Déclaration
Séparés depuis plus de dix ans, la Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale (LIT-QI), et le Centre International du Trotskisme Orthodoxe (CITO) ont décidé de se réunifier, lors du prochain congrès mondial de la LIT (QI) qui aura lieu en mars 2008. Aussi, dans les pays où ces deux organisations ont des groupes, le processus de réunification a déjà commencé dans les faits, par un travail commun et fraternel.
Cette décision est le résultat de plus de trois ans de discussions, de réunions, de lignes politiques communes sur les principaux faits de la lutte des classes, et d’action politique commune là où les deux organisations ont des partis. Cela a été un processus franc et loyal, au cours duquel les désaccords ont été ouvertement posés, toujours à la recherche d’un programme et des politiques communes pour aller vers la construction d’une organisation internationale ; une organisation qui nous permette d’avancer vers la solution du principal problème des travailleurs et de l’humanité : une direction révolutionnaire permettant de détruire le capitalisme impérialiste et de démarrer la construction du socialisme avec démocratie ouvrière.
Les accords nous unissant sont ces mêmes principes de base qui ont été remis en question, voire abandonnés, par tant d’organisations soi-disant révolutionnaires et trotskistes. Ces dernières ont en effet succombé à l’énorme vague d’opportunisme née de la restauration capitaliste dans les anciens états ouvriers bureaucratisés (faussement appelés socialistes), et de la destruction de l’énorme appareil staliniste mondial ; appareil que, de Moscou, contrôlait le parti communiste de l’ex URSS. Ces accords sont les suivants :
Ø Le capitalisme impérialiste est le pire ennemi des travailleurs et des peuples du monde. Les impérialismes nord-américain, européen et japonais, malgré leurs différences, s’unissent pour exploiter et opprimer la classe ouvrière et les peuples de la planète, y compris dans leurs propres pays.
Ø Nous sommes pour la révolution socialiste mondiale. Il n’y a pas de révolution socialiste si les usines, la banque et le commerce ne sont pas expropriés aux capitalistes (nationaux et étrangers) et passés aux mains des travailleurs. Il faut établir un Gouvernement Ouvrier, Paysan et Populaire, c’est-à-dire une dictature Révolutionnaire du Prolétariat fonctionnant sur la démocratie ouvrière, conformément au régime instauré par le Parti Bolchevique de Lénine et Trotski de 1917 à 1924 -années épiques de la grande Révolution Russe-, le plus démocratique que l’humanité ait jamais connu.
Ø Nous sommes pour mener, dans tous les pays de la planète, dans toutes les organisations ouvrières et populaires, une lutte intransigeante pour la conquête et la défense de la démocratie ouvrière : c’est la raison d’être du trotskisme et ce, depuis l’époque de l’Opposition de Gauche en URSS, courant implacablement persécuté par le régime bureaucratique stalinien qui s’est substitué à la démocratie des soviets. La lutte pour la démocratie ouvrière implique une bataille sans merci contre les bureaucraties syndicales et politiques qui gouvernent, avec des méthodes de gangsters, les organisations de masse de la classe ouvrière et qui empêchent les travailleurs de discuter ouvertement, en assemblées, des tâches et politiques à mettre en ouvre contre l’exploitation capitaliste. La lutte pour la démocratie ouvrière signifie, en définitive, une bataille pour que la classe ouvrière et ses méthodes se placent de nouveau à la tête de tous les exploités dans la lutte contre l’impérialisme et ses alliés directs et indirects, ces derniers étant l’obstacle à l’instauration du socialisme, en lieu et place du capitalisme ; le socialisme, tel que conçu par Marx et mis en pratique par le Parti Bolchevique au cours des premières années de la Révolution Russe. La lutte pour la démocratie ouvrière signifie, en même temps, le combat idéologique et politique le plus intransigeant contre toutes les expressions de la démocratie bourgeoise ; ce régime qui, par le biais de son parlementarisme formel, détourne les travailleurs de leur lutte contre le capitalisme impérialiste, les maintenant sous la domination de leurs ennemis de classe.
Ø Nous nous opposons aux gouvernements de front populaire, tels ceux de Lula, Evo Morales et Tabaré Vàsquez qui, tous, sont des gouvernements bourgeois appliquant les plans de l’impérialisme et des bourgeoisies nationales. Nous nous opposons, également, aux gouvernements nationalistes bourgeois, tels ceux de Chavez au Venezuela, Correa en Equateur, et Ortega au Nicaragua qui, tous, déguisés en opposants de l’impérialisme, et se prétendant les « socialistes du XXIème siècle », ont pour seuls objectifs de préserver l’exploitation capitaliste et détourner la mobilisation de la classe ouvrière et les masses laborieuses. Dans la lutte contre ces gouvernements, nous combattons la politique de toutes ces organisations qui se réclament du mouvement ouvrier mais qui, capitulant dans les faits, se placent du côté de la bourgeoisie. Nous combattons par conséquent la politique de la social-démocratie et celle de leurs soutiens, les vieux partis communistes stalinistes. Nous combattons également les courants qui, comme le mandélisme (Secrétariat Unifié de la QI) et le lambertisme, ont rompu avec la tradition léniniste et trotskiste dès lors qu’ils ont intégré le gouvernement bourgeois de Lula.
Ø La classe ouvrière est le protagoniste de la révolution socialiste ; sa tâche, faire des paysans et du peuple travailleur ses alliés. Pour nous, ces deux mots d’ordre des fondateurs de la Première Internationale restent d’une totale actualité : «L’émancipation des travailleurs sera l’ouvre des travailleurs eux-mêmes ! » ; « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! ».
Ø Pour accomplir de telles tâches, il faut construire un Parti Mondial de la Révolution ; un parti qui devra : fonctionner avec centralisme démocratique ; mettre la classe ouvrière au centre de son action ; avoir comme raison d’être la lutte pour le pouvoir -tant dans chaque pays qu’à l’échelle de la planète- afin que l’Etat passe sous le contrôle de la classe ouvrière ; faire de la théorie révolutionnaire un des principaux outils de définition du programme et des mots d’ordre. Autrement dit : un parti léniniste de combat qui briguera la direction des travailleurs et qui s’opposera aux ainsi dits « partis anti-capitalistes » ; lesquels partis, sous leur verbiage « socialiste », occultent leur véritable volonté de renoncer à la lutte de classe ouverte contre les gouvernements bourgeois et l’impérialisme.
Nous sommes pour la défaite militaire des armées d’occupation en Irak et pour la victoire de la résistance du peuple irakien. Nous nous plaçons du côté de ceux qui sont pour la défaite militaire des forces de l’ONU, et pour la victoire de la résistance populaire en Afghanistan. Quant aux troupes des ONU et OTAN (en fait, des troupes impérialistes), nous exigeons leur retrait immédiat du Kosovo, d’Haïti et de tous les pays où elles interviennent sous prétexte de raisons «humanitaires».
Nous appelons les travailleurs et les peuples du Venezuela, du Brésil, de Bolivie, d’Uruguay, d’Equateur, du Nicaragua et d’Argentine à se débarrasser de toute illusion vis-à-vis de leurs gouvernements respectifs, et à se mobiliser pour s’opposer aux plans des mêmes. Ils sont, tous, des gouvernements bourgeois qu’il faudra vaincre pour en finir avec l’exploitation capitaliste.
Nous appelons la classe ouvrière à garder une totale indépendance vis-à-vis des états, gouvernements et partis de la bourgeoisie, et à construire son propre instrument politique : le Parti Révolutionnaire International.
Pour tout ce qui précède, nous adressons un appel urgent à tous les partis et groupes révolutionnaires -trotskistes ou non- qui seraient d’accord avec ces principes de base et la politique qui en découle, à unifier nos forces dans la tâche de reconstruction de la Quatrième Internationale fondée par Trotski en 1938, comme riposte à la dégénérescence staliniste, cette dernière ayant enfin débouché sur la restauration capitaliste dans l’URSS et dans tous les autres états ouvriers, y compris la Chine. Nous les appelons à construire, ensemble, un Parti Mondial doté d’un programme révolutionnaire, fonctionnant avec centralisme démocratique et ayant pour objectifs la destruction du capitalisme impérialiste et la construction d’une société socialiste.
La réunification de la LIT (QI) et du CITO constitue un premier pas dans ce sens, dans la mesure où cette réunification fait partie de la reconstruction de la LIT, celle fondée par Nahuel Moreno dans le but de reconstruire la Quatrième Internationale.
A Sao Paulo, le 12 mars 2007