ven Avr 19, 2024
vendredi, avril 19, 2024

DERNIERE NUIT AU RYTHME DU VAUDOU

Demain, nous retournons au Bresil. Pour l’apres-midi, Batay Ouvriye a projete une activite avec des organisations des droits de l’homme. Ils nous informent qu’il est probable que soient presents des groupes qui sont pour l’occupation et qui polemiquent avec nous. La discussion a eu lieu dans une grande ecole de Port-au-Prince (…). Quelque cent personnes ont ecoute Toninho lire une fois de plus la lettre. Pere Joseph a polemique avec ceux qui defendent la presence de la Minustah pour « combattre la violence » : il a dit que la premiere violence est de ne pas avoir a manger, et que le plan neo-liberal soutenu par la Minustah favorise la violence. Un paysan a denonce le massacre de 139 personnes, en 1987, par les grands proprietaires terriens, un massacre qui n’a jamais ete elucide (…).


 


Plusieurs interventions ont attaque les troupes. Nous attendons en vain qu’apparaissaient ceux qui defendent l’occupation. Finalement, une historienne, une des fondatrices du PC haitien, a pris la parole pour defendre la presence des troupes « en attendant qu’il y aie les conditions pour la reorganisation de l’armee ». Toninho lui repond que, si l’occupation assurait l’amelioration du pays, Haiti devrait etre le pays le plus developpe du monde. C’est le contraire, la catastrophe est le fruit des occupations et des dictatures pro-imperialistes qui ont gouverne durant toutes ces annees.


 


Nous partons vite, parce que nous avons un rendez-vous culturel de premier ordre : connaitre le vaudou. Le pere de Raquel Dominique, le representant de Batay Ouvriye, qui a ete recemment au Bresil, est le principal pretre vaudou du pays. Il nous a invites pour une presentation. La culture noire haitienne tourne autour du vaudou. De la viennent la danse et la musique, ainsi qu’une partie importante de ses traditions culturelles. La religion en est seulement un aspect. Tout le reste est la base de la culture haitienne. Le vaudou a ete une partie importante de la resistance des Noirs dans la lutte contre l’esclavage et pour l’independance. Les reunions pour organiser la lutte etaient camouflees par la celebration religieuse, comme celle qui a organise la premiere grande rebellion noire en 1791, realisee par Burckman, un Noir gigantesque, aux alentours du CAP. (…)


 


Max Bouvoir a les cheveux blancs, une allure decidee et un style charmant. Gege, professeur de Sao Paulo et Noir lui aussi, l’interroge a propos de l’image qui est diffusee sur le vaudou, avec des poupees perforees avec des aiguilles pour faire mal aux personnes. Max rit et dit que cela n’existe qu’a Hollywood, que c’est une invention de l’imperialisme. J’ai confirme cette information : il n’y a rien de cela dans le vaudou. Il s’agit d’un mensonge grossier pour diaboliser la culture noire haitienne.


 


Les vetements totalement blancs rappellent beaucoup le candomble du Bresil. Autour d’un grand arbre, comme toutes les ceremonies vaudou, les tambours battent a un rythme accelere. La chanson et la danse commencent, pour celebrer Simbi Ogum, divinite des eaux. La chanson raconte une histoire qui vient d’Afrique. Elle raconte la traversee dans les navires negriers et leur arrivee, puis le travail des esclaves. Ils chantent en creole : « Je ne comprends pas comment Dieu ne comprend pas comment ils nous humilient. Le jour ou nous aurons le cholera, nous vomirons sur eux notre sang. » Il y a alors ce que, dans le candomble, nous connaissons comme l’« incorporation d’un esprit ». Dans le vaudou, l’« esprit » est le reveil de la conscience, la naissance d’un chef pour la lutte. Une femme rode autour de l’arbre. On place des mouchoirs dans ses bras et un grand couteau dans sa main.


 


Nous voyons deja le vaudou de maniere completement differente. Voila encore une mystification blanche et avec des prejuges contre les Noirs, au service de la domination, qui tombe par terre. Le vaudou est une culture riche et elle est utilisee de nouveau comme forme de resistance d’un peuple. Rachel, dirigeante de Batay Ouvriye, danse au milieu des femmes en blanc. Elle nous invite a danser aussi. Par la suite, toute la delegation danse. Apres la danse, Gege remercie avec emotion au nom de la delegation. Max Bouvouir l’embrasse et chante « ibose » (freres). Les femmes et les hommes en blanc viennent nous embrasser en chantant « ibose ».

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