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jeudi, mars 28, 2024

Pour un 8 mars de lutte et de révolution !

Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale
2 mars 2020

Nous, les femmes, nous nous mettons debout, nous combattons, nous organisons des
barricades et nous nous mobilisons dans de nombreux coins du monde. Nous brisons les préjugés et les peurs, et c’est ainsi que, les poings serrés, nous descendons dans la rue au Chili, en Colombie, en Inde, en Turquie, à Hong Kong, en Équateur, à Porto Rico, en Palestine, en Bolivie, en France, en Irak et dans d’autres endroits de la planète.
Ce sont des luttes très diverses, mais dans toutes, nous sommes, nous aussi, protagonistes en tant que travailleuses ; et nous combattons, avec le peuple mobilisé, contre les gouvernements et le système capitaliste, contre le machisme et l’exploitation. Nos propres demandes y figurent comme urgentes, nous les exprimons dans chacune de ces luttes, et nous exigeons qu’elles soient appropriées par les masses qui descendent dans la rue.
Ce 8 mars ne sera pas un simple jour de commémoration, ce ne sera pas un jour pour célébrer que des femmes qui n’ont rien à voir avec celles qui subissent les ravages du capital, occupent des postes au gouvernement. Le 8 mars de cette année doit avoir cet esprit qui parcourt le monde, du Chili à Hong Kong, et il doit infecter ceux et celles qui ne sont pas encore en lutte. Ce 8 mars devrait être « de lutte et de révolution ! » En tant que LIT-QI, nous serons disponibles pour cette tâche, partout où nous sommes présents.,
Depuis quelques années déjà, différents secteurs féministes appellent à une grève des femmes pour cette journée. C’est une très bonne chose qu’en tant que femmes, nous prenons cet outil de lutte de la classe ouvrière et nous lui donnons une dimension internationale, et que nous revendiquons les droits des travailleuses, des jeunes femmes et des filles.
En 1910, la Conférence Internationale des Femmes Socialistes a proposé de faire du 8 mars une journée de lutte mondiale de toute la classe ouvrière, pour obtenir des droits tels que le vote et l’égalité, et pour la fin de l’oppression et de l’exploitation pour toutes les travailleuses. Mais cette journée n’a réussi à être internationale qu’après que les ouvrières du textile de Saint-Pétersbourg ont mis en marche la révolution ouvrière de 1917 avec leur grève, une révolution qui allait toucher le monde entier à partir de la Russie.
Aujourd’hui, plus que jamais, il y a toujours cette nécessité que le 8 mars soit de nouveau une journée de lutte, une journée qui devrait faire partie du plan de lutte de tous les exploités et opprimés ; nous ne voulons pas que seules les femmes se battent ce jour-là, nous voulons et nous avons besoin d’une grève générale pour la vie des femmes et leurs réclamations, qui sont un élément fondamental de la lutte de toute la classe ouvrière pour un système socialiste, sans oppression et sans exploitation. Les dénuements que nous avons subis au début du 20e siècle sont toujours là, et dans certains cas, ils empirent.
Le féminicide continue d’augmenter dans le monde entier ; le viol, le harcèlement sexuel et les enlèvements pour traite des femmes sont monnaie courante. Nous avons dû chanter dans différentes langues « Le violeur c’est vous », pour mettre sur la scène mondiale la violence sexuelle, symbolique et économique dont nous souffrons.
Ils nous « violent » avec des pensions de faim et ils veulent nous forcer à travailler jusqu’à la mort. Les réformes du travail cherchent à nous soumettre encore plus ; les jeunes femmes perdent l’accès à l’éducation ; la vie est précaire et nos emplois sont instables. Celles d’entre nous qui sont noires, migrantes, indigènes ou diverses subissent la cruauté sous toutes ses formes et sont victimes de discrimination au travail.
Nous voulons mettre fin aux crimes de haine, nous en avons assez de la LGBTI-phobie et nous demandons des quotas de travail trans. C’est une obligation des gouvernements de sortir les femmes du fléau de la prostitution, et au lieu de « la réglementer » pour que les proxénètes augmentent leurs profits, ils devraient garantir l’emploi pour toutes. Dans cette société capitaliste, en plus d’être exploitées, beaucoup d’entre nous subissent l’oppression, le harcèlement et les violences sexistes sur le lieux de travail, du fait d’être femme. Mais loin de nous conformer, nous nous battons pour des conditions de travail décentes. Nos corps et notre sexualité ne sont pas à vendre ! Nous ne sommes pas des marchandises !
Le cri qui demande le droit de choisir le moment de la maternité devient plus urgent, et grâce à la lutte, il prend de plus en plus de force dans de nombreuses régions du monde. Les manifs de voiles et les actions de rue exigent un avortement gratuit et légal, tout comme elles exigent qu’il n’y ait plus de prisonnières pour avortement et que l’éducation sexuelle soit obligatoire et non sexiste dans toutes les écoles. Il est urgent d’avoir un système de santé universel et gratuit. Nous ne voulons pas de contrôle parental, des morts à cause d’avortements clandestins, ou des femmes obligées de mettre leur ventre en location pour pouvoir manger. Nous voulons que toutes les Églises soient séparées des États.
Nous sommes toujours esclaves des tâches domestiques ; les plans d’ajustement et d’austérité des gouvernements, qu’ils soient de droite ou « de gauche », continuent de nous mettre sur le dos de plus en plus de tâches de soins. Nous voulons en finir avec le romantisme de ces tâches, nous exigeons des politiques et des budgets spécifiques pour que nous arrêtions de travailler 4 à 6 heures de plus que les hommes. Nous avons besoin de disposer partout d’un service de garderie public gratuit, payé par les patrons.
Nous voyons des gouvernements de droite essayer de couper dans nos droits, de traiter notre vie et celle des travailleurs comme de simples marchandises, mais nous ne pensons pas que le centre de cette journée est de lutter contre un « fascisme naissant ». Au contraire, nous pensons que les femmes et les peuples se mettent debout et réagissent aux politiques de faim et de répression de toutes sortes de gouvernements, qu’ils soient de droite ou auto-dénommés « de gauche ». La révolution chilienne, la résistance palestinienne, les luttes en France ou en Inde, voire la résistance au coup d’État en Bolivie, montrent que nous, et tout le peuple, nous pouvons et nous devons sortir dans la rue.
Partout où nous nous levons, ils nous répriment et essaient de nous faire taire. Ce 8 mars, nous sortirons pour dénoncer la répression, pour dire que nous n’accepterons plus le recours à la violence sexuelle comme moyen de torture. Nous sortirons pour exiger la libération immédiate de tous les prisonnières et prisonniers politiques.
Notre lutte fait partie des luttes de la classe ouvrière et des peuples, nos revendications doivent être soulevées par tous ceux qui souffrent et luttent contre le dénuement imposé par le capital. C’est pourquoi nous pensons qu’une grève féministe des femmes seules ne suffit pas. Elle divise même les forces. Nous voulons que le monde se mette à l’arrêt pour nos droits, nous voulons une grève générale pour les femmes.
Nous pensons que les syndicats et les fédérations syndicales du monde devraient briser l’inertie et mettre leur force à notre service. Ce sera nous, les travailleuses, les femmes pauvres et les jeunes femmes, qui serons au premier plan le 8 mars, qui discuterons des demandes et des besoins ; mais la lutte doit être de tout le monde. Nous sommes convaincues qu’il est impératif de lutter contre le machisme dans ces organisations et dans la classe ouvrière elle-même, afin que les travailleuses puissent rejoindre la lutte commune dans de meilleures conditions. Il faut que les hommes de notre classe soutiennent nos demandes et viennent avec nous pour renforcer cette lutte, car elle fait partie de la lutte plus générale de tous les exploités et opprimés contre ce système et ses gouvernements.
Bien que l’ONU et de nombreux secteurs du féminisme veulent nous faire croire à la possibilité de mettre fin à toute notre oppression sous le capitalisme, en donnant des responsabilités à des femmes de la bourgeoisie, la réalité est que même cette date, déclarée Journée internationale de la Femme travailleuse, est apparue en premier lieu comme un mouvement de base de femmes immigrées qui travaillaient dans des usines textiles à New York et organisaient des grèves et des actions de masse pour améliorer leurs conditions de travail et obtenir le droit à la représentation syndicale.
Ce 8 mars, nous voulons que ce soit un jour de lutte et de révolution, nous voulons que notre force se fasse sentir dans le monde, et nous disons que, tout comme nous devons être à l’avant-garde des luttes contre la droite, les gouvernements et les capitalistes, nous ne nous laissons pas tromper par les positions obtenues par une minorité de femmes dans les gouvernements ou les entreprises. Bien que quelques-unes brisent le fameux « plafond de verre », la plupart d’entre nous sont toujours collées à un sol de plus en plus collant, qui nous empêche de bouger. Nous ne permettrons pas non plus qu’ils nous réduisent au silence par des pièges parlementaires ou des attaques répressives. Nous serons là, et nous exigerons la convocation partout à une grève générale et des journées de protestation pour nos droits.

La LIT-QI sera à l’avant-garde de cette lutte, et nous mettrons tout en œuvre pour sa préparation, car en plus d’être un droit humain de premier ordre, la lutte pour la libération des femmes fait partie de notre lutte quotidienne pour la construction d’un monde socialiste où, comme l’a dit Rosa Luxemburg, nous « soyons socialement égaux, humainement différents et totalement libres ».

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