mer Sep 17, 2025
mercredi, septembre 17, 2025

10.000 sans papiers manifestent pour la régularisation

10.000 sans papiers manifestent pour la régularisation

Le 25 février dernier, à l'initiative de l'Union pour la Défense des Sans-Papiers (UDEP) et ses collectifs de soutien, plus de 10.000 personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles pour la régularisation des sans papiers, la suppression des centres fermés et l'arrêt des expulsions.

Des sections de l'UDEP des quatre coins du pays étaient présentes, démontrant ainsi le caractère national de cette organisation qui fêtera bientôt son deuxième anniversaire. Avec l'UDEP, les sans-papiers ont surmonté leur peur et sont sorti de la clandestinité.

D'autre part, nous avons vu le large mouvement de solidarité de la population belge envers les sans-papiers. Si les travailleurs belges luttent aux côtés de ceux que le gouvernement traite d'illégaux, c'est parce que les sans-papiers eux mêmes sont parvenus à démontrer qu'ils étaient également des travailleurs, qu'ils avaient aussi des enfants, qu'ils étaient décidés à lutter contre la surexploitation et qu'ils n'acceptent pas que leurs enfants soient incarcérés en centres fermés. Cela peut se résumer dans le mot d'ordre de l'UDEP : Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs.

Enfin, la présence dans la mobilisation d'une délégation d'un collectif de sans papiers de Lille, membre de la Coordination Nationale des Sans Papiers de France, ainsi que d'un délégué d'ATRAIE venu d'Espagne, ont souligné que le problème des sans-papiers dépasse largement les frontières de la Belgique et que la mobilisation contre l'Europe forteresse se développe. Le mot d'ordre annoncé par le camarade d'Espagne, Native ou étrangère, la même classe ouvrière, est à l'ordre du jour dans tout le continent. Et l'initiative d'une manifestation européenne commence à prendre forme.

L'UDEP et ses collectifs de soutien ont prouvé leur capacité de mobilisation, et la présence de délégations internationales a mis l'accent sur l'ampleur du défi. La marche de commémoration de Sémira Adamu en septembre dernier avait déjà réuni 2500 personnes et  pouvait compter avec une participation internationale. A la manifestation contre l'enfermement des enfants à Vottem, nous étions 3000 pour crier Libérez les enfants. A Anvers, la place forte du Vlaams Belang, nous étions 6000 pour exiger des papiers pour tous.

Au moment de clôturer la marche du 25 février, le tona été donné finalement par les interventions des camarades d'Espagne et de France, qui ont mis l'accent sur la solidarité de classe, la mobilisation des travailleurs et l'horizon international. Toutefois, nous ne pouvons nous empêcher de déplorer la prise de parole à cette occasion d'un membre du Parti Socialiste ainsi que d'une députée d'Ecolo. Les deux demandent une politique plus humaine envers les sans-papiers. Mais qu'a fait Ecolo quand le gouvernement belge a organisé en mars 2004 le premier d'une série annoncée de vols charter, en collaboration avec le Luxembourg et les Pays-Bas, pour rapatrier des demandeurs d'asile ? A-t-on oublié que le PS est directement responsable du durcissement de la politique répressive envers les sans-papiers ? Ne savait-on pas que la veille même de la manifestation, loin des discours, Vincent Aleini, occupant de l'église Saint Boniface et membre de l'UDEP Bruxelles a été tabassé et expulsé ? La Ministre de la Justice, du même PS, peut-elle se laver les mains quand Barry et David, deux autres camarades occupants de l'église Saint Boniface et membres de l'UDEP, sont toujours en prison pour défendre les sans-papiers ?

C'est une discussion que nous voulons mener fraternellement avec les camarades de l'UDEP et des collectifs de soutien. Ces députés sont venus prendre la parole parce qu'ils ont accepté de mettre en avant la proposition de modification de la loi proposée par l'UDEP. En leur donnant la parole, il existait chez certains l'illusion que le mouvement les utilisait en les forçant à prendre une position opposée au gouvernement. Rien  n'est plus faux ! S'il est vrai que la proposition de modification de l'article 77 de la loi sur les étrangers est progressiste, en élargissant les critères de régularisation, elle n'en reste pas moins une réforme juridique qui ne met  nullement en cause le vrai problème des sans papiers : la discrimination selon le lieu de naissance. Au contraire, elle veut organiser mieux cette discrimination.

Nos mobilisations ont mis fin à la pratique du coussin qui a tué Semira. Nos mobilisations ont su, pour l'instant, éviter l'expulsion de Dédé, un autre camarade du combat des sans-papiers. De courageuses mobilisations à l'aéroport auprès des passagers ont à maintes occasions fait échouer une expulsion. C'est le seul terrain où nous pouvons réellement avancer. Nous ne voulons plus d'enfants en prison, ni des gens qui sont simplement nés « au mauvais endroit ». Nous voulons mettre fin à la discrimination des travailleurs selon le lieu de naissance. Nous voulons la régularisation de TOUS les sans-papiers. Ce n'est pas  dans l'illusion de pouvoir « manipuler » les partis au gouvernement ou en croyant à leurs « bonnes intentions » que nous l'obtiendrons. Le gouvernement et les partis qui y siègent défendent les intérêts du « marché du travail » pour les capitalistes. Pour nous, Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs.
 
Libération immédiate de TOUS les prisonniers !
Régularisation des 130 occupants de l'église St Boniface,
comme premier pas dans la lutte pour la régularisation de TOUS les sans-papiers.
Avec ou sans-papiers, nous sommes tous des travailleurs.

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