Il y a deux mois environ, une confrontation violente a eu lieu entre des mineurs d’une coopérative qui essayaient d’occuper la colline Posokoni (en Hunani) et des mineurs étatiques, avec un solde de plusieurs morts, principalement de la coopérative. Ce grave conflit a son origine dans la combinaison de trois facteurs : il y avait d’abord les vacillations du gouvernement d’Evo pour livrer cette mine aux coopérateurs, comme il avait promis, ce qui a mené les mineurs à agir pour leur propre compte ; ensuite il y a la grave crise de l’emploi au niveau national ; et finalement, l’actuelle augmentation du prix international des minéraux a revalorisé les exportations d’étain et a accentué le conflit pour le contrôle des mines.
Un peu d’histoire
A partir de 1985,
Le gouvernement est le responsable
Avant les élections, Evo a fait un accord électoral avec les coopérateurs et, en échange de leur soutien, il a nommé Walter Villarroel, principal dirigeant de ce secteur, comme ministre de l’industrie minière. Grâce au meilleurs prix internationaux, il y avait une forte pression de ce secteur pour obtenir davantage de concessions et de zones dans les mines que
Comme le gouvernement tardait à honorer ses promesses, des centaines de coopérateurs ont pris par assaut la colline Posokoni, en Huanuni, le plus grand gisement d’étain du pays. Les mineurs étatiques ont défendu leur emploi, et le résultat des confrontations violentes a été de 16 morts et plus de 60 blessés.
Les faits ont eu une répercussion dans tout le pays.
Face à la gravité des faits, et pour dissimuler sa responsabilité dans l’agression, vu son accord avec les coopérateurs, le gouvernement a essayé de prendre distance et a écarté aussi bien le ministre Villarroel que le président de
La « nouvelle politique minière » du Gouvernement
Après les faits de Huanuni, et étant donné l’appui que les mineurs étatiques commençaient à recevoir dans leurs revendications, le gouvernement a proclamé « une nouvelle politique de nationalisation de l’industrie minière », un échantillon en plus des oscillations et des va-et-vient que nous analysons dans l’article principal de cette édition.
Dans le cas de Huanuni, le gouvernement a proposé, pour calmer le conflit : a) le contrôle total de la mine Posokoni par
Toutefois, il est clair que le gouvernement n’a pas changé sa politique minière d’ensemble. D’une part, le « plan de nationalisation » a été reporté à 2007 « par manque de ressources économiques ». D’autre part, le gouvernement a réaffirmé sa volonté « de respecter les investissements privés internationaux et de maintenir les concessions aux coopératives dans tout le pays ». Comme disait le vice-ministre Alfredo Rada à
En même temps, contrairement à sa supposée intention de nationalisation, le gouvernement a privatisé l’exploitation de la mine de fer du Mutún, le second gisement de fer de l’Amérique Latine et le septième du monde, et qui en outre possède d’autres minéraux comme le manganèse, le nickel et le chrome. La valeur de ces réserves est de plusieurs milliards de dollars.
La seule issue est une véritable nationalisation
Nous coïncidons pleinement avec l’exigence de
C’est la seule issue valable pour que ces confrontations sanglantes ne se répètent pas et pour garantir un emploi digne aux milliers de boliviens. Mais le gouvernement d’Evo Morales va dans le sens contraire. Les travailleurs et le peuple bolivien peuvent et doivent exiger qu’il change sa politique. Ils peuvent et doivent, en même temps, s’organiser pour se battre pour une véritable nationalisation de l’industrie minière.