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BRÉSIL: Avec plus de 1.400 personnes, l’assemblée plénière a lancé le manifeste pour la construction du Pôle Socialiste et Révolutionnaire

Article du PSTU, section de la LIT-QI au Brésil

Par Roberto Aguiar, de Salvador (BA) – 14/10/2021

Avec plus de deux mille signatures recueillies, le manifeste pour la construction d’un pôle socialiste et révolutionnaire au Brésil a été lancé le 7 octobre. Plus de 1 400 personnes de toutes les régions du pays ont assisté à l’assemblée plénière, qui s’est déroulée par Zoom.

« Le fait de lancer le Manifeste qui contient déjà 2 000 signatures est un signe très clair de la nécessité dans laquelle nous sommes d’avoir cette alternative socialiste et révolutionnaire pour le Brésil et d’en débattre« , a déclaré l’enseignante Rejane Oliveira, du Mouvement de lutte socialiste (MLS)[1], qui a dirigé la plénière avec Irene Maestro, du Mouvement Lutte populaire[2], et Hertz Dias, du PSTU.

Zé Maria, président national du PSTU, a souligné que « le manifeste et l’idée de construire le pôle viennent de l’urgence qui est née face au scénario barbare qui affecte le pays et notre peuple, qui a pour origine et cause le capitalisme, lequel assujettit et soumet tout à son intérêt suprême, qui est le profit. Il est nécessaire de mettre fin au système capitaliste, de libérer notre pays des griffes de l’impérialisme, de la cupidité des banquiers, du grand patronat et de l’agrobusiness« .

« Il est nécessaire de construire un autre système, le socialisme. Une société gouvernée par la classe ouvrière, à travers ses organisations et ses conseils populaires, où, de fait, la majorité pourra décider de ce qu’il faut faire et comment le faire avec tout ce que notre pays possède et produit« , a défendu le président national du PSTU.

Indépendance de la classe

Diverses organisations politiques, des mouvements sociaux, de la ville et de la campagne, de lutte contre les oppressions, et des militants socialistes ont répondu à l’appel pour construire ce pôle.

Toutes les interventions ont salué l’initiative, souligné la nécessité d’unir ceux qui défendent le socialisme comme stratégie, en ayant l’indépendance de classe comme critère central dans cette lutte, car le socialisme, c’est la confrontation avec la bourgeoisie, et non la conciliation avec elle.

« Le Front national de luttes (FNL)[3] est fier d’être partenaire de ce projet, nous voulons aider à le construire, car nous ne voyons pas d’autre issue pour notre pays que la révolution, que la classe ouvrière détruise cet État bourgeois et construise le socialisme. Ce pays ne sera libre que le jour où la Senzala détruira la Casa Grande[4]« , a affirmé Zé Rainha, leader historique de la lutte pour la réforme agraire au Brésil et dirigeant du FNL.

L’économiste et militant du PSOL, Plínio de Arruda Sampaio Júnior a déclaré: « Le rassemblement des socialistes est une construction humaine et il exigera que nous nous dépassions. Je pense que le plus grand défi que nous devons tous relever ici est de sortir de notre bulle. Nous devons tous sortir de nos bulles respectives et relever les défis historiques, construire des instruments politiques, afin que la classe ouvrière puisse transformer les contradictions en une force politique capable de changement« .

Un sentiment de changement et de transformation partagé par Osmarino Amancio, leader seringueiro[5] dans l’État d’Acre, qui a combattu aux côtés de Chico Mendes[6]. Alors que tout le monde l’encourageait à surmonter un problème technique, car il n’arrivait pas à allumer le microphone de son téléphone portable, Osmarino a fait un discours émouvant, soulignant que le pôle socialiste remplit un rôle important, qui est de « renforcer la direction révolutionnaire« , afin de ne pas laisser se produire au Brésil ce qui est arrivé dans d’autres pays, comme le Chili, qui a connu un fort soulèvement populaire, mais qui a manqué d’une direction révolutionnaire pour conduire les travailleurs à prendre le pouvoir.

Vera Lúcia, ouvrière et ex-candidate à la présidence de la République pour le PSTU, a déclaré que « la nécessité de faire une révolution et de construire une société socialiste est liée à la résolution de choses fondamentales et incontournables comme la faim, qui a toujours existé, mais qui a pris aujourd’hui des connotations dramatiques« .

Ce projet n’est possible qu’avec l’indépendance de classe vis-à-vis de la bourgeoisie, ce que le PT et Lula ont abandonné depuis longtemps, comme en témoignent les 14 années pendant lesquelles ce parti a gouverné le Brésil. Le socialisme est un affrontement direct avec la bourgeoisie, très différent du projet de conciliation défendu par le PT, le PCdoB et la majorité de la direction du PSOL, projet qu’ils cherchent à construire à travers un Front large pour les élections de 2022.

De nombreuses luttes et de nombreuses voix

Les luttes qui se déroulent dans notre pays se sont rencontrées lors de la plénière du pôle socialiste et révolutionnaire. La lutte des peuples indigènes a été soulignée dans l’intervention de l’indigène Kunã Yporã (Raquel Tremembé), membre de l’Articulation du réseau des peuples des communautés traditionnelles du Maranhão[7].

La lutte des quilombolas[8] a été soulignée par Santinho, qui a parlé directement depuis le campement Reviver Fátima Barros, dans l’intérieur du Maranhão, pour défendre les peuples quilombolas. Fátima Barros a été saluée lors de la session plénière. C’était une guerrière quilombola du Tocantins qui est morte victime de la covid-19.

Daiane Marçal, de Madre da Terra dans le Rio Grande do Sul, et Amaro Lourenço, de la Fédération des travailleurs salariés ruraux du Pernambouc, ont parlé de la lutte des agriculteurs ruraux. Zé Rainha, leader du FNL, a évoqué la lutte pour la réforme agraire. Le seringueiro Osmarino Amancio a souligné la lutte pour la défense de l’environnement.

La lutte contre toutes les formes d’oppression a également été mise en avant. Verck Estrela, du Mouvement national Quilombo Race et Classe, a mis en avant la lutte contre le racisme. Nikaya Vidor, une femme trans et membre du Secrétariat national LGBT du PSTU, a parlé de la lutte contre la LGBT-phobie, et Marcela Azevedo, du Mouvement des femmes en lutte (MML), a abordé dans son discours la lutte contre le machisme.

La lutte pour la défense des entreprises publiques a été mise en évidence dans le discours prononcé par Hugo Viotto, un travailleur du pétrole de l’État de Rio de Janeiro ; et Vanessa Portugal, une militante du PSTU du Minas Gerais, a défendu la renationalisation des entreprises privatisées, telles que Vale[9]. Marinalva Oliveira, professeure à l’UFRJ[10] et ancienne présidente de l’ANDES-SN[11], a mis en avant la lutte pour la défense des services publics, contre la réforme administrative que Bolsonaro veut imposer (PEC 32). Jorge Breogan, du Collectif des artistes socialistes (CAS), a mis en lumière la lutte que les artistes mènent pour des politiques publiques, face à la pandémie de covid-19.

Mandi Coelho, étudiante à l’USP[12] et militante de Rébellion – Jeunesse de la révolution socialiste[13], a déconstruit les idéologies bourgeoises que les jeunes entendent en grandissant et a souligné l’importance des jeunes et le rôle qu’ils et elles peuvent jouer dans la lutte pour le socialisme.

« Nous grandissons en entendant toutes sortes d’idéologies bourgeoises. Étudiez et vous aurez du travail. Entreprenez et vous aurez un revenu et un emploi. Economisez l’eau et cela préservera l’environnement. Mais rien de tout cela n’est vrai. Rien de tout cela n’a été concrétisé dans le capitalisme. Nous avons grandi en entendant cela, pas seulement de la part de la bourgeoisie et de ses idéologies, nous avons grandi en entendant cela aussi de la part du PT. Mais tout cela vole en éclats, car rien de tout cela n’est vrai dans le capitalisme« , a déclaré Mandi.

« Nous n’avons pas été une génération perdue. Nous serions perdus si nous étions isolés, seuls, derrière nos écrans de téléphone portable, derrière nos réseaux sociaux. Mais nous sommes ici dans une alliance avec la classe ouvrière et les travailleurs, organisant la révolution socialiste au Brésil. Construire une organisation pour gagner la conscience des jeunes afin qu’ils sortent de leurs bulles et viennent faire une alliance avec des secteurs de la classe ouvrière« , a déclaré l’étudiante de l’USP.

LES DEFIS DE CETTE DEMARCHE

« Rassembler celles et ceux qui continuent à défendre le drapeau du socialisme et de la révolution ».

Cette plénière réussie a été la première étape d’un projet qui commence et qui se construit grâce à diverses organisations. Une diversité qui s’est reflétée dans les interventions faites, dans les nombreuses voix et les luttes qui s’y sont exprimées.

Des représentants de diverses organisations politiques et des militants socialistes qui ont rejoint la construction du pôle.

Juca Sampaio est intervenu pour représenter le Mouvement de lutte socialiste (MLS) ; Marcelo Pablito a parlé au nom du Mouvement révolutionnaire des travailleurs (MRT)[14] ; Maria José a parlé au nom du CEDS[15] du Rio Grande do Sul ; Richard Clayton a représenté le Collectif Initiative socialiste; Alexander Brasil a parlé au nom du Collectif Emancipation Socialiste ; Nildo Ouriques a parlé au nom de Révolution Brésilienne, courant interne du PSOL[16] ; et Dilene Marques, professeur de l’UFMG[17], militante du PSOL, a fait un discours défendant la construction du pôle, classant l’unité des socialistes révolutionnaires comme un aspect nécessaire.

La construction du pôle socialiste révolutionnaire est un processus collectif, qui est ouvert. « Le Manifeste que nous avons élaboré et présenté ici est le point de départ de cette discussion, il n’est pas le point d’arrivée. Nous voulons le présenter comme une contribution au débat, comme il existera d’autres contributions« , a déclaré Zé Maria.

« Nous voulons rassembler toutes celles et tous ceux qui continuent à soutenir le drapeau du socialisme et de la révolution, avec l’indépendance de classe, pour pouvoir la porter avec beaucoup plus de force et la diffuser au sein de notre classe, de la jeunesse et des secteurs opprimés de la société« , a conclu le président national du PSTU.

[1] Movimento de Luta Socialista, mouvement militant sans rattachement à un parti politique organisé.

[2] Movimento Luta Popular, un mouvement militant qui se présente notamment en expliquant qu’il cherche à organiser ceux d’en bas pour renverser ceux d’en haut.

[3] Frente Nacional de Lutas, mouvement national de luttes urbaines et rurales.

[4] Référence notamment à l’ouvrage de Gilberto Freyre (« Casa Grande e Senzala ») concernant la formation de la société brésilienne. A l’époque de l’esclavage, dans les plantations de canne à sucre, la Casa Grande était la maison des maitres, des propriétaires d’esclaves. La Senzala était la bicoque où logeaient les esclaves noirs.

[5] Les seringueiros sont les récolteurs de latex dans les plantations d’hévéa.

[6] Chico Mendes : grande figure de la lutte des seringueiros et militant socialiste et défenseur de l’environnement, assassiné par des sbires des propriétaires fonciers en 1988.

[7] Articulação da Teia de Povos de Comunidades Tradicionais do Maranhão.

[8] Les quilombolas sont les habitant.es des quilombos, communautés fondées à l’origine par des esclaves fugitifs/ves ou réfugié.es.

[9] Grande entreprise du secteur minier.

[10] UFRJ : Université Fédérale de Rio de Janeiro

[11] ANDES-SN: Syndicat national de l’enseignement supérieur, membre de la CSP-Conlutas.

[12] USP : Université de São Paulo.

[13] Rebeldia – Juventude da Revolução Socialista. Jeunesses du PSTU.

[14] Movimento Revolucionário de Trabalhadores, section de la FT-QI au Brésil.

[15] Conselho Estadual das Delegacias Sindicais, regroupement syndical de l’Etat du Rio Grande do Sul, secteur des finances publiques.

[16] Revolução Brasileira, un courant de la gauche du PSOL.

[17] UFMG : Université fédérale du Minas Gerais

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