlementaires.
Nous aimerions terminer par quelques brèves conclusions. La première est que la tâche principale de la LIT-QI est de soutenir les luttes en cours et de promouvoir leur développement, en particulier celles dans lesquelles intervient la classe ouvrière. Dans ces luttes, nous participons en unité d’action avec diverses organisations. Cependant, dans le cadre de cette unité d’action, nous devons développer une lutte acharnée contre la politique des organisations réformistes et/ou bureaucratiques qui, d’une part, poussent à amener les luttes dans l’impasse des processus électoraux ou des mécanismes parlementaires, et, d’autre part, attachent leur charrette à la variante bourgeoise « progressiste » du jour. Par exemple, la politique du PSOL au Brésil de soutenir la candidature de Lula et son alliance avec les secteurs bourgeois de droite. Ou encore les organisations de la gauche argentine qui ont rejoint les listes électorales du Kirchnerisme.
Pour la LIT-QI, les luttes des travailleurs et des masses ne doivent jamais être subordonnées aux processus électoraux, bien que nous soyons en faveur de participer aux élections et d’utiliser cet espace. En même temps, nous croyons que ces luttes doivent être des étapes qui avancent sur la voie de la lutte pour le pouvoir de la classe ouvrière, la destruction de ce système capitaliste impérialiste de plus en plus rétrograde et inhumain, et son remplacement par un système beaucoup plus rationnel et humain moyennant la révolution socialiste. Par conséquent, nous terminons l’année 2021 en réaffirmant notre appel, dans tous les pays, à construire des partis révolutionnaires, ouvriers et socialistes, qui font partie d’une Internationale centralisée démocratiquement, qui propose la reconstruction de la Quatrième Internationale. La LIT-QI renouvelle son engagement avec cette stratégie.
Notes :
[1] Voir, p.ex. : https://litci.org/es/la-mentira-del-fin-de-la-pandemia/
[2] https://litci.org/es/europa-en-el-epicentro-de-la-pandemia/
[3] https://litci.org/es/capitalismo-productor-de-pandemias/
[4] Concernant ce thème, nous recommandons de consulter https://litci.org/es/la-verdadera-cara-de-la-nueva-normalidad/
[5] https://litci.org/es/la-carrera-por-la-vacuna-contra-el-covid-19/ y https://litci.org/es/la-carrera-por-la-vacuna-contra-el-covid-19-ii/
[6] Concernant ce thème, voir https://litci.org/es/la-verdad-sobre-las-muertes-por-covid-en-la-india/
[7] https://www.bbc.com/mundo/noticias-59466211
[8] https://litci.org/es/paremos-el-genocidio-ruptura-inmediata-de-las-patentes-de-las-vacunas/
[9] https://www.bbc.com/mundo/noticias-59546388
[10] Concernant ce thème, nous recommandons de consulter https://litci.org/es/cop26-cronica-de-un-fracaso-anunciado/ y https://litci.org/es/fracaso-de-la-cop26-luchar-por-el-socialismo-para-enfrentar-la-emergencia-climatica/
[11] https://www.france24.com/es/programas/econom%C3%ADa/20211013-economia-pandemia-pib-crecimiento-covid
[12] https://litci.org/es/hacia-donde-va-la-economia-mundial/
[13] Concernant ce thème, voir l’article “Economía mundial: recuperación anémica y con muchos problemas”, sur https://litci.org/es/67115-2/
[14] https://www.elblogsalmon.com/indicadores-y-estadisticas/recuperacion-forma-k-economia-rota-ganadores-perdedores
[15] https://www.eleconomista.es/economia/noticias/11322656/07/21/La-inflacion-no-da-respiro-a-la-Fed-el-IPC-general-sube-hasta-el-54-y-el-subyacente-toca-maximos-de-1991.html
[16] https://www.eleconomista.es/economia/noticias/11377830/09/21/La-inflacion-aumenta-y-la-eurozona-marca-maximos-desde-2011-al-3.html
[17] Voir l’article de la note [15].
[18] ROUBINI, Nouriel, The stagflation threal is real. Project Syndicate, 30.08.2021
[19] https://economia.ig.com.br/2021-12-02/brasil-recessao-o-que-e.html
[20] https://www.bbc.com/mundo/noticias-internacional-59533515
[21] https://www.elmundo.es/economia/2020/09/17/5f6261e7fdddffbb108b45f6.html
[22] https://www.libremercado.com/2021-11-21/daniel-rodriguez-asensio-la-mayor-burbuja-de-nuestra-historia-explotara-crisis-sistema-financiero-daniel-rodriguez-asensio-6838798/
[23] https://www.brasil247.com/mundo/china-continuara-sendo-estabilizador-da-recuperacao-economica-mundial
[24] Données de https://g1.globo.com/economia/noticia/2021/09/20/crise-na-evergrande-por-que-o-mercado-esta-em-alerta-e-quais-as-possiveis-consequencias-para-o-brasil-e-o-mundo.ghtml
[25] Concernant ce thème, nous recommandons de consulter https://litci.org/es/certezas-e-interrogantes-que-plantea-la-crisis-economica-en-china/
[26] Voir l’article du Financial Times, ft.com/content/e7dac606-1d25-4034-99af-aafab24d5a4d
[27] https://www.latercera.com/pulso/noticia/otro-evergrande-ahora-la-china-fantasia-holdings-cae-en-impago-de-una-deuda/S75ZA53HNVCGDEY3ZWWJGNZ2TU
[28] Voir l’article de la note [25]
[29] https://www.ambito.com/negocios/china/la-crisis-evergrande-el-lehman-brothers-chino-que-pone-riesgo-los-mercados-del-mundo-n5279216
[30] https://www.infobae.com/america/agencias/2021/11/19/fmi-la-economia-china-sigue-recuperandose-pero-la-inercia-se-ralentiza/
[31] Concernant ce thème, nous recommandons de consulter https://litci.org/es/armas-de-guerra/
[32] https://cnnespanol.cnn.com/2021/12/09/australia-boicot-diplomatico-estados-unidos-juegos-olimpicos-beijing-2022-trax/
[33] https://news.un.org/pt/story/2020/10/1728962
[34] Voir la Déclaration de la LIT-QI dans https://litci.org/es/un-proceso-revolucionario-sacude-estados-unidos/
[35] https://www.smh.com.au/world/north-america/wave-of-1000-strikes-ripples-across-the-us-as-crisis-bites-20200929-p5606t.html?fbclid=IwAR18IEkXZYTySoMSe09REwoKMrokXws-tEgqdPyF7ap4yA8sHkHLDb5GUEM
[36] Voir l’article “Todo el apoyo a la lucha del pueblo cubano”, https://litci.org/es/66419-2/
[37] https://litci.org/es/la-polemica-con-el-estalinismo-sobre-cuba-y-el-15n/
[38] Voir “¿Qué política debe tener el trotskismo ante el actual proceso cubano?”, dans https://litci.org/es/66633-2/
[39] Concernant ce thème, nous recommandons consulter, entre otres artículos publiés sur ce site https://litci.org/es/debate-de-la-lit-ci-con-los-dirigentes-cubanos-2001/ ainsi que la Déclaration de la LIT-QI dans https://litci.org/es/66419-2/
[40] Concernant ce thème, nous recommandons consulter http://www.zedmariel.com/es et https://diariodecuba.com/internacional/1577055460_7967.html?__cf_chl_jschl_tk__=pmd_153f8059117aac8ccff6190cce734ab9c6eedf25-1628532318-0-gqNtZGzNAfijcnBszQjO
[41] Voir “El significado del “día cero”, dans https://litci.org/es/64409-2/
[42] https://litci.org/es/por-que-cuba-logra-frenar-la-expansion-del-coronavirus/
[43] https://litci.org/es/15n-como-seguir-la-lucha-contra-la-dictadura-cubana/
[44] Voir, p. ex.: https://litci.org/es/cuba-luego-del-15n-redoblar-esfuerzos-por-la-libertad-de-todos-los-presos-politicos/
[45] https://litci.org/es/66669-2/
[46] Concernant la situation qui existait déjà en 2009, nous recommandons de lire les articles de Bernardo Cerdeira dans le dossier “Medio Oriente. Un nuevo e inmenso Vietnam para el imperialismo”, publiés dans la revue Marxismo Vivo N° 22 (décembre 2009).
[47] Voir l’article concernant la guerre en Afganistan, publié dans Marxismo Vivo N° 4, décembre 2001, et “Afganistán – ¿Cuáles son los criterios para analizar la guerra?”, dans https://litci.org/es/66729-2/
[48] Voir, p. ex. https://litci.org/es/los-salvadores-de-mujeres-armaron-su-cautiverio-hace-decadas-en-afganistan/
[49] https://litci.org/es/estamos-con-la-mujeres-afganas/
[50] https://ciarglobal.com/gobierno-taliban-busca-confianza-internacional-para-atraer-inversion-extranjera/
[51] Voir la déclaration de la LIT dans https://litci.org/es/tiempos-de-rebelion/
[52] Concernant ce thème, voir entre autres https://litci.org/es/carta-de-un-primera-linea-es-urgente-fortalecer-la-autodefensa-de-nuestra-revolucion/
[53] https://litci.org/es/paraguay-capitalismo-periferico-y-pandemia/ y https://litci.org/es/quema-de-la-anr-es-un-simbolo-de-la-legitima-rebelion-popular
[54] Voir, entre autres, https://litci.org/es/avancemos-hacia-la-huelga-general-encuentro-de-emergencia-y-apoyo-la-primera-linea-contra-la-guerra-que-duque-le-declara-al-paro-nacional/
[55] Voir l’article “Gran oleada de huelgas » dans https://litci.org/es/category/menu/mundo/norteamerica/estados-unidos/
[56] https://desinformemonos.org/esto-es-una-revolucion-senor-huelga-general-en-la-india/
[57] https://litci.org/es/todo-apoyo-a-la-huelga-general/
[58] https://www.efe.com/efe/espana/economia/el-parlamento-indio-deroga-las-controvertidas-leyes-de-la-reforma-agraria/10003-4686479.
[59] https://litci.org/es/africa-del-sur-trabajadores-metalurgicos-muestran-el-camino-de-la-lucha/
[60] https://litci.org/es/gkn-y-alitalia-mas-alla-de-las-barreras-sindicales-un-ejemplo-de-resistencia-contra-los-ataques-del-gobierno-draghi/
[61] https://www.latimes.com/espanol/internacional/articulo/2021-10-26/ecuador-paro-nacional-contra-politicas-del-presidente-lasso
[62] https://es.euronews.com/2021/12/06/todo-sube-menos-nuestros-salarios-belgica-protesta-contra-la-inflacion
[63] https://litci.org/es/llamamiento-campana-internacional-de-solidaridad-con-el-pueblo-colombiano/
[64] https://litci.org/es/abajo-el-golpe-en-myanmar/
[65] https://litci.org/es/el-golpe-de-estado-en-sudan-y-la-continuidad-de-la-lucha/