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vendredi, avril 19, 2024

« Les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère, de cette société-là, on n’en veut pas ! »

C’est ce que scandaient en chœur des centaines de travailleurs des services publics en grève, le 8 novembre dernier devant le siège du PS.
En ce moment se développait déjà la grogne sur les réseaux sociaux en France concernant la taxe sur le diesel. Et à la veille de la grande mobilisation citoyenne du samedi 17 novembre, le mouvement déborde de la frontière en Wallonie.

Ligue Communiste des Travailleurs, section belge de la LIT-QI

Le mouvement des Gilets Jaunes était concentré initialement sur le rejet de la taxe sur le carburant, et en particulier du prix élevé du diesel à la pompe. Cela nous rappelle cette autre mobilisation avec le même grief. Le mardi 5 septembre 2000 à Liège, quelques 300 militants de la FGTB et de la CSC se réunissent devant les portes du port pétrolier de Wandre. Ils venaient de Cockerill, de la FN, de l’enseignement, du GB, et ils étaient accompagnés de chômeurs et de pensionnés. Le 8 septembre, des militants bloquent l’usine pétrochimique de Total à Feluy.
A l’époque, la première revendication était « le pétrole dans l’index ».[1]Et de cette façon, la mobilisation était d’emblée concentrée contre toute la politique d’austérité du gouvernement libéral de Verhofstadt. Le lundi 25 septembre, il y a grève à la Poste (en front commun, contre la restructuration qui passe par la suppression de 10 000 emplois), à Belgacom (FGTB) et à la Sabena. Le 28 septembre il y a grève de la CGSP-ARL dans toute la Wallonie.
Actuellement aussi, la fronde des Gilets Jaunes s’est étendue rapidement au-delà de la seule question du prix du diesel, comme expression d’un ras-le-bol généralisé contre toute la politique d’austérité, en France comme chez nous. Mais il y a lieu de préciser un autre aspect. Elle reflète, à juste titre, une expression de défiance, pour ne pas dire rupture, envers les partis politiques et les organisations syndicales. Et son caractère informel, non structuré, a vite permis aux ennemis de notre classe de s’y infiltrer. Nous devons être organisé et virer les fachos de ce mouvement. Evidement les médias ne vont se focaliser que sur les « débordements », mais ceux-ci sont l’expression d’une colère légitime face à la violence qu’inflige tous les jours le système capitaliste.
La défiance envers « le politique », et en particulier envers les directions syndicales, ne date pas d’aujourd’hui. Le 5 septembre 2000, la FGTB et la CSC annonçaient une manifestation pour un mois plus tard, et le principal souci de Michel Nollet (FGTB) était d’éviter le « désordre social » : « Il est temps que le patronat descende de son balcon, sinon, je ne donne pas cher du désordre social qui pourrait poindre dans les semaines à venir. » Quant à réintroduire le pétrole dans l’index, pour Josly Piette (CSC), « On ne peut mettre l’index sur la table au risque de le voir démantelé par les patrons, le gouvernement, l’Europe. »[2] Ce sera un grand calicot des travailleurs de Feluy qui mettra finalement la manif du 3 octobre au Cinquantenaire sous la bannière Le pétrole dans l’index. Actuellement, cette défiance envers la bureaucratie syndicale est montée d’un cran.
Le système dont on ne veut pas, c’est un système magistralement décrit il y a 170 ans par deux jeunes révolutionnaires, le capitalisme, où une infime minorité décide à son gré des moyens pour produire la richesse et accapare le gros de celle-ci, tels qu’un patron de bpost qui en accapare 94 000 euros par mois ou des actionnaires qui disposent d’un patrimoine se chiffrant en milliards d’euros, alors que l’immense majorité n’as d’autre possibilité pour survivre que d’essayer de trouver une place dans la galère pour récolter chaque mois des miettes : deux classes sociales avec des intérêts carrément irréconciliables. Marx et Engels proposent aussi l’alternative, le socialisme, où la production n’est plus orientée selon le bénéfice de cette minorité, mais vers le bien-être de l’ensemble des humains.
Et pour arriver au socialisme, notre classe doit d’abord avoir en main les rennes de la machine de l’Etat, au travers de ses organisations. Actuellement, l’Etat est au service exclusif de la classe dominante qui nous exploite. Les Gilets Jaunes reflètent un premier pas essentiel, contre ce dont « on ne veut pas », mais il faut avancer vers ce dont on a vraiment besoin. Une initiative récente nous montre le chemin. Le 20 novembre dernier, le personnel de Mécamold à Herstal a décidé une grève contre une restructuration qui laisserait 42 camarades sur le carreau, et le 22, un groupe de Gilets Jaunes s’est rendu au piquet. En France la convergence des luttes a également déjà bien commencée.
La seule perspective réside dans l’organisation de notre classe sur nos lieux de travail, dans nos quartiers, dans nos écoles. Robert Vertenueil (FGTB) se limite à renvoyer à une journée d’action nationale pour le vendredi 14 décembre, et loin de consulter les travailleurs et de la préparer, il précise qu’il « ne dira rien » jusqu’au jour venu,[3] alors que chez les Gilets Jaunes, la communication à la base est dans leur ADN. Une tâche essentielle est donc de lutter pour l’organisation démocratique de notre classe, avec les Gilets Jaunes, de reconquérir le contrôle des syndicats par la base, contre la bureaucratie syndicale. Cela commence par organiser ensemble une vraie grève générale et la paralysie du pays contre le gouvernement Michel, tous ensembles !
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[1] Que les produits pétroliers fassent de nouveau parti du calcul de l’indexation automatique des salaires, dont ils avaient été supprimés en 1993.
[2] Le Soir, 6.9.2000
[3] RTBF La Première, 29.11.2018 

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