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vendredi, novembre 15, 2024

Équateur : les masses sont de retour dans les rues. Maintenant contre le banquier Lasso

L’Équateur est un pays qui a une grande tradition de luttes. Tout au long des années 80, il y a eu dix grèves générales. Dans les années 1990, lors de la vague de privatisation, la classe ouvrière équatorienne a résisté courageusement pour défendre ses entreprises publiques, mais elle n’a pas résisté à l’ouverture de l’économie et à la désindustrialisation qui en a résulté. Dans les années 2000, en quelques années, la classe ouvrière à renversé un vice-président et trois présidents. C’est pourquoi on dit : « Équateur, terre de volcans et de révolutions ».

Par : Cesar Neto, le 16 juinb 2022

En 2019, nous avons assisté à des manifestations gigantesques. Au début de la pandémie, nous avons vu des corps incinérés dans les rues et, en politique, la fin du gouvernement populiste de Correa et la montée en puissance du gouvernement de droite de Lasso, un banquier qui, comme tous les banquiers, a une sale histoire dans le domaine du vol des richesses de l’État. Jeudi dernier a commencé un autre soulèvement indigène et populaire.

Historique de la mobilisation

Peu après le début du gouvernement du banquier Guillermo Lasso, le 21 mai 2021, un secteur du mouvement indigène a présenté une pétition en 10 points et ils ont commencé à négocier entre eux. Ces points étaient les suivants: 1. réduction et arrêt de l’augmentation des prix des carburants; 2. moratoire d’un an sur le paiement des dettes envers le système financier; 3. prix équitables pour les produits agricoles; 4. emploi et droits du travail; 5. pas d’exploitation minière sur les terres et les sources d’eau indigènes; 6. respect des 21 droits collectifs; 7. pas de privatisation des secteurs stratégiques; 8. politiques de contrôle et contre la spéculation des prix; 9. budget d’urgence pour la santé et l’éducation; 10. élaboration de politiques publiques de sécurité et de protection.

De nombreux militants ont considéré avec méfiance ou ont directement désavoué cette négociation avec un gouvernement d’extrême droite. Après un an de négociation, sans aucune conquête et sous la pression de la base, ils rompent avec le gouvernement et appellent à la mobilisation.

Les organisations de lutte:

 La classe ouvrière a toujours eu un rôle de premier plan dans le pays, mais avec le processus de désindustrialisation et ensuite la mise au rebut et la privatisation d’une partie des systèmes électriques et pétroliers, les travailleurs ont continué à être politiquement importants, mais ils ont perdu du poids social. Cet espace a été progressivement occupé par le mouvement indigène, où se distingue la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur). En interne, elle est divisée en plusieurs secteurs politiques, le secteur le plus dynamique étant celui des « Mariateguistas », dont fait partie Leonidas Iza (actuel président de la CONAIE).  Leonidas, arrêté lors des manifestations, avait été le principal négociateur avec le gouvernement.

Les organisations syndicales se sont vidées pendant de nombreuses années à cause de la désindustrialisation et aussi à cause d’une bureaucratie totalement perfide. Ils n’acceptent pas l’unité avec le mouvement indigène pour ne pas perdre le rôle de premier plan qu’ils n’ont plus. Sous la pression de la base, ils ont prévu des mobilisations pour les 22 et 23. « S’ils rejoignent, c’est bon, s’ils ne le font pas, nous le ferons quand même », a déclaré à la télévision un habitant du sud de Quito en colère.

13 juin : le début des manifestations

Lundi, une autre période de mobilisation des populations autochtones et des agriculteurs de la région côtière du pays a débuté. Comme toujours, avec quelques perturbations routières, des manifestations dans les petites villes et qui pourraient se développer ou non. Le premier jour a commencé de manière relativement faible, mais aux premières heures du lundi au mardi, une escouade spéciale de la police, a arrêté et kidnappé Leonidas Iza et l’histoire a changé.

Le mardi (14/06), qui aurait été une journée de petites mobilisations, la situation a changé et il y a eu les premières confrontations avec l’appareil répressif, la prise de villes, etc.

Cotopaxi, qui se trouve dans la région de Leonidas, a été repris par la population, qui manifestait devant le pouvoir judiciaire. La manifestation a suscité une énorme participation qui a fait fuir la police.

Dans la région de l’Amazonie, les routes étaient prises et rien ne circulait. Dans la région pétrolière de Tena, les communications avec les autres villes ont été totalement coupées. Dans la région de Puyo, ni la police ni l’armée n’ont osé affronter la mobilisation.

Mercredi : Retraite de Lasso

 Lasso a fait un mauvais calcul politique lorsqu’il a arrêté Leonidas Iza, car il pensait que le mouvement allait ralentir, mais c’est le contraire qui s’est produit, puisque le mercredi a vu une augmentation de la mobilisation et de sa radicalisation.

Cette relation entre répression et réponse, qui s’est produite en Équateur, doit être considérée dans le contexte des tendances mondiales en ces temps de crise impérialiste. Si d’un côté les organisations de droite se développent, de l’autre les masses se radicalisent également.

Jeudi : la mobilisation commence à arriver dans la capitale

La journée de jeudi a commencé avec l’espoir que les marches auraient un plus grand impact dans les villes et surtout à Quito. Dans la ville de Cuenca, les étudiants universitaires ont suspendu les cours et ont participé à une gigantesque marche. En Amazonie, une fois de plus, les indigènes amazoniens, qui se distinguent des indigènes des hauts plateaux par le fait qu’ils sont plus liés au marché, ont mis l’armée à l’épreuve avec leurs flèches et leurs lances !

À Quito, la capitale, les premières marches indigènes ont commencé à arriver et la population des quartiers pauvres est sortie pour les accueillir. Au même moment, le marché central de la capitale, qui compte plus d’un millier de vendeurs, a suspendu son activité en soutien aux manifestations. Dans plusieurs petites villes, les magasins ont été fermés et les transports interrompus.

Les indigènes et les pauvres se battent. Les dirigeants négocient

 La lutte héroïque du peuple équatorien, dans cette situation et dans d’autres, est un exemple pour tous les combattants d’Amérique latine. Mais il ne suffit pas de dire non. Il faut dire ce que l’on veut.

Les 10 points que la CONAIE soulève n’ont aucun slogan contre le gouvernement du grand capital, aucune proposition pour un gouvernement dont le pays a besoin pour faire face à la re-colonisation violente du pays et à ses conséquences pour les indigènes, les travailleurs et les pauvres.

La première tâche, selon nous, est de promouvoir la mobilisation. Si les organisations syndicales refusent de le faire, il est nécessaire de les dénoncer auprès de leurs bases.

Deuxièmement, nous devons dire haut et fort : Dehors Lasso, les banquiers et les grands hommes d’affaires.

Et enfin pour un gouvernement des travailleurs, des indigènes et de la jeunesse en lutte.

 

Traduction Silas Teixeira

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