La défaite des États-Unis dans leur guerre de 20 ans en Afghanistan est un coup décisif contre l’impérialisme. L’implication directe de son armée a été plus longue que dans la guerre du Vietnam, et cette fin est une annonce définitive de la défaite de la perspective impérialiste développée à la fin de l’Union soviétique – à savoir qu’il n’y a pas d’alternative à sa suprématie mondiale.
Par Peter Windeler – International Socialist League, section de la LIT-QI au Royaume-Unis
Là où les États-Unis vont, le Royaume-Uni va – avec la permission des États-Unis. La guerre a coûté 1 000 milliards de dollars aux États-Unis et 37 milliards de livres au Royaume-Uni. Comme toujours, il y a de l’argent pour leurs guerres mais pas pour les pauvres aux États-Unis ou au Royaume-Uni, mais ils font toujours payer leurs guerres aux travailleurs.
Toutes les institutions du monde étaient en Afghanistan, y compris l’OTAN, le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce, pour imposer la volonté des États-Unis et cet effort collectif est maintenant réduit en poussière.
Le monde a assisté à la prise de pouvoir rapide par les talibans ; malgré 20 ans et 1 000 milliards de dollars, les États-Unis n’ont fait que créer le mirage d’une armée afghane. La classe dirigeante américaine poussait au retrait militaire en raison de l’hostilité croissante à l’égard de l’aventure chez elle. Trump, et maintenant Joe Biden, ont été contraints de tirer un trait sur l’Afghanistan – au grand dam de l’État britannique dont l’impuissance, autour du retrait unilatéral américain, a été révélée à tout le monde.
Dans de nombreuses régions d’Afghanistan, la résistance s’est rapidement ralliée aux talibans parce qu’ils s’étaient battue pour chasser les occupants étrangers. Les talibans étaient un « parti-armée » ou, plus exactement, un « parti-armée bourgeois ». Les médias américains, comme le NYTimes, disent qu’ils ne sont que des militants terroristes, ce qui ne peut expliquer pourquoi ils ont reçu le soutien de millions d’Afghans frappés par la pauvreté.
L’université de Brown, aux États-Unis, estime que 71 000 civils sont morts dans la guerre d’Afghanistan. Ces décès incluent des civils pakistanais et afghans mais sont le résultat direct de la guerre. Depuis 2017, lorsque les États-Unis ont assoupli leurs règles d' »engagement », les décès de civils dus aux frappes aériennes ont augmenté de 330%. On estime qu’il y a eu au total 241 000 décès dus à la guerre en Afghanistan et au Pakistan depuis que l’Occident a lancé sa guerre d’Afghanistan en 2001[1].
Les talibans formeront un gouvernement capitaliste et continueront à exploiter la classe ouvrière et les femmes et à accroître le chômage et la pauvreté. Les Taliban défendent le droit de propriété, ce qui est une autre façon de revendiquer les droits du propriétaire ou du chef d’entreprise. Cela signifie que de nombreux paysans pauvres resteront dans la pauvreté – même s’il s’agit d’une pauvreté « pacifique ». Les masses devront se battre pour une vie meilleure sous le régime des talibans.
Alors que les États-Unis souhaitaient soumettre l’Afghanistan à un capitalisme qui aspire les richesses du pays, les talibans tenteront d’imposer les intérêts des Afghans les plus riches à la population la plus pauvre. Alors que les journalistes sont en mesure de rendre compte de la situation relativement paisibles aujourd’hui à la campagne, il est clair que l’offensive virulente et brutale menée par les États-Unis a poussé des Afghans à combattre et à soutenir les talibans, en particulier en dehors des villes[2]. Les forces talibanes comprennent désormais d’autres groupes ethniques, en plus des Pachtounes. Lors des récents combats pour la vallée du Panshir, de nombreuses colonnes de troupes et de commandants talibans étaient des Tadjiks.
La défaite en Afghanistan reflète le déclin relatif des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (voir encadré) et leur besoin, par conséquent, de se lancer dans des aventures de plus en plus hasardeuses pour maintenir leur domination.
Le rôle du Parti travailliste
De nombreuses personnes qui soutiennent le Parti travailliste oublient que tous les gouvernements travaillistes ont soutenu l’invasion et l’occupation impérialistes. Le bilan des travaillistes est consternant et hautement hypocrite.
Ils ont maintenu le contrôle sur le Yémen dans les années 1950, organisé le soutien militaire à la guerre du gouvernement nigérian contre le Biafra dans les années 1960, soutenu la guerre sanglante des États-Unis au Vietnam et Blair et Brown ont entraîné la Grande-Bretagne dans l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan. L’establishment américain est le plus grand terroriste au monde, soutenu par les gouvernements britanniques de tous bords.
Pourquoi la Grande-Bretagne était-elle en Afghanistan ? Elle est déterminée à rester un partenaire junior des États-Unis. Elle voulait une partie des profits du pétrole et d’autres accords commerciaux, et elle avait besoin de maintenir son centre financier mondial à Londres. Elle voulait aussi le commerce des armes. « La Grande-Bretagne est le deuxième plus grand marchand d’armes sur terre, vendant des armes et des avions de combat, des mitrailleuses et des véhicules anti-émeutes à 22 des 30 pays figurant sur la liste des pays contrevenants aux droits de l’homme, établie par le gouvernement britannique. »[3]
Le Parti travailliste, qui a aidé l’impérialisme britannique (et américain) à de nombreuses reprises depuis la Seconde Guerre mondiale, ne parle pas des raisons des invasions afghane et irakienne et de tous les morts et destructions causés par les États-Unis. Maintenant, Keir Starmer dit que nous devons faire l’éloge de Blair, et nul doute qu’il essaierait d’aider les multinationales pétrolières britanniques, plutôt que les masses qu’elles exploitent. Blair a menti au parlement sur l’existence d’armes de destruction massive ; sous sa direction, la démocratie bourgeoise a été subvertie lorsqu’il est devenu légal que les preuves produites sous la torture soient recevables dans une cour de justice britannique. Les déclarations de Bush et Blair (ou de Biden, Johnson et Starmer) selon lesquelles ils défendent le monde contre le terrorisme sont frauduleuses. Les États-Unis possèdent de loin le plus grand stock d’armes de destruction massive de tous les pays du monde.
Au Royaume-Uni, les travailleurs et les militants discutent de plus en plus de la nécessité d’un nouveau Parti des travailleurs pour s’opposer au capitalisme et au Parti travailliste de Starmer. Et dans ces discussions, nous ne pouvons pas nous laisser prendre par des idées réformistes qui restent silencieuses sur la stratégie du bellicisme. Toute tentative de construction d’un Parti travailliste bis (Mark II) se solderait par des décombres.
Dans le passé, les Ben Laden et les religieux « fondamentalistes » obscurantistes les plus réactionnaires ont été utilisés pour promouvoir les objectifs impérialistes, tout comme Saddam Hussein a été encouragé par les États-Unis et la Grande-Bretagne pendant de nombreuses années.
Bush et Blair ont exploité la compassion et les sentiments sincères des masses populaires pour les victimes des attentats de New York et les ont trompés. Tous les socialistes avec un brin d’internationalisme ont, inlassablement, exposé la vérité :
La guerre était contre les masses pauvres, opprimées et souffrantes dans le monde. C’était la continuation de la politique de l’impérialisme dans l’ancien monde colonial auquel ils ont été forcés de donner l’indépendance politique. Pourtant, l’impérialisme a continué à prélever son tribut parce que les révolutions démocratiques ont été stoppées, déformées et détruites[4].
Les États-Unis règnent par la terreur
A la fin de la première guerre du Golfe, George Bush père a proclamé un Nouvel Ordre Mondial. Cette proclamation exprimait le sentiment de la classe dirigeante des États-Unis, qui estimait avoir balayé, ou fait disparaître par la peur, les obstacles à l’expansion de ses intérêts mondiaux.
Les dirigeants de l’ordre capitaliste mondial ont commis d’innombrables actes de terrorisme pour construire et préserver leur domination. La Seconde Guerre mondiale s’est terminée par le plus grand acte terroriste que le monde ait jamais connu, et il a été commis par l’impérialisme américain : les holocaustes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki ! Ces villes comptaient une population totale de 600 000 habitants. Avant que cette atrocité ne soit commise, les États-Unis ont lancé des bombardements massifs pour créer des incendies dans des villes japonaises.
Avant le bombardement atomique, le Japon demandait déjà la paix. Cet acte atroce a été commis pour donner un avertissement à la Russie et pour tester les effets des armes nucléaires sur des êtres humains en chair et en os.
Le bombardement de l’Afghanistan par le pays le plus riche du monde avait pour but de terroriser la population de l’une des nations les plus pauvres et de permettre aux États-Unis d’établir un gouvernement fantoche. Cela a échoué. Le bombardement de l’Afghanistan s’est poursuivi alors que l’Occident se retirait, avec le massacre d’un travailleur humanitaire et de sept membres de sa famille, dont sept enfants. Il s’agissait d’une réponse à un attentat suicide à l’aéroport de Kaboul. Mais même dans les jours qui ont suivi l’attentat, le frère d’un citoyen britannique tué a déclaré à la BBC qu’il était mort parce que les soldats américains avaient tiré au hasard dans la foule. À présent, les forces armées britanniques ont confirmé qu’elles continueront à faire voler leurs avions au-dessus de l’Afghanistan et à tuer comme bon leur semble.
Au Moyen-Orient et en Asie, le pétrole est au cœur de la politique américaine. C’est la raison pour laquelle ils ont soutenu les dirigeants arabes dans le passé et se sont opposés à la France, à la Grande-Bretagne et à Israël quand ces derniers ont envahi l’Égypte en 1956 lors de la guerre de Suez. Les États-Unis ont signé depuis de nombreuses années un traité pour défendre les dirigeants de l’Arabie saoudite en échange de leur pétrole. Aujourd’hui, c’est Israël qui est vital pour eux au Moyen-Orient. Ils déversent un soutien financier, militaire et diplomatique en faveur d’Israël, dévoilant l’hypocrisie de George W Bush à propos d’une guerre impitoyable contre les États qui cherchent à étendre les armes de destruction massive et à enfreindre les résolutions de l’ONU.
Israël est un élément central de la politique étrangère impérialiste américaine au Moyen-Orient. Pour cette raison, les États-Unis l’ont protégé et aidé au sein des Nations Unies alors qu’il étendait son territoire et son terrorisme contre les Palestiniens. Ils ont utilisé la politique de « guerre contre le terrorisme » pour faire avancer leur terrorisme contre le peuple palestinien et continuent à le faire. Israël bénéficie d’un vaste soutien financier de la part des États-Unis afin de pouvoir rester une épine dans le pied des masses arabes.
Les dirigeants américains ont camouflé la quête de territoires et de ressources en déclarant fallacieusement une « guerre contre le terrorisme » en réponse à l’attaque des tours jumelles et ont commencé cette guerre par le bombardement aérien de l’Afghanistan en utilisant une de leurs armes de terreur – les bombes à fragmentation. À cette époque, douze années de sanctions et d’attaques contre l’Irak avaient déjà coûté la vie à plus de 1,5 million de civils irakiens.
Alors que cette guerre commençait, Washington a élaboré des plans pour déchaîner les mêmes horreurs et dévastations sur de nombreux pays du monde. Le Washington Post a rapporté que 61 pays figuraient sur la liste des pays à traiter en tant qu’hébergeurs du « mal ».
Le vendredi 8 mars 2002, le Guardian a publié en première page un titre intitulé « De Suez au Pacifique : les États-Unis étendent leur présence sur le globe ». L’article disait que les soldats, marins et aviateurs américains « sont maintenant établis dans des endroits où ils n’avaient jamais été présents auparavant. L’objectif est de fournir des plateformes à partir desquelles lancer des attaques contre tout groupe perçu par George Bush comme un danger pour les États-Unis ».
Les occupations par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et d’autres pays alliés à l’impérialisme, n’ont rien à voir avec la libération des populations en Afghanistan, en Irak, en Libye, ou dans tout autre pays. L’invasion consiste à s’emparer du pétrole, de ressources ou de lieux géographiquement importants, toujours dans le but de s’assurer que les bénéfices s’accumulent dans les bourses du monde entier.
Tout en faisant la guerre en Afghanistan, les États-Unis (avec le soutien de Tony Blair) ont construit un réseau de centres de détention et de torture, dont le plus connu est Guantanamo Bay.
La guerre des États-Unis était un des volets d’une coalition de plus de 100 pays et organisations qui a déclaré qu’elle « fournirait à la fois la sécurité et l’aide civile à l’Afghanistan ». Par conséquent, la défaite de l’impérialisme américain est une défaite de l’impérialisme en général et surtout des États-Unis et du Royaume-Uni.
Lorsque les tours jumelles ont été frappées à New York, les États-Unis ont dû riposter. Après tout, c’est leur image d’invulnérabilité qui leur permet de piller les ressources du monde pour la soif de profit du capitalisme. Sans cela et sans la tolérance apparente des talibans à l’égard d’Oussama Ben Laden, autrefois soutenu par les États-Unis, l’attitude très visible et extrêmement répressive du régime afghan à l’égard des femmes et sur d’autres questions sociales, les États-Unis auraient très probablement continué à soutenir les talibans et la construction des pipelines aurait commencé.
John Pilger a écrit dans un de ses articles – La véritable histoire derrière la guerre de l’Amérique :
« En répandant ‘la peur et le respect’, comme l’a dit un journaliste du Washington Post, l’Amérique a l’intention de repousser les défis lancés à sa capacité incertaine de contrôler et de gérer ‘l’économie mondiale’, l’euphémisme qui désigne la saisie progressive des marchés et des ressources par les nations riches du G8.
C’est cet objectif, et non la chasse à un homme dans une grotte en Afghanistan, qui se cache derrière les menaces du vice-président américain Dick Cheney à l’égard de « 40 à 50 pays ». Cela n’a pas grand-chose à voir avec le terrorisme et beaucoup à voir avec le maintien des divisions qui sous-tendent la « mondialisation » »[5].
Au cours des vingtième et vingt-et-unième siècles, les puissants conglomérats du capital ont accru leur pouvoir dans tous les coins du globe. Les institutions internationales dominées par l’impérialisme américain – comme le FMI, la Banque mondiale, l’OMC – sont leurs outils pour exploiter les pays et les populations pauvres du monde.
La « guerre contre le terrorisme » était l’expression de ce que signifiait la mondialisation – rechercher tous les moyens de profit en utilisant les technologies et les armes les plus récentes. La mondialisation n’est pas un changement qualitatif du capitalisme mais une intensification de son exploitation de l’ensemble du Globe.
Le pétrole était au centre des préoccupations
La question centrale pour les États-Unis avant et pendant la guerre et à travers toutes les présidences américaines était de savoir comment exploiter les réserves de pétrole et contrôler les États producteurs de pétrole voisins en utilisant l’Afghanistan pour des oléoducs suffisants pour assurer plusieurs milliards de dollars de profit aux compagnies pétrolières américaines. Que les médias capitalistes britanniques et mondiaux aient une amnésie collective à ce sujet n’est pas surprenant, même si la domination du pétrole a été analysée et expliquée de nombreuses fois – même dans leurs journaux.
Après l’invasion occidentale en 2001, l’économie afghane a connu une croissance pendant environ 10 ans. Cela reflétait les fonds qui entraient dans le pays en raison de la guerre, mais aussi les diverses mesures prises pour améliorer l’éducation et la santé à Kaboul et dans certaines villes. Dans le même temps, les habitants des campagnes afghanes ont subi la barbarie sauvage de l’occupation et de la campagne aérienne.
Depuis les années 1990, on parle d’un projet d’oléoduc pour pomper le pétrole du bassin de la mer Caspienne jusqu’à un endroit commode pour l’Occident. Il est ouvertement admis dans de nombreux documents que la raison principale de l’invasion à grande échelle de l’Afghanistan était de contrôler les vastes réserves de pétrole et de gaz enclavées d’Asie centrale et d’établir un contrôle sur ces régions.
Les États-Unis et d’autres pays ont parlé des droits de l’homme alors que les États-Unis ont passé dix ans, avant d’envahir le pays, à essayer d’établir des relations avec les pays d’Asie centrale que sont l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan – quelle que soit la forme dictatoriale de leurs gouvernements.
La zone de l’Asie centrale contient 200 milliards de barils de pétrole. Pour s’emparer de ce pétrole, les États-Unis ont dirigé des groupes d’entreprises qui planifiaient la construction d’oléoducs du Turkménistan à la mer d’Arabie via l’Afghanistan et d’un gazoduc du Turkménistan au Pakistan en passant par l’Afghanistan. Ces oléoducs serviraient les intérêts vitaux des États-Unis de plusieurs façons.
Ils visaient à éloigner les États pétroliers d’Asie centrale de la sphère d’influence russe et à établir une position forte des États-Unis. Les États-Unis voulaient également limiter les liaisons gazières entre le Turkménistan et l’Iran et contrecarrer un projet d’oléoduc Turkménistan-Iran vers la mer d’Arabie.
Mais pour y parvenir, ils ont également conclu des accords avec le Pakistan, d’où provenaient les talibans et où ils étaient financés. En 1995, les Talibans sont apparus après avoir été formés dans une école religieuse. La traduction littérale de taliban est « étudiants ». Les Talibans obtiennent le soutien du groupe ethnique pachtoune, le plus grand groupe ethnique d’Afghanistan, qui représente 40 % de la population, soit environ 15 millions de personnes sur 38 millions, pour défier le gouvernement.
La Maison Blanche de Bush, avant l’attaque des tours jumelles, intensifie les négociations avec les talibans. Lorsque ces pourparlers ont achoppé en juillet 2001, un représentant de l’administration Bush a menacé les talibans de représailles militaires si le gouvernement ne se pliait pas aux exigences américaines.
La pauvreté est endémique
Selon la BBC, une enquête du gouvernement afghan sur les conditions de vie en 2016-17 a révélé que plus de 54 % des Afghans vivaient sous le seuil de pauvreté national. Elle précise que près de six Afghans sur dix leur ont dit avoir eu du mal à se procurer de la nourriture à certains moments de l’année précédente. La pauvreté a augmenté la plupart des années après la crise financière et économique mondiale de 2008.
Environ 90 % des Afghans ont du mal à vivre avec leur revenu actuel. Au cours de la dernière décennie, la pauvreté en Afghanistan a atteint des sommets inégalés. De 2008 à 2018, le nombre d’Afghans déclarant que leur revenu était insuffisant pour subvenir aux besoins de leur famille est passé de 60 % à 90 %. Un rapport de 2018 de l’ONU a noté que plus de 2 millions d’enfants âgés de 6 à 14 ans travaillaient pour subvenir aux besoins de leur famille. Avec une moyenne de 58 % des familles afghanes incapables de se nourrir, le travail à temps plein devient une priorité plus importante que l’éducation. L’Afghanistan connaît un taux de chômage de 8 % et un sous-emploi (personnes employées mais incapables de couvrir leurs frais de subsistance) de 41 %.
Malgré 20 ans de soutien extérieur, des milliards de dollars de financement, un vaste programme de formation et un soutien aérien américain, les forces de sécurité afghanes se sont effondrées. Pourquoi une population à qui l’on avait dit que l’invasion américaine était dans son intérêt mais qui a entraîné une telle baisse catastrophique du niveau de vie aurait-elle soutenu l’armée d’occupation et le régime corrompu qu’elle avait créé ?
Seuls des mouvements de masse peuvent renverser le capitalisme
La société capitaliste est venue au monde par la force et elle continue avec son aide. Le recours à la terreur fait constamment partie de cette force. Nous devons reconnaître, tout comme le génie militaire Clausewitz, et plus tard Trotsky, que la guerre est une politique par d’autres méthodes. L’extension de la guerre à l’ensemble de la société au lieu de sa conduite par de petits groupes est une caractéristique du vingtième siècle et a contribué de manière significative à la définition du vingtième siècle comme le siècle le plus brutal jusqu’à présent.
La défaite des États-Unis en Afghanistan est un coup dur pour la stratégie de domination américaine. Elle montre que le pays impérialiste le plus puissant du monde peut être vaincu.
Un article intéressant de Michael Roberts traite du déclin économique relatif des États-Unis depuis de nombreuses années.
« …la fin officielle de la guerre au Vietnam [et] les conséquences économiques de cette « intervention » de 30 ans ont révélé un tournant important – la fin de la Pax Americana et de la position carrément hégémonique de l’impérialisme américain dans l’économie mondiale. Depuis lors, nous pouvons parler du déclin relatif (par rapport aux autres puissances impérialistes) des États-Unis, avec la montée en puissance des pays européens, du Japon, de l’Asie de l’Est et, plus récemment, de la Chine. Malgré l’effondrement de l’Union soviétique à la fin des années 1980 et au début des années Les racines mêmes du marxisme résident dans la conclusion que le changement de sociétés dépassées et oppressives ne peut se faire que par le mouvement des masses, dont les conditions matérielles les poussent à la lutte. Le peuple afghan devra combattre le nouveau gouvernement contre ses politiques réactionnaires et contre toute nouvelle tentative de le priver de ses ressources. États-Unis ne peuvent plus diriger le monde à eux seuls et, même avec l’aide d’une « coalition de volontaires », ils ne peuvent pas dicter un « ordre mondial » »[6].
Mais le déclin relatif et les défaites en Afghanistan ne diminuent pas la menace d’un conflit armé pour servir les objectifs des États-Unis. Les États-Unis maintiennent l’armée la plus puissante du monde, avec des dépenses supérieures à la somme des dix autres budgets militaires les plus élevés du monde. Cette puissance militaire leur permet d’exercer leur influence en cas d’échec de leur diplomatie.
Les masses en Afghanistan devront combattre les talibans, les nouveaux dirigeants bourgeois. Avec d’énormes ressources naturelles, notamment du cuivre, du minerai de fer, du lithium et des minéraux de terres rares, l’impérialisme se bagarrera pour ce qu’il peut prendre. L’exploitation des minéraux de l’Afghanistan vaut de nombreux milliards, voire des trillions. Et les talibans vont conclure des accords et trahir les masses. Les Afghans ont soutenu les talibans pour se débarrasser d’un type d’asservissement et non pour le remplacer par un autre. Les Afghans devront faire en sorte que la politique des talibans, qui consiste à confier aux femmes le simple rôle de donner naissance et d’élever les enfants, soit jetée aux poubelles de l’histoire.
Les racines mêmes du marxisme reposent sur la conclusion que le changement de sociétés dépassées et oppressives ne peut se faire que par le mouvement des masses, dont les conditions matérielles les poussent à la lutte. Le peuple afghan devra combattre le nouveau gouvernement contre ses politiques réactionnaires et toute nouvelle tentative de le priver de ses ressources.
Nous appelons les travailleurs et leurs organisations à se mobiliser pour faire échec à toute nouvelle tentative de l’impérialisme britannique de soutenir les États-Unis ou l’OTAN pour faire avancer leurs intérêts dans un but lucratif.
Mais comme pour la crise climatique, les virus hors de contrôle, le chômage de masse et la crise économique mondiale régulière, seules les masses peuvent mettre fin à ces catastrophes en mettant fin au capitalisme par le contrôle ouvrier, le gouvernement ouvrier basé sur la démocratie ouvrière et un internationalisme concret.
Un pas dans cette direction consiste à contribuer à la construction de l’International Socialist League, qui fait partie de la Ligue internationale des travailleurs – Quatrième Internationale.
Le Royaume-Uni ne doit plus soutenir les guerres américaines.
Retrait de toutes les forces britanniques du monde entier.
[1] (https://watson.brown.edu/costsofwar/costs/human/civilians/afghan).
[2] The Guardian, Londres, 11 Septembre 2021.
[3] John Pilger, 6 Octobre 2017.
[4] Voir la brochure de l’ISL, The Permanent Revolution. Battle Cry of the Twenty-First Century. Bill Hunter
[6] https://thenextrecession.wordpress.com/2021/08/17/the-relative-decline-of-us-imperialism/