lun Nov 18, 2024
lundi, novembre 18, 2024

Capitalisme en déclin, petite bourgeoisie en crise, fascisme. L’actualité de l’analyse de Trotsky

Le débat sur la nature du fascisme est malheureusement d’une grande actualité. Partout en Europe et dans le monde, de nouvelles organisations et de nouveaux groupes fascistes se répandent et s’enracinent de plus en plus. S’appuyant sur la crise économique et la misère des masses, ils promeuvent la xénophobie et la haine raciale, tout en mettant en œuvre la violence de bandes armées.(1). La presse et les médias exploitent ces phénomènes. Souvent, notamment lors des campagnes électorales, les partis bourgeois agitent le « danger fasciste » pour gagner quelques voix au détriment des partis populistes. Il est clair que le contexte actuel de crise économique et sociale présente de nombreux points communs avec celui des années 1920 et 1930. L’histoire ne se répète jamais : il serait profondément erroné de créer des analogies historiques mécaniques en ignorant les spécificités des différents contextes. Mais il est certain que la relecture des caractéristiques du fascisme du siècle dernier en Italie et en Allemagne par Trotsky est utile pour comprendre les phénomènes actuels. Cela nous aide, par exemple, à ne pas utiliser le mot « fascisme » à tort et à travers, en le confondant avec d’autres types de régimes (par exemple, une dictature bonapartiste). Comprendre la spécificité d’un phénomène historique est la prémisse pour faire face à sa réapparition.

Fabiana Stefanoni
PdAC – 21 octobre 2022 *

Une analyse de classe

L’apparition de cette forme particulière de régime bourgeois, désignée comme fascisme, doit tout d’abord être replacée dans le contexte d’un capitalisme en décadence. Si dans la phase de montée du capitalisme, la bourgeoisie a privilégié les méthodes révolutionnaires (pensons aux grandes révolutions de l’époque moderne) ; si dans la phase de stabilisation et de consolidation du système, elle a opté pour des « formes démocratiques, ordonnées, pacifiques, conservatrices, démocratiques » de gouvernement ; tout change lorsque, avec la consolidation de l’impérialisme vers la fin du 19e siècle, la bourgeoisie commence à utiliser des méthodes de « guerre civile » contre le prolétariat pour défendre son « droit à l’exploitation ». (2) C’est ce que Trotsky appelle la phase de réaction capitaliste, qui est d’une telle violence parce que les forces productives se sont développées dans la phase historique précédente.

C’est une dynamique bien analysée par Trotsky dans divers écrits, et ce n’est pas par hasard qu’on la retrouve dans les premières pages du Programme de transition. (3) La situation actuelle est très similaire à celle des années 1930, avec une crise généralisée du capitalisme qui entraîne de larges masses dans des conditions de dénuement et de pauvreté extrêmes. Si, après la Seconde Guerre mondiale, l’économie capitaliste a connu une phase d’un relatif essor économique, nous nous retrouvons aujourd’hui dans un contexte de pourrissement et de stagnation qui, sans révolution socialiste, menace d’entraîner l’humanité dans la catastrophe.

Pourquoi, dans une phase de décadence capitaliste, la bourgeoisie a-t-elle décidé d’utiliser des méthodes de guerre ouverte contre le prolétariat, allant même jusqu’à jouer – comme nous le verrons   la carte du fascisme ? La réponse se trouve dans l’analyse des rapports entre les classes. La grande bourgeoisie est une classe puissante parce qu’elle possède les moyens de production. Elle représente en même temps une infime minorité de la population du point de vue numérique, et elle a donc besoin, pour donner de la stabilité à son pouvoir, de s’appuyer sur la petite bourgeoisie, c’est-à-dire sur l’ensemble – large, hétérogène et stratifié – de toutes les classes sociales qui n’appartiennent pas à la classe capitaliste ni au prolétariat. Plus précisément, grâce à des secteurs de la petite-bourgeoisie qui sont à la tête des partis et des syndicats réformistes, la grande bourgeoisie assure son contrôle sur les grandes masses prolétariennes. La « bureaucratie ouvrière » est une section de la petite bourgeoisie qui entraîne derrière elle des millions de travailleurs. En même temps, dans les phases où s’ouvre une crise sociale – qui sont aussi, dialectiquement, les phases où s’ouvre une situation prérévolutionnaire, comme nous le verrons, – quand les tensions entre les capitalistes et la classe ouvrière deviennent aiguës, une partie de la grande bourgeoisie commence à regarder avec suspicion la « bureaucratie ouvrière », parce qu’elle n’offre pas de résultats sûrs (elle n’arrive pas à contrôler la lutte de classes et perd le consensus) et qu’elle provoque des dépenses excessives (des accords qui impliquent des concessions économiques partielles en faveur du prolétariat). Mais dans un premier temps et pendant une longue période, la grande bourgeoisie se méfie également du fascisme, précisément parce qu’il est l’expression d’une autre classe, à laquelle elle ne fait en dernière instance pas confiance. Quand donc les capitalistes commencent-ils à opter pour « l’intervention chirurgicale du fascisme » ? (4) Nous répondrons plus loin à cette question.

Le rôle de la petite bourgeoisie

« Poussière d’humanité » : telle est l’expression féroce par laquelle Trotsky caractérise la petite bourgeoisie. Et là se trouve la base de masse du fascisme. Comme nous l’avons déjà dit, c’est une classe, très large et hétérogène, qui comprend toutes les couches sociales intermédiaires entre le prolétariat et la grande bourgeoisie : petits artisans et commerçants, fonctionnaires, techniciens, intellectuels, petits propriétaires terriens. (5) C’est une classe qui ne peut pas avoir une politique indépendante, en raison de son caractère extrêmement hétérogène. Dans ses couches inférieures, elle se confond avec le prolétariat (et avec le lumpenprolétariat) ; dans ses couches plus riches, elle est proche du capital financier (et elle collabore activement avec lui). N’ayant pas de programme autonome propre, elle oscille dans les différentes phases historiques entre des positions multiples, voire opposées les unes aux autres. C’est une classe qui, par sa consistance numérique, a un poids important dans les élections, mais celles-ci sont toujours un « miroir déformant » et ne représentent pas les rapports de force réels dans la société : « seule la lutte révolutionnaire met à nu les réels rapports de force » (6).

Trotsky souligne comment la petite bourgeoisie, au 20ème siècle, a été à la fois la base de masse du fascisme et des SR (Socialistes Révolutionnaires) russes (qui avaient en fait une grande force « électorale » en vertu de leur base paysanne). La petite bourgeoisie n’est pas toujours réactionnaire dans son ensemble. Au contraire, c’est une classe qui joue un rôle décisif dans une phase révolutionnaire : « pour qu’une crise sociale conduise à la révolution prolétarienne, il est indispensable, entre autres, que la classe petite-bourgeoise se tourne de façon décisive vers le prolétariat« . (7) Mais comme nous le verrons, cela dépend dans une large mesure de l’insertion dans la classe et de la politique du parti révolutionnaire. En essayant d’actualiser l’analyse de Trotsky, nous pouvons dire que la petite bourgeoisie a récemment été décisive dans l’exploitation électorale de phénomènes politiques très différents : de Podemos en Espagne au Front national en France, de Syriza en Grèce au M5S et à la Lega en Italie, de Trump aux États-Unis à Bolsonaro au Brésil.

Il est clair que la tendance actuelle est au renforcement électoral des partis populistes de droite et d’extrême droite : un phénomène qui a une explication très précise. La crise du capitalisme signifie « putréfaction sociale et culturelle » (8), sa prolongation ne peut que se traduire par « une paupérisation de la petite bourgeoisie, et une dégénérescence vers le lumpenprolétariat de couches de plus en plus larges du prolétariat » (9). Sous les coups de cette crise qui semble sans fin, la petite bourgeoisie s’oriente non pas vers la révolution prolétarienne (qui lui semble un objectif lointain et abstrait) mais vers la réaction, voire « vers la réaction impérialiste extrême, entraînant derrière elle de larges couches ouvrières« . (10)

Il y a une phrase de Trotsky qui explique de façon pertinente les victoires électorales des partis populistes et d’extrême droite et surtout le consensus qu’ils reçoivent dans de larges sections du prolétariat, en l’absence de grandes luttes ouvrières : « Lorsque la masse prolétarienne est animée d’un espoir révolutionnaire, elle entraîne inévitablement avec elle des couches importantes et de plus en plus larges de la petite bourgeoisie sur le chemin de la révolution. Mais, justement par rapport à cela, les élections donnent une image totalement opposée : le désespoir contre-révolutionnaire s’empare avec une telle force de la masse petite-bourgeoise qu’il entraîne avec elle des couches considérables du prolétariat. » (11) Dans certaines conditions historiques, comme nous le verrons, tout cela peut conduire à la victoire du fascisme, mais est-il inévitable qu’une crise économique et sociale du capitalisme conduise au fascisme ?

Les lectures linéaires et simplistes du développement historique se heurtent au matérialisme dialectique que nous devons à Marx. Plus les forces productives d’un capitalisme national se sont développées, plus la crise économique engendre de profonds bouleversements sociaux et politiques. En Allemagne, à la fin des années 1920, les antagonismes sociaux et politiques ont atteint des niveaux explosifs. C’est une situation – il faut le préciser – qui, sous certaines conditions, favorise potentiellement le renforcement du parti révolutionnaire : la crise économique, sociale et politique conduit à une situation prérévolutionnaire qui, s’il existe un solide parti ouvrier révolutionnaire éprouvé par la lutte, peut rapidement devenir une situation révolutionnaire. (12) Mais en même temps, ces mêmes conditions peuvent conduire à la réaction la plus sordide, à cette « régurgitation d’une mauvaise digestion de la barbarie capitaliste » qu’est le fascisme : c’est le prolétariat qui fait la différence.

Le fascisme a besoin de deux éléments pour s’affirmer : une crise sociale profonde, et la faiblesse révolutionnaire de la classe ouvrière. Au-delà du miroir déformant des élections, dans l’arène vivante de la lutte, il n’y a pas d’équivalent entre la petite bourgeoisie et le prolétariat. La supériorité sociale et militante du prolétariat est incontestable : les ouvriers « qui contrôlent les moyens de production et de transport, qui, par les conditions mêmes de leur travail, constituent l’armée du fer, du charbon, des chemins de fer, de l’électricité » (13) sont infiniment supérieurs à la « poussière d’humanité » sur laquelle s’appuient les fascistes. L’élément subjectif – c’est-à-dire la situation du parti révolutionnaire, sa politique, ses rapports avec la classe – est, comme nous le verrons, le facteur déterminant qui peut transformer une situation en révolutionnaire ; si ce facteur fait défaut, la crise peut conduire à la réaction impérialiste, voire précisément à l’affirmation de régimes fascistes.

L’essence du fascisme

C’est un fait établi de l’histoire que l’heure du fascisme tend à sonner lorsque la bourgeoisie ne parvient plus à tirer profit du régime parlementaire. Mais du point de vue de la classe, un régime démocratique bourgeois et un régime fasciste ne sont pas différents : ce sont deux formes de domination de la même classe, la bourgeoisie ; c’est-à-dire que les deux régimes sont l’expression du capital monopoliste. Le fascisme au pouvoir ne change pas le système économique et social : il préserve le capitalisme et, avec lui, les profits multimillionnaires de la grande bourgeoisie. Le fascisme peut arriver au pouvoir « lorsque les moyens politico-militaires « normaux » de la dictature bourgeoise, avec sa couverture parlementaire, deviennent insuffisants pour maintenir la société en équilibre » (14) et pour garantir les profits des capitalistes. Quelle est alors la différence spécifique du fascisme par rapport aux autres formes (également autoritaires) de domination bourgeoise ?

À l’époque impérialiste, la bourgeoisie ne joue pas toujours les mêmes cartes dans des conditions similaires. Surtout, le fascisme n’est pas le régime politique privilégié par la bourgeoisie. Comme l’explique efficacement Trotsky avec une métaphore bien connue, « la grande bourgeoisie recourt au fascisme avec la joie d‘une personne à la mâchoire malade qui se fait arracher les dents« . (15) En effet, le fascisme est un mouvement de masse de la petite bourgeoisie, une classe dont la grande bourgeoisie a besoin pour rester au pouvoir, mais dont elle préférerait se passer. Le fascisme, en effet, met en mouvement « la masse de la petite bourgeoisie en colère, les bandes de laissés-pour-compte, le lumpenprolétariat démoralisé, tous ces innombrables êtres humains que le capitalisme financier lui-même pousse au désespoir et à la colère » (16). Le fascisme, agissant au profit de la grande bourgeoisie, utilise ces masses comme « un bélier » pour détruire les organisations du mouvement ouvrier. En même temps, le fascisme, n’étant pas l’expression directe de la grande bourgeoisie (c’est-à-dire n’étant pas un parti bourgeois) « exproprie politiquement » la bourgeoisie. (17)

Nous trouvons ici l’autre caractéristique particulière du fascisme : « l’essence et la fonction du fascisme consistent à abolir complètement les organisations ouvrières et à empêcher leur reconstruction« . La fonction du fascisme consiste à « opposer à l’attaque du prolétariat – au moment où il s’affaiblit – l’attaque des masses petites-bourgeoises enragées« . (18) Il n’y a pas de fascisme sans cette spécificité, à savoir la « mobilisation de la petite bourgeoisie contre le prolétariat« . (19) C’est précisément en profitant de cette armée, à la fois faible et féroce, que la grande bourgeoisie parvient à préserver sa propre domination dans les phases de crise sociale et politique. Et c’est pourquoi le fascisme, bien qu’il arrive au pouvoir en s’appuyant sur la petite bourgeoisie,est loin d’être un gouvernement de la petite bourgeoisie lorsqu’il arrive au pouvoir. « Le fascisme au pouvoir est tout sauf un gouvernement de la petite bourgeoisie. Au contraire, c’est la dictature la plus impitoyable du capital monopoliste. » (20) Cela découle, comme nous l’avons dit, de la nature même de la petite bourgeoisie, qui est une classe trop hétérogène pour pouvoir mener une politique indépendante.

Nous trouvons ici également la raison pour laquelle la bourgeoisie ne recourt pas de bon gré à l’option fasciste. La grande bourgeoisie n’a aucune confiance dans la petite bourgeoisie, ni dans un régime démocratique bourgeois (où elle utilise celle-ci pour maintenir son contrôle sur le prolétariat) ni, encore moins, dans un régime politique comme le fascisme, qui repose initialement sur la mobilisation des masses petites bourgeoises. La grande bourgeoisie considère la petite bourgeoisie avec la même méfiance que celle des aristocrates qui, à la cour des rois de France, considéraient la bourgeoisie rampante à la recherche d’un titre de noblesse : « la bourgeoisie, quoique s’appuyant sur la petite bourgeoisie, n’a pas confiance en elle ; car elle craint à juste titre que celle-ci ait toujours la propension à franchir les barrières qui lui sont imposées d’en haut. » (21) Elle sait cependant que dans les phases de crise révolutionnaire, elle ne peut s’en passer.

Essayons d’expliquer le concept par une image. Imaginons un capitaliste riche et rassasié qui, le soir, dans son luxueux salon, fait le bilan des profits de plusieurs millions réalisés dans la journée sur le dos de milliers de travailleurs. Ce qu’il apprécie le plus, c’est la tranquillité, le silence, la possibilité de continuer à passer des nuits paisibles à compter de l’argent. Il méprise ses ouvriers, qu’il exploite jusqu’à la moelle, mais il méprise tout autant les commerçants appauvris qui lui demandent sans cesse des prêts, les bandes de chômeurs qui attendent leur aumône, les petits entrepreneurs ruinés qui le regardent avec haine quand il passe : il ne fait pas confiance à ces envieux, à cette classe « exploitée et déshéritée ». Mais ce qu’il craint par-dessus tout, c’est de perdre ses bénéfices. Si les manifestations ouvrières sont fréquentes dans son usine et que les ouvriers risquent de prendre le contrôle de la production, il n’hésitera pas à utiliser tous les moyens nécessaires pour éviter cette éventualité, la plus désastreuse pour lui. Le riche bourgeois va même, nostalgique des nuits tranquilles du passé, se mettre à financer des bandes de commerçants, d’hommes d’affaires en faillite, de chômeurs, de déshérités, afin de noyer dans le sang la protestation ouvrière. Le riche bourgeois peut-il être heureux de devoir financer, mobiliser, armer jusqu’aux dents ces bandes qu’il méprise tant ? Certainement pas : il n’aime pas les émeutes, il préférerait les nuits sereines et paisibles d’autres temps, sans bruit dans les rues. Mais pour continuer à honorer le Dieu Profit, il est obligé de recourir aux méthodes du fascisme, qui sont des méthodes de guerre civile.

Arrivé au pouvoir, le fascisme saura se faire pardonner tant de désagréments : « détruire les organisations ouvrières, réduire le prolétariat à l’état amorphe, créer un système d’organismes qui pénètrent profondément dans les masses, destiné à empêcher l’organisation indépendante du prolétariat (…) : en cela consiste l’essence du régime fasciste. » (22) Voilà donc le bourgeois riche et rassasié, rassuré : ses profits sont dans de bonnes mains !

Bonapartisme et fascisme

Le mot fascisme est souvent utilisé, aussi par la gauche, de façon imprécise, comme synonyme de « régime policier » ou « bonapartiste » : selon Trotsky, il s’agit d’une définition incorrecte, qui peut conduire (et a conduit) à des erreurs tactiques et stratégiques non négligeables. Contrairement à l’usage courant du mot, le fascisme n’est pas seulement un système de répression, de violence et de terreur policière. Le propre du fascisme est de mobiliser les masses petites-bourgeoises contre les organisations du mouvement ouvrier (réformistes, révolutionnaires, mutualistes, etc.) et, une fois au pouvoir, d’éliminer « tous les éléments de la démocratie prolétarienne dans la société bourgeoise » (23). Le fascisme ne se fixe pas seulement l’objectif de détruire, y compris physiquement, l’avant-garde prolétarienne : il veut « anéantir tous les points d’appui du prolétariat » (24). Le mouvement ouvrier, en tant que sujet autonome et indépendant, doit tout simplement disparaître. Pour ce faire, le fascisme « mobilise les classes immédiatement supérieures au prolétariat et qui craignent la chute au niveau de celui-ci, il les organise et les militarise avec les moyens du capital financier, sous le couvert de l’État officiel, et les oriente vers la destruction des organisations prolétariennes, des plus révolutionnaires aux plus modérées » (25).

Il est essentiel de distinguer un régime de dictature militaire policière de type bonapartiste d’un régime de dictature militaire policière de type fasciste. Dans le premier cas, il s’agit d’un gouvernement bourgeois autoritaire qui apparaît comme s’élevant au-dessus de la mêlée (comme l’a fait Napoléon III à l’occasion du coup d’État en France en 1851, d’où le nom de « bonapartisme ») : le gouvernement se présente comme « indépendant » de la société à travers la domination d’une bureaucratie et de l’armée. Au-delà de la façade, le gouvernement continue en fait d’agir au profit de la classe dominante, il joue le rôle de « commissaire des classes possédantes » même si « le commissaire s’assoit sur le dos du propriétaire, lui tape sur la nuque et, si nécessaire, n’hésite pas à lui donner un coup de pied au visage« . (26) Par exemple, en Allemagne, les gouvernements qui ont immédiatement précédé la victoire d’Hitler sont considérés par Trotsky comme des gouvernements pré-bonapartistes (Brüning) et bonapartistes (Von Papen). Dans un gouvernement bonapartiste, qui cherche à contrôler les tensions sociales par la force, les espaces démocratiques sont fortement restreints, parfois brutalement : sous Von Papen, par exemple, les grands industriels et les banquiers ont tenté de défendre leur propre cause en utilisant impitoyablement la police et l’armée. Mais ce gouvernement fut de courte durée : en général, un régime bonapartiste n’acquiert un caractère de stabilité que lorsqu’il clôt une phase révolutionnaire (comme ce fut le cas du régime de Napoléon III, qui succéda à la période révolutionnaire de 1848), lorsque les énergies révolutionnaires des masses prolétariennes ont été épuisées, mais que les classes possédantes conservent encore la terreur de nouveaux bouleversements. Au contraire, si perdure une phase prérévolutionnaire ou révolutionnaire, caractérisée par une profonde instabilité sociale, la bourgeoisie peut être poussée à remplacer le bonapartisme par le fascisme.

Mais le fascisme est bel-et-bien une chose différente du bonapartisme. Bien que le fascisme conduise en fin de compte à l’instauration d’un régime politico-militaire bonapartiste, il présente des caractéristiques spécifiques que l’on ne retrouve pas dans un simple régime bonapartiste : le fascisme s’appuie, comme on l’a déjà dit, sur les mobilisations des masses petites-bourgeoises, il ouvre une période de guerre civile contre le prolétariat et ses structures, bref, il construit un régime qui détruit systématiquement tout élément de démocratie ouvrière existant dans la société. Le parlementarisme lui-même est complètement aboli, ayant fait l’objet de la haine furieuse des bandes petites-bourgeoises mobilisées contre les travailleurs. Contrairement au bonapartisme qui, dans une phase de crise sociale, se présente comme un régime de transition où la classe ouvrière peut répondre à la répression par la lutte révolutionnaire, le fascisme inaugure une phase de réaction durable, car il anéantit la classe ouvrière. Les sièges des syndicats et des partis avec base ouvrière sont fermés ou incendiés, les militants politiques et syndicaux, et même les grévistes, sont déportés dans des camps de concentration, dans ce qui devient finalement « la dictature la plus impitoyable du capital monopoliste« , « la pire forme d’impérialisme » (27). Si, dans un régime bonapartiste, la classe ouvrière dispose encore d’une certaine base pour poursuivre la lutte, dans le fascisme, après avoir été mortellement blessée, elle est submergée et noyée dans la boue d’une « régurgitation d’une mauvaise digestion de la barbarie capitaliste« , faite de racisme, de mysticisme, de machisme, d’homophobie, de croyances irrationnelles, de culte de la personnalité, de nationalisme agressif, d’intolérance, d’ignorance mesquine élevée au rang de religion d’État. Mais comment est-il possible d’en arriver à tout cela dans une phase pré-révolutionnaire, c’est-à-dire lorsque les chances de victoire de la classe ouvrière sont les plus grandes ?

L’arrivée au pouvoir du fascisme italien.

On paie inexorablement « la peine et l’expiation de l’injustice« , disait un philosophe antique. (28) Et il n’est pas extravagant de le citer à l’heure où l’on cherche les responsabilités de la montée du fascisme en Italie dans les années 1920 et en Allemagne dans les années 1930. Le fascisme est, métaphoriquement, une punition pour les fautes du prolétariat qui n’a pas su se battre pour le pouvoir quand les conditions de la lutte des classes le permettaient. Commentant un livre de Tasca sur le fascisme italien, Trotsky souligne ce qui suit (il vaut la peine de citer un long passage). (29) :

« Les organisations ouvrières étaient très puissantes. Il y avait 160 députés socialistes au Parlement ; ils contrôlaient en outre plus d’un tiers des municipalités ; les zones les plus importantes de l’Italie étaient entre les mains des socialistes, centre organisateur du pouvoir ouvrier. Aucun capitaliste ne pouvait embaucher ou licencier un travailleur, qu’il soit agricole ou industriel, sans l’accord des syndicats. La dictature du prolétariat semblait acquise à 49 %. Cependant, la réaction de la petite bourgeoisie et des officiers démobilisés face à cette situation fut énorme (…) ils organisèrent de petites bandes sous la direction de quelques officiers qui furent envoyés par camions partout où l’on avait besoin d’eux. Trente hommes organisés arrivaient dans une ville de dix mille habitants sous contrôle socialiste ; ils incendiaient la mairie, les maisons ; ils fusillaient les dirigeants et imposaient les conditions de travail voulues par les capitalistes ; de là, ils repartaient ailleurs, faisant la même chose dans des centaines et des centaines de villes, l’une après l’autre. Avec ces activités systématiques de terreur, ils ont totalement détruit les syndicats, se rendant ainsi maîtres de l’Italie, bien qu’ils étaient une minorité insignifiante. »

En bref, quelques milliers de fascistes bien organisés ont réussi à détruire un puissant mouvement prolétarien, qui s’était développé après la guerre, conduisant en 1920 à l’occupation de toutes les principales usines du pays, ce que l’on a appelé le « Biennat rouge » (30). Comme l’explique bien Trotsky : en Italie, au début des années 1920, la dictature du prolétariat était une possibilité concrète ; il s’agissait seulement de l’organiser et de la mener à ses conséquences ultimes. L’État bourgeois était en miettes, la bourgeoisie tâtonnait dans l’obscurité, les ouvriers contrôlaient les usines. Mais le parti socialiste, le parti qui organisait les grandes masses prolétariennes, a eu peur et a reculé. Ici encore, il convient de se référer à une longue citation de Trotsky. (31) :

« A l’automne 1920, le prolétariat italien rejoint le plus haut niveau de mobilisation de l’après-guerre. Les fabriques, les usines, les chemins de fer, les mines étaient occupés. L’État est en désarroi, la bourgeoisie est à genou, sa colonne vertébrale est presque brisée. Il semblait qu’il ne restait plus qu’un autre pas à faire pour que la classe ouvrière italienne conquière le pouvoir. Mais à ce moment-là, son parti (…) entre-temps terrorisé face à la possibilité de la prise du pouvoir, de la guerre civile, a laissé le prolétariat sans défense. Contre le prolétariat apparaît donc une attaque de la part de l’aile la plus résolue de la bourgeoisie, qui utilise le fascisme et toutes les forces qui lui restaient dans la police et l’armée. Le prolétariat fut écrasé.« 

C’est donc pourquoi apparaissent les petits et les grands Mussolinis lorsque s’ouvre (ou peut s’ouvrir) une situation révolutionnaire. La bourgeoisie, terrifiée par l’action du prolétariat, met en mouvement les bandes fascistes, attise la fureur de la petite bourgeoisie contre les organisations de la classe ouvrière. Le fascisme italien est né directement de la trahison de la révolution prolétarienne : si le parti socialiste – qui, rappelons-le, était alors une section de la IIIe Internationale, bien que, comme le dit Trotsky, encore imprégné de l’esprit de la IIe Internationale   avait mis en pratique ce qu’il ne proclamait qu’en paroles, c’est-à-dire la dictature du prolétariat, nous aurions probablement été épargnés de vingt ans de fascisme.

Il s’agissait d’être cohérent avec le programme que la direction du Parti socialiste prétendait défendre en paroles : amener la classe ouvrière au pouvoir, exproprier la grande bourgeoisie, entamer la construction d’une économie et d’un État socialistes. Toutes les conditions étaient réunies : l’énorme puissance de la classe ouvrière en lutte n’aurait certainement pas été intimidée par une quelconque bande de voyous. Mais les dirigeants socialistes ont préféré attendre et tourner autour du pot : ils ont retenu leurs travailleurs de toutes leurs forces dans la lutte contre les fascistes ; ils se sont inclinés en fait devant la légalité bourgeoise, et voilà vingt ans de dictature fasciste servie sur un plateau d’argent par les lâches dirigeants réformistes !

Ce n’est pas un hasard si le parti socialiste italien allait bientôt être exclu de facto de la IIIe Internationale, puisqu’il n’acceptait pas de remettre en cause son propre « centrisme », c’est-à-dire sa tendance à osciller entre des positions révolutionnaires (seulement proclamées) et des positions réformistes. (Il refuse de rompre avec l’aile réformiste de Turati, malgré la demande de l’Internationale.)

Le fascisme a été une leçon tragique pour le prolétariat italien : l’absence d’un parti de type bolchevique a été chèrement payée. Ce parti ne verra le jour qu’en janvier 1921 – bien qu’avec de nombreuses limites, dues aux positions de Bordiga qui le dirigeait : le Parti communiste d’Italie. Sa vie sera brève, car le fascisme au pouvoir entraînera la dispersion de ses cadres, condamnant les communistes à la clandestinité, à l’exil, à l’emprisonnement et à la déportation.

Le fascisme allemand

L’arrivée au pouvoir d’Hitler et du national-socialisme allemand porte, bien sûr, le poids accablant d’une défaite historique de la classe ouvrière, mais la direction de celle-ci, en l’occurrence le stalinisme, est une fois de plus responsable. Au moment des événements, le prolétariat allemand a fait preuve d’une « faiblesse révolutionnaire » qui avait essentiellement deux causes : d’une part, la social-démocratie allemande et son rôle historique, d’autre part, l’incapacité du parti communiste allemand (dirigé par le stalinisme) à unir les travailleurs sous la bannière de la révolution.

La social-démocratie allemande, d’orientation réformiste, a toujours joué un rôle contre-révolutionnaire : elle était l’agent du capitalisme dans les rangs du mouvement ouvrier. C’est pourquoi Trotsky la définit comme un « obstacle objectif » qui doit être éliminé. (32) Trotsky est implacable lorsqu’il condamne la social-démocratie allemande pour sa responsabilité : « la partie la plus pourrie de l’Europe capitaliste est constituée par la bureaucratie social-démocrate » qui « a renoncé à la révolution au nom des réformes« , qui est allée jusqu’à soutenir activement la guerre impérialiste en se donnant pour but la sauvegarde de la société bourgeoise. Non contente de cela, elle accepte même de renoncer à tous ses acquis : « Il n’y a pas de spectacle historique plus tragique et en même temps plus répugnant que la décomposition nauséabonde du réformisme au milieu des débris de ses acquis et de tous ses espoirs. » (33) Lorsque le fascisme était aux portes, ils ont fait appel à l’appareil d’État, aux juges, à la police… renonçant de fait à la lutte.

Mais que la social-démocratie allemande (c’est-à-dire le réformisme) ait agi de la sorte n’est pas surprenant : l’activité de ces agents de la bourgeoisie est tout-à-fait prévisibles quand il s’agit de vendre la classe. Ce qui n’a toutefois pas du tout été considéré comme acquis, c’est la grande responsabilité historique du Parti communiste allemand (stalinien) dans cette tragédie. Le Parti communiste allemand n’était pas un petit parti : il organisait des dizaines de milliers de militants et obtenait même des pourcentages électoraux importants. Mais sous la responsabilité de sa direction, sous les ordres de Staline, il a refusé en pratique de lutter contre le fascisme. Il a surtout refusé, par une sorte de sectarisme bureaucratique (alternant avec des politiques ultra-opportunistes), d’utiliser la tactique du front unique.

Il s’agit d’une tactique qui découle de la condition objective du prolétariat, qui n’est pas une classe homogène : ses composantes acquièrent une conscience à des rythmes différents, et c’est pourquoi il se présente politiquement divisé en de nombreux partis (et syndicats) dans la plupart des phases historiques. Le parti révolutionnaire doit toujours maintenir une indépendance politique et organisationnelle totale par rapport aux autres partis de la classe (par exemple, les partis réformistes et centristes) mais, afin de gagner la majorité du prolétariat – une condition préalable indispensable à la révolution – il ne doit jamais entrer en conflit avec le besoin des travailleurs de construire l’unité d’action dans la lutte contre le capital. En outre, il doit constamment mettre au défi les directions réformistes de construire une lutte unie, afin de démasquer leurs véritables intentions aux yeux des travailleurs. Ceci est d’autant plus vrai face à la menace du fascisme : refuser, comme l’a fait le Parti communiste allemand, de lancer des actions communes avec les organisations réformistes contre le danger fasciste, c’est capituler devant le fascisme. Seule une politique de front unique, basée sur des accords pratiques limités à l’exigence de l’action – maintenant ainsi une indépendance totale au niveau du programme (« marcher séparément, frapper ensemble ») – permet la mobilisation de masse de la classe et crée ainsi les conditions de la défaite des fascistes et de la maturation politique du prolétariat (la conscience ouvrière se développant plus facilement dans la lutte). Ce n’est que par la politique du front unique que le parti révolutionnaire peut gagner la confiance des masses laborieuses qui ont encore le réformisme comme référence : « le parti communiste doit démontrer aux masses et à leurs organisations la volonté effective de mener la lutte avec elles, même avec les objectifs les plus modestes, si ces objectifs sont sur la voie du développement historique du prolétariat. » (34).

C’est donc avant tout la responsabilité du « facteur subjectif », c’est-à-dire le refus du parti communiste d’agir avec une politique de front unique, que le prolétariat allemand, le plus puissant d’Europe à l’époque, « s’est trouvé impuissant, désarmé et paralysé au moment de sa plus grande épreuve historique« . (35) Bien que nous n’ayons pas la possibilité dans cet article d’approfondir ce sujet, il convient de rappeler les oscillations criminelles du stalinisme allemand en Allemagne dans les années 1920 et au début des années 1930 : il est passé d’une politique d’opportunisme total dans la confrontation avec la social-démocratie (1926-1928) à la politique visionnaire de la « Troisième période » (à partir de 1928), au point de théoriser, au moment le plus critique, le « social-fascisme » (1930-1932), c’est-à-dire de la prétendue identité entre fascisme et social-démocratie (d’où le rejet du front unique de lutte avec les réformistes).

Les analyses du fascisme que nous avons rappelées dans cet article montrent à quel point la théorie du social-fascisme est dénuée de tout fondement. Mais surtout, malheureusement, l’histoire l’a démontré encore plus clairement. Les fascismes italien et allemand, une fois au pouvoir, ont anéanti toutes les organisations du prolétariat : c’est sans doute la plus grande défaite historique de la classe ouvrière. (36)

Conclusion

En conclusion de ce bref article, après avoir examiné la véritable nature du fascisme et les responsabilités historiques du réformisme et du centrisme dans la montée de celui-ci au pouvoir en Italie et en Allemagne, le moment est venu de tracer une ligne imaginaire reliant les années 1920 et le début des années 1930 à aujourd’hui. A l’heure actuelle, le capitalisme, après avoir imposé à l’humanité une nouvelle guerre mondiale et des dizaines de conflits régionaux, est entré dans une nouvelle crise générale en ce début de siècle. Les effets de la crise économique sont dévastateurs sur les conditions de vie des masses petites-bourgeoises et prolétaires : les tensions sociales sont à leur comble. Cette situation alimente la colère de la petite bourgeoisie, qui se détourne des partis bourgeois traditionnels, se retourne contre les institutions parlementaires, et renforce les partis populistes (comme Fratelli d’Italia et la Lega) qui brandissent les étendards du racisme et du nationalisme pour surfer électoralement sur le malaise social. Dans un tel contexte, il est probable qu’avec l’ouverture d’une situation prérévolutionnaire, des conditions favorables seront créées pour le renforcement d’un parti révolutionnaire. Mais, dialectiquement, il faut prévoir également que le grand capital n’hésitera pas à soutenir de plus en plus fréquemment les hypothèses bonapartistes, comme cela s’est déjà produit dans le passé ; et à rejouer la carte du fascisme lorsqu’il ne pourra plus s’en passer.

Il est donc essentiel que la classe ouvrière se prépare à une confrontation dure : dans un contexte aussi instable, la lutte de classes peut se transformer en guerre civile. Il ne suffit pas, comme le font certains représentants de la gauche réformiste ou des intellectuels, de se lamenter sur le danger fasciste du haut des chaires universitaires ou assis dans les confortables fauteuils des plateaux de télévision. Ces « lamentations » cachent souvent le seul but de récolter des voix pour les partis bourgeois. Là où le danger fasciste est réel – et on ne peut pas exclure que cela arrive bientôt – il faudra organiser l’autodéfense des travailleurs ; il faudra, comme le rappelle Trotsky, construire des milices d’autodéfense à partir des piquets de grève, à partir des quartiers d’immigrés pauvres qui risquent quotidiennement leur vie face aux assauts des groupes fascistes et racistes. Ce que nous devons faire maintenant, c’est construire ce front uni d’action et de lutte des travailleurs que Trotsky considérait comme fondamental pour s’opposer aux politiques bourgeoises, afin de créer la base du pouvoir des travailleurs et ainsi empêcher le fascisme de s’enraciner.

Il n’y a pas de meilleurs mots pour conclure un article sur le fascisme que ceux contenus dans le Programme de Transition, c’est-à-dire le manifeste fondateur de la Quatrième Internationale, écrit à un moment historique (vers la fin des années 1930), où les régimes fascistes semblaient destinés à durer éternellement :

« Les démocrates petits-bourgeois (…), plus ils crient haut et fort contre le fascisme, plus ils capitulent avec habileté dans les faits. Seuls des détachements armés de travailleurs, soutenus par des dizaines de millions de travailleurs, peuvent vaincre les bandes fascistes. La lutte contre le fascisme ne commence pas dans les rédactions des journaux libéraux, mais dans les usines, pour aboutir dans les rues. » (37).

Notes

Des références à des sources en français a été ajoutées par les traducteurs. (Signalées par un •.)

(1) Un camarade du PdAC de Bari a également été attaqué et gravement blessé par une bande de fascistes de Casapound. Voir <https://www.partitodialternativacomunista.org/politica/nazionale/-sp-1474816983>

(2) L. Trotsky, « La sola via » (1932), in I problemi della rivoluzione cinese e altri scritti, Einaudi, 1970, p.359. Dans certains cas, les traductions en italien ont été partiellement révisées par l’auteure de cet article sur la base d’une comparaison avec les traductions du même article dans d’autres langues.(NdA)
• L. Trotsky, La seule voie (1932), / 2. Bourgeoisie, petite bourgeoisie et prolétariat
<https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/10/321015.htm>

(3) Si vedano le pagine 67-71 di L. Trotsky, Programma di transizione (1938), Massari Editore, 2008.
• L. Trotsky, Programme de Transition / Le prolétariat et ses directions <https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran.htm> .

(4) L. Trotsky, “La svolta dell’Internazionale comunista e la situazione in Germania” (1930), in I problemi della rivoluzione cinese e altri scritti, cit., p. 304.
• L. Trotsky, Comment vaincre le fascisme ? / Le tournant de l’Internationale Communiste et la situation en Allemagne. (26.09.1930) <https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf.htm>

(5) L. Trotsky, “La chiave della situazione è in Germania” (1931), in Scritti 1929-1936, Einaudi, 1962, p. 289.
• L. Trotsky, La clé de la situation internationale est en Allemagne, dans « Comment vaincre le fascisme ? pt 18, <https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf.htm>

(6) L. Trotsky, “E ora?” (1932), Ivi 304.
• L. Trotsky, La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne. Problèmes vitaux du prolétariat allemand / 1 La social-démocratie <https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/01/320127.htm>

(7) “La svolta dell’Internazionale comunista e la situazione in Germania” (1930), in I problemi della rivoluzione cinese e altri scritti, cit., p. 305

• Voir la note (4).

(8) “E ora?”, cit., 295.

• Voir la note (6) / Préface

(9) Ibidem

(10) “La svolta dell’Internazionale comunista e la situazione in Germania”, cit., p. 305.
• Voir la note (4)

(11) Ivi, p. 305.
• Voir la note (4)

(12) L.Trotsky, “La questione tedesca” (1934), dans La Terza Internazionale dopo Lenin, Schwarz Editore, 1957, pp. 264-265. « Le désarroi et la division des classes dirigeantes, l’indignation de la petite-bourgeoisie, sa méfiance à l’égard de l’ordre existant, l’activité militante croissante de la classe ouvrière et, enfin, une politique correcte de la part du parti révolutionnaire : telles sont les conditions immédiates d’une révolution. »
La question allemande, dans L. Trotsky, L’Internationale Communiste après Lénine. <https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/ical5.html>

(13) “La chiave della rivoluzione è in Germania”, cit., p. 290.
• Voir la note (5).

(14) “E ora?”, cit., p. 308.
• Voir la note (6).

(15) “La sola via”, cit., p. 362.
• Voir la note (2).

(16) “E ora?”, cit., p. 308.
• Voir la note (6).

(17) « Actuellement, la bourgeoisie allemande ne gouverne pas directement : politiquement, elle se trouve dans une soumission complète à HitIer et à ses bandes. Néanmoins, la dictature de la bourgeoisie en Allemagne reste inaltérée, car toutes les conditions de sa domination sociale sont conservées et renforcées. En expropriant politiquement la bourgeoisie, Hitler l’a sauvée, ne fût-ce que provisoirement, de l’expropriation économique. » Dans L. Trotsky, « La natura di classe dello Stato soviético » (1933), in Opere scelte, vol. 5
• L. Trotsky, La Quatrième Internationale et l’U.R.S.S. – La nature de classe de l’État soviétique. (1.10.1933) <https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1933/10/4urss.pdf>

(18) “E ora?”, cit., p. 309.
• Voir la note (6).

(19) “E ora?”, cit., p. 347
• Voir la note (6).

(20) “La questione tedesca”, cit., 260
• Voir la note (12).

(21) “La sola via”, cit., p. 360.
• Voir la note (2)..

(22) “E ora?”, cit., p. 308.
• Voir la note (6).

(23) “E ora?”, cit., p. 296.
• Voir la note (6).

(24) Ibidem.

(25) Ibidem.

(26) “La sola via”, cit., p. 355.
• Voir la note (2).

(27) L. Trotsky, « Che cos’è il nazionalsocialismo ? » (1933), dans La rivoluzione cinese e altri scritti, cit. p. 422-423.
• L., Trotsky, Qu’est-ce que le national-socialisme ? (10.06.1933),
<https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1933/06/330610.htm>

(28) Anaximandre.
• Un philosophe et savant grec présocratique, réputé comme être à l’origine d’une approche « scientifique » de la réalité.[NdT]

(29) L. Trotsky, « Completare il programma e metterlo all’opera », in appendice al Programma di transizione, cit. 160.

(30) Voir à ce sujet l’article de Ruggero Mantovani, « Biennio rosso : la storia di una rivoluzione mancata » [« Biennium rouge : l’histoire d’une révolution manquée »], dans : Trotskismo oggi, n. 9.

(31) L. Trotsky, « Relazione di bilancio sul quarto congresso dell’Internazionale comunista » (1922), in Scritti sull’Italia, Massari Editore, 1990, pp. 92-93.
• En espagnol: Informe sobre el Cuarto Congreso Mundial de la Internacional Comunista (28.12.2022) <https://www.marxists.org/espanol/trotsky/1922/diciembre/28.htm>

(32) “La chiave della rivoluzione è in Germania”, cit., p. 281.
• Voir la note (5)

(33) “E ora?”, cit., p. 295.
• Voir la note (6)

(34) “E ora?”, cit., p. 237.
• Voir la note (6)

(35) L. Trotsky, « La tragedia del proletariato tedesco », in La terza internazionale dopo Lenin, cit. 243
La tragédie du prolétariat allemand dans L. Trotsky, La troisième internationale après Lénine. <https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ical/ical5.html>

(36) Il faut rappeler que le stalinisme est passé peu après, en un éclair, à une politique totalement opposée : celle des « fronts populaires », c’est-à-dire de l’alliance gouvernementale avec les partis bourgeois (7e Congrès de l’Internationale communiste, 1935). Plus tard, le stalinisme ira même jusqu’à signer un pacte militaire et colonial (partage de la Pologne) avec Hitler : le pacte Molotov-Ribbentrop (août 1939).

(37) Programma di transizione, cit. p. 91.
• Programme de Transition <https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran.htm>

__________

* Traduction, par la LCT, la section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs – QI (LIT-QI), d’un article publié en 2018 dans Trotskismo oggi, la revue théorique du Partito di Alternativa Comunista (PdAC), le parti italien de la LIT – Q.I., et reproduit sur le site du PdAC le 21.10.2022. <https://www.partitodialternativacomunista.org/politica/nazionale/capitalismo-in-decadenza-piccola-borghesia-in-crisi-fascismo-l-attualita-dell-analisi-di-trotsky>

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