jeu Juil 10, 2025
jeudi, juillet 10, 2025

L’Assemblée Constituante

L’Assemblée Constituante, dont la convocation avait été une des principales propositions d’Evo Morales et du MAS avant d’assu-mer le gouvernement, a commencé à siéger le 6 août. Sa réalisation a donné lieu à beaucoup d’espoirs dans les secteurs populaires, spé-cialement dans la majorité indi-gène et paysanne, qui la voient comme un outil pour pouvoir dis-cuter de la résolution de leurs pro-blèmes graves. En même temps, ces espoirs ont été utilisés pour freiner temporairement les mobili-sations paysannes et des secteurs populaires.
Le MAS a gagné les élections de députés à la Constituante au ni-veau national. Mais le système de représentation pactisé avec les partis de droite a fait que, alors qu’il a 55% des représentants, le MAS ne dispose pas des 2/3 requis pour approuver seul la nouvelle constitution, une clause incluse dans la convocation et qui avait été pactisée entre Evo et la droite.
D’autre part, avec les élections pour la Constituante, a eu lieu simultanément le plébiscite pour  « l’autonomie », exigée par les bourgeoisies de Santa Cruz de la Sierra, Tarija, Beni et Pando pour ces départements. Santa Cruz pos-sède la richesse pétrolière et les terres productrices de soja et Tarija les plus grandes réserves de gaz. C’est pourquoi, ses bourgeoisies réclament « l’autonomie » pour profiter de ces richesses et les li-vrer plus librement à l’impéria-lisme, étant donné qu’elles pour-raient ainsi déterminer l’utilisation de ces ressources. Le NON a été majoritaire dans le pays, mais le OUI a gagné dans les quatre dépar-tements mentionnés, dont les bourgeoisies exigent que les auto-nomies départementales soient accordées.


Les débats embourbés


Avec ces résultats, l’Assemblée a commencé avec deux débats cen-traux, qui jusqu’à présent ne sont pas résolus, malgré les concessions constantes du MAS à la droite :
– Le MAS a proposé que l’Assem-blée soit « originaire », c’est-à-dire souveraine pour dicter une nouvelle constitution et créer une nouvelle structure d’Etat et, en outre, qu’elle ait le pouvoir pour que les autres pouvoirs lui soient subordonnés. L’opposi-tion bourgeoise dit que l’As-semblée est « dérivée », c’est-à-dire, qu’elle doit respecter les autres pouvoirs existants et les bases de la Constitution ac-tuelle ; autrement dit, qu’elle doit se limiter à réformer la Constitution.
– Le MAS a proposé que, bien que la Constitution doive être votée par les 2/3 des députés, les articles individuels et les au-tres résolutions de l’Assemblée puissent être approuvés par simple majorité. L’opposition bourgeoise a exigé que, dans tous les cas, la règle des 2/3 soit appliquée. Par conséquent, de-puis lors, la discussion du rè-glement des débats est embour-bée.
Pour démontrer sa volonté de freiner toute avancée de l’Assem-blée Constituante, la bourgeoisie de Santa Cruz, Tarija, Beni et Pan-do a réalisé le 8 septembre un lock-out obstiné, afin de défendre le « droit de veto » dont elle dispose de fait dans la Constituante et, à la fois, de renforcer sa position dans la négociation pour « l’autono-mie ».


Le gouvernement est déjà en train de négocier.


Au-delà de son discours radical sur le caractère « originaire » de l’Assemblée Constituante et la « refondation de la Bolivie », le gouvernement d’Evo Morales s’adapte déjà au projet de la bour-geoisie et de la droite de « stérili-ser » cette Assemblée. Dans une entrevue avec la Radio FIDES, le vice-président Álvaro García a reconnu que « la grande assem-blée ne modifiera probablement pas plus de 20% des articles de la Constitution ».
Plusieurs grands sujets en dis-cussion dans le pays restent, de fait, hors du futur débat. Comme partie de l’accord préalable entre Evo et la droite, la question de la réforme agraire – dont la possibili-té menace fondamentalement les propriétaires fonciers de Santa Cruz – n’y sera pas inclue. Mainte-nant, le gouvernement dit que la question des hydrocarbures « a déjà été résolue », et la Consti-tuante devrait donc se limiter à authentifier le contenu du décret d’Evo et la base conceptuelle des nouveaux contrats.
Pourquoi cette échauffourée continue ? Parce que, jusqu’à pré-sent, il y a une question centrale qui n’a pas été résolue : celle de l’autonomie réclamée par la bour-geoisie des départements de ce qu’on appelle la « Demi-Lune » (Santa Cruz, Beni, Pando et Tari-ja), et, derrière elle, la lutte pour le partage des recettes accrues que l’Etat recevra pour les exportations de gaz. C’est le point qui maintient l’Assemblée Constituante paraly-sée.
Les perspectives
Le soutien dont Evo dispose dans la population est encore très majo-ritaire (65%, selon les enquêtes). Toutefois, il commence à être clair pour certains secteurs sociaux que les espoirs populaires soulevés par la Constituante seront illusoires. La terre pour les paysans, le terri-toire pour les peuples originaires, ou une véritable nationalisation des hydrocarbures et des richesses minérales, ne viendront pas de cette Assemblée pactisée avec la bourgeoisie et l’impérialisme, mais de la continuité de la lutte révolu-tionnaire des travailleurs et du peuple bolivien.
 


 

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