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RD Congo: La restauraiton démocratique: un projet impérialiste très rentable

Septembre 2006

Pourquoi des élections maintenant ?

« La révolution démocratique est en marche au Congo », tel était le titre de l’éditorial du Soir(1) à la veille du premier tour des élections présidentielles en République Démocratique du Congo. « D’ici quelques jours, une nouvelle légitimité apparaîtra au Congo, fondée sur la volonté populaire ». Ce genre d’exclamations délirantes inonde les médias chaque fois que l’impérialisme use de cette méthode que nous nommons ‘réaction démocratique’, qui consiste à mettre en scène la liberté des « citoyens » de se rendre aux urnes, alors même qu’il essaye de stabiliser un régime semi¬colonial – dans un pays riche en ressources énergétiques ou géologiques, ou présentant un intérêt stratégique, ou les trois, comme c’est le cas du Congo.

 

L’histoire de ce changement de régime débute en 1991, à l’occasion de la « Conférence nationale souveraine » censée engager la « transition démocratique » du pays. Sous la pression internationale – la mode est à la stigmatisation des régimes « totalitaires » et par ailleurs l’opposition est de moins en moins contrôlée(2) ¬Mobutu, dictateur et ami personnel de nombreux dirigeants occidentaux, accepte un multipartisme de façade. Depuis cette période jusqu’à l’apparition subite sur le devant de la scène de Joseph Kabila en 2001, quelques jours après l’assassinat de son père, le pays a été livré à toutes sortes de pilleurs, des seigneurs de la guerre (soutenus ou pas par les troupes régulières des pays limitrophes ¬Burundi, Rwanda, Angola, etc.) aux multinationales de petit calibre en passant par toute une clique de mafieux. Le pays étant des plus instable, les gros calibres industriels et leurs gouvernements (France, Allemagne, Etats¬Unis) préfèrent rester discrets plutôt que de se jeter dans la mêlée. Cela ne signifie pas qu’ils ne parviennent pas à bénéficier, par intermédiaires, des « opportunités » d’affaire… Malgré quelques bonnes intentions, Kabila¬père ne parviendra pas à imposer une certaine retenue de la part de ces rapaces, ni même un semblant d’autorité nationale. La nation congolaise tend à s’effacer au profit d’une multitude de clans aux intérêts divergents. La principale source de convoitise est à l’époque le Coltan, composant indispensable des technologies portables. Le marché des téléphones mobiles et autres est en pleine explosion, donc le cours du Coltan (sa valeur sur le marché) est au plus haut. Cette explosion arrive a saturation et les cours diminuent. Par ailleurs, le marché du diamant, dont l’extraction ne requiert pas d’infrastructure lourde (donc source de profit même dans des zones instables, de guerre) a tendance à se refermer, la notion de tracabilité gagnant du terrain. A l’inverse, des matières comme le cobalt et le cuivre (voire l’uranium), présent en masse au Congo, voient leur cours s’envoler, du fait de la demande insatiable de la Chine et de l’Inde. « Or, l’exploitation de ces minerais exige des investissements lourds et de long terme, ce qui suppose un environnement politique relativement stable. Bref le temps de la flibuste est terminé… »(3). Les gros calibres capitalistes préparent leur arrivée, avec l’envoi du plus gros contingent de casques bleu au monde, la MONUC, forte de 17.000 soldats. Nous avons déjà analysé en détail les divers éléments qui composent la présence militaire impérialiste de retour en RDC(4).
Parallèlement à la formation d’une armée qui assurera le monopole de la violence au pouvoir central, il s’agit de poursuivre la formation de cadres politiques aptes à sécuriser les privatisations sauvages lancées par Joseph Kabila et à garantir une exploitation maximale des ressources du pays à long terme. A cet égard, que ce soit Bemba ou Kabila qui accède au pouvoir au terme du second tour est insignifiant. Leur seul programme est d’appliquer à la lettre les « recommandations » des experts de la Banque Mondiale et autres instances de « conciliation » entre puissances impérialistes. De toute façon, la nouvelle constitution, approuvée par le parlement en Février de cette année(5), prend grand soin de couper court à toute velléité nationaliste du futur pouvoir central. Le pays comptera désormais 26 provinces (au lieu de 11 actuellement) – Article 226. Une large autonomie leur est attribuée et elles percevront directement 40% des ressources financières de l’Etat. Chaque province comptera un gouverneur, un vice gouverneur et au moins 10 ministres – Article 198. Les 33 candidats à la présidence, qui ont dû débourser 50.000 dollars chacun, sont ainsi assurés de récupérer leur mise. Non seulement ils sont certains de bénéficier d’un siège politique important (et confortablement rémunéré grâce au financement de la « communauté internationale »), mais surtout, du fait de l’autonomie dont bénéficieront les pouvoirs locaux, ils pourront directement négocier avec les multinationales (et autres intérêts capitalistes) l’exploitation de telle ou telle des immenses richesses énergétiques et géologiques du territoire congolais. En août 2005, la société américaine Phelps Dodge s’est vue attribuer une licence pour extraire le cuivre d’un site dont le potentiel est estimé à 90 milliards de dollars. Prix de la licence : 15 millions de dollars6… Coût global annuel de la MONUC7 : 1.1 milliards de dollar. La restauration démocratique au Congo est décidément une entreprise très, très rentable…

 

 

Les multinationales hors du Congo
Les richesses du Congo au peuple congolais
Retrait immédiat des troupes belges et étrangères

(1) Le Soir, 29¬30 juillet 2006
(2) Le massacre de l’Université de Lumumbashi, les 11¬12 mai 1990, illustre la fébrilité du régime.
(3) Le Monde Diplomatique, 06/2006, nous soulignons.
(4) PI n°40 ¬L’ONU était déjà intervenue, mandatée par lles Américains, pour installer Mobutu au pouvoir.
(5) www.monuc.org/news.aspx?newsID=9984 7 www.wsws.org ¬may2006 8 www.monuc.org

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