mer Sep 17, 2025
mercredi, septembre 17, 2025

Liban : des troupes belges au secours de l’Etat sioniste

Le mercredi 27 septembre, l'armée belge d'occupation a commencé son débarquement au Liban.

 

Dans le cadre de ses « engagements internationaux », un premier contingent d'un total de 400 soldats est parti, sous l'égide de l'ONU, pour reprendre le contrôle sur un pays qui était parvenu à se libérer de l'occupation israélienne. Selon Verhofstadt, c'est un « engagement proportionnellement énorme au Liban ».[1] En effet, la Belgique fait bien plus que la France ou l'Allemagne, et à peine moins que l'Italie.

 

Pays     Soldats  Soldats / millions d'hab.

Malaisie            1000     50

Italie     2450     43

Belgique           400       40

France  2000     34

Allemagne        2400     29

Espagne            1100     27

Bangladesh       1500     12

Indonésie          1000     5

Chine    1000     1

 

On nous dit que c'est pour y construire des hôpitaux, comme si le Liban ne disposait pas d'assez de maçons, d'ingénieurs, d'architectes et de médecins pour se charger de cette tâche. On crie auscandale, à juste titre, quand Halliburton rafle les contrats pour s'occuper de la « reconstruction » de l'Irak. Et ici c'est la même chose, mais il s'agit de la Belgique. Pour aider le peuple libanais, les aides financières qu'il suffirait de leur donner serait bien moindres que ce que coûteront ces hôpitaux made in Belgium. Intérêt des patrons belges oblige.

 

On nous dit que c'est pour y enlever les mines et certains ajoutent qu'il faudrait envoyer la note pour cela à l'Etat d'Israël. Mais ne serait-il pas beaucoup plus efficace de demander directement à l'Etat sioniste d'enlever ces engins meurtriers, lui qui sait où il les a disséminés ?

 

Comme disait Lénine, s'inspirant de Clausewitz, la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. Et la politique de la Belgique est de défendre Israël contre le Liban, la Palestine et autres guerres de libération nationale. L'armée belge a participé en mai 2006 à des exercices conjoints avec Israël dans la Mer Méditerranée (Spring Flag 06-Volcanex 2006). La Belgique est un des principaux partenaires commerciaux d'Israël. Quand il y avait une menace de persécution judiciaire contre Sharon, le bourreau de Sabra et Chatila en 1982, la Belgique a simplement changé la « Loi de compétence universelle » (février 2003) pour éviter cet inconvénient à un Etat ami.

 

L'impérialisme se réorganise

Un peu partout dans le monde, des peuples réagissent et se battent contre l'impérialisme. Voilà pourquoi, actuellement, les dépenses militaires flambent dans le monde. Elles dépassent maintenant le montant maximal atteint pendant la Guerre froide, 835 milliards d'euros, près de 15 fois le volume de l'aide internationale « au développement ».[2] Les Etats-Unis dominent toujours de loin cet « effort » mais étant donné le bourbier en Irak, ils doivent de plus en plus pouvoir compter sur leurs amis. Il ne s'agit pas seulement de milliards de dollars. « Au contraire des Etats-Unis, les pays européens sont "acceptables par toutes lesparties" dans la région » disait De Gucht à propos du Liban. Et en plus, selon le ministre belge, c'est « une chance pour l'Union européenne de trouver un pôle politico-diplomatique au Proche-Orient. »[3]

Les perdants de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne et le Japon, qui pendant des années avaient dû s'abstenir d'envoyer des troupes hors du pays, sont à nouveau admis à participer à ces guerres dites « de maintien de la paix ». En 1999, après plus de cinquante ans d'abstinence, l'Allemagne a été autorisée à envoyer des troupes au Kosovo. Maintenant elle participe à l'occupation du Liban (dans ses eaux territoriales), avec toutefois une limitation : ne pas tirer sur des embarcations israéliennes, étant donné que se serait mal interprété à cause de la mémoire de l'holocauste. Mais alors, pour tirer sur qui ? Sur des bateaux de pêche libanais, soupçonnés de soutenir le Hezbollah ? Rappelons que l'Allemagne a décidé aussi en juin 2006 d'envoyer 780 soldats pour participer à l'occupation de la République démocratique du Congo. C'est la plus importante intervention militaire en Afrique entreprise depuis la capitulation de l'Afrikakorps de Hitler en mai 1943.

 

Le Japon s'était vu imposer en 1947 par l'occupant américain une Constitution « pacifiste », lui interdisant des interventions militaires. En vertu de ce texte, le Japon avait renoncé « pour toujours » à faire la guerre. Mais les besoins de l'impérialisme américain changent. Récemment, le Japon a dépêché 600 soldats en « mission de reconstruction » en Irak. Et le tout nouveau Premier ministre, Shinzo Abe, va maintenant modifier la Constitution à la réalité : « Dotons-nous d'une Constitution adaptée au 21ème siècle ».[4]

 

La Chine, après avoir restauré le capitalisme et ouvert ses portes à la recolonisation, doit aussi prouver qu'elle est bonne élève. Elle participera au « maintien de la paix » au Liban avec 1000 soldats, « un chiffre inédit dans l'histoire d'un pays qui se contentait de forces modestes au service de l'ONU jusqu'à présent. »[5]

 

Le peuple espagnol a élu Zapatero pour obtenir le retrait des troupes de ce pays de l'Irak, mais le même Zapatero, soutenu par Izquierda Unida, engage 1400 soldats en Afghanistan afin d'y remplacer des troupes yankees, et il vient de décider l'envoi de 1100 soldats au Liban.

 

En Italie, Prodi avait promis le retrait des troupes italiennes de l'Irak pour gagner les élections. Ce pays fournit maintenant le contingent le plus important de l'occupation du Liban et s'apprête à en assumer le commandement. Le 28 juillet 2006, Rifondazione Comunista a voté en faveur de cette occupation, avec l'argument que l'avenir du gouvernement Prodi était en jeu et que l'Italie était obligée de participer aux missions internationales sanctionnées par l'ONU. Dans le passé, cette formation avait voté huit fois contre l'intervention de l'Italie en Afghanistan (où l'Italie participe avec 1400 soldats à l'occupation),[6] mais maintenant ces « communistes » se rappellent sans doute la fameuse phrase du « socialiste » Ebert au parlement allemand en 1914 : « Wir lassen das Vaterland in der Stunde der Gefahr nicht im Stich » (nous n'abandonnons pas la patrie à son sort au moment du péril).

 

Finalement, le 28 septembre 2006, l'OTAN a décidé que ses activités en Afghanistan, sous le nom de Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS – commandée depuis août 2004 par le général français Jean-Louis Py) s'étendront sur tout le territoire, en y intégrant les bataillons de l'armée américaine.[7] Pour la première fois depuis la guerre mondiale, des troupes yankees seront mises sous le commandement d'officiers non américains.

 

La Belgique fait « son devoir »

La Belgique avait un problème pour intervenir militairement dans son ancienne colonie. Après la mort de soldats belges au Rwanda, elle avait décidé en 1998 que « notre pays ne s'engagera plus dans des opérations militaires dans les pays de l'Afrique avec lesquels il a entretenu des liens coloniaux ».[8] Mais pour les besoins de la cause, on a trouvé la façon d'arranger cela. Il y a longtemps que la Belgique sait qu'au Congo, il suffit d'envoyer quelques officiers pour encadrer la chair à canon locale. Le contingent béninois (750 soldats) de la MONUC est formé depuis 2004 par la Belgique, dans le cadre d'un accord de coopération militaire, et la Belgique finance l'intervention en RDC de ce contingent.[9]

Les 600 soldats belges, envoyés initialement en Afghanistan pour surveiller les élections (moyennant 4 avions de combat F16 !), y sont déployés maintenant coude à coude avec les soldats de Bush, sous commandement de l'OTAN.

Le ministre belge de la « Défense », c'est-à-dire de la guerre, explique : « Depuis une dizaine d'années, la Belgique est éminemment présente dans les Balkans: tout d'abord en Croatie, ensuite en Bosnie-Herzégovine, en Albanie, au Kosovo et en Macédoine. Ce contingent, qui comptait initialement 1000 militaires, fut, au fil des années, réduit jusqu'à l'effectif actuel de 400 hommes et femmes. Ces diminutions successives font suite à la restructuration décidée dans le cadre de l'OTAN et à une internationalisation progressive des bataillons belges, grâce à la participation de troupes luxembourgeoises, roumaines et ukrainiennes. »[10]

 

C'est dans ce cadre que l'armée belge vient d'acheter pour 700 millions d'euros des véhicules AIV (Armoured Infantry Vehicle). « Pour la première fois depuis sa création, la défense belge n'est plus tournée vers une guerre totale et une armée de masse. Le concept de forces médianes met en ouvre des unités rapidement projetables, bien protégées avec un armement suffisant face à un ennemi qui n'est plus à même d'aligner des moyens conventionnels importants. ».[11] Selon le chef de la Défense, le lieutenant-général August Van Daele, « Cette acquisition s'inscrit dans l'exécution des missions nouvelles dévolues à l'armée belge. […] à terme, les soldats belges bénéficieront des avancées technologiques, déjà testées par l'armée américaine »[12] Tout cela, pour aller construire des hôpitaux, il faut bien le rappeler !

 

Toutes ces interventions belges et européennes sont justifiées clairement par Javier Solana dans un document intitulé Une Europe sûre dans un monde meilleur.[13] Il ne s'agit plus de guerres conventionnelles d'envergure, mais de faire face aux « menaces » telles que Bush les a définies (terrorisme, armes de destruction massive, Etats voyous-délinquants, etc.).

 

Pour nous, ces interventions servent uniquement les intérêts de l'impérialisme, qui dictent aux gouvernements de contrôler, par la force s'il le faut, la rébellion légitime des peuples, surtout quand celle-ci se développe jusqu'à devenir une véritable lutte de libération nationale contre l'occupant, un véritable mouvement révolutionnaire du peuple opprimé.

Le gouvernement belge se range derrière ces intérêts impérialistes. Nous avons toujours choisi le camp des peuplesopprimés.

                              

 

Retrait de toutes les troupes belges de l'étranger !

Belgian go home !

Vive la lutte de libération des peuples !

Vive la résistance des peuples libanais et palestinien !

La Belgique hors de l'OTAN, l'OTAN hors de la Belgique !






[1] Le Soir, 19/09/2006

 [2] Le Soir, 23/09/2006

 [3] Le Soir, 26/08/2006

 [4] Le Soir, 27/09/2006

 [5] Le Soir, 19/09/2006

[6] www.wsws.org

[7] www.nato.int

 [8] Note de politique générale du Gouvernement du 28 janvier 1998, lors des débats de la Commission Rwanda au Sénat.

  [9] Presse Internationale, n° 40

  [10]  Intervention du Ministre de la Défense André Flahaut aux journées diplomatiques – 04/09/2003

 [11] Pour plus de détails, voir www.mil.be

 [12] Le Soir, 27/01/2006

 [13] www.iss-eu.org 12/12/2003

 

 

Ces articles peuvent vous intéresser

Découvrez d'autres balises

Artigos mais populares