97 % des alertes de déforestation émises par l’Institut national de recherche spatiale (Inpe)[1] et par d’autres instruments de surveillance de la déforestation dans le pays, depuis le début de l’administration de Jair Bolsonaro (PL), n’ont pas fait l’objet d’une inspection.
Par le PSTU, section brésilienne de la LIT-QI.
Le 5 mai 2022.
Les données, publiées le 3 mai, proviennent de la nouvelle plateforme MapBiomas, qui filtre et organise les informations et les autorisations de déforestation, les amendes et les embargos dans le pays, dans tous les biomes, avec les données des organismes de contrôle fédéraux et étatiques. L’enquête a été réalisée en partenariat avec l’Instituto Centro de Vida.
Le croisement des données, nommé « Observatoire de surveillance de la déforestation »[2], montre qu’en Amazonie, moins d’un millier de signalements de déforestation ont fait l’objet d’une inspection, depuis 2019. Entre-temps, le biome a compté 60 857 alertes, pour le seul État du Pará.
Jusqu’en mars 2022, dans le cas du gouvernement fédéral, seuls 2,17% des alertes de déforestation ont fait l’objet d’un quelconque type d’inspection. La zone faisant l’objet de mesures de contrôle représente 13,1 % du total déboisé depuis 2019. L’organisme responsable est l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama)[3], qui a subi de fortes ingérences de la part du gouvernement Bolsonaro, réduisant les ressources et le nombre de fonctionnaires chargés de faire appliquer directement la loi en matière de protection des forêts.
L’année dernière, l’Observatoire du climat a publié une étude, basée sur des données officielles, montrant la relation entre une surveillance plus efficace et des taux de déforestation plus faibles. L’étude a révélé l’intensification d’un scénario en Amazonie : plus le nombre d’amendes pour crimes environnementaux est faible, plus le taux de déforestation est élevé. L’étude souligne que l’affaiblissement des mesures de contrôle a coïncidé avec l’accélération de la déforestation.
En février de cette année, une autre étude de l’Observatoire du climat a montré que l’Ibama a liquidé 41 % des 219 millions de R$ qui étaient disponibles pour inspecter les biomes brésiliens contre les crimes environnementaux, notamment l’Amazonie et le Cerrado[4]. Dans les gouvernements antérieurs à Bolsonaro, l’Ibama avait l’habitude de dépenser entre 86% et 92% des ressources disponibles pour l’inspection. Cela montre que la non-surveillance est une politique gouvernementale.
En août 2020, les fonctionnaires de l’Ibama ont publié une lettre ouverte au président de l’organisme et à la société brésilienne. Ils mettaient en garde contre la baisse de 24 % du nombre d’inspecteurs de cet organisme entre 2018 et 2019, entre autres problèmes. Plus de 400 employés de l’institut ont signé le document.
L’enquête complète de l' »Observatoire de surveillance de la déforestation » est disponible sur la nouvelle plateforme du projet MapBiomas.
Perte de forêts indigènes
Sous le gouvernement de Bolsonaro, le Brésil est responsable de la perte de 40 % des forêts indigènes dans le monde. En 2021, plus de 40 % des pertes de forêts indigènes ont eu lieu au Brésil, selon les données de Global Forest Watch, une plateforme de surveillance des forêts développée par l’université du Maryland. Les données ont été publiées le 28 avril dernier.
Le pays a perdu environ 1,5 million d’hectares de forêts tropicales dites primaires. Les pertes les plus importantes ont été enregistrées dans la région Nord. Les forêts primaires, ou vierges, sont celles qui se trouvent dans leur état originel – non affectées, ou affectées le moins possible, par l’action humaine.
Le rapport prévient également que la forêt amazonienne est en train de perdre sa résistance. La végétation est plus sèche et met plus de temps à se reconstituer, et plus de la moitié de la forêt risque de se transformer en savane en quelques décennies, avec des répercussions sur la biodiversité et le climat.
Bolsonaro : ennemi déclaré de l’environnement
Les mois de janvier et février 2022 ont accumulé les records de déforestation au Brésil. En janvier, 430,44 km² de surface étaient en alerte de déforestation, selon le système Deter, de l’Institut national de la recherche spatiale (Inpe). La moyenne pour le mois de janvier de la période comprise entre 2016 et 2021 est de 162 km² ; le taux actuel est supérieur de 165 %.
En février, il y avait 199 km² de zones en alerte de déforestation, selon l’Inpe ; la moyenne entre 2016 et 2021 est de 135 km² : le nombre enregistré cette année est supérieur de 47%.
Bolsonaro est un défenseur ouvert de l’agression contre l’environnement, pour maximiser les profits de la bourgeoisie. La défense de « la simplification des normes en matière d’environnement »[5] par son ancien ministre de l’environnement, Ricardo Salles, en est l’expression.
Bolsonaro abat les forêts, tue les rivières et extermine les peuples indigènes et riverains.
Contre la barbarie écologique, une issue socialiste !
L’exploitation capitaliste dégrade l’environnement de manière brutale et utilise plus de ressources naturelles qu’il n’est possible d’en recomposer naturellement, et tout cela pour alimenter un consumérisme inutile pour la population mais fondamental pour les profits des grandes corporations économiques. Et cela pousse la planète à une telle dégradation de l’environnement qu’elle peut remettre en question l’existence de l’humanité.
Il est nécessaire d’imposer un développement économique en accord avec les besoins des travailleurs et de la population, et la préservation de l’environnement.
Et pour ce faire, il est fondamental d’affronter les grandes entreprises pour défendre l’environnement.
Nous défendons :
– L’expropriation des compagnies forestières qui brûlent l’Amazonie ;
– La prison pour les mineurs qui agissent dans l’illégalité et les accapareurs de terres ;
– Le renforcement des organismes environnementaux, avec la mise en œuvre complète du budget, le recrutement de nouvelles équipes pour les actions de contrôle et l’élaboration d’un véritable plan d’urgence contre la perte des forêts ;
– La renationalisation de l’entreprise Vale do Rio Doce, pour éviter de nouvelles catastrophes environnementales ;
– Des normes pour la réduction des émissions de carbone, avec l’expropriation des entreprises qui les enfreignent ;
– Des sources d’énergie propres, comme l’énergie éolienne, pour augmenter la production d’électricité en préservant l’environnement et non en réalisant des ouvrages monstrueux comme Belo Monte ;
– La démarcation des terres autochtones et quilombolas[6] ;
– L’augmentation du nombre de zones de préservation de l’environnement, avec renforcement des organismes publics d’inspection et l’implication de la société civile dans le contrôle de ces zones ;
– Capitalisme ne rime pas avec environnement ! Seule une société socialiste, égalitaire et sans exploiteurs sera en mesure de construire une relation harmonieuse avec l’environnement !
[1] Inpe : Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais
[2] Monitor de Fiscalização do Desmatamento
[3] Ibama : Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis
[4] Cerrado : région de type savane au Brésil
[5] Allusion à une déclaration de ce ministre, qui a utilisé une expression assez énigmatique (« Passar a boiada »), qu’il a présentée ensuite comme une volonté de simplification ou d’actualisation des normes environnementales
[6] Les terres de quilombos, qui sont au Brésil des communautés organisées d’esclaves marrons ayant quitté les plantations ou de personnes réfugiées.