Déclaration de RED – 6 octobre 2016
Le gouvernement de l'AKP a utilisé la tentative de coup d'Etat manquée du 15 juillet pour son propre bénéfice : l'extension de la répression contre l'opposition. Les récentes attaques du gouvernement contre le mouvement kurde et les groupes de gauche, et contre des personnalités publiques de premier plan, montrent que son intention est clairement de faire taire toute opposition.
L'oppression contre les travailleurs, les étudiants, les intellectuels et autres groupes d'opposition, qui s'est intensifiée depuis la défaite du Soulèvement de Gezi,[1] devient maintenant encore plus forte depuis que le gouvernement exploite la défaite du coup d'Etat comme une opportunité en ce sens. Le gouvernement s'est doté de pouvoirs speciaux de l'état d'urgence et il a ainsi fermé récemment des dizaines de chaînes de télévision, de journaux et de sites web qui appartenaient tous à l'opposition de gauche et au mouvement kurde.
Il a également intensifié les attaques contre la classe ouvrière : plus de 10 000 enseignants ont été licenciés à cause de leur affiliation à Egitim-Sen, le seul syndicat de gauche dans le secteur. De nombreux groupes et organisations de travailleurs en grève sont actuellement menacés par la police, sur la base des normes de l'état d'urgence. De même, beaucoup d'intellectuels et de journalistes ont été arrêtés et, de surcroît, sont systématiquement envoyés en prison. Plus de 1000 académiciens qui avaient signé une pétition d'opposition à la lutte du gouvernement contre les rebelles kurdes, connus comme les « académiciens pour la paix », ont été arrêtés.
La Turquie a tout simplement cessé d'être un pays démocratique. Le régime évolue vers une sorte de dictature fasciste-islamique, en vertu de laquelle le Président Erdogan renforce sa position personnelle au pouvoir, contre les opposants internes et étrangers, et incite au nationalisme et à l'islamisme pour renforcer sa base civile. La différence entre l'Etat et le gouvernement est en train de disparaître, avec la transformation de l'armée et de la police en milice gouvernementale (une milice qui, à son tour, se combine avec les forces civiles du parti maintenues en éventuel renfort).
Le Mouvement RED, un groupe sympathisant de la LIT-QI, est également visé par ces attaques et cette oppression, étant donné qu'il s'oppose aux politiques gouvernementales, met en avant des valeurs révolutionnaires et appelle à des actions unifiées des travailleurs contre les attaques chauvines et réactionnaires des patrons. Hakan Gülseven, journaliste et personnalité publique de premier plan, est attaqué par les forces gouvernementales, accusé d'avoir un contact direct avec le groupe de hackers de gauche, RedHack, et de coopérer avec lui, ce qui lui vaut d'être accusé de crime terroriste.
Outre Gülseven, beaucoup d'autres figures de gauche sont accusées de collaborer avec RedHack. Hakan Gülseven est également membre du Comité exécutif du Mouvement Juin-Uni, l'organisation de lutte qui s'appuie sur les revendications du Soulèvement de Gezi, ce qui est l'une des principales raisons pour lesquelles il est persécuté.
Gülseven est un militant révolutionnaire qui a toujours combattu côte à côte avec les travailleurs et les masses exploités. Sa vie parle d'elle-même. Nous, en tant queMouvement RED, nous déclarons que nous sommes avec lui contre ces attaques. A cet effet, nos exigences sont les suivantes :
- Suspension immédiate de l'état d'urgence et de ses pratiques.
- Tous les responsables doivent répondre pour les calomnies, les complots et les mauvais traitements infligés aux travailleurs, aux étudiants et aux intellectuels, en ce compris à Hakan Gülseven.
- Suppression immédiate de tous les obstacles à la liberté de pensée et d'expression et au droit de s'organiser.
- Liberté de mouvement pour Hakan Gülseven !
Vive la solidarité internationale !
Vive l'unité internationale des travailleurs, vive son organisation de lutte, la Ligue internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale !
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[1] Les manifestations au parc Gezi, à Istanbul, le 28 mai 2013, furent à l'origine du processus révolutionnaire dans le pays. Le détonateur du processus fut la mobilisation de cinquante écologistes contre la transformation du parc en centre commercial ; une mobilisation brutalement réprimée par les forces de police qui a eu un impact dans tout le pays et a donné lieu à la solidarité à l'échelle nationale. Cela a déclenché un processus de mobilisation pour une série de revendications sociales et contre le gouvernement.