Cette année nous célébrons une fois de plus le premier mai dans une situation de pandémie mondiale. La situation en Inde ou au Brésil est catastrophique, mais les chiffres en Belgique sont aussi dramatiquement élevés : notre pays compte plus de 24 000 morts et notre système de soins est presque saturé.
Ligue Communiste des Travailleurs, section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs – QI
25 avril 2021
Editorial de En Lutte du mois de mai 2021
Évidemment, une pandémie de cette ampleur ne peut pas être éliminée rapidement, mais la mortalité et la propagation du virus peuvent être diminuées par des mesures adéquates comme la réorganisation de la production des vaccins en cassant les brevets, la garantie d’un salaire complet pour respecter un confinement strict, des tests massifs sur les lieux de travail, la réquisition d’entreprises pour produire ce qui fait défaut, etc.
Ce n’est toutefois pas ce qu’a fait la bourgeoisie belge. Bien au contraire ! Elle accumule les profits car, même si la crise économique se combine avec la pandémie, les grosses entreprises de secteurs comme l’alimentation, l’industrie pharmaceutique, le commerce en ligne ou bpost, ont continué à faire d’énormes bénéfices ! De plus ce sont ces grosses entreprises qui ont engrangé le gros des aides du gouvernement, pas les petits indépendants.
Et nous, tous les jours, nous nous exposons au virus dans des transports en commun surchargés pour aller au travail, alors qu’une étude a montré que 40 % des infections se font sur le lieu de travail. Le gouvernement et les patrons profitent de cette pandémie pour appliquer une exploitation encore plus brutale aux travailleurs. Cela se reflète clairement dans le programme du gouvernement actuel et concrètement sur le terrain. Chez bpost par exemple, où, avec la complicité des directions syndicales, des cadences infernales sont imposées aux salariés pour garantir les profits juteux du boom du commerce en ligne. Nombreux sont ceux qui télétravaillent et ont l’avantage ne pas être trop exposés au virus. Mais derrière cet argument sanitaire, le gouvernement impose massivement une organisation du travail rêvée par toute la bourgeoisie, à savoir diviser les travailleurs en les empêchant physiquement d’être concentrés sur le même lieu de travail. De plus, l’argument de « concilier travail et vie de famille » se transforme rapidement en son contraire et les journées sont plus longues avec une pression toujours plus grande.
Et comme toujours, nous ne pouvons que constater que nos directions syndicales collaborent avec le gouvernement. D’abord, elles ont coécrit avec le patronat un manuel permettant le retour au travail « en toute sécurité » entérinant la politique criminelle de ce retour au travail à tout prix ; ensuite elles ont une fois de plus aidé le gouvernement à imposer une augmentation salariale quasi nulle en acceptant d’aller négocier l’AIP sous la houlette des patrons au lieu d’organiser une réelle résistance. Leur trahison se traduit non seulement en recul de nos acquis, mais également en nombre de malades et de morts qui auraient pu être évités s’ils avaient défendu nos intérêts !
Et pourtant, la résistance est plus que nécessaire face à la montée continue de la répression, du racisme et de la xénophobie. Cela se voit dans des lois, mais également sur le terrain. En effet, tout comme pour les mesures qui augmentent l’exploitation de notre travail, la bourgeoisie belge utilise cette pandémie pour augmenter les attaques contre nos libertés démocratiques : imposition de lois sans discussion parlementaire – violant ainsi leur propre démocratie ; interdiction de rassemblement – c’est-à-dire un état d’urgence permanent et un renforcement des pouvoirs des forces de répression. Si cette évolution était déjà une réalité pour une avant-garde militante et pour les secteurs les plus opprimés de notre classe, cela devient de plus en plus une réalité pour tous les travailleurs. Les « forces de l’ordre » montrent leur vrai visage, c’est-à-dire qu’elles maintiennent l’ordre capitaliste en appliquant la politique décidée par leur gouvernement : réprimer tous ceux qui protestent, à tout prix éviter que les gens puissent s’organiser. Pour avoir un bon exemple de l’incohérence de cette politique répressive appliquée au nom de notre sécurité, Il suffit d’imaginer l’aubaine pour le virus d’avoir des individus agglutinés les uns contre les autres lors d’une arrestation massive, dans des fourgons, dans des cellules !
Nous appelons en ce Premier Mai à l’organisation de la résistance, à une unification de la lutte, pour réellement combattre cette pandémie et empêcher les patrons de faire du profit en sacrifiant notre santé et notre vie. Pour cela nous devons décider nous-mêmes des mesures sanitaires à appliquer, que ce soit dans les luttes mais aussi sur nos lieux de travail, comme la protection des plus vulnérables, exiger la fermeture des lieux de travail non sécurisés, etc. Cette pandémie est bien trop sérieuse pour laisser la lutte contre celle-ci dans les mains de nos ennemis de classe.
Et pour imposer notre gestion de la crise, notre classe doit avancer vers l’organisation d’un parti révolutionnaire des travailleuses et des travailleurs, des plus opprimés et de la jeunesse, un parti indépendant des bureaucraties syndicales et politiques. Un parti qui lutte pour les intérêts de notre classe – la seule qui produit des richesses – le plus urgent étant de mettre ce système capitaliste hors d’état de nuire ! Un parti qui, pour remplir cet objectif, avance des propositions dans les luttes pour avancer ainsi dans la construction d’un État à nous, un État socialiste, qui pourra se donner les moyens de lutter efficacement contre les maux créés par le capitalisme que sont les pandémies, la destruction de l’environnement, la pauvreté et les guerres partout dans le monde.
Abandon des brevets sur les vaccins !
Salaire 100 % garanti en cas de quarantaine !
Les travailleurs et leurs organisations doivent décider des mesures anti-covid !
Organisation démocratique de notre classe pour en finir avec ce système capitaliste basé sur le profit !
Vive le Premier Mai, journée de lutte internationale des travailleurs !