La « trêve » convenue entre les Etats-Unis et la Russie a carrément échoué et a pris fin le 19 septembre, lorsque les forces aériennes syriennes et russes ont repris les bombardements intenses, d'une manière plus ciblée et énergique sur la ville d'Alep, mais aussi sur d'autres localités du pays comme Hama et certaines zones de Damas.
Depuis lors, plus de 300 civils sont morts, seulement à Alep (selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme). C'est une véritable boucherie, car il s'agit en grande majorité de civils sans armes et piégés sous les décombres, sans accès à la nourriture ou les aliments de base. En outre, environ 20 camions, transportant de l'aide humanitaire aux zones assiégées par l'armée syrienne, ont été bombardés.
La fin de la trêve, rompue unilatéralement par le régime de Bachar al-Assad – bien que ses porte-paroles prétendent le contraire – représente l'échec de la stratégie des Etats-Unis de donner la priorité aux négociations avec le régime syrien comme le moyen le plus efficace pour mettre fin au conflit. Assad n'a jamais montré la moindre disposition au dialogue, même minime et limité, avec les groupes rebelles. Les Etats-Unis et l'UE veulent « stabiliser à nouveau » le pays, pour endiguer le flux de réfugiés vers l'Europe et vaincre le Printemps arabe.
Le génocidaire dictateur syrien, soutenu par la Russie et l'Iran, est prêt à mener jusqu'au bout son plan de destruction physique de tous les groupes qui prétendent l'une ou l'autre forme d'opposition à son gouvernement, les étiquetant tous comme des « terroristes ». La chaîne publique iranienne de télévision, HispanTV, a annoncé les attaques à Alep sous le titre : « La Russie et la Syrie lancent 55 bombardements contre des terroristes à Alep. »
Le massacre d'Alep a déclenché une vague d'indignation et de colère dans le monde entier, qui se traduira en une journée de manifestations, de rassemblements et de veillées dans différentes villes à travers le monde pour protester contre les bombes d'Assad et l'intervention russe dans le conflit. (Voir le lien : https://www.facebook.com/events/512889452247582/)
C'est une initiative très importante de différents groupes et militants qui se solidarisent avec la lutte du peuple syrien contre l'un des régimes les plus sanglants et brutaux de nos jours.
L'incertitude quant à l'avenir de la Syrie
Bachar al-Assad a blâmé l'opposition et les Etats-Unis pour la rupture de la trêve. En fait, des avions américains ont bombardé une base aérienne syrienne, tuant environ 60 personnes, mais le gouvernement de Washington a fait marche arrière et a demandé officiellement des excuses à Damas, affirmant que cela avait été une erreur et que ses pilotes l'avaient prise pour une base de Daesh (le soi-disant Etat islamique).
La réaction de la Russie et de la Syrie n'a pas été le bombardement d'une quelconque base américaine, mais bien celui de zones démilitarisées, habitées par des civils. Le cynisme et le manque de scrupules de la part d'Assad et de Poutine n'ont pas de limites. Le peuple syrien paie de son sang l'obsession du despote syrien pour le pouvoir et l'inaction des puissances mondiales face à un véritable génocide.
De l'avis de plusieurs militants, les bombardements d'Alep auront comme conséquence immédiate le renforcement du groupe Jabhat Fateh al-Sham (ancien front Al-Nusra, une branche d'Al-Qaïda en Syrie), l'un des plus forts et les plus actifs à Alep, une fois que les autres groupes rebelles seront obligés de s'unir autour de lui pour se défendre contre l'offensive terrestre déclenchée récemment par l'armée syrienne.
La reprise des affrontements affaiblit vigoureusement l'opposition politique syrienne à l'étranger face aux groupes opérant sur le terrain, car le peu de légitimité dont ils jouissaient tombe en miettes face à l'évidence de son incapacité totale à négocier un règlement diplomatique qui mette fin, ne fut-ce que momentanément, au massacre aveugle de civils.
Pour continuer à tuer en toute impunité, la Syrie, la Russie, l'Iran et le Hezbollah comptent avec la certitude que les Etats-Unis limiteront leur action à quelques mots vides prononcés dans les instances internationales et les médias. Le gouvernement de Barack Obama est devenu un expert dans la profusion de discours aux médias qui n'ont par la suite aucun effet pratique.
Pendant les quelques jours de « paix » en Syrie, des images de joie et de bonheur nous sont venues d'Alep, où les gens sont descendus massivement et pacifiquement dans la rue pour célébrer l'Aïd al-Adha, la fête de l'agneau. Malheureusement, ils ont duré très peu. Assad n'a aucune pitié, il ne pense qu'à rester au pouvoir, bien que la possibilité de vaincre militairement l'opposition et de réunifier le pays soit de plus en plus lointaine et improbable.