mar Mar 19, 2024
mardi, mars 19, 2024

La Russie et le parti révolutionnaire

Si le parti bolchevique n’avait pas existé ou avait soutenu le gouvernement provisoire, la révolution russe n’aurait pas eu lieu.

 Voici un article de Nazareno Godeiro,

publié sur le site de la LIT-QI

La photo est d’une réunion du Soviet de Petrograde en 1917

Au début du 20e siècle, il y avait deux types de partis ouvriers en Europe : le Parti social-démocrate allemand (SPD) et le Parti ouvrier social-démocrate russe (POSDR). La parti russe avait deux fractions en son sein : les mencheviks et les bolcheviks. Au fil des années, les deux groupes ont agi, dans la pratique, comme deux partis indépendants.

Le SPD allemand concentrait son action sur les élections et le parlement, alors que les bolcheviks priorisaient la mobilisation révolutionnaire. Le SPD, s’appuyant sur la forte croissance économique en Allemagne, récoltait jusqu’à 50 % des voix dans les centres urbains, avec 110 députés élus au Congrès national du pays. Il avait un million de membres, 43 journaux, des écoles et des universités.

Tout cela a créé une illusion sur le fait que le capitalisme pourrait améliorer la vie du peuple. On croyait qu’il était possible d’arriver pacifiquement au socialisme, en remportant la majorité du Congrès lors des élections. Par conséquent, le SPD a abandonné l’idée de la révolution.

En Russie, au contraire, régnait une dictature féroce du tsar. Il n’y avait pas d’élections régulières ni de syndicats. Toute action politique se soldait par la prison, l’exil ou la mort. Cela a conduit à la construction d’un parti combatif, révolutionnaire, prêt à renverser la monarchie par l’action des travailleurs. Il n’avait pas un million de membres, mais il avait quelques milliers de militants qui donnaient leur vie pour la révolution.

Le début de la Première Guerre mondiale a asphyxié le SPD allemand qui, au lieu d’appeler à l’unité de la classe ouvrière contre la guerre et les gouvernements d’Europe, a défendu le conflit dont les victimes ont été principalement les travailleurs sur les champs de bataille. Et le Parti bolchevique, qui a toujours été contre la guerre, y a vu une opportunité de faire la révolution.

Quelques années plus tard, le SPD a mis en place un gouvernement et a sauvé le capitalisme allemand, alors que le Parti bolchevique confisquait la richesse de la bourgeoisie et remettait le pouvoir à la classe ouvrière.

La pensée de Lénine est toujours d’actualité

Cent ans après de la révolution russe, le système capitaliste n’a plus rien à offrir à l’humanité. Il dirige le monde sur la voie de la barbarie pour enrichir une poignée de parasites. Toutes les cinq secondes, une personne meurt de faim.

Cette exploitation brutale de la classe ouvrière mondiale génère des révoltes sur les cinq continents. Le parti révolutionnaire est plus nécessaire que jamais. Sans lui, toutes les révolutions seront vaincues. C’est pour cela qu’il est important d’étudier comment ce parti s’est construit et quelles étaient ses caractéristiques.

Le principal théoricien du parti révolutionnaire était Lénine, leader des bolcheviques. Ses enseignements sont importants aujourd’hui. Voyons donc quelques principes d’organisation du parti léniniste.

Une organisation pour la Révolution

Pour Lénine, le parti existe en fonction de l’approche de la révolution. Ce fut un parti qui se préparait pendant les périodes de paix, à savoir, de stabilité sociale relative, pour la guerre entre les classes sociales. C’était une organisation luttant pour la révolution socialiste nationale et internationale ; une organisation disciplinée pour prendre le pouvoir au moyen d’une insurrection armée, étant donné que la bourgeoisie ne donnerait jamais le pouvoir aux travailleurs. C’était aussi un parti où il n’y avait pas de mélange entre révolutionnaires et réformistes.

La présence dans la lutte de classes

Ce fut un parti différent de tous les partis existants, du fait que son activité principale n’était pas la participation aux élections, même s’il y participait pour diffuser son programme. Sa priorité était la lutte de classes, à savoir la lutte des travailleurs contre leurs patrons. Le parti léniniste était présent dans toutes les luttes de la classe ouvrière et du peuple exploité et opprimé.

La tâche principale d’un parti de type léniniste est d’élever la conscience de classe du prolétariat sur la nécessité de la révolution et la fin du capitalisme. Il prend part aux luttes de résistance de la classe des travailleurs pour renforcer la transformation révolutionnaire de la société.

La démocratie et la discipline

Le parti révolutionnaire est composé de militants participatifs. La formation de ce parti combatif est fondée sur des militants actifs, qui consacraient une part importante de leur vie à la construction du parti. Les militants étaient formés en participant à des organisations du parti et à la lutte de classes, en défendant l’orientation du parti. Ils appartenaient à un noyau, se réunissaient régulièrement, contribuaient financièrement au parti et en diffusaient la presse.

Le parti révolutionnaire doit avoir une large démocratie pour discuter de toutes ses visions différentes de la réalité, comme le firent les bolcheviks en 1917, qui débattirent dans de nombreuses polémiques concernant les orientations de la révolution. Après cela, une fois la position du parti votée, tous les militants appliquaient la même politique, y compris ceux qui avaient défendu des positions mises en minorité, en préservant une centralisation et une discipline de fer.

Par conséquent, la démocratie dans le parti doit toujours être vue avant tout sous l’angle du groupe, du parti, et non de l’individu. Il ne s’agit pas de dévaloriser la liberté des individus, mais de comprendre que, dans cette société, le maximum de libertés qu’une personne consciente peut atteindre est d’adhérer librement à un groupe révolutionnaire pour transformer la société.

Cette unité est soutenue par une large démocratie interne, dans laquelle tous les membres du parti, dans leurs organismes, participent activement aux discussions et aux décisions internes. C’est ainsi que les bolcheviks ont réussi à conquérir la classe ouvrière dans toute la Russie pour qu’avec ses alliés soldats et paysans, elle prenne le pouvoir.

La classe ouvrière est internationale

Le parti de Lénine faisait partie de l’Internationale Communiste. La classe ouvrière est internationale par sa nature même. Un parti national ne peut jouer un rôle révolutionnaire dans son pays que s’il apprend de l’expérience des autres pays.

Le véritable internationalisme n’est pas seulement la solidarité internationale, mais aussi la volonté de mettre toutes ses forces au service de la construction de l’Internationale.

Le parti révolutionnaire est ouvrier par son idéologie, par le fait de développer son activité principale parmi les travailleurs industriels, par ses militants et ses dirigeants. Il se construit en priorité dans la classe ouvrière industrielle. Il doit également être organisé dans les secteurs les plus exploités et opprimés du prolétariat – comme les ouvriers jeunes, les noirs, les femmes –, car ceux-ci n’ont rien à perdre avec l’effondrement du capitalisme.

Se défendre de la répression

Le Parti bolchevique était préparé pour agir et survivre dans la clandestinité. Il savait que la démocratie bourgeoise est une farce, et que la répression contre les activistes, la prison pour les dirigeants et les combattants, la fermeture des journaux, sont des moyens que les capitalistes utilisent pour vaincre les travailleurs. Le parti avait donc une politique visant à se préserver de l’action répressive de la bourgeoisie. En même temps, il menait un travail politique parmi les soldats et les militaires afin de les gagner pour la révolution.

Le plus grand succès de Lénine et des bolcheviks était de comprendre qu’à elle seule, la mobilisation des travailleurs n’était pas suffisante pour gagner. Pour vaincre, l’existence d’un parti révolutionnaire est indispensable. Sans parti et sans organismes de pouvoir ouvrier, comme le furent les soviets, la classe ouvrière n’avance pas vers le renversement de la bourgeoisie. Cela a récemment été démontré dans les révolutions qui ont eu lieu en Argentine (2001), en Equateur (2000), en Bolivie (2003) et au Venezuela, toutes déviés par la voie des élections bourgeoises et par les illusions dans de faux gouvernements soi-disant de gauche comme ceux de Cristina Kirchner (Argentine), Hugo Chávez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Equateur), Mujica (Uruguay) et Lula (Brésil). n

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